Le libéralisme au secours de la mondialisation

Le libéralisme semble être rien de moins que la clé pour permettre à une société de prospérer dans un monde moderne globalisé.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Liberté (Crédits Scarleth Marie, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le libéralisme au secours de la mondialisation

Publié le 29 décembre 2015
- A +

Par Alazar Kebede.

Un article de Libre Afrique.

Liberté (Crédits Scarleth Marie, licence Creative Commons)
Liberté (Crédits Scarleth Marie, licence Creative Commons)

Le libéralisme a eu un rôle clé dans l’évolution de la société occidentale moderne. Les deux grandes révolutions, en Amérique (1776) et en France (1789), ont permis de peaufiner certaines des idées clés du libéralisme : la démocratie, l’égalité des droits, les droits de l’homme, la séparation entre l’État et la religion, et l’accent mis sur le bien-être de l’individu.

Le 19ème siècle fut une période de refonte des valeurs libérales qui ont eu à faire face aux nouvelles conditions économiques et sociales induites par la révolution industrielle naissante. Des penseurs comme John Stuart Mill ont apporté une contribution fondamentale au libéralisme en intégrant dans le débat philosophique des sujets tels que la liberté d’expression, les droits des femmes et des esclaves. Les doctrines socialistes et communistes émergentes en même temps, sous l’influence de Karl Marx et les utopistes français, ont contraint les libéraux à affiner leurs vues et à s’organiser en groupes politiques plus cohérents.

Au XXème siècle, le libéralisme a été relancé par des auteurs comme Ludwig von Mises pour s’adapter à la situation économique en évolution. La politique et le mode de vie promus par les États-Unis à travers le monde, ont donné alors une impulsion clé à la réussite du mode de vie libéral. Au cours des dernières décennies, on a fait appel au libéralisme pour traiter des questions urgentes telles que la crise du capitalisme et de la mondialisation de la société. Comme le XXIème siècle entre dans sa phase centrale, le libéralisme est encore une doctrine de conduite qui inspire les responsables politiques et les citoyens.

Ce qui distingue les sociétés prospères de celles qui ne le sont pas, est que celles qui réussissent savent quand et quoi abandonner. La Chine, par exemple, a suivi une culture essentiellement confucéenne. Le confucianisme est un système idéologique qui place l’éducation à un niveau très élevé de priorité, mais il est aussi un système qui discrimine fortement les femmes. Les sociétés chinoises contemporaines ont sauvegardé les valeurs confucéennes de l’éducation, mais elles ont sagement renoncé à l’idéologie traditionnelle qui entretenait la discrimination envers les femmes. Rassurez-vous, comme Jean-Pierre Lehmann, professeur émérite d’économie politique internationale en Suisse l’a fait valoir, si la Chine avait continué à ligoter les pieds de ses femmes, il n’y aurait pas eu la croissance économique spectaculaire de ce pays, à Hong Kong ou à Taïwan. Selon lui, le fait que la Chine ne pratique plus cette coutume n’a pas conduit les Chinois à se renier mais a plutôt permis une formidable avancée économique, politique et sociale.

Le progrès de la Chine interroge : qu’est-ce qui a permis aux Chinois de faire ces choix ? Qu’est ce qui a permis que des changements similaires se produisent dans d’autres régions et cultures ? En fin de compte, ce qui a transformé l’héritage culturel en des moteurs dynamiques de la croissance, le bien-être et de la prospérité à la fois sur le plan matériel et spirituel, c’est la force libératrice du libéralisme. Jean-Pierre Lehmann a déclaré que des spécialistes confucianistes tels que Kang Youwei et Liang Qichao, l’intellectuel hindou Ram Mohun Roy et les nombreux libéraux et humanistes chrétiens, tous issus de cultures différentes partagent tous la croyance selon laquelle il faudrait faire le tri de ses héritages idéologique et culturel pour vérifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

En outre, Jean-Pierre Lehmann a noté que le potentiel de changement est évident même dans les cultures considérées comme très rigides. Considérons le monde arabo-musulman ; cela peut paraître surprenant pour les étrangers, mais il existe une tradition libérale, une tradition de tri de l’héritage culturel dans la pensée arabe et islamique. L’historien britannique d’origine libanaise, feu Albert Hourani, l’a démontré vivement dans son magnifique livre La pensée arabe et l’occident de 1968. Albert Hourani a décrit comment, à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, des penseurs et des écrivains tels que Jamal al-Din al-Afghani ont développé un puissant courant de pensée musulmane le long de lignes comparables à l’évolution de la pensée laïque et libérale en Europe. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, la vision libérale d’Al-Afghani ne l’a pas empêché d’être un fervent nationaliste et un anti-impérialiste.

Pourtant, au final, comme le montre le livre de Hourani, le libéralisme a fini par être abandonné dans la plupart des pays du Moyen-Orient. Comment ? En effet, les adversaires du libéralisme dans le monde islamique ont opté pour une tactique facile, mais efficace et ont assimilé libéralisme à l’occidentalisme. Cela leur a permis d’imposer un retour à l’héritage traditionnel qu’il soit pertinent ou pas.

Nous ne devons pas oublier que les origines idéologiques de l’Occident ne sont pas du tout libérales, mais il est exact que le libéralisme a émané principalement de l’Occident. Après tout, ce sont les interprétations littérales dogmatiques de la Bible qui ont permis au gouvernement florentin d’emprisonner Galilée pour avoir simplement énoncé que la Terre tournait autour du Soleil. Même aujourd’hui, les chrétiens fondamentalistes aux États-Unis continuent à lutter contre la science, et cherchent à interdire l’enseignement du darwinisme dans les écoles.

La curiosité intellectuelle et l’ouverture culturelle ne sont pas des caractéristiques permanentes de toute société, comme nous l’observons dans le monde qui nous entoure. Le Japon dans les années 1960 était un foyer de curiosité culturelle, d’ouverture, d’importation et d’expérimentation. Pour des raisons difficiles à expliquer, les années 1980 ont vu le Japon basculer pour devenir beaucoup plus tourné vers l’intérieur. En fait, il s’est transformé en une société narcissique, en déclin économique et social.

Le libéralisme est une doctrine universelle, dont le principe le plus fondamental est de s’opposer au dogmatisme sous toutes ses formes. Par conséquent, un plaidoyer en faveur de la tolérance, de l’ouverture et du pluralisme attire de nombreuses personnes au-delà des frontières culturelles. Le libéralisme en tant que tel semble être rien de moins que la clé pour permettre à une société de prospérer dans un monde moderne globalisé.

(*)Alazar Kebede est analyste pour Africanexecutive.com. Article initialement publié en anglais par African Executive – Traduction réalisée par Libre Afrique

Sur le web

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • Nous devrions réussir en France, puisque nous avons déjà beaucoup appris du confucianisme. Chez nous, les postes de hauts fonctionnaires sont distribuées à l’issue d’un concours de poésie comme cela se passait autrefois en Chine.

    Plus sérieusement, les pays sans majorité religieuse nous apprennent beaucoup sur les comportements différenciés selon les cultures. Je pense en particulier à la Corée du Sud. Dans ce pays, si quelqu’un s’intéresse à vous et vous aborde dans la rue pour discuter, il y a de fortes chances que celui-ci soit Chrétien. Pas étonnant alors que le gouvernement soit à forte majorité chrétienne alors qu’ils ne représentent que 40% de la population.
    Les religions chinoises anciennes sont des communautés très fermées où l’étranger est souvent vu comme une source de perturbation d’un équilibre immuable. Le libéralisme n’est compatible qu’avec très peu de cultures, dont la culture chrétienne.

    Notre culture contient les germes de nos réussites et de nos échecs. Je ne suis pas sûr que tout effacer comme quelque uns veulent le faire puisse nous faire avancer. Nous devons plutôt nous appuyer sur nos points forts pour transformer la société.

    • le libéralisme est surtout compatible avec le fait de laisser les religions dans la sphère privée , sinon elles influeront de manière plus ou moins consciente dans votre relation au travail , à l’argent et à votre propre corps ( exemple : dans la religion votre vie appartient à Dieu , moi je considère qu’elle n’appartient qu’à moi et que j’ai le droit d’en faire ce que je veux .
      Le libéralisme est également surtout compatible avec le matérialisme ( sinon allez dans un monastère ) , ce qui n’est pas une tare .

      • @Jacques
        Vous ne pouvez pas faire disparaître les religions de l’espace public justement parce qu’elles influencent notre relation au travail, à l’argent et au reste. C’est forcément un paramètre à prendre en compte dans notre relation avec les autres.
        Vous pensez ne pas avoir de Dieu, mais nous n’arrêtons jamais de nous créer des Dieux, voire même à nous prendre pour Dieu. Le Laïcisme ou l’écologisme sont des religions.
        Que ne sommes nous pas prêt à faire pour un peu plus d’argent ou de pouvoir ? Votre Dieu est-il jaloux au point de ne supporter aucune concurrence ?

        Les religions abrahamiques ont une spécificité : l’homme n’est pas Dieu, ni même une parcelle de Dieu. Ce simple fait permet de bâtir une relation basée sur l’altérité et permet donc une relation d’amour avec Dieu et les autres hommes qui serait impossible si nous étions tous des éléments d’une même unité. Vous êtes différent et unique.
        C’est cette spécificité qui rend ces religions insupportables à une majorité de la population et la cause de beaucoup de schismes. Mais si vous ne pouvez être Dieu, vous pouvez être vous même. La liberté que vous revendiquez est une conséquence directe de l’enseignement de ces religions. Grâce à cette liberté, Dieu ne peut être un tyran ou un dictateur, mais vous, vous le pouvez si vous refusez le chemin qu’il vous propose et c‘est votre droit (pas sûr que tout le monde approuve).

        « moi je veux que personne ne m’arrête dans la rue pour discuter ». Je comprends que vous pouvez arrêter quelqu’un dans la rue pour discuter, mais l’autre ne peut pas. Vous introduisez une dissymétrie dans la relation qui montre que si pour vous Dieu existe, il ne peut être que vous-même.

  • Bjr,
    Eh bien justement c’est bien une des causes qui font que je n’aime pas les religions , notamment abrahamiques dont fait partie la religion chrétienne . C’est cette manie quelles ont de s’ingérer dans votre sphère privée en croyant missionné pour vous  » sauver » et vous dicter ses dogmes . Je n’aime pas du tout Mao ni les communistes mais il a dit une parole sensée :  » les religions sont un poison pour les peuples  » !
    Si quelqu’un vous arrête dans la rue pour discuter…….Justement , voyez-vous , moi je veux que personne ne m’arrête dans la rue pour discuter , et je ne demande à personne de s’intéresser à moi , j’entends commercer avec qui je veux ! je veux que l’on s’intéresse à moi uniquement si je le désire !les religions sont comme la gauche très liberticides . Elle doit donc absolument rester dans la sphère privée .
    C’est cette religion qui vous empêche d’être libre et heureux en vous présentant les flammes de l’enfer à tout va
    Qui vous empêchera d’en finir si vous avez une maladie grave et incurable en se croyant missionné divinement et appellera les institutions qui vous interneront et soigneront de force ( en mettant ça sur une dépression , argument débile s’il en est , et en oubliant que d’autres cultures appellent ça  » avoir de l’honneur  » .
    Qui fait croire qu’en cas de crime se suicider est une lâcheté car selon eux il faut expier dans cette vie alors que pour les romains paiens et les grecs le suicide dans ce cas de figure était honorable , recommandable pour recouvrer son honneur et considéré comme un acte de grand courage ( jusqu’au concile de Braga en 561 car il s’agissait de lutter contre le paganisme , pourtant bien plus libertaire )
    C’est la même connerie chrétienne qui vous dit aujourd’hui qu’il faut souffrir jusqu’au bout au lieu de vous suicider , notamment en cas de souffrance atroce et incurable ou si par ex vous venez d’apprendre que vous avez l ‘Alzheimer . Encore une fois , les anciens philosophes considéraient que c’était lâcheté de vivre quand la vie n’était plus la vie et que l’honneur , la fierté d’un homme consistait à savoir partir quand le corps était souffrance .
    C’est encore bien la religion qui a dit que l’homme devait se racheter d’une faute ( imaginaire ) en gagnant durement son pain à la sueur de son front . Eh bien désolé , moi je considère que l’homme n’est pas sur terre pour travailler comme un con toute le journée , mais pour s’épanouir , se cultiver , entretenir son corps et son esprit par le sport , la lecture et l’art . Je ne crois pas que le but de la vie sur terre soit d’être un esclave ! Savez -vous que le mot travail vient du latin  » tripalium  » qui veut dire instrument de torture et qu’il était honteux pour un romain ou un grec de se livrer à un quelconque travail ( dans le sens de  » ponos , travail pénible ) et que celui-ci était réservé aux esclaves et aux personnes de basse condition ?
    Elles disent toutes aussi de se multiplier . Eh bien moi je préfère que l’on soit moins pour que ma part du gâteau soit plus grande . C’est à cause de la religion que les africains sont en surpopulation et crèvent de faim , et cela engendre des guerres . Et franchement , quel intérêt de faire des gosses pour qu’ils deviennent des esclaves des multinationales ( vous travaillez forcément de manière directe ou plus souvent indirecte pour eux ).
    Toutes ces religions disent que notre corps et notre vie ne nous appartiennent pas . Eh bien moi si .
    je n’aime pas ces dieux tyrans et dictateurs . A la limite je préfère Prométhée – Lucifer qui se révoltèrent et apprirent aux hommes à se révolter pour ne plus s’agenouiller contre ces dieux-dictateurs . Je ne crains absolument pas ces dieux de pacotille et préférerai encore ( s’ils existent ) qu’ils m’envoient au néant plutôt que que de leur obéir .

  • Brillant article qui doit nous interroger vu la déliquescence dans laquelle est la France ancien phare du monde
    Je pense que lorsque les musulmans libéreront leurs femmes de leur prison ambulante et deviendront l’égal de l’homme, l’islamisme et l’obscurantisme seront vaincus

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La démocratie libérale est un régime politique jeune et fragile. Elle commence véritablement à se concrétiser à la fin du XIXe siècle, et n’existe que dans une trentaine de pays dans le monde. Le primat de l’individu constitue son principal pilier qui est d’abord politique : garantir les droits naturels de l’Homme (la vie, la propriété, la liberté, la vie privée, la religion, la sécurité…) et limiter l’action de l’État¹.

La propriété de soi d’abord, la propriété des choses par le travail ensuite, la pensée critique (libre examen), la t... Poursuivre la lecture

Peste et famine vont sévir, le délire ultralibéral anéantir les acquis sociaux, et les sauterelles ravager les cultures. C’est, à peine caricaturé, la réaction de la plus grande partie de la presse française (notamment Ouest France, FranceTVinfo, France24, LaTribune, Alternatives économiques...) à l’arrivée au pouvoir, le 10 décembre, en Argentine de Javier Milei, élu sur un programme libertarien, c’est-à-dire de réduction drastique du rôle de l’État sur les plans économique et sociétal.

Le récit dominant en France serait que l’économi... Poursuivre la lecture

Le libéralisme classique français a été porté par des auteurs presque exclusivement masculins, et qui pour certains des plus fameux (Turgot, Bastiat, Tocqueville) n’ont pas laissé de postérité : ce qui devrait engager à ne pas rechercher leur opinion sur la sexualité. C’est pourtant ce que je ferais, et la démarche n’est peut-être pas vaine.

 

Les premières conceptions religieuses

Aux premiers âges de l’histoire de l’humanité, la sexualité, incomprise, est déifiée : des autels sont dressés devant des pierres d’apparence ph... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles