Comment les États jouent au Monopoly avec les économies

J’aimais bien le Monopoly quand j’étais petit, mais quand je vois nos dirigeants et les Banques centrales y jouer avec l’avenir de nos enfants, j’ai peur.

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Comment les États jouent au Monopoly avec les économies

Publié le 5 octobre 2013
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J’aimais bien le Monopoly quand j’étais petit. Mais quand je vois aujourd’hui nos dirigeants et les Banques centrales y jouer avec l’avenir de nos enfants, j’ai peur.

Un billet d’humeur de Nicolas Nilsen.

La multiplication des allocations, aides et des primes en tout genre m’incite à revenir très brièvement sur la manière dont ces gracieuses dépenses sont financées par des États pourtant ruinés (la dette est abyssale, les impôts ne rentrent plus et, je ne sais pas si vous l’avez perçu, il y a comme un “ras le bol fiscal” qui ne rend la poursuite de cette générosité possible que parce qu’on est avant les élections…

Aux États-Unis les politiques appellent ça “QE” (Quantitative Easing). Chez nous on dit juste “création monétaire” mais c’est pareil : l’État demande à la Banque centrale de créer de la masse monétaire (en gros faire tourner sa planche à billets) pour l’injecter dans l’économie. Au départ, comme quand le Père Noël sort des jouets de sa hotte, tout le monde est content : les gens, parce qu’ils voient tomber du ciel des subventions rafraîchissantes. L’État, parce que ça lui permet de continuer à jouer, auprès de ses clientèles, son rôle favori d’État-providence avec ses dépenses “keynésiennes” à base de plans de relance, de subventions, d’aides, d’allocations, de primes et de bonus, etc.

Une fuite en avant monétaire qui achèvera de ruiner les économies étatisées

Ce que j’aime bien aux États-Unis, c’est qu’ils rajoutent le qualitificatif d’“easing” ce qui donne un petit côté burette d’huile ou de vaseline si vous me permettez l’expression. Ça passe mieux en quelque sorte. Mais il reste que — même en l’appelant “assouplissement quantitatif” — c’est une solution de facilité désastreuse qui mènera les économies occidentales à la ruine en gonflant des bulles spéculatives qui finiront forcément par nous exploser à la figure.

En outre, ces politiques de “QE” ne font que dissimuler la gangrène mais sont inefficaces sur l’économie réelle qui vit uniquement sous perfusion et injections en intraveineuses. Si vous arrêtez de subventionner, le malade meurt. Ce qui est la raison pour laquelle les État continuent d’injecter, sans quoi les gens feraient la révolution : en France, ils ont augmenté massivement les impôts et les dépenses – soi-disant pour “relancer l’économie” (ça n’a pas marché). Aux USA, il y a eu le QE1, puis le QE2, puis le QE3 et on en est à QE4…

Si tous les gigantesques plans de relance marchaient, ça se saurait : la croissance repartirait et l’emploi avec.

Mais cela ne marche pas : malgré des gigantesques plan de relance, le FMI va même réviser à la baisse ses prévisions de croissance ! Ça ne marche pas parce que ces plans d’intervention étatiques dissimulent et diffèrent ce qui devrait être radicalement changé, en particulier dans les dépenses des États mammouths et la structure de leurs grosses machines bureaucratiques. Et, exemple récent, quand de méchants républicains au Congrès américain ont le toupet de dire stop aux dépenses nouvelles et stop au relèvement du plafond de la dette, les gentils démocrates hurlent au “shutdown” et à la prise en otage des services publics ! Et, naturellement, comme les gens veulent que les subventions, aides et avantages de la bureaucratie continuent, ils approuvent le gentil Obama qui veut continuer à injecter de l’argent dans l’économie.

Et pour obtenir, une fois encore, un relèvement du plafond de la dette, il fait planer le spectre des conséquences dramatiques d’un éventuel défaut de paiement des États-Unis : donc il faut continuer les dépenses, donc il faut continuer les QE et, surtout, il faut blâmer ces méchants républicains qui veulent faire des économies (et qui, il faut le reconnaître, s’y prennent vraiment comme des manches pour se faire comprendre de l’opinion).

Les “États-providence” ne reviendront malheureusement jamais sur leurs privilèges

Je pense sincèrement que les citoyens, habitués à des décennies de prise en charge par l’État, ne sont pas prêts à faire des efforts, à revenir sur leurs “droits acquis”, ou à modifier leur mode de vie. Et que les “États-providence” ne reviendront jamais sur leurs privilèges et leurs prérogatives de grands dispensateurs-dispendieux de bien-être collectif et de vivre-ensemble dans l’allégresse des subventions. La Cour des comptes continuera, rituellement, à les blâmer tous les ans, mais l’État ne se transformera pas et continuera au contraire à grossir et à gonfler. Et donc ça continuera car, pendant la folie collective, le spectacle des institutions doit continuer.

Et donc ? Et donc les gens exigeront de continuer, comme au Monopoly, à “passer par la case départ pour toucher leurs 20 00 euros”. Et, pour financer cette générosité, les États continueront leur folie des QE5 puis QE6 jusqu’à … QE43 ? Ils continueront à faire tourner la planche à billet — jusqu’à ce que l’inflation viennent ruiner les gens comme dans l’Allemagne d’avant guerre. Et ils continueront à s’endetter — jusqu’à ce que les prêteurs leur fasse un bras d’honneur, ou que les jeunes générations sur qui il font peser le poids de la dette se révoltent.

Voilà. Pour vous dire la vérité : j’aimais bien le Monopoly quand j’étais petit. Mais quand je vois aujourd’hui nos dirigeants et les gouverneurs des Banques centrales y jouer avec l’avenir de nos enfants, j’ai peur.

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  • La monnaie outre qu’il y a une partie visible que sont les billets, vous oubliez quand même le système boursier qui à besoin de monnaie tel de l’épargne. Et tout cela comporte un tas de conséquences sur l’argent qui sort du circuit de consommation.

    Bref cet article part sur un parti pris que cela concerne que l’économie réelle mais on sait tous que la bourse à fait la crise de celle-ci. Dès lors être affirmatif sur le bénéficiaire de la planche à billet, ce n’est pas sûr que ce soit ceux qui en ont besoin qui soient les mieux servis…

  • Ne généralisons pas, il est des pays – généralement avec des gouvernements de coalition bien entendu – qui ne « jouent » pas, mais travaillent.

    Je citerai l’exemple que je connais le mieux : la Belgique.

    Un pays qui diminuait régulièrement sa dette, quand il l’a vue soudain rebondir avec les mesures urgentes de réponse (utile) à la crise.

    Depuis, travail de fourmi, délicat et bien mesuré, pour revenir à l’équilibre budgétaire sans toucher aux impôts ni au social ; ça marche, et nous serons sous les 2,5 % avant la fin de l’année (contre plus de 4 % en France.)

    La révision trimestrielle est en cours ce week-end, et vu la diversité des partenaires, différentes pistes sont sur la table, pour encore économiser tout en relançant. Celle qui a la faveur de 5 partis sur 6 est particulièrement intéressante :

    – en abaissant la TVA sur l’électricité, l’Etat favoriserait évidemment son industrie (merci pour la TVA et les impôts) et redonnerait du pouvoir d’achat à toute l’économie, particuliers compris ..; mais gagnerait de l’argent directement !

    En effet, cette baisse TVA serait un manque à gagner de 200 millions … mais permettrait de reculer un saut d’index, ce qui ferait gagner … 500 millions !

    Non, il n’y a pas que des joueurs de Monopoly, et la Belgique n’est pas une exception : vous ne regardez que les tocards.

    Il y a mille possibiltés win-win, pour ceux qui veulent se donner la peine de les trouver.

    • Aux prochaines élections municipales en mars 2014 il faudra rassembler un maximum d’abstentionnistes pour signifier notre ras-le-bol du système.
      Voter c’est cautionner le système.
      Voter c’est accepter que des maires contruisent des médiathèques, organisent de couteuses manifestations culturelles, projettent l’edification de bâtiments administratifs inutiles conçues par des copains architectes qui viendront se goinfrer alors que le pays est en faillite
      Voter c’est accepter la multiplication d’emplois de complaisance au sein des collectivités locales, avec des salaires surévalués attribués à des gens qui font partie d’un clan.

      • …et ne pas voter, c’est suggérer au maire cette question : Qu’ai-je donc oublier de bâtir pour que mes concitoyens s’abstiennent ? Vite, dépensons plus…

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