Pluralisme chez France Télévisions : l’équilibre des forces 

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Pluralisme chez France Télévisions : l’équilibre des forces 

Publié le 29 avril 2024
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La question du pluralisme politique est devenue un enjeu majeur au sein des médias, et notamment de France Télévisions. Soucieux de ne pas laisser penser qu’il favorise un camp plutôt qu’un autre, le groupe de télévision publique vient de lancer un espace en ligne dédié à la transparence de ses journaux télévisés. Tout en veillant en parallèle à alerter contre toute dérive qui aboutirait à ficher les intervenants, alors que l’Arcom doit se prononcer sur le respect du pluralisme par CNews.

 

Dans le monde de la télévision et du divertissement, l’excès de militantisme s’est souvent soldé par des échecs commerciaux. Netflix, par exemple, a dû faire face à une cascade de désabonnements en 2022, après la diffusion de la série He’s expecting (La Grossesse de Monsieur Hiyama), une création japonaise en huit épisodes considérée comme « woke ». La télévision française, publique notamment, a elle aussi été confrontée à l’échec de programmes abordant MeToo, les problèmes intersectionnels ou de transsexualisme, boudés par le grand public.

Dont acte. Loin du cliché d’une télévision publique aux mains d’apparatchiks de gauche, qui pouvait correspondre, il n’y a pas si longtemps encore, à une certaine réalité, France Télévisions s’emploie désormais à représenter la société française dans toutes ses composantes, sans excès de zèle idéologique. Delphine Ernotte, la patronne du groupe, partait de loin. On se souvient ainsi qu’elle avait fait l’objet de vives critiques lorsque, en 2015, prenant la présidence de France TV, elle avait regretté la trop importante présence de « mâles blancs de plus de 50 ans » dans la maison. Une sortie qu’elle assume toujours, voyant dans les quotas une condition indispensable à la mixité, mais prend aujourd’hui soin de tempérer : elle concède ainsi qu’ils puissent apparaître injustes et frustrants, et admet qu’ils doivent être nécessairement temporaires, le temps d’initier un véritable changement.

 

Pluralisme et transparence à tous les étages

En tant qu’organe de service public, France Télévisions se doit de représenter la société française, celle qu’on croise au hasard dans la rue ou dans les campagnes. Un Français sur deux regarde les images de France TV chaque jour, et huit sur dix chaque semaine : ces personnes, d’horizons, d’opinions et courants de pensée divers, doivent pouvoir se reconnaître dans la grille des programmes. Une mission que le groupe prend très au sérieux : dans les cartons depuis un moment, un espace en ligne dédié à la transparence de ses JT et magazines vient d’être lancé. Il permet de prendre connaissance du temps de parole de chacun, de s’assurer du respect du pluralisme et de la fiabilité des sources des journalistes. FTV devient le premier groupe audiovisuel hexagonal (et le seul à ce jour) à offrir un tel niveau de transparence.

Pas besoin de chercher bien loin pour vérifier qu’il ne s’agit pas là que d’un vœu pieux. Les programmes de France 5 peuvent en exaspérer certains, notamment l’émission « C ce soir », avec Karim Rissouli, Camille Diao (ex-pigiste chez Libération) et Laure Adler, ancien soutien de Ségolène Royal. Mais force est de constater que l’émission a aussi recruté Arthur Chevallier, chroniqueur au Point qui n’a rien d’un « gauchiste ». France 3 diffuse les émissions de Stéphane Bern « Secrets d’Histoire » et Franck Ferrand, qui a sa chronique dans Valeurs actuelles et se présente volontiers comme souverainiste, commente chaque été le Tour de France.

Quant à l’indépendance des journalistes, elle semble difficilement contestable. La direction du groupe se défend de toute ingérence dans les programmes et, de fait, les rédactions sont autonomes. Impossible d’imposer un point de vue à une émission en particulier, et surtout pas à l’équipe de « Complément d’enquête ». Ce qui n’a pas empêché France TV, après avoir sonné l’hallali contre Gérard Depardieu dans l’émission « La chute d’un ogre », de diffuser Illusions perdues, où Depardieu incarne le rôle de l’éditeur Dauriat.

On le voit, le procès en « wokisme » de France TV apparait de plus en plus injustifié. Et les téléspectateurs ne s’y trompent pas, puisqu’ils sont nombreux de sensibilité conservatrice à consommer des programmes diffusés par le groupe, tandis qu’au contraire le segment de public « progressiste » n’est pas toujours au rendez-vous : ainsi, quand les émissions sur la transidentité sont des échecs, celles qui parlent de l’imaginaire français cartonnent. Pour preuve, le 26 janvier dernier, l’émission « C ce soir » a atteint son record historique en invitant des agriculteurs sur son plateau.

 

Le danger du fichage

Pour autant, le respect de la diversité ne doit pas se muer en police de la pensée. Invitée, dans les colonnes de Causeur, à commenter la polémique entourant la saisie par l’association Reporters sans frontières du Conseil d’État (qui a demandé à l’Arcom de rendre un avis) au motif que CNews ne respecterait pas ses obligations de pluralisme et de diversité, Delphine Ernotte a assuré ne pas vouloir la mort de la chaine privée. Et la patronne de France TV d’insister sur le nécessaire respect de la liberté d’expression et de la liberté éditoriale, tout en mettant en garde contre tout excès de zèle :

« Il est impossible de répertorier des chroniqueurs, invités et intervenants en fonction de leurs opinions supposées. Je ne le souhaite pas et je pense que cela n’arrivera pour personne. »

En effet, sur quels critères établir qu’un éditorialiste vote untel ou untel ? D’autant que l’on peut avoir des idées de « droite » sur certains sujets et de « gauche » sur d’autres, et que ces idées sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Enfermer les intervenants dans des cases immuables, en plus de poser des questions de rigueur et de méthodologie, se révèlerait dangereux, en brisant la recherche de consensus qui doit animer la télévision (publique a fortiori), et en accentuant les lignes de fracture qui divisent la société française. Sur cette question tout particulièrement, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

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