Nouvelles d’antan, d’Emma Vieusseux

Emma Vieusseux témoigne dans ses nouvelles de l’état d’esprit dans lequel le monde aristocratique, aujourd’hui disparu, même s’il en reste quelques traces, évoluait hors ligne, recherchant l’excellence, à tout prix personnel.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nouvelles d’antan, d’Emma Vieusseux

Publié le 4 août 2017
- A +

Par Francis Richard.

Cette année 2017 correspond au bicentenaire de la naissance d’Emma Vieusseux (1817- 1901). Quelle meilleure façon de le célébrer que cette réédition de ses Nouvelles d’antan, parues en 1897 sous le pseudonyme d’Anne Gravier, le nom de sa grand-mère ?

Ce sont bien des nouvelles d’antan, oxymore qui fait immanquablement penser à François Villon, qui se demandait où étaient passées les neiges du même nom, c’est-à-dire les dames du temps jadis… Ce monde ancien qu’elles décrivent n’est plus, tout simplement.

Le monde de l’aristocratie

Ce monde, c’est celui de la haute aristocratie du XIXe siècle, pour laquelle le bonheur personnel doit toujours s’effacer devant les devoirs qu’imposent les convenances, la position ou la fortune : ils ne peuvent que primer sur le mérite personnel, quel qu’insigne qu’il puisse être.

Ainsi, dans La famille de Muret, il n’est pas question, pour Marguerite, à peine quinze ans, de discuter : elle doit épouser le mari que son grand-père a accepté pour elle, quitte à ce qu’elle soit aussi malheureuse, sa vie durant, que sa mère, résignée à ne pas s’y opposer :

Victime du préjugé auquel ses parents avaient sacrifié son bonheur, elle ne croyait pas possible d’y résister. Plus elle avait souffert de son mariage, plus il lui semblait que se marier était une loi inexorable des femmes et que sa fille la devait subir comme les autres.

Le père absent

Alors qu’il a tout juste dix-huit ans, le jeune Adhémar de Chanteloube, élevé par sa mère, puis par son grand-père, fait enfin la connaissance de son père, qui s’avère peu disert. Celui-ci est ministre des finances. Contre vents et marées, il ne fait qu’une chose, servir son pays :

J’ai habituellement l’esprit trop préoccupé d’affaires, et d’affaires trop envahissantes, pour être capable de penser aux autres ; souvent même je n’ai pas le temps de suivre mes propres pensées, je vis quelquefois des jours en dehors de moi…

Un roman à Genève est l’amour impossible entre une jeune fille de la haute société genevoise, Louise de Bernonville, vaniteuse et sérieuse à la fois, et un jeune homme d’un milieu modeste, Ferdinand Fabri, intelligent et digne. La mère de Louise résume ainsi la situation :

Un mariage mal assorti moralement est un immense malheur, mais un mariage trop inégal de position est rarement heureux. On se souvient toujours de part et d’autre de son ancienne position. L’amour-propre s’en mêle…

Un monde disparu

Avec beaucoup de finesse d’observation et d’élégance de style, Emma Vieusseux témoigne dans ces nouvelles de l’état d’esprit dans lequel ce monde, aujourd’hui disparu, même s’il en reste quelques traces, évoluait hors ligne, recherchant l’excellence, à tout prix personnel.

Mélanie Chappuis, qui s’est intéressée à la vie d’Emma Vieusseux, ne serait-ce que parce qu’elle vit dans le manoir de Châtelaine, où celle-ci a vécu, dit dans sa préface que ses personnages lui ressemblent: Ils ont son exigence, sa clairvoyance, son honnêteté.

Elle précise : Ils sont une leçon de vie qui n’a rien de désuet ou d’antique. Après avoir lu ces seules trois nouvelles, le lecteur ne peut qu’en convenir et la fin de chacune d’elles ne peut que le conforter dans le constat que leur amour du devoir élève leur esprit.

Emma Vieusseux, Nouvelles d’antan, Éditions Encre Fraîche, 304 pages.

Sur le web

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Baptiste Gauthey s'est entretenu avec Jean-Louis Thiériot, avocat, essayiste, historien et député.

 

Baptste Gauthey : Bonjour Monsieur le Député, vous avez déposé le 10 mai 2023 une proposition de loi visant à protéger l’intégrité des œuvres des réécritures idéologiques. Qu’est-ce qui vous a poussé à déposer cette proposition de loi ?

Jean-Louis Thiériot : C’est le mouvement, qui s’est accéléré dans le monde anglo-saxon, de réécriture d’un certain nombre d’œuvres pour éviter de choquer telle ou telle minorité. Cela ... Poursuivre la lecture

Le livre de Justine Augier débute sur le constat de notre relatif engourdissement.

Tandis que nous devisons sur les valeurs que nous estimons universelles, les droits de l’Homme, les libertés, nous restons comme aveugles au sort de ceux qui perdent les leurs, comme en Syrie, où des personnes courageuses subissent des horreurs, sont enlevées, torturées, sont victimes d’un pouvoir autoritaire et violent.

Par incapacité à nous projeter, parce que prisonniers de l’immédiateté, nous omettons de réagir comme nous le devrions, peinant ... Poursuivre la lecture

Qui mieux que Stefan Zweig a pu témoigner de sa profonde désillusion face à la montée des totalitarismes et la rapide déliquescence du Monde d’hier ?

Par l’intermédiaire de ce récit, il met en exergue – à travers la sagesse et le courage de Cicéron - les formes de résistance aux dictatures, et par extension aux régimes totalitaires, qui tentent d’asservir l’Homme au service de leurs desseins.

 

L’opposition morale aux totalitarismes

On connaît le Stefan Zweig auteur de romans, nouvelles, ou encore pièces de théâtre (... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles