Les crèmes à la caféine pour résorber la cellulite : un canular

Une récente étude scientifique montre que la caféine n’a pas les effets désirés sur les poignées d’amour.

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Tissu adipeux brun Credit Dr Pfeifer

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Les crèmes à la caféine pour résorber la cellulite : un canular

Publié le 26 octobre 2014
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Par Jacques Henry

Tissu adipeux brun Credit Dr Pfeifer

Il existe pour maigrir des crèmes et autres onguents contenant de la caféine. Ces produits, vendus parfois une petite fortune en parapharmacie à des femmes crédules soucieuses de conserver une ligne svelte, sont tout simplement une pompe à fric organisée par les cosméticiens qui font d’ailleurs preuve d’une imagination étonnamment fertile dans le domaine de la beauté féminine. Surtout quand il s’agit de la caféine comme on va le voir. La caféine appliquée sur la peau aurait – je dis bien « aurait » – un effet sur les tissus adipeux sous-jacents et favoriserait leur régression. Certes la caféine est une petite molécule qui peut parfaitement pénétrer dans le derme et ainsi se répandre éventuellement dans les tissus adipeux mais de là à affirmer qu’elle favorise la résorption des dits tissus est tout simplement un non-sens scientifique.

En effet, un très récent travail réalisé à l’Université de Bonn en Allemagne vient infirmer cette hypothèse totalement farfelue de l’effet de la caféine sur les poignées d’amour et autres accumulations indésirables de corps gras. Pour bien comprendre la suite il faut faire un petit rappel sur le rôle physiologique de la caféine. C’est fondamentalement un antagoniste d’un modulateur métabolique très important pour l’organisme appelé adénosine :

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L’adénosine est la forme non phosphatée de l’ATP, le fournisseur d’énergie produit par les mitochondries, ces petits organites subcellulaires essentiels à la vie cellulaire. L’adénosine n’est pas un produit de dégradation mais circule partout et présente des effets essentiels dans l’ensemble de l’organisme y compris au niveau du cerveau, du cœur et… des tissus adipeux.

Et c’est sur ce dernier point qu’a travaillé l’équipe de biologistes dirigée par le Docteur Alexander Pfeifer. Sans entrer dans des détails fastidieux, l’adénosine circulant se fixe sur un récepteur spécifique, le récepteur A2A, qui stimule très fortement la consommation de graisses dans les tissus adipeux aussi bien dans les adipocytes bruns que, dans une bien moindre mesure, dans leur contre-partie « blanche » moins riche en mitochondries. Or la caféine est un puissant antagoniste de l’adénosine et pas seulement au niveau du récepteur A2A comme on va le voir. Le rôle des tissus adipeux est de constituer une réserve considérable en énergie car les adipocytes brûlent carrément les graisses stockées pour produire un peu d’ATP à la demande mais surtout de la chaleur pour maintenir la température du corps. Tout est lié car l’adénosine stimule donc cette production d’énergie et de chaleur mais présente également des propriétés diverses sur le rythme cardiaque et la vasodilatation ; elle a donc un rôle important dans le maintien aux alentours de 37 degrés de la température corporelle optimale pour les fonctions physiologiques. La différence entre les tissus adipeux brun et blanc est la quasi absence de récepteur A2A dans ce dernier et l’effet de l’adénosine y est environ 1000 fois moins marqué. Le tissu adipeux blanc possède aussi un récepteur de l’adénosine (A1A) dont la caféine est également un antagoniste mais l’abondance de ce récepteur est très inférieure à sa contre-partie A2A du tissu adipeux brun et la population de mitochondries susceptibles de brûler les graisses y est également beaucoup moins élevée. Cependant les travaux dirigés par le Docteur Pfeifer ont montré sans ambiguïté que l’adénosine avait tout de même un effet sur les adipocytes « blancs ».

Si un traitement de l’obésité avec des stimulants de ces récepteurs de l’adénosine peut être envisagé, il n’en demeure pas moins que de multiples effets secondaires pourraient apparaître en particulier au niveau cardiovasculaire. S’attaquer à la résorption thérapeutique des poignées d’amour n’est donc certainement pas pour demain ni après-demain. Quoiqu’il en soit, ces élégants travaux montrent que l’adénosine joue un rôle central dans l’activité des adipocytes bruns et qu’il est dès lors tout à fait hors de question que la caféine puisse avoir un effet bénéfique sur l’embonpoint localisé dans certaines parties de l’anatomie féminine, que les cosméticiens en prennent bonne note.

Source : Alexander Pfeifer & al., « Adenosine activates brown adipose tissue and recruits beige adipocytes via A2A receptors », Nature, octobre 2014.

Je tiens à la disposition de mes lecteurs curieux cet article aimablement communiqué par le Dr Pfeifer qui est ici chaleureusement remercié. Illustration : tissu adipeux brun (Dr Pfeifer).


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