Silence, les agneaux

Sous-titré L’État décide pour vous, l’ouvrage que vient de faire paraître le journaliste belge Ludovic Delory est doté d’une puissance didactique et d’une clarté suffisamment rare pour être soulignées.

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Silence les agneaux, de Ludovic Delory (Tous droits réservés)

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Silence, les agneaux

Publié le 23 avril 2010
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Sous-titré L’État décide pour vous, l’ouvrage que vient de faire paraître le journaliste belge Ludovic Delory, est doté d’une puissance didactique et d’une clarté suffisamment rare pour être soulignées.

Reporter à RTL-TVI depuis 2008, et co-présentateur du Journal économique de Bel RTL, Ludovic Delory signe un ouvrage qui sera sans doute d’ici peu un « classique », à la manière (et sur un thème proche) de La Grande Nurserie. En finir avec l’État nounou de Mathieu Laine (2006).

Dans Silence, les agneaux. L’État décide pour vous, Ludovic Delory retrace les principaux travers de la société moderne qui font qu’à présent l’État s’occupe de tout, et en particulier de domaines dans lesquels son intervention est au mieux source de dysfonctionnements, au pire est franchement contre-productive. L’État régule, encadre, entrave, dirige, réglemente l’ensemble de la vie économique, mais aussi de la vie sociale de nos sociétés modernes.

Imprimant sa réflexion dans les pas de l’Action humaine de Mises, Delory dresse un tableau désabusé et exhaustif des travers de l’étatisme moderne en s’appliquant en particulier à décortiquer le cas belge, parmi les plus typiques de la folie de l’interventionnisme public qui sévit dans le monde occidental.

Évoquant en premier lieu les antiennes classiques de la philosophie politique contemporaine (existence avérée de l’intérêt général, optimum démocratique, légitimité des décisions prises par les élus, universalisme de la loi), Delory démonte chaque argument et démontre les imperfections innombrables de ces dispositifs qui, considérés comme des absolus, génèrent une multitude d’effets pervers. Rappelant les apports de Kenneth Arrow, de Condorcet, du Public Choice, de Bruno Leoni, Delory rappelle à quel point ces concepts sont précaires et aussi imparfaits, sinon plus, que le marché, pourtant tant décrié par nos décideurs.

Dans une seconde partie, l’auteur explique en quoi l’étatisme, en tant qu’idéologie au service d’un développement sans limite de l’intervention de l’État dans l’économie, est un cancer qui détériore nos économies, et ce systématiquement au détriment des plus pauvres et des plus fragiles. Son argumentaire est à la fois limpide et sans faille.

Ainsi, il observe par exemple que le chômage augmente malgré la réglementation accrue du marché du travail. La redistribution ne règle absolument pas la question de la pauvreté ; au contraire, elle l’aggrave. Quant à la finance, elle faisait déjà partie bien avant la crise des secteurs les plus surveillés au monde. Sans les garanties apportées par l’État, les banques auraient-elles pris des risques insensés avec l’argent d’autrui ? Pourquoi des États au bord de la banqueroute ne cessent-ils d’élargir leur champ d’action ? Pourquoi leur survie dépend-elle de la création et de la manipulation de la monnaie ? Pourquoi le chômage ne diminue-t-il pas, et ne peut-il pas diminuer, alors même que l’intervention de l’État croît sans cesse ? Pourquoi le salaire minimum ne parvient-il pas à sortir les pauvres de leur pauvreté ? Autant de questions parmi d’autres auxquelles Delory apporte une réponse claire et argumentée : l’intervention de l’État est toujours néfaste, le marché toujours, non pas parfait, mais tout simplement meilleur. Ce qui n’est déjà pas si mal.

Enfin, dans une dernière partie de son ouvrage, l’auteur étend le champ de sa réflexion à l’ensemble des interventions de l’État hors du strict domaine de l’économie. Il expose quelques exemples de réglementations liberticides qui, en Belgique comme en France, sont sans doute les marqueurs les plus contemporains de la dérive de l’étatisme vers le champ sociétal, celui de l’État-nounou qui nous met sous l’éteignoir des hommes de l’État. Qu’il s’agisse de l’interdiction de fumer dans les lieux accueillant du public (et non pas dans les seuls lieux publics), du réchauffisme, des lois liberticides qui se succèdent à bras raccourcis dans de nombreux domaines (sécurité publique, internet, santé…), Delory développe une argumentation tout à fait convaincante.

Pourquoi des gouvernements décident-ils de réglementer notre vie quotidienne, notre futur et jusqu’à notre manière de penser ? Toute décision politique, généralement parée des meilleures intentions, porte en elle des conséquences désastreuses à plus long terme. Ce livre s’attache à les mettre en lumière. Surtout, il tire ce constat à la fois simple et terrible : les gouvernements n’aiment pas la liberté.

 

 

 

 

 

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