Hydroélectricité de moyenne puissance

Une partie importante du potentiel hydroélectrique du Québec demeure inexploitée

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Hydroélectricité de moyenne puissance

Publié le 18 mai 2011
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Par F. Pierre Gingras, Québec (*)

Alors que des discussions énergétiques animées ont lieu au Québec à propos du développement des ressources pétrolières et gazières de même que sur la place du nucléaire et de l’éolien, une partie importante du potentiel hydroélectrique du Québec demeure inexploitée.

La production hydroélectrique du Québec n’est souvent associée qu’à de très grands ouvrages comme ceux de la Baie-James ou de la Manicouagan. À l’autre extrême, le gouvernement du Québec permet aux communautés locales d’exploiter de petites installations produisant jusqu’à 50 mégawatts (MW) d’électricité.

Pourtant, avec un encadrement juridique et politique favorable, plusieurs sites hydroélectriques de moyenne envergure (d’une puissance de 50 à 125 MW) pourraient se développer au Québec. L’initiative de ces projets serait confiée aux communautés locales et autochtones, mieux à même de tenir compte de tous leurs avantages. Ainsi, ce potentiel oublié permettrait d’enrichir les communautés qui le souhaitent.

Des impacts positifs sur plusieurs plans

Nous estimons qu’il existe une cinquantaine de sites potentiels où pourraient être construites des centrales de moyenne envergure, ce qui permettrait d’ajouter de 3.000 à 5.000 MW à la production hydroélectrique du Québec. Avec des investissements de quatre à six millions de dollars nécessaires pour chaque MW de puissance installée, la valeur totale d’un tel programme pourrait dépasser les dix milliards de dollars d’investissements privés.

La production hydroélectrique pourrait être utilisée pour combler les besoins de la province ou être exportée. L’hydroélectricité présente bien sûr l’avantage d’être une énergie propre et renouvelable. Chacun des MW produits évite annuellement la génération de quelque 10.000 tonnes de gaz à effets de serre et la combustion d’environ 2.500 tonnes de carburant. Par ailleurs, avec des mesures simples, il est possible d’atténuer les impacts environnementaux et de mettre en valeur des projets hydroélectriques sur les sites visés.

En raison du cadre législatif actuel, le Québec a généralement ignoré les projets de moyenne envergure, qui sont officiellement sous la responsabilité d’Hydro-Québec. Cette société d’État a construit son expertise et sa réputation grâce à des projets à grand déploiement en se concentrant seulement sur la production énergétique, surtout que les projets plus modestes sont quand même soumis à la même lourdeur de procédures.

Hydro-Québec n’a pas le mandat de tenir compte des avantages connexes des projets qu’elle réalise, comme les possibilités récréotouristiques, le développement immobilier et le contrôle des crues. Pourtant, une analyse de ces aspects peut révéler qu’un projet s’avérerait très rentable pour une communauté.

En effet, les centrales de moyenne envergure permettent de mettre en valeur un potentiel récréotouristique et immobilier qu’il faut considérer. Ces projets extrêmement polyvalents impliquent la création d’un plan d’eau important, donc de plages, de campings, de circuits de plein air, etc. Le Québec est pourvu de quelque 4.500 rivières et de 500.000 lacs. Toutefois, parmi les sites québécois de loisirs, de pêche et de plein air les plus fréquentés et les plus connus même à l’étranger, on compte les réservoirs Gouin, Carillon, Baskatong, Dozois, Kipawa et Taureau qui sont le résultat direct de l’installation d’aménagements hydroélectriques.

Confier les projets aux communautés locales

Les projets de moyenne envergure exigent cependant un processus d’études, un mode de gestion et même des exigences techniques différentes et plus flexibles que ceux qui se justifient pour des projets à grande échelle. Or, plusieurs entreprises québécoises possèdent les compétences et l’expérience nécessaires au développement de ces projets hydroélectriques de moyenne envergure. Elles ne cessent d’en réaliser ailleurs dans le monde.

Il devrait revenir aux municipalités régionales de comté (MRC) et aux communautés autochtones de décider de développer leur propre potentiel hydroélectrique ainsi que de choisir leurs partenaires dans ces projets (que ce soit Hydro-Québec ou une entreprise privée) en intégrant ce développement à leurs plans d’aménagement, et ce, tout en tenant compte de toutes les facettes d’un projet.

À quand un lac de 13 km de longueur à Drummondville ? À quand l’agrandissement au double du lac Mégantic avec en prime un certain contrôle des crues de la rivière Chaudière ? À quand le remplacement des sept vieilles centrales généralement à l’abandon du centre-ville de Gatineau par une seule mettant en valeur le cœur de la région de la capitale ? Ces cas ne sont que des exemples du potentiel hydroélectrique québécois qu’il reste à développer.

(*) F. Pierre Gingras, spécialiste en génie industriel et chercheur associé à l’Institut économique de Montréal.

Lire aussi : Sortir du « tout nucléaire » par le haut

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