Le fantôme de Keynes continue de hanter l’économie.

Pourquoi et comment beaucoup d’économistes et de gouvernements continuent d’ignorer les nombreuses erreurs qui gangrènent la pensée keynésienne;

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John Maynard Keynes

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Le fantôme de Keynes continue de hanter l’économie.

Publié le 16 décembre 2013
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Depuis le lundi 11 novembre, William Anderson a débuté le cours « Le fantôme de Keynes » à la Mises Academy. Ce cycle de six semaines de cours analyse pourquoi et comment beaucoup d’économistes et de gouvernements continuent d’ignorer les nombreuses erreurs qui gangrènent la pensée keynésienne, alors même que les économies influencées par le keynésianisme à travers le monde continuent de patauger dans le chômage de masse et une faible croissance.

Par William L. Anderson.

John Maynard Keynes
John Maynard Keynes

Un article du Mises Institute, traduit par Stéphane Mozejka, Institut Coppet

Quand l’économie américaine a plongé dans une récession inflationniste, en 1969 , Murray N. Rothbard, dans son introduction à la seconde édition de son ouvrage America’s Great Depression, écrivait que le paradigme keynésien na pouvait pas expliquer ce phénomène, mais que l’école autrichienne pouvait expliquer ce qui se passait. Si Rothbard avait vu juste, et il avait vu juste, alors on pourrait penser que « l’économie » keynésienne devrait être définitivement enterrée, étant donné qu’elle ne pouvait pas expliquer ce que tout le monde voyait.

De même, durant les mouvementées années 1970 et 1980, les périodes de récessions inflationnistes se sont développées, et même les plus libéraux (NDT : au sens américain du terme, c’est-à-dire anti-économie de marché, ou socialistes), comme le correspondant économique d’ABC News, Dan Cordtz, regrettaient le fait que les règles de l’économie ne semblaient plus du tout s’appliquer. Ces soi-disantes règles n’étaient pas du tout les lois de l’économie, mais le dogme diffusé d’abord par John Maynard Keynes dans son œuvre infâme : La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.

Des économistes comme Arthur Laffer, qui s’inscrivent dans le courant que lui et d’autres nommentl’économie de l’offre, se sont réjouis que l’économie keynésienne était discréditée, peut-être pour de bon. L’avènement de trois autres récessions inflationnistes, y compris la crise actuelle, aurait dû avoir pour résultat la mort définitive du keynésianisme, alors que, hélas, il semble que le paradigme keynésien ait plus d’influence que jamais.

Prenons par exemple le Président Barack Obama, qui peu après sa prise de fonction, a déclaré que l’Amérique prendrait le chemin de la dépense pour sortir de la récession actuelle.

Prenons l’annonce récente d’Obama annonçant qu’il nommerait Janet Yellen pour diriger la Réserve Fédérale. Yellen, sans surprise, est une fervente keynésienne.

Prenons la popularité permanente de Paul Krugman, qui a fait plus que n’importe qui d’autre dans le monde pour la promotion du keynésianisme et pour exiger qu’il soit appliqué, à la lettre, à l’économie mondiale.

Et prenons la politique keynésienne menée assidûment par la Réserve Fédérale et la Banque Centrale du Japon.

Les économistes académiques tenant d’une méthode empirique devraient être dans l’embarras. Voici un paradigme qu’il ne peut pas y avoir de récession inflationniste, alors que toutes les récessions qui ont touché les États-Unis dans les dernières décennies étaient inflationnistes. Plus encore, malgré plus de mille milliards de dollars de dépenses au nom de la « relance » keynésienne, l’économie continue de sombrer, avec un taux de chômage obstinément élevé, et des millions d’actifs qui ont abandonné la recherche d’un emploi, ou qui travaillent à temps partiel, juste pour avoir de quoi manger.

Étant donné qu’à la fois l’administration de George W. Bush, et celle de Barack Obama (sans mentionner le Congrès) a suivi les règles du jeu keynésiennes, le résultat affligeant devrait suffire pour discréditer le keynésianisme, cette fois pour de bon. Ou bien une théorie explique et prédit des phénomènes, ou non, et il devrait être clair que la théorie keynésienne a échoué.

Malheureusement, l’empirisme économique n’intègre pas réellement les succès ou les échecs d’une théorie. Il semble que beaucoup d’économistes ne veulent pas s’embarrasser par ce qui se passe dans le monde réel.

La si célèbre méthode empirique ne s’intéresse pas aux résultats réels, mais seulement à ce que beaucoup d’économistes sont prêts à accepter comme étant ce qu’ils souhaitent être vrai et que les politiciens pensent être favorables à leurs visées électorales.

Tenter d’appliquer l’hypothèse d’efficience des marchés d’Eugène Fama à l’économie académique présupposerait que les économistes s’intéressent uniquement à ce qui se produit réellement. D’autre part, cette supposition présumerait que, face à une série de faits, les économistes académistes aboutiraient à une même analyse et ne se laisseraient pas influencer par des opinions partisanes.

Étant données les interprétations que des économistes tels que Krugman, Alan Blinder, et bien d’autres des suites fâcheuses de la désastreuse première semaine de « l’Obamacare » sans mentionner leur connivence avec l’administration Obama elle-même, ce qui est supposé dans le paragraphe précédent est clairement illusoire. De plus, nous voyons qu’il y a des avantages pour les économistes, tandis que les politiciens tendent à s’acoquiner avec ceux qui peuvent leur offrir le fameux remède miracle à tous les problèmes de l’économie, car être vu comme faisant quelque chose confère plus de bénéfice politique que faire ce qui est adéquat, c’est-à-dire à ce qui limite le pouvoir, l’étendue et l’influence de l’État.

Même Krugman admet que l’apparence de l’expertise a alimenté le keynésianisme :

 En 1930, il y avait une catastrophe, et si vous étiez un fonctionnaire, ou même juste un anonyme, cherchant à être guidé et à comprendre, qu’est-ce que vous auriez obtenu des institutionnalistes ? En caricaturant, mais juste un peu, vous obtenez une longue et elliptique explication selon laquelle tout a des racines profondes et que clairement il n’y a pas de remède miracle. Dans le même temps arrivent les keynésiens, qui avaient un modèle, et qui disaient fondamentalement « poussez ce bouton », augmentez G, et tout ira bien. Et l’expérience du boom de l’après-guerre a semblé démontrer que la théorie de la demande produisait les résultats promis par les keynésiens.

Dans les cinq dernières années les politiciens ont appuyé sur le « bouton G » et tout n’est pas devenu radieux. Cependant, en ces temps d’État illimité, la promesse keynésienne que la prospérité viendra de dépenses publiques massives est attirante pour les politiciens, les économistes, et les intellectuels publics. Ce qui fait empirer les choses est hors de propos et à côté de la plaque. Quand l’économie vacille, les politiciens et les économistes académiques blâment le capitalisme, et non le keynésianisme, et se contentent de cette explication.


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  • La réponse au titre est assez simple. Tout d’abord la foi, et … la mauvaise foi. L’avantage de la théorie de Keynes est qu’elle place la classe politique en situation de contrôle, et Keynes leur apporte une caution morale et scientifique pour exercer leur domination.

  • double erreur d’Obama sur la faillite du keynésianisme et sur celle de la théorie du RCA … errare humanum est sed perseverare diabolicum

  • Et lorsque tous ces « experts » vont « voir » qu’ils se sont trompés qui va payer ??
    Les autres.
    Les experts vont passer a l’expertise suivante. Et les non-experts vont encore se faire avoir, etc, etc..

  • Comment enlever cette volonté de pouvoir, et ce sentiment d’agir (pour le bien de tous, ou pour sa propre gloire, ou, au moins, pour sa ré-élection). Telle est le principal frein psychologique à l’abandon de cette théorie vénéneuse.

    • En éduquant les masses.

      • Chose très compliqué à faire. Quand on voit la propagande qui est fait dans les livres d’économies !
        J’ai discuté avec un ami qui est en licence de droit éco. C’est dingue comme il croit que tous ce qui est dans ces livres est la vérité vrai ! Quand il m’a raconté en gros que toutes crises étaient tous le temps la faute des « autres » et jamais de cette utopie keynésienne, je n’ai eu d’autre choix que d’éclater de rire !

        • Mais c’est très bien comme réponse ! Que répondre d’autre à un tel bloc de certitudes ?

          Tenez, j’ai fait 5 ans d’études sup il y a de cela … misère, 25 ans déjà … (une Sup de Co pour ne rien vous cacher), avec quantité de cours d’économie. Je n’ai jamais entendu le nom de Bastiat. Si ce n’est pas une chape de plomb, c’est quoi ?

  • sur keynes quelques critiques intéressantes: https://docs.google.com/document/d/1hBb4WeTW5jiChmIyUlaEnQnIuqDXIfCXFTqTYL0hHjw/edit
    https://docs.google.com/document/d/1N-sxGkficTTvYXvUiIi-vc-a3rZtqm1SbzO0SkUtGTQ/edit
    https://docs.google.com/document/d/1Bit_sp1etFCf9NHGE1rKNoGQXcsmPi2KBj59ESG-s5U/edit
    https://docs.google.com/document/d/1gYiwGzY4pawMF3ll9kjQimG5HCcKDB19O8x59-JIb4Y/edit
    https://docs.google.com/document/d/1F3s5iXzR0p_QYrQbUYBJngFrZIgaW2jLmObemifPOFc/edit
    https://docs.google.com/document/d/1_GQ1mGNfmQu2WvTw1C3YhsXdzWZhbhZ0USw-4XS1Dxc/edit
    https://docs.google.com/document/d/1JiN_dIQkE2rcoq7Cwaa_balcbt5NyVkHmIHQVM2bmJ4/edit
    https://docs.google.com/document/d/1liwpujgC-M9DI0rjyCSjXwIfw_xRcx3I6-I7O6ifTbo/edit
    https://docs.google.com/document/d/1tvi5sVOKBPmQxPvx9PjLzIi_DMOJ1n1H3PGYaxA9oOI/edit
    https://docs.google.com/document/d/1SjYYVaO4JfP1Qcj4LiNtLdItk0Mix6l0zLufpD_LOEQ/edit?authkey=COSVtt4D
    https://docs.google.com/document/d/1ep–rvXGZ70RKhHiMia8y3s5B4SctLJqUxbMme1h6Vg/edit
    http://mises.org/library/failure-new-economics-0 « Henry Hazlitt did the seemingly impossible, something that was and is a magnificent service to all people everywhere. He wrote a line-by-line commentary and refutation of one of the most destructive, fallacious, and convoluted books of the century. The target here is John Maynard Keynes’s General Theory, the book that appeared in 1936 and swept all before it. »
    Il y a à piocher ici : https://www.google.com/?gfe_rd=cr&ei=vKt5VNvZPMvD8geipYCACg&gws_rd=ssl%2Ccr&fg=1#q=site:contrepoints.org+Keynes
    je vous conseille de lire « La paix calomniée », d’Etienne Mantoux

  • « … Le keynésianisme est […] une Sophistique Pseudo-Comptable dans la mesure où, comme tout « raisonnement macroéconomique », il vole le concept de prix : pour reprendre les termes de Georges Lane, Keynes a donné
    « « naissance à une démarche qui consistera à considérer qu’on peut faire abstraction des prix en théorie économique, […]»
    « En effet, le Sophisme Pseudo-Comptable viole les conditions d’une comptabilité rationnelle en méconnaissant ses conditions de validité : il consiste, dans une vaine tentative pour échapper au fait que la valeur n’est pas mesurable, à traiter ces mêmes sommes d’argent comme une prétendue « mesure » de substitution dans des conditions où ces sommes d’argent ne traduisent pas les jugements de valeur des personnes qui agissent ; c’est en volant ainsi le concept de valeur qu’il vole le concept de propriété, puisque c’est en se confrontant aux contraintes effectives auxquelles ils font face que les individus forment leurs jugements de valeur réels pour disposer de la richesse.
    « Le Sophisme Pseudo-Comptable commet un troisième type de vol de concepts, toujours associé à la propriété comme concept volé, à savoir qu’il vole le concept de prix, puisqu’il se sert de cette notion dans des conditions où elle ne peut pas s’appliquer.
    Rappelons donc à quelles conditions, et dans quelle mesure les quantités de monnaie traduisent les jugements de valeur : dans tout échange effectif de monnaie contre quelque chose d’autre, l’« acheteur » démontre qu’à ce moment, il donne au moins autant de valeur à ce qu’il « achète » qu’à la quantité de monnaie qu’il aura livrée à la place.
    « C’est ce rôle des prix en monnaie comme repères de la valeur qui permet ce que Ludwig von Mises appelait le « calcul économique », et qui fait de la comptabilité en monnaie, avec les opérations financières éventuellement associées, le seul domaine de l’économie où l’emploi des mathématiques peut avoir un sens.
    « Il s’ensuit que les quantités de monnaie ne peuvent servir comme repères de la valeur que s’il s’agit de prix authentiques, c’est-à-dire de biens effectivement échangés par leurs propriétaires au moment où la transaction se fait.
    « En dehors de ces conditions-là, les quantités de monnaie n’ont plus aucun rapport avec les jugements de valeur effectifs, et il est sophistique, charlatanesque, de s’en servir pour quelque raisonnement économique que ce soit. […]
    « le vol du concept de prix ne se limite pas à la planification centrale sur le mode soviétique : en fait, la notion s’applique à tous les cas où les quantités de monnaie ne reflètent pas un échange volontaire entre propriétaires.
    « Et c’est bien le cas lorsqu’un homme de l’état dépense de l’argent qu’il a, avec ses complices, volé aux autres : c’est pour cela que la prétendue « comptabilité publique », qui recense des richesses n’appartenant littéralement à personne, n’est qu’un rituel magique sans rapport avec les raisons d’agir de ceux qui en disposent.
    « A fortiori de la prétendue « Comptabilité nationale », qui a le front d’ajouter à ses prétendues « mesures de la production » toute dépense faite par les hommes de l’état alors que, justement, ceux qui les subissent refuseraient de les payer s’ils avaient le choix. C’est doublement une Pseudo-Comptabilité, parce que
    « – non seulement la moitié des sommes d’argent qu’elle recense n’appartient à personne, mais qu’en outre
    « – les additions et autres opérations arithmétiques dont elle tire ses prétendues « mesures du produit national » portent sur des objets qui, en théorie de la valeur, ne sont pas commensurables :
    « double vol du concept de prix.
    « Quant aux prétendus « taux de croissance de la production » que les statisticiens prétendent en déduire, ceux-ci sont incapables de tenir compte du fait que l’effet naturel des progrès de la production est d’accroître la qualité des produits et de faire baisser leur prix :
    on l’observe de façon spectaculaire là où les progrès sont les plus rapides, comme dans l’informatique personnelle, où il n’existe aucune « mesure » qui permette de comparer la qualité d’un ordinateur d’aujourd’hui à celle d’un ordinateur d’il y a trente ans.
    Et si les progrès de la production se traduisent normalement par des accroissements de la qualité et par des baisses de prix, comment les soi-disant « comptables nationaux » peuvent-ils calculer leurs prétendus « taux de croissance réelle de la production », eux qui ne recensent que des quantités de monnaie ?
    « Ils ont inventé de prétendus « indices de prix » pour soi-disant « en tenir compte », en même temps que des effets des politiques d’inflation imposées par les monopolistes de la monnaie ; mais comme il est impossible de « mesurer la qualité des produits », ces « indices » comportent une part d’arbitraire décisive, par définition impossible à connaître.
    « C’est donc de façon cruciale que leurs prétendus « taux de croissance de la production » dépendent des choix arbitraires qu’ils ont faits pour inventer un prétendu « indice général des prix » ; et le vol du concept de prix y est triple, puisque ce prétendu « indice des prix », au lieu d’être une quantité de monnaie qui s’échangerait sur un marché, ne traduit que les impasses de la pratique statisticienne.
    « C’est dire si les gloses récentes du dénommé Piquetout sur de prétendus écarts de quelques dixièmes de points de pourcentage entre les taux de rentabilité des investissements, estimés on ne sait avec quelle prime de risque, et de prétendus « taux de croissance » qui comportent cette part-là d’arbitraire, sont dépourvus de toute valeur scientifique et de toute pertinence… »
    http://www.institutcoppet.org/2014/10/10/entretien-avec-francois-guillaumat-par-gregoire-canlorbe/

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