La culture : facteur de pauvreté ?

« Mémoire d’une famille et d’une culture en crise », c’est l’histoire de J.D. Vance et de son ascension formidable de pauvre Appalache blanc jusqu’au diplômé en droit de Yale, pour finir avec une carrière en col blanc.
Son succès, il le doit d’abord à la force de la famille : tout commence à la maison.

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La culture : facteur de pauvreté ?

Publié le 9 octobre 2019
- A +

Par William Reddinger.
Un article de Libre Afrique

Culture et bien-être économique

L’ouvrage de J.D Vance : Mémoire d’une famille et d’une culture en crise, figurant parmi les meilleures publications en 2016, retrace l’histoire de sa remarquable ascension de pauvre Appalache blanc jusqu’au diplômé en droit de Yale, pour finir avec une carrière en col blanc.

Le livre fait rire, pleurer et réfléchir à l’importance de la culture pour le bien-être économique.

La culture du désespoir

J.D Vance soutient que le manque d’opportunités économiques ne vient pas forcément du fait de ne pas être né dans une famille intelligente et riche, mais plutôt de freins liés à une culture de péquenaud (inculte et grossièrement attachée à ses pénates, vivant le plus souvent en zones rurales).

Bien que Vance identifie plusieurs facteurs importants qui contribuent à l’échec économique, le plus important d’entre eux est selon lui « l’impuissance acquise », c’est-à-dire une croyance erronée selon laquelle les individus n’ont pas la capacité d’avancer même s’ils essayaient.

Par exemple, même si l’on ne dit pas ouvertement aux enfants qu’ils ne peuvent pas réaliser ce qu’ils veulent dans la vie, les écoles leur enseignent cela de manière indirecte avec un impact important.

Un pauvre n’aurait pas la capacité de faire de hautes études et de s’en sortir. Cela semble prédéfini. Vance explique :

« Le message n’était pas explicite, les enseignants ne nous ont pas dit que nous étions trop stupides ou trop pauvres pour le faire. Néanmoins, ces croyances étaient autour de nous, comme l’air que nous respirions. Personne dans nos familles n’était allé à l’université… nous ne connaissions personne dans une école prestigieuse située en dehors de l’État, et tout le monde connaissait au moins un jeune adulte sous-employé ou qui n’avait pas de travail du tout ».

L’auteur ajoute :

« Les étudiants n’attendent pas beaucoup d’eux-mêmes, car leur entourage ne croit pas trop en eux ».

Dans un tel contexte, ces personnes souffrent face à leur avenir limité, sans même comprendre que ce sont elles qui érigent leurs propres murs, leurs propres limites.

Ainsi, elles ne font rien pour s’en sortir et ne recherchent même plus de meilleures opportunités dans la vie.

Vance explique carrément :

« Vous pouvez vous promener dans une ville où 30 % des jeunes hommes travaillent moins de vingt heures par semaine sans trouver une seule personne consciente de sa paresse ».

L’auteur souligne que le gouvernement ne peut rien faire pour remédier à des problèmes culturels aussi ancrés :

« Je suis persuadé que les choses changeront seulement le jour où l’on arrêtera d’indexer sans cesse la gouvernance du pays pour se parer des habits de la victime plutôt que de rechercher en soi les problèmes et donc les solutions ».

Mais si le gouvernement ne peut pas aider, qui peut le faire ?

La solution ?

Vance soutient que les habitudes inculquées par les institutions locales non gouvernementales fournissent les compétences et l’éthique de travail qui font la différence dans la vie des individus.

Il explique que c’est au sein de la famille que l’on acquiert les compétences nécessaires à la résolution des problèmes, et que l’on puise la détermination pour faire avancer les choses.

Il raconte que les leçons données par sa grand-mère « l’ont sauvé ». Elle lui a en effet appris à croire en lui-même malgré tout le découragement ambiant, et lui a appris à surmonter les problèmes qu’il a rencontrés.

Plus important encore, on voit que malgré la pauvreté de sa famille c’est cet environnement attentif et bienveillant qui lui a permis de s’insérer dans la société.

Pourtant, la pauvreté n’était pas synonyme de stabilité :

« Les déménagements étaient nombreux et je devais sans cesse m’intégrer dans de nouveaux milieux, rencontrer de nouvelles personnes, apprendre à les aimer, puis à les oublier. Ça aurait pu être un véritable obstacle aux opportunités ».

Mais Vance a surmonté la situation grâce à la force de sa cellule familiale.

En plus de la famille, Vance identifie d’autres groupes pouvant stimuler un individu, notamment les associations religieuses qui tendent à inculquer les bonnes pratiques et comportements.

Ensuite, le corps des Marines des États-Unis lui a appris à « vivre comme un adulte ». Il explique que même s’il avait été animé par un sentiment d’impuissance, les Marines lui auraient enseigné la détermination.

Cependant, malgré l’influence positive de ces structures, rien, selon l’auteur, ne pourra remplacer la force de la famille. Notre avenir dépend de ce qui se passe, ou pas, à la maison.

En soulignant l’importance de la famille en particulier, et des associations non gouvernementales en général, pour la construction des habitudes d’une culture saine, Vance offre au lecteur un récit engageant, émotionnel et profondément personnel.

Il nous rappelle que le bien-être dépend non seulement de la structure juridique et d’une bonne politique, mais également des institutions de la société civile qui sont hors de la portée de l’État.

Tout commence à la maison.

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  • Donc une famille avec au moins des éléments qui motivent vers le succès..et un caractère individuel.
    deux frères même famille peuvent avoir deux vies totalement différentes.
    je dois dire que ce que j’ai perçu et intégré dans ma famille et mon milieu est une forme de mépris pour les métiers « intellectuels » qui ne sont pas de vrais métiers. ce ne fut pas intentionnels, et surtout c’est MA perception.

    j’ajouterais une chose, être un col blanc ne rend pas heureux, être pauvre ne rend pas mal heureux, je n’ai aucun problème avec la paresse si ses conséquences sont assumées..
    il y a aussi une culture de la sobriété de vie…et malheureusement une culture de la jalousie.

    un élément manque l’auteur est il heureux?

    mais certes c’est vrai la culture du milieu dans lequel on vit influe, la culture familiale influe..mais ça ne détermine pas. il est bon de le rappeler.

    • Mon grand père disait:

       » Bìsch nìt àrm wenn da wenig hàsch, bìsch àrm wenn da nia genüa hàsch… »

      (Tu n’es pas pauvre quand tu possèdes peu, tu es pauvre quand tu n’en as jamais assez… »)

      Elsàss frei
      Hopplà

    • « … et un caractère individuel »

      La variété des caractères ne suffit pas, ou un avoir un « bon » caractère pour un individu ne suffira pas. L’article le dit explicitement.

      A l’inverse, un caractère exceptionnel n’aura pas besoin de soutien.

      Il faut bien avoir un milieu favorable (la famille, des modèles…)

  • On retrouve chez Vance une idée pilier du conservatisme, la famille. Sauf que l’article (et Vance aussi ?) présente des élèments contradictoires qui mettent en doute le rôle de famille justement.
    La majorité de ses congénères ne croient pas en eux et vivent dans une certaine paresse. Leurs familles sont donc défaillantes puisque lui s’en est sorti grâce à sa famille. Donc très peu de familles inculquent les bonnes leçons. Or il parle également d’un air du temps qui serait responsable de cette passivité et qui par conséquent emporterait les familles.
    Au final ce que je comprends c’est que la crise des indiens ne peut se résoudre par la famille, sauf ponctuellement comme pour Vance. Et encore dans son cas je pense que ses qualités personnelles, sa force de caractère, ont été toute aussi déterminante.

    • une remarque..
      on observe que le simple QI présente une forte corrélation avec « la réussite professionnelle »..si on adjoint le caractère « travailleur » de la personne une encore meilleure corrélation..

      tout l’article se situe donc dans la dispersion par rapport à la courbe de corrélation..

      et encore l’auteur donne un récit personnel..son histoire..

      • sauf bien sur si on suppose que la famille détermine le QI…
        ça joue certainement sur le coté travailleur..mais bon..
        joli récit personnel..
        mais j’y vois juste une interprétation pas explication valable.

  • L’importance de la famille, d’organisations religieuses, de l’armée dans son parcours est intéressant : la volonté individuelle doit (souvent) être épaulée par une structure plus générale pour s’épanouir et se réaliser.
    Tout le monde n’a pas de famille « enrichissante », tout le monde n’a pas la foi, et c’est là que peuvent (je ne dis pas « doivent ») intervenir certaines structures d’aides sociales pour aider, soutenir des jeunes et moins jeunes à se développer, apprendre et ré-apprendre le goût de vivre parfois, le goût de travailler (pour un salaire décent dans des conditions décentes), etc. Bien sûr, aider quelqu’un qui ne veut pas être aidé, ça n’a pas beaucoup de sens (mais faut parfois essayer). Rien de socialiste là-dedans, ni de libéral. C’est de l’humain. La base de tout.

  • « si le gouvernement ne peut pas aider, qui peut le faire ? »

    En attendant d’aider, le gouvernement français pourrait au moins commencer à éviter de nuire comme il le fait systématiquement depuis des décennies.

  • Il faut préciser : « la culture de gôche »

  • Les commentaires sont fermés.

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