Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (17)

Une série destinée à vous faire découvrir ou redécouvrir l’œuvre de l’auteur autrichien Stefan Zweig. Aujourd’hui, présentation de « Destruction d’un cœur », un recueil de trois nouvelles qui ont pour trait commun les caractères éternels de l’âme humaine.

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Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (17)

Publié le 4 août 2017
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Destruction d’un cœur

Cette nouvelle nous présente le caractère obtus d’un homme, plein de tendresse pour sa fille, mais qui ne parvient pas à admettre qu’elle ait grandi, soit en train de passer à l’âge adulte et puisse éprouver des sentiments nouveaux, envers un homme étranger au cercle familial.

Refus de vieillir ? Jalousie paternelle ? Manque d’imagination ou de clairvoyance ? La situation va prendre une tournure qu’on aurait peine à imaginer et atteindre une intensité dramatique que rien n’aurait laissé présager. Un choc violent pour ce père passionné ; et une incompréhension totale de la part de son entourage, dubitatif, dépassé, et bien en peine d’imaginer ce qui peut se passer dans cet esprit terriblement tourmenté…

La gouvernante

Stefan Zweig nous plonge ici dans l’âme de l’enfance, à travers les ressentis de deux sœurs de douze et treize ans qui vont relever des changements subtils dans les attitudes de leur bien-aimée gouvernante.

Intriguées et quelque peu perturbées par ces changements saisissants, elles se mettent en tête d’observer celle-ci de plus près et de chercher à savoir quelle peut être la cause de cette soudaine mélancolie qui transparaît dans ses gestes, rêveries et silences.

Là encore, un drame se prépare, qui n’échappera pas totalement à ces deux innocentes jeunes filles, grâce à leur vive acuité. Un événement qui pourrait bien les faire rapidement s’éloigner du monde de l’enfance et regarder leurs propres parents d’une autre manière (dans un registre différent de « Brûlant secret »), pour se rapprocher prématurément de celui du monde des adultes.

Une analyse, comme toujours, très fine de la psychologie humaine, ici à travers les yeux de l’enfance. Une aptitude extraordinaire du maître de la psychologie à se fondre totalement dans l’âme de ses personnages, quel que soit leur âge, leur sexe ou leur situation. Ce qui en fait la marque, la pleine mesure de son talent.

Le jeu dangereux

Cette courte nouvelle « d’Eté » se déroule au sein d’une station balnéaire d’Italie. Un homme distingué d’un certain âge raconte à un autre comment, il y a un an de cela, dans ce même lieu paisible, s’ennuyant quelque peu, il a joué un jeu dangereux, écrivant de fausses lettres d’amour à une adolescente d’environ seize ans, accompagnée de deux femmes plus âgées,  qui semblait un peu se morfondre dans cet endroit un peu trop calme.

L’occasion d’observer avec amusement les transformations soudaines dans les attitudes de celle qu’il nomme sa « marionnette », ce jeune esprit forcément intrigué, à qui la naissance de sentiments amoureux éveille un trouble et des comportements que l’on imagine aisément.

Mais si, finalement, le personnage dont la psychologie méritait le plus l’attention était non pas la jeune fille, mais cet homme dont on peut se demander ce qui pouvait motiver une telle prise de risque et un jeu aussi pervers et insensé ?

Une nouvelle situation dans laquelle on peut retrouver certaines constantes de l’âme humaine. Un portrait inattendu et d’une certaine manière assez pathétique et révélateur d’un certain type de caractère parfois lié à certains âges de la vie.

Stefan Zweig, Destruction d’un coeur, Le livre de poche, septembre 1994, 116 pages.

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