Les milliards en subventions aux entreprises sont le premier endroit où le gouvernement pourrait faire un sérieux ménage. Une question : combien d’emplois se perdent (ou ne sont jamais créés) à cause de toutes les taxes et les impôts qu’on doit payer pour financer ces programmes de subventions ?
Par David Descôteaux, de Montréal, Québec.
Le syndicat des travailleurs d’Aveos souhaite que le gouvernement intervienne, suite à leur licenciement. « Je veux demander au gouvernement de reprendre des parts dans Air Canada, comme il l’a fait avec GM », a dit le président du syndicat.
Le cas Aveos est complexe, vu l’ingérence du gouvernement dans le dossier Air Canada. Mais ce refrain, on l’entend partout. White Birch, Rio Tinto, Electrolux, nommez-les. Chaque fois, on implore le gouvernement de « sauver » les emplois.
Je comprends le désarroi des ex-employés. Ce qui leur arrive est une tragédie trop souvent répétée ces derniers mois. Au-delà des chiffres, il y a des familles et des drames. Et j’espère qu’on trouvera une solution pour eux. Là n’est pas la question. Et parfois l’intervention du gouvernement fonctionne, parfois non. La question, c’est celle de la dépendance envers l’État. Qui s’est tranquillement installé dans notre culture économique.
Une entreprise veut ouvrir ? Donnons-lui des subventions ! Une compagnie ferme ? Le gouvernement doit intervenir ! (Et comptez sur les partis d’opposition pour jouer la game à fond, en accusant le parti au pouvoir d’être insensible s’il refuse d’agir.) L’économie ralentit ? Vite, un nouveau programme ! Qui va probablement rester une fois la crise passée…
Ça commence à ressembler à cette boutade de l’ancien président Ronald Reagan : « La manière dont le gouvernement voit l’économie peut être résumée en quelques phrases : si ça bouge, taxez-le. Si ça continue à bouger, réglementez-le. Si ça arrête de bouger, donnez-lui des subventions. »
Encore des bonbons
La semaine dernière, je vous parlais des généreux crédits d’impôt offerts aux courtiers et à l’industrie financière dans le dernier budget. Ça s’ajoute à une galaxie de programmes de subventions aux entreprises. Celles-ci ont augmenté — tenez-vous bien — de plus de 75 % au Québec de 2000 à 2009, écrivait récemment mon collègue Pierre Duhamel. Leur coût dépasse 6 milliards $ par année.
Au fil des ans, à coups de programmes et de power-trip de politiciens, on a institutionnalisé le dirigisme économique au Québec. Où l’État supplée à l’initiative privée. De plus en plus, bureaucrates et politiciens décident des emplois créés ou perdus.
Et ça continue ! Ce gouvernement a sorti un gros sac de nouveaux bonbons aux entreprises dans son dernier budget. Fonds, « grappes sectorielles », garanties de prêts, nouveaux programmes, investissements dans les entreprises du Plan Nord, IQ Tourisme, une nouvelle division d’Investissement Québec… Austérité ou pas, nous allons « accroître le capital destiné aux entreprises québécoises de 1,3 G$ » avec ce budget.
Espoir naïf
Les milliards en subventions aux entreprises sont le premier endroit où le gouvernement pourrait faire un sérieux ménage. Mais l’idée n’est même pas effleurée. Une question : combien d’emplois se perdent (ou ne sont jamais créés) à cause de toutes les taxes et les impôts qu’on doit payer pour financer ces programmes de subventions et la bureaucratie qui s’y rattache? Combien de « drames » invisibles, qui ne feront jamais la une des journaux? Et je passe outre le copinage, gaspillage et autres conséquences liées à ce type d’intervention.
Le professeur William Watson, de McGill, écrivait récemment dans le Financial Post : « pourquoi est-ce que chaque nouveau ministre des Finances arrive au pouvoir équipé d’une longue liste de ses projets fétiches (pet projects) qu’il a toujours souhaité voir se réaliser ? Pourquoi n’arrive-t-il jamais avec une liste encore plus longue d’irritants à éliminer ? Est-ce d’une naïveté absolue que de croire qu’un ministre des Finances pourrait se présenter avec le seul but de dégager la voie et simplifier les choses ? »
Malheureusement, il semble que oui. Surtout quand on sait que le parti libéral est, du moins idéologiquement, moins interventionniste que les péquistes ou que François Legault. Imaginez.
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La prime à la casse est un parfait exemple d’une intervention, non seulement inefficace, mais perverse :
Le principe étant de prendre de l’argent auprès des entreprises dynamiques, pour subventionner celles qui ne le sont plus.
En résumé, il s’agit de promouvoir le passé en obérant le futur.
Cela n’incite pas les entreprises en difficulté à s’améliorer, et cela empêche les entreprises performantes de se développer.
Actuellement, en France, le marché de l’automobile subit le contre-coup de la prime à la casse. Celle-ci a (peut-être) permis de protéger pendant un an environ 6000 emplois dans l’industrie automobile, en en détruisant 10000 dans les services de réparation (garages) et le marché de l’occasion. Cela à détourné des achat des autres secteurs par un effet d’aubaine. Et cela a privé quantité de personne à faible pouvoir d’achat (chômeurs, étudiants) à l’accès à des véhicules à bas cout (destruction de ces véhicules). Et maintenant, c’est l’industrie automobile qui souffre car elle n’a pas su s’adapter à temps.
Combien faudra-t-il de preuves pour convaincre de l’inutilité et de la malignité des subventions ?
En France parmi les subventions les plus délirantes financées par le « grand emprunt » je crois que la plus croustillante est le »cloud computing » à la française.
Aucune des leçons du passé sur la destruction de l’informatique française par l’État n’a visiblement servi de leçon.
RT @Contrepoints: Les drames invisibles des subventions aux entreprises: http://t.co/HlDsrOUT
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