Et dans tout ce bazar, Najat Vallaud-Belkacem tente d’exister

Lorsque Najat Vallaud-Belkacem réclame qu’on dise que Rimbaud était homo, elle dit simplement « Ecoutez-moi, je sers à quelque chose ! »

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Najat Vallaud-Belkacem (Crédits Ségolène Royal, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Et dans tout ce bazar, Najat Vallaud-Belkacem tente d’exister

Publié le 25 octobre 2012
- A +

Lorsqu’on occupe un poste payé fort cher mais qu’on se sait profondément inutile quand la tempête survient, on peut s’éclipser discrètement ou faire de grands discours creux et ridicules pour occuper les esprits. Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole officielle d’un gouvernement aussi aphone qu’acéphale, a définitivement choisi la seconde option : ouvrir son bec et prouver au monde entier qu’une femme peut parfaitement être aussi nulle qu’un homme à un poste gouvernemental.

Elle a donc pris la parole, lundi dernier, dans une interview accordée au magazine Têtu. Le sujet ? L’homosexualité dans les manuels scolaires. Notez qu’elle a déjà sévi, et sur un sujet diablement comparable : le méchant sexisme des habitudes scolaires.

Cette fois-ci, petite variation sur thème puisqu’il s’agit de dresser 98,51% de ses fibres citoyennes (le reste étant consacré au porte-parolat) contre l’obstination malsaine de certains manuels de français à cacher les orientations sexuelles d’auteurs littéraires. Plus exactement, la remuante ministre des Droits des femmes déclare :

Aujourd’hui, ces manuels s’obstinent à passer sous silence l’orientation LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) de certains personnages historiques ou auteurs, même quand elle explique une grande partie de leur œuvre comme Rimbaud.

Eh oui que voulez-vous : si l’on ne dit pas, haut et fort, que Verlaine et Rimbaud étaient de la jaquette flottante à tous les élèves de France et de Navarre, on passe l’essentiel. Non, ce dernier n’est pas dans leurs productions poétiques ! Non, l’essentiel n’est pas leur talent artistique et l’empreinte qu’ils firent dans la littérature française ! La source de leur inspiration, évidente, indispensable pour comprendre leur œuvre, c’est qu’ils étaient homo ! Et s’obstiner à ne pas le marquer noir sur blanc dans les livrets, c’est, littéralement, faire affront à l’éducation, c’est, très clairement, de l’homophobie, voyons !

Et certains, qui pourraient dire que mettre ainsi en exergue l’homosexualité d’un auteur pour justifier son talent, c’est faire une discrimination pure et simple, seront bien évidemment poursuivis par la HALDE qui avait déjà écrit plusieurs rapports à ce sujet et dont l’expertise, notamment judiciaire, n’est plus à démontrer ; après tout, si cette association de malfaiteurs philosophes de l’égalité a réussi à déceler, en son temps, toute l’abominable discrimination dont les seniors faisaient l’objet dans le poème de Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose », on ose espérer que la nouvelle égérie des femmes pleines de droits saura prouver l’insoutenable obstination des manuels à cacher les penchants sexuels des auteurs littéraires.

Du reste, pour bien faire dans l’égalité, j’attends le moment où on parlera (enfin !) de l’hétérosexualité navrante de Victor Hugo ou de la vie de famille scandaleusement rangée de Mallarmé. Ceci pour faire bonne mesure avec la proposition suivante de la Najat :

Il serait utile que des familles homoparentales soient représentées dans les campagnes de communication généraliste du gouvernement, afin de banaliser ce fait.

Oui, c’est cela, banalisons ! Après tout, nous avons déjà un président délicieusement normal au point d’assommer les citoyens (et pas qu’avec des taxes), un premier ministre si commun qu’il pourrait faire clerc de notaire dans une petite ville de province ; même à la télé, on sent l’odeur du cuir des patchs qu’il aurait dû se coudre sous les coudes… Un peu de banalité avec des homos dans la communication généraliste ne fera même pas tache. On peut aller plus loin ? Oui, on le peut, et la porte-parole relève le défi, quasiment dans le même souffle :

La France portera un discours politique pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité et nous remettrons en marche l’appareil diplomatique pour obtenir une résolution aux Nations unies. Je vais travailler au niveau européen pour que l’Union adopte des lignes directrices contre l’homophobie. Il faut dessiner la perspective d’une grande convention internationale contre les discriminations en raison de l’orientation sexuelle, c’est urgent alors que dans certains pays voisins les marches de la fierté sont réprimées. Les ambassades françaises interviendront en faveur des militants LGBT.

Car la France n’avait pas assez de casseroles à trimbaler de réunions internationales en réunions internationales, en plus de son président sidéralement normal et de son premier ministre galactiquement commun, il faut bien rajouter à la représentation diplomatique du pays une petite goutte de What The Fuck si terriblement XXIème siècle, festif, citoyen, coloré et à paillettes. Et puis, ça tombe bien, on n’a aucun autre message à faire passer avant, et on n’a pas d’autres inégalités plus urgentes à travailler au corps.

le honzec - najat valleau belkacemIl est intéressant que pas une seconde la pauvresse ne se soit posée la question de savoir en quoi le gouvernement, et l’État en général, devait aller fourrer son nez dans le sexe des auteurs et expliquer à la face des élèves qui lui sont confiés (par la force des choses) que l’orientation sexuelle était importante. Sur quelle base l’État doit-il ainsi prôner toutes les formes de sexualité ? Depuis quand l’État a-t-il cette mission ? Il me semblait qu’il ne lui appartenait en rien d’aller faire du prosélytisme religieux en classe, et qu’il semble consternant qu’on puisse y envisager un prosélytisme politique sauf à tomber ouvertement dans les pires usines à manipulation mentale. De la même façon que l’État n’a pas à favoriser le pain au chocolat ou le coca-cola à 16h, il n’a pas non plus à favoriser des formes de sexualités, et surtout pas au travers de personnages historiques qui sont passés à la postérité pour complètement autre chose que leurs choix de partenaires sexuels.

Or, comment la ministre peut-elle vouloir banaliser l’homosexualité en la mettant ainsi en exergue au milieu des considérations historiques, littéraires ou mathématiques ? En quoi le fait de spécifier que tel philosophe de l’Antiquité s’enfilait des personnes du même sexe est-il pertinent pour l’étude de ses mathématiques ? Pourquoi devrait-on exposer la vie sexuelle de tel poète là où c’est son œuvre qui a marqué, et non ses prouesses sexuelles ? Sauf à clarifier aussi l’hétérosexualité de chaque roi, chaque reine, chaque artiste, chaque scientifique concernés, le fait de mentionner explicitement les orientations sexuelles différentes des autres risque en effet de paraître tout sauf banal.

Encore une fois, nous assistons à la navrante performance d’une ministre en mal de retour médiatique. Cela s’explique. Et pas par l’hétérosexualité latente ou les pulsions hormonales de la ministre, hein.

La conjoncture est complètement bouchée, et elle rend impossible pour Ayrault de remettre le pays en marche sauf à céder aux obligations économiques parfaitement contraires aux dogmes socialistes. Il lui faut donc occuper le terrain sur le seul plan verbal, d’une communication confuse et mollassonne. Pas étonnant ensuite qu’il ait tant de mal à discipliner ses troupes : à mesure que l’impuissance du gouvernement se fait plus grande et plus visible, que sa confusion mentale et organisationnelle s’étend, chacun de ses membres tente d’exister de façon quasi-indépendante du reste du groupe. Que ce soit Peillon avec le chichon, Montebourg avec ses saillies consternantes, ou Vallaud-Belkacem avec ses fixettes sociétales ridicules, chacun des ministres tente de compenser sa complète et totale inutilité, son impuissance chimiquement pure par une agitation communicationnelle compulsive.

Lorsque Belkacem réclame qu’on explique que Rimbaud était homo, elle dit simplement « Écoutez-moi, j’existe, je sers à quelque chose, je vous jure que si ! »

C’est un peu triste, au fond.

—-
Sur le web

Voir les commentaires (25)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (25)
  • Cette Najat Vallaud-Belkacem m’horripile!

  • Parler de l’orientation sexuelle de tel ou tel à l’école ce n’est pas faire de l’éducation.

  • C’est d’autant plus con comme sortie qu’aucun prof de littérature digne de ce nom ne passera sur le fait que Verlaine et Rimbaud aient été amants. Bref, encore une fois du grand blabla pour rien

  • C’est vrai qu’on ne m’a jamais dit quels grands auteurs étaient transsexuels (le T de LBGT). Je n’y tiens plus. Qui ? Je veux savoir.

      • « prouver au monde entier qu’une femme peut parfaitement être aussi nulle qu’un homme à un poste gouvernemental. »

        « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. »
        (Françoise Giroud, 1983)

        Mme N. Vallaud-Belkacem n’en est plus très loin – ne lui resterait plus qu’à occuper un poste… important !

  • Une fois acquis il faudra s’intéresser aux gouts alimentaire: régime carné ou végétarien.

    Savoir si ce sont des instincts de meurtre primitif ou une saine intégration à Gaïa qui a motivé des écrits est important.

    Si ce que nous nous enfilons nous défini bien mieux que n’importe quel texte ce serait dommage de passer à coté.

  • Je suis suisse et je comprends toujours pas… combien vous avez de ministres en France ? On dirait qu’il en sort sans cesse…

  • Il me semble que Verlaine était marié et que Rimbaud fut en couple avec une femme chrétienne lors de son exil en Ethiopie. Je trouve ça assez dingue, d’enseigner des choses dont au final on ne sait rien. Qui peut me dire si Rimbaud ou Verlaine préféraient les hommes. On continue à confondre orientation sexuelle et identité… C’est vraiment lamentable.

    NB: Je n’aime pas Zemmour sur le plan éco mais sur un point il a raison: Gay est un mouvement culturel né au Etats-Unis, tandis qu’homosexuel est une orientation. C’est une ineptie de dire que des auteurs étaient gay (le mouvement a moins de 100 ans) ou de vouloir protéger les droits des gays.

    • Le fait d’être marié n’est pas incompatible avec l’homosexualité et Rimbaud n’était pas en « exil » : il avait choisi d’aller en Afrique pour gagner de l’argent (cela c’est pas bien).

      • Mais savez-vous si Verlaine aimait sa femme ou la désirait réellement? Non, on en sait rien. Donc oui, je maintiens c’est aller vite en besogne que de les désigner comme homo. On peut dire qu’ils avaient des penchants mais le reste on n’en sait rien. Le fait que Rimbaud ait vécu avec une femme des années après accroît même notre ignorance.

        Vouloir cataloguer les gens avec notre perspective contemporaine est selon moi une grave erreur. Pas mal de gens étaient « versatiles ».

        • « pas mal de gens étaient versatiles »,
          certes, mais je ne crois pas que l »imparfait soit nécessaire. De nos jours aussi, pas mal de gens ont une sexualité changeante. Il y en a même qui n’ont pas de sexualité par choix, par manque de désir ( asexuel).
          Je suis d’accord avec vous, cette manie de vouloir mettre les gens dans des cases est insupportable, et encore plus quand on veut mettre des gens du passé dans les cases d’aujourd’hui. Un non sens

        • @MIA
          Oui vous avez tout à fait raison. Paul Verlaine était marié et Arthur Rimbaud est parti en Afrique pour faire du commerce et sur ce continent il vivait en couple avec une femme.Puis il a été rapatrié sur Marseille pour y être hospitalisé à cause d’une gangrène de la jambe et il est mort des suites de son affection. C’est tout ce qu’on peut dire.
          NVB voudrait réecrire les manuels d’histoire en leur faisant dire par exemple ce que la cineaste Agnieska Holland a raconté dans son film nauséabond « Rimbaud ,Verlaine » avec Leonardo Di Caprio mais qui est de la pure fiction, de l’invention scénaristique débridée pour attirer un public de voyeurs dans les salles obscures..

      • C’est dans quelle Rimbaud que Stallone joue le PD ?

    • Origine
      Le mot « gay » est utilisé en anglais à partir du xiie siècle, venant du vieux français « gai », très probablement dérivant d’une origine germanique. Pour l’essentiel, le sens premier du mot est « joyeux », « sans souci », « clair et voyant » et le mot est très couramment utilisé en ce sens dans les discours et la littérature.

      Sexualisation

      Le mot commence à être associé à l’immoralité à partir de 1637 et est utilisé à la fin du XVIIe siècle avec le sens de « dépendance aux plaisirs et à la débauche », et cela, par extension de la première signification du terme : « sans souci », impliquant « sans complexe au regard des contraintes morales ». Une femme « gay » est une prostituée, un homme « gay » est un homme à femmes et une maison « gay », un bordel.

      Plus d’info sur wiki

  • Très bon article H16. Par ailleurs NVB n’a aucune notion concernant la critique littéraire depuis le début du XXème siècle (« le texte, rien que le texte »). C’est normal : dans tous les domaines les socialistes sont restés englués au XIXème siècle.

  • Décidément, ce sont des obsédés du Q ces socialos ! Entre Peillon et Najat , ils ne pensent qu’à ça 🙂

  • « et qu’il semble consternant qu’on puisse y envisager un prosélytisme politique sauf à tomber ouvertement dans les pires usines à manipulation mentale. »

    On y sera bientôt avec les cours de morale laïque de Peillon

  • Une telle chose relève exclusivement de la vie privée comme le sexe en adultes consentants;le mariage ; la religion , ect…Au nom de quoi l' »état » s’en mêle?Ou bien sommes nous dans un régime néo-conservateur socialiste et soviétique?

  • J’adore ! Voilà des semaines qu’on ne voit qu’elle partout et qu’on n’entend qu’elle pour RIEN. Bravo pour votre lucidité. Il faut la plaindre, je suis d’accord avec vous. Elle veut exister et ne manque aucune connerie pour ce faire. C’est un plus pour « les droits de la femme ». Le seul droit qu’on aurait envie de lui donner c’est « Ferme-la »…..

  • Et elle? On sait ce qu’elle fait sous la couette? Et avec qui? Ça pourrait expliquer sa nullité de la même façon que l’homosexualité de Rimbaud
    expliquait d’après elle son talent de rimeur.
    Quelle tristesse!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

Mardi 5 décembre 2023, communiquant sur les résultats des élèves français à l’enquête internationale PISA, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a proposé de réviser les programmes de primaire pour y adopter progress... Poursuivre la lecture

L’Éducation nationale se trompe d’objectif en favorisant la mixité sociale et la réduction des inégalités plutôt que le niveau de connaissances. En effet, la dégradation du niveau général est nuisible à tout le monde et réduit l’égalité des chances en nivelant par le bas.

Depuis la publication en avril de mon article « L’éducation nationale se trompe d’objectif », sont arrivés les résultats de la dernière enquête PISA, qui confirme la catastrophe, et le plan Attal qui tente d’y pallier.

Ce plan vient tout juste d’être annoncé, on ... Poursuivre la lecture

Si j’étais ministre de l’Éducation nationale, de surcroît un jeune ministre pouvant aspirer à devenir, un jour, président de la République, je déclarerais vouloir supprimer le ministère de l’Éducation nationale dans sa forme actuelle, et vouloir lui substituer une autre organisation qui relève le niveau des élèves français dans les comparaisons internationales, mais surtout qui permette de réduire de manière drastique les inégalités sociales en matière d’éducation. La légitimité d’une telle décision est affichée au fronton de nos bâtiments publi... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles