La scène a fait le tour du web. On y voit un combattant brésilien de MMA après un combat, visage tuméfié, pommette ensanglantée, se livrer à un vibrant hommage à Ludwig von Mises. Pas vraiment le genre de propos que l’on est habitué à entendre lors d’un commentaire sportif. Et pourtant, en Amérique latine, Mises est de plus en plus populaire.
13 avril 2024, Las Vegas. Renato Moicano sort de son combat de poids léger lors de l’événement UFC 300 au T-Mobile Arena. Le visage ensanglanté, il se saisit d’un micro pour crier son amour… de Ludwig von Misses, économiste phare de l’école autrichienne (1881-1973). Pas sûr que les étudiants français en économie aient déjà entendu son nom, alors un combattant de MMA…
« J’aime la propriété privée, et laissez-moi vous dire une chose : si vous vous souciez de votre pays, lisez Ludwig von Mises et les six leçons de l’école économique autrichienne. » hurle Moicano devant un présentateur télé abasourdi.
La scène est complètement incongrue et décalée. Et pourtant.
Oublié en France, où tout ce qui n’est pas marxiste est ultra-libéral, Ludwig von Mises est resté célèbre en Amérique latine, et pas seulement dans l’Argentine de Javier Milei. Au Brésil, un mouvement « Moins de Marx, plus de Mises » a vu le jour. Au Salvador, le président Bukele le cite. De quoi faire pâlir Bruno Le Maire, toujours à la recherche de 20 milliards d’euros d’économie.
Mises est très populaire chez les petits entrepreneurs, notamment les taxis et les propriétaires de boutiques de rue, qui sont portés par une révolte anti-fiscale. Moicano lui-même a expliqué avoir commencé à s’intéresser à Mises quand il a dû payer ses premiers impôts à la suite de ses premières victoires en MMA.
Il a renchéri sur sa chaîne YouTube :
« Si vous commencez à comprendre le concept de l’école économique autrichienne, vous comprendrez que c’est ce dont j’ai besoin : le marché libre, les libertés et la richesse, mon frère. C’est tout ce dont j’ai besoin. »
Keynes n’a qu’à bien se tenir : face aux muscles de Moicano et aux théories de Mises, il ne fait pas le poids.
Je pense que le problème pour l’élite intellectuelle en France, c’est que Mises est “l’économiste de Pinochet”. À ce titre, il est sain de rester le plus éloigné possible de ses idées.
@ Anagrys :
L’économiste de Pinochet, c’est Milton Friedman (si tant est que ce soit son économiste !!!) et non Von Mises.
Et Friedman, c’est l’école de Chicago, pas vraiment autrichien en économie cette école.
Ouais.. j’sais pas quoi penser ! Le type s’intéresse subitement au libéralisme parce qu’il a commencé à payer des impôts. On peut se demander quelle valeur il accorde à la liberté pour ce qu’elle est. Plutôt un mercenaire !
Ben après on s’étonne de l’image des pratiques libérales.