Encore une foirade gouvernementale : limiter le porno en fonction de l’âge

Lancez les légions de Rambolégaux sur les sites interlopes pour en débusquer les mineurs !

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Encore une foirade gouvernementale : limiter le porno en fonction de l’âge

Publié le 24 février 2023
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Horreur et consternation : nous sommes en 2023 et les mineurs peuvent, encore et toujours, accéder sans difficulté à des sites pornographiques sur internet. Vite, vite, il FAUT faire quelque chose !

Car oui, le constat ne souffre aucune remise en question : dès leur plus jeune âge, les enfants sont livrés à eux-mêmes sur les intertubes les plus glauques et vont inévitablement tomber sur les pires vidéos possibles, depuis les politiciens vendant dans des mouvements électoraux lascifs le corps de leurs administrés pour un peu plus de pouvoir, des scènes de stupre et de luxure les plus brutes impliquant de grosses administrations dépensant des milliards pour des projets ridicules jusqu’aux images de boucheries guerrières subventionnées par les différentes alliances politico-capitalistiques, en passant (bien sûr) par des gens qui s’emboîtent plus ou moins joyeusement les uns dans les autres ; c’est surtout ces dernières qui déclenchent chez nos élus et nos ministres des petits mouvements spasmodiques de ces mains qui écrivent les textes de lois.

Voilà donc nos autorités gouvernementales voulant absolument bander leurs gros muscles législatifs : pour Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé du Numérique, 2023 devra être l’année où le porno a enfin été interdit aux mineurs français ! On va voir ce qu’on va voir ! Sapristi ! Lancez les légions de Rambolégaux sur les sites interlopes pour en débusquer les mineurs ! Sus ! Etc.

Immédiatement se pose la question du procédé – forcément technique, légal, avec d’habiles tubulures chromées, des textes turgescents et des décrets amoureusement concoctés – qui va permettre d’enfin restreindre l’accès des vidéos sulfureuses aux seules personnes majeures.

De nombreuses pistes ont été étudiées : imposer l’enregistrement d’une carte bancaire ou donner son numéro de carte d’identité ou de passeport, voire demander le secours d’une intelligence artificielle capable de reconnaître à votre visage si vous êtes ou non majeur – ce qui, au passage, est particulièrement cocasse lorsqu’on voit le nombre de soi-disant mineurs non accompagnés sur le territoire tendant à prouver que déterminer la majorité est quelque chose d’éminemment complexe ou qu’on se moque du visage de pas mal de contribuables et justiciables français…

Manque de bol et péniblerie insistante de la réalité au crépi duquel les fesses administratives se sont un peu trop frottées : tous ces précédents moyens techniques ont largement prouvé leur inefficacité.

Heureusement, le ministricule et ses sbires ont – ENFIN ! – trouvé la parade : l’internaute prouve son identité à une entité administrative très propre sur elle, bien sous tous rapports, et qui a en plus le bon goût de ne pas se servir des données collectées pour de néfastes projets. Ensuite, l’internaute, confronté à un site réclamant une preuve de majorité, peut alors rediriger ce site vers l’administration en question à laquelle le site fait totalement confiance, cela va de soi.

Dans ce schéma, l’identité réelle de l’internaute n’est pas divulguée par l’autorité administrative et le site est dans les clous : l’internaute est rassuré, le site respecte la loi, l’administration a fait son travail, c’est du Win-Win comme on dit chez McKinsey et tout le monde repart joyeux mater des vidéos salées sans plus aucun risque.

Sauf que, patatras, tout ceci est bien évidemment franco-français et sera contournable en trois minutes chrono : non seulement l’internaute lambda pourra mettre en place différentes techniques gratuites (typiquement, un VPN) qui rendront le procédé parfaitement nul et non avenu, mais en plus tout ceci a déjà été tenté par d’autres pays pour, à chaque fois, se heurter à des échecs aussi cuisants que rigolos.

Ainsi et pour prendre un exemple près de chez nous, rappelons que la même idée avait germé dans l’esprit qu’on a connu plus pragmatique de nos voisins britanniques : en 2017, le Royaume-Uni prévenait, avec les mêmes fanfaronnades actuellement observées côté français, qu’on allait enfin – ENFIN ! – obliger les sites pornos à vérifier l’âge des visiteurs.

Le procédé fut proprement voté puis mis en place en mai 2019, là encore à grands renforts d’annonces médiatiques, de prises de parole décidées et d’explications subtiles sur le mode « il fallait le faire, voilà c’est fait, l’État a le dernier mot, non mais alors ».

Et puis en octobre de la même année, même pas six mois plus tard, le même Royaume-Uni, dans un petit prout humide, a mis complètement fin à toute idée de vérifier l’âge des internautes.

Depuis 2019, aucun rapport, aucune analyse de l’échec ne furent ni demandés ni transmis aux autorités françaises qui ont de toute façon toute l’ampleur intellectuelle et le courage nécessaire pour réitérer les mêmes âneries à grands frais pour obtenir exactement le même échec à plus ou moins long terme : sapristi de superzut, il semble bien que répondre de façon technique à un problème sociétal ne permet pas de résoudre le problème sociétal !

Le principe est toujours le même et les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sont donc les mêmes échecs qu’on répète pour occuper la galerie.

Tout part de ce fameux constat : les enfants sont donc livrés à eux-mêmes sur internet. Il faut penser aux enfants, voyons. Il faut !

Car oui, il faut avant tout penser aux enfants et surtout pas, jamais, aux parents. Au contraire des parents qu’il ne faut surtout pas évoquer dans l’équation car, par définition, ces derniers sont majeurs et surtout dotés du droit de vote, les enfants sont toujours l’enjeu de l’attention des autorités.

Le rôle des parents, le nécessaire besoin d’autorité parentale, celle qui impose justement des limites aux enfants, à commencer sur leur consommation de bande passante, sur les contenus, sur l’importance de la qualité de ceux-ci, de tout cela il n’est absolument pas question. Apparemment, les enfants existent désormais dans une sphère différente de celle de leurs parents : cette dernière, cantonnée à la consommation et la production d’éléments taxables par l’administration, n’est en rien connexe avec celle des enfants qu’il convient de remplir et limiter au moyen de technologies plus ou moins foireuses, de règles et de lois mal boutiquées et de bureaucraties toujours plus envahissantes.

Les parents n’étant plus que des mammifères mous parfaitement oubliables, les enfants deviennent pupilles de l’administration responsable de leur inculquer ce qu’il faut, de poser des barrières (peut-être) et des principes (éventuellement). Pour les affidés des ministricules en charge de ces questions, c’est du reste parfaitement clair : « L’accès au porno, c’est la responsabilité des éditeurs » et puis c’est tout.

Le résultat de décennies de déresponsabilisation complète des parents est décidément particulièrement intéressant à regarder. D’un côté, on se retrouve avec des enfants n’ayant plus que des tuteurs légaux et des administrations attachées, et de l’autre, des parents qui ne sont plus que des gamins avec des droits.

Franche réussite.

 

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  • Il y aura tout de même une différence entre la foirade française et le ratage britannique : les seconds étant pragmatiques, ils ont réalisé au bout de 6 mois que ça ne marchait pas et ont annulé leur loi. Devinez ce qui se passera en France…
    Un indice : la f(u)meuse HADOPI n’a jamais été dissoute dans son inefficacité, elle ne l’a été que quand il a été proposé de faire une « haute administration indépendante » encore plus grosse.
    Celle qui, au passage, sera en charge de ce dossier du porno en ligne pour les mineurs.
    On va rigoler !

    13
    • L’administration française va sans doute devoir payer une boîte de conseil en communication pour renomer HADOPI en quelque chose de plus pertinent. HADOPO?

      • Le renommage est déjà fait : la HADOPI a fusionné l’année dernière avec l’ARCEP pour donner l’ARCOM.
        Don’t on attend toujours qu’il fournisse une définition claire de ce qu’est un « moyen de sécurisation de sa connexion internet » – mais c’est une autre histoire.

  • Merci H16 pour cette orgie d’humour.
    Rassurez-vous, je suis majeur depuis fort longtemps !

  • Le porno, ça rapporte trop pour être interdit même à un enfant.. Par contre interdire aux adultes de fréquenter des sites ne plaisant pas au pouvoir….. Ça vient et ils auront la solution.

  • Ben oui, quoi !
    L’ado qui voudra se dévergonder sur le Net demandera à son petit frère de 8 ans, cador en informatique comme tous les petits frères de 8 ans, comment faire pour contourner l’interdit administratif !

  • Encore un ! Il ne se passe pas de jours sans que l’Etat envisage ou élabore une mesure de contrôle, d’interdiction, d’autorisation, d’agrément, d’autodéclaration (covid !). Aujourd’hui contrôle de l’âge, hier contrôle des médecins, un peu plus tôt contrôle technique des 2 roues, immatriculation des trottinettes, déclarations immobilières, avant hier réglementations en tous genres quant à la sobriété énergétique des logements (là on va dans le mur), contrôle de l’alcoolémie des chasseurs. Le gouvernement pousse encore, à l’assaut du parlement pour promouvoir  » l’ index sénior  » dans les entreprises. Une prof assassinée avec un couteau ? Vite, une déclaration obligatoire pour tous les détenteurs de couteaux avant d’instaurer un permis. A chaque fait divers, une disposition liberticide. Sauve qui peut !

    • Oui ça rappelle du Sarkosy de l’époque flamboyante! Un fait divers= une loi!

    • @pirouette
      Bonjour,
      « Une prof assassinée avec un couteau ? Vite, une déclaration obligatoire pour tous les détenteurs de couteaux avant d’instaurer un permis. »
      La Nouvelle Zélande a interdit couteaux après une tuerie faite avec.
      Le Parlement français s’est aussi dit qu’il pouvait instauré un permis pour l’achat et la possession de… tronçonneuse justifie par le nombre effarant de personnes se blessant avec.

  • Il existe des moyens pour les parents de limiter l’accès aux sites internet aux mineurs.
    Par exemple il y a l’application « Parents dans les parages » :
    https://app-enfant.fr/parentsdanslesparages-com-solution-controle-parental-efficace/
    « Il s’agit d’une application de contrôle parental sur l’utilisation d’internet. Elle est disponible à la fois pour les appareils Android, Apple, et bien sûr pour les ordinateurs. »

    Cette application existe depuis longtemps.
    Ça m’énerve que les politiques soient si cons.
    Les solutions existent déjà, il suffit juste de communiquer aux parents !
    Beaucoup ne savent même pas que ça existe.

    • Faire confiance aux parents ? Mais vous n’y pensez pas, voyons !!!

      Plus sérieusement, vous semblez ignorer que tout dispositif vendu en France doit être muni d’un filtre de contrôle parental, qui peut être désactivé au premier démarrage. Si je ne m’abuse, cette réglementation concerne les ordinateurs, les téléphones portables, les tablettes…

      • D’un autre côté, il faut aussi beaucoup de naïveté pour croire que tous les parents sont dignes de confiance. A peu près autant que pour croire que l’Etat vaudrait mieux que les parents.

        -1
  • Rôle des parents…

    donc… à de rares exceptions prêts.. où les parents sont jugés irresponsables ou criminels … l’état ne doit pas s’en mêler.

    Imagniez un grand magasin où tout est en vue..et accessible et où par dessus le marché des prédateurs sont en sécurité;. le sex shop y côtoie l’epicerie.. les exécutions y côtoie les jouets pour enfants;.

    Quel parent responsable laisserait le gamin sans surveillance dans ces conditions..aucun..

    • on vit une époque curieuse..

    • je réécris..
      Rôle des parents…

      donc… à de rares exceptions prêts.. où les parents sont jugés irrirresponsables ou cricriminels … l’état ne doit pas s’en mêler.

      Imaginez un grand magasin où tout est en vue..et accessible et où par dessus le marché des préprédateurs sont en sécurité;. le saix shop y côtoie l’epicerie.. les exéxécutions y côtoie les jouets pour enfants;.

      Quel parent reresponsable laisserait le gamin sans surveillance dans ces conditions..aucun..

  • L’État a le monopole de l’éducation. Il n’y a qu’à voir ce qu’inculque l’éducation nationale dans à tête de nos enfants (mais pas dans celles des enfants de nos Ministres qui sont scolarisés dans le privé).

  • Les commentaires sont fermés.

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