Aller voter ou pas ?

Les électeurs ne comprennent rien à l’économie et les politiciens les écoutent

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Aller voter ou pas ?

Publié le 2 mai 2011
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C’est inévitable. À chaque élection, je dois donner un coup de fil à Bryan Caplan, prof d’économie à la George Mason University, en Virginie. Je le fais, car je sais que ce qu’il va me dire va vous faire grimper dans les rideaux.

Lorsque vous inscrirez votre X sur le bout de papier lundi soir, regardez bien les gens autour de vous. Demandez-vous s’ils savent ce qu’ils font. Car si le gouvernement accouche souvent de mauvaises politiques, c’est parce que les électeurs ne comprennent rien à l’économie. Et que les politiciens les écoutent !

C’est la thèse d’un livre de Caplan paru en 2007, Le mythe de l’électeur rationnel. Le livre fut nommé meilleur essai politique de l’année par un chroniqueur du New York Times. Ses recherches démontrent que l’électeur moyen souffre de plusieurs préjugés, qui vont à l’encontre de ce qu’enseigne un cours d’économie de base.

Entre autres, l’électeur moyen sous-estime les avantages de la concurrence et du marché pour offrir des services – même en éducation ou en santé. Il sous-estime aussi les bienfaits de l’immigration et du libre-échange. Et il a tendance à blâmer des boucs émissaires pour nos problèmes économiques – les méchants spéculateurs, les entreprises pétrolières, Wal-Mart, les Chinois…

Conséquence : pour gagner des votes, les politiciens mettent en place des politiques qui nuisent à ces boucs émissaires, empêchent des entrepreneurs du privé d’offrir des services, ou taxent fortement les produits étrangers. Et des programmes qui versent des millions à des entreprises qui n’en ont pas besoin. Des politiques qui nous appauvrissent collectivement, dit Caplan.

Mais n’allez surtout pas dire ça aux électeurs. « Plusieurs personnes ont des idées très arrêtées sur l’économie, alors qu’elles n’ont jamais étudié cette matière », me disait Caplan lors d’une entrevue l’an dernier. Au lieu de dire « Je ne sais pas, je n’ai jamais étudié ça », ils affirment avec conviction « Les étrangers volent nos jobs ! Nous devons faire quelque chose, peu importe ce qu’en disent les économistes ! »

Le mystère NPD

J’ai rappelé Bryan Caplan vendredi. Pour lui demander si la montée du NPD dans les sondages reflétait encore une fois l’irrationalité des électeurs, selon lui. Surtout quand on sait que peu d’électeurs connaissent le programme du parti. « Ça semble en effet irrationnel. Mais peu de gens lisent les programmes des partis. Ils se fient plus sur le look du candidat ou sa biographie. Surtout, ils aiment le candidat qui leur dit ce qu’ils veulent entendre. »

S’il existe un concept économique mal compris par les électeurs, lui fais-je remarquer, c’est la relation entre les dépenses du gouvernement et les taxes que nous devrons payer pour financer ces dépenses. Plusieurs États croulent sous les dettes — y compris le Canada. Pourtant, les électeurs exigent toujours plus de dépenses. Et c’est d’ailleurs ce que tous les partis promettent dans cette élection. « Il y a une sorte d’aveuglement volontaire. Les gens ne veulent pas voir la réalité en face », dit Caplan. « Ils disent :  augmentez les dépenses dans à peu près tous les domaines, mais dans l’ensemble, réduisez les dépenses ! Ils veulent que 1 + 1 = 3. »

Le professeur fait toutefois remarquer qu’à plusieurs reprises dans l’histoire, des politiciens se sont fait élire en promettant de réduire les dépenses. « Il faut juste bien présenter la chose et être convaincant », dit-il.

Caplan a lui-même ses propres préjugés « pro-science économique », répliqueraient certains. Mais quatre ans après la publication de son controversé livre, le professeur persiste et signe. À la question : les campagnes pour encourager les gens à voter sont-elles une bonne idée ? Il répond toujours « non ». « Les gens qui ne votent pas sont en moyenne moins éduqués et moins informés. S’ils vont voter, l’électeur moyen sera encore plus ignorant. » Les politiciens voudront plaire à ces électeurs, dit-il, et accoucheront de politiques encore pires !

Politiquement incorrect, vous dites ?

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  • L’électeur  » moyen » est certes ignorant, mais ce n’est pas pour autant qu’il est irrationnel.
    Admettons que son choix puisse être déraisonnable, et encore ce concept est critiquable.
    Mais dans tous les cas, on ne parlera pas d’irrationnalité, mais d’ignorance rationnelle ( cours d’éco de base ). L’électeur moyen est certes con car il ne prend pas la peine de réunir l’information pour voir qu’il se fait totalement avoir par le système du vote et que celui-ci est la source de ses problèmes, mais en aucun cas il n’est irrationnel.

  • Les commentaires sont fermés.

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