Unifier les deux monnaies n’est pas possible au travers d’une mesure politique, mais dépend à 100% d’un fondement économique qui manque aux Castro.
Par Darsi Ferret [*]
Le même personnage gris qui annonçait en 2008 le fameux verre de lait qui n’est toujours pas apparu dans le régime alimentaire des Cubains, vient maintenant d’éructer qu’il enverra devant le peloton d’exécution la double monnaie. C’est-à-dire que, selon ses nouvelles promesses, l’actuel timonier du régime castriste remettra en circulation une seule monnaie et en finira avec la dichotomie monétaire du peso et du CUC [peso convertible].
S’il y a bien quelque chose dont ne manquent jamais les frères Castro, c’est bien l’absence de scrupules pour mentir. L’économie cubaine est une économie dollarisée et beaucoup de produits de base comme le poulet, l’huile ou les vêtements se vendent dans l’île à des prix supérieurs à ceux des États-Unis, où le salaire minimum dépasse les $7,5 l’heure.
Le salaire moyen des travailleurs de l’île tourne autour de $13 ou $14 par mois. C’est ainsi que deux kilos de poulet ou de viande de porc, deux livres d’huile végétale, un petit paquet de deux livres de détergent, deux bières et un paquet de cigarettes arrivent au bout du salaire que perçoivent en un mois énormément de travailleurs. Malgré ce pouvoir d’achat excessivement bas, les magasins manquent de marchandises, jusqu’aux produits les plus essentiels, et parfois, dans les établissements de vente à la population, on ne trouve pas de produits comme des serpillières, du sel ou des œufs.
Bon, supposons que l’on élimine les CUC et que tous les produits commencent à être commercialisés en pesos, alors un morceau de savon coûterait 25 ou 30 pesos, presque le double de ce que gagne un travailleur par jour. Si le peso disparaît et que l’on conserve les CUC, alors le salaire de beaucoup de travailleurs serait officiellement de 13 ou 14 CUC par mois.
L’autre option est de les éliminer toutes les deux et d’imprimer une autre monnaie distincte qui serait le résultat de l’augmentation de la valeur du peso et de la diminution de la valeur du CUC. Cela semblerait logique et approprié, mais poserait quelques petits problèmes. Il faudrait doubler ou tripler le pouvoir d’achat des 5 millions de travailleurs et, par conséquent, cela ferait s’effondrer en quelques heures la fourniture des rares produits se trouvant dans les magasins du pays. Cette augmentation du pouvoir d’achat de la population se doublerait d’une diminution des revenus du gouvernement pour ses ventes, puisqu’en valorisant la monnaie et le pouvoir d’achat de l’argent, la valeur de ses marchandises se déprécierait puisqu’il les vendrait au même prix qu’actuellement.
Tout le monde sait que la pénurie de produits que doit affronter de manière chronique le gouvernement est le résultat de son insolvabilité économique qui l’empêche de les importer. Et il ne peut compter sur la possibilité du crédit, car il doit déjà aux 11.000 vierges et chaque jour il s’enfonce dans la ruine financière.
On peut conclure qu’unifier les deux monnaies n’est pas possible au travers d’une mesure politique, mais dépend à 100% d’un fondement économique qui manque aux Castro. Cela ne serait possible qu’avec un niveau de productivité et un développement économique qui soutiennent cette action. Le reste est conte de fée et titres de presse à sensations.
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[*] Darsi Ferrer Ramírez est médecin cubain, dissident. À Cuba, il a été le directeur du Centre de santé et des droits de l’homme Juan Bruno Zayas, une organisation non gouvernementale non reconnue par le régime castriste, qu’il a fondé en 2004. Envoyé en prison et déclaré prisonnier de conscience par Amnesty International, il est arrivé aux États-Unis en 2012 comme réfugié politique.
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