Pap Ndiaye et sa conception bien singulière de la démocratie

Le ministre de l’Éducation nationale porte une conception étonnante de la liberté d’expression en démocratie : les discours déviant de la norme sont automatiquement qualifiés d’extrême droite et perdraient ainsi leur légitimité.

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Pap Ndiaye et sa conception bien singulière de la démocratie

Publié le 14 juillet 2023
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Pap Ndiaye a une conception bien à lui de la démocratie, qui vise à encourager la libre expression… dès lors qu’elle reste dans la sphère du politiquement correct.

Tout média qui s’écarterait de ce qu’il considère lui-même comme cantonné à des formes de pensée respectable serait à ranger sans conteste sous un seul vocable tombant tel un couperet : « d’extrême droite ». Et n’aurait, à ce titre, plus vraiment voix au chapitre dans les débats censés animer la démocratie.

 

CNews et Europe 1, des médias « d’extrême droite »

Le très contesté ministre de l’Éducation nationale, empêtré dans ses réformes peu convaincantes et une Éducation nationale qui se porte très mal, n’a d’autre souci – pour mieux détourner l’attention de son impéritie – que de se préoccuper de la manière dont se porte notre démocratie, apparemment en danger (face à la perte de monopole des idées de gauche, si caractéristiques des médias traditionnels au cours des dernières décennies).

Ne prenant que son courage à deux mains, il se lève donc contre les dangers qui nous menacent : un dangereux capitaine d’industrie « proche de l’extrême droite » serait en passe de transformer différents médias en parangons de l’intolérance et de la haine du même bord politique. Face à ces menaces, il se devait donc de réagir. Comme il l’avait d’ailleurs déjà fait récemment en sanctionnant deux professeurs de philosophie d’un syndicat minoritaire dont les positions peu complaisantes avec les politiques gouvernementales lui étaient apparues dangereuses, outrepassant selon lui la liberté d’expression.

En chantre de la bonne conscience de gauche et de tout ce qu’elle compte d’aficionados, il n’entend pas rester muet face à une telle intolérance.

Interrogé sur le mouvement de grève au JDD, face à la terrible menace à laquelle est confronté le journal, il se joint ainsi à sa manière aux propos qu’avait déjà tenus il n’y a pas si longtemps l’actuelle ministre de la Culture, pour dénoncer la manière dont les dits médias maltraitent l’information et risquent d’influencer de manière dangereuse les idées de certains Français fragiles et influençables, qui risquent bien de dériver vers de bien obscurs recoins de la perversion humaine.

Ne suit-il d’ailleurs pas en cela l’une des préoccupations du président qui, lui-même naguère, était prêt à considérer l’information comme un bien public – et donc à mettre à l’abri des dangereux fanatiques qui pourraient avoir l’heur de la pervertir par de fâcheuses (fascistes ?) analyses (tout comme ceux qui mettent en cause l’origine anthropique du réchauffement climatique sont considérés par certains à gauche comme de dangereux « climatosceptiques d’extrême droite ». Tout ce qui fâche a tendance à être affublé du même qualificatif, qui a pour mérite de classifier et décrédibiliser aussitôt).

D’autres encore – décidément particulièrement nombreux à gauche lorsqu’il s’agit de s’inquiéter des menaces que représente l’extrême droite, à l’heure où les émeutes de juin 2023 devraient retenir un peu plus l’attention du moment – s’inquiètent de ce que l’on accorde trop de place à la parole de « ceux qui sont dans la caricature et dans l’outrance » (dixit une Marine Tondelier qui a son idée sur ce qu’est le comble du libéralisme et du culte de l’individu, s’érigeant contre « la ségrégation et la ghettoïsation » dont seraient victimes les pauvres émeutiers de juin, maltraités par la société).

C’est bien connu, la véritable menace actuelle pour notre société, est bel et bien « l’extrême droite ».

 

Des réactions bien légitimes

Face à un ministre de l’Éducation nationale qui ne fait donc pas dans la dentelle et n’y va pas de main morte pour accuser certains médias et ses journalistes de représenter un danger pour la démocratie, les réactions – bien légitimes – ne se sont pas fait attendre.

Je n’ai hélas pas de lien à proposer ici, mais j’aurais aimé que vous puissiez entendre la réaction parfaitement légitime et sincère de Marc Menant (que je considère comme un honnête journaliste et historien, à la sensibilité de gauche non dissimulée), hier vers 19 h 30 sur cette chaîne que je ne saurais vous recommander (CNews), exprimant sa révolte contre de telles accusations. Car le ministre de l’Éducation nationale aurait apparemment également affublé les journalistes de cette chaîne du qualificatif (très grave) « d’antisémites ». Marc Menant, offusqué par de tels propos de la part d’un ministre qui se voudrait pourtant si vertueux, et endossant ce qualificatif pour lui-même (en tant que journaliste de la chaîne), s’est fait le devoir de nous faire savoir qu’il est lui-même fils de déporté, et à ce titre peu suspect de pouvoir être un antisémite notoire. Il a défendu également les 120 journalistes de la chaîne, qui exercent leur travail avec une certaine conscience professionnelle et ne méritent pas de telles accusations.

Je suis par la suite tombé sur le papier suivant, qui présente la manière dont Laurence Ferrari, journaliste connue de la chaîne, a à son tour réagi, laissant de côté toute langue de bois de manière à exprimer clairement ce qu’elle pense des propos scandaleux du ministre.

Je n’irai pas plus loin dans cet article et ne saurais mieux dire que ce que Laurence Ferrari énumère au nom des 280 journalistes des rédactions de CNews et Europe1. Je vous laisse vous faire votre propre idée sur cette attitude toujours aussi exaspérante de ces gens de gauche se présentant comme vertueux, toujours aussi prompts à évoquer la République en danger et à se présenter comme tolérants, là où il semble bien qu’ils ne font qu’encourager l’intolérance et la chasse à l’homme contre la liberté d’expression

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  • « ceux qui mettent en cause l’origine entropique du réchauffement climatique » : entropique*, vraiment ?

    *entropique : Physique – relatif à l’entropie, c’est-à-dire la grandeur qui, en thermodynamique, permet d’évaluer la dégradation de l’énergie d’un système.

    • Avatar
      The Real Franky Bee
      14 juillet 2023 at 8 h 17 min

      Sur le fonds, il est possible d’argumenter que l’homme accroît l’entropie de l’environnement qui l’entoure par ses activités. Donc le terme ne serait pas si absurde même si « anthropique » était certainement celui recherché 😉

      • « sur le fondS* » : vraiment ? Ca doit chauffer aussi près du centre de la Terre !?

        • Avatar
          The Real Franky Bee
          14 juillet 2023 at 15 h 03 min

          Toutes mes confuses maître Capello. Je vis à l’étranger et il m’arrive de perdre mon bon français à force. Heureusement la police veille au grain.

    • Lucx, quand vous relevez une erreur d’inattention comme cet « entropique », il y a un lien au bas de chaque article permettant de la signaler à la rédaction et de le la faire corriger.

    • J’allais le dire. L’origine entropique du réchauffement ne fait aucun doute. Quand un gaz chauffe, son entropie augmente…

  • Avatar
    The Real Franky Bee
    14 juillet 2023 at 8 h 24 min

    Le problème de la médiocrité politique française résumé en un ministre. On fait face à un problème profond, l’effondrement de l’école, et on a un président qui choisit de faire un coup politique avant les législatives via la nomination d’un woke très à gauche à l’éducation, choix qui visait principalement à couper l’herbe sous le pied de la Nupes. Malgré la fumée blanche à sa nomination, le Pap en question n’a manifestement jamais eu d’intérêt profond pour la question de l’école. À part donner des leçons aux écoles privées, leçons qu’il n’applique évidemment pas lui-même. En attendant, le système éducatif français continue de gentillement s’effondrer, et l’avenir de milliers de gamins s’inscrit en pointillé. Mais bon le président n’a pas d’enfants, donc faire un coup politique était sans aucun doute plus important. Y a-t-il des responsables dans ce pays ?

    • « Le Pap en question n’a manifestement jamais eu d’intérêt profond pour la question de l’école » : soyez compatissant et compréhensif, il ne fait que mettre en oeuvre la feuille de route que lui ont remises en main propre le président de la République et la première ministre, lors de sa nomination à ce poste. Il ne l’aurait pas fait qu’il aurait été viré dans les jours suivants. Il est un bon serviteur de ses maîtres qui le lui rendent bien par une grande liberté de parole et d’action.

    • non…. le ministre de l’education serait t’il « supérieur » que l’existence d’un ministère de l’education à la française poserait toujours problème à un libéral…

      A quelle echelle vous referrez vous pour parler de médiocrité qui au passage ne signifie jamais que moyen ???

      un ministre de l’education devrait se contenter de verifier si les enfants connaissent la constitution voire acceptent de s’y soumettre…

  • Macron pense qu’il est l’homme le plus intelligent de la terre, il donne des leçons en permanence au monde entier. Psycho-rigide, sa conception du dialogue est simple : si tu n’es pas d’accord avec moi, c’est que tu te trompes, et je vais te convaincre que j’ai raison, c’est la seule voie.
    Cette attitude le conduit à prendre des ministres oui-oui chargés de répondre dans la société cette mentalité bien pensante exclusive.
    Cela nous conduit au mieux à la fermeture d’esprit et à l’aveuglement, au pire à la mise au jour de l’autocratisme latent que nous subissons depuis son élection.
    Pap Ndiaye est un homme creux qui, comme les autres, fait résonner la voix de son maître sans risquer de prendre sa place, l’objectif est là. Que font ces ministricules qui ne sont que des relais de com. et en aucun cas des gestionnaires de leurs ministères ?

    • Vous avez raison, ô combien. Voyez le titre de l’article publié ce jour sur le site de Franceinfo : « « Tout le monde attend et flippe » : dans les coulisses de l’hypothétique remaniement qui met les nerfs des ministres et conseillers à l’épreuve » – par Margaux Duguet de France Télévisions publié le 14/07/2023 à 06:04 par Franceinfo ». Pourquoi « flippent » ces ministres et ces secrétaires d’Etat, sinon parce qu’ils risquent (pour quelques uns seulement, mais lesquels ?) de perdre leur plat de soupe à l’oignon, leur « bras long » et leur tribune langagière ?

  • Mais Pap Ndiaye a raison dans ses propos. Staline n’était il pas un grand démocrate luttant contre le faschisme ? Comme Mao et Pol Pot ou Castro ?
    Tous ces grands démocrates comme Pap Ndiaye combattent avec virulence toute idée et position qui sont en désaccord avec LEUR démocratie ; quitte à faire des millions de fascistes morts.

  • Merci, Pap est habillé pour l’hiver, portrait que je trouve juste et complet. Rien à rajouter.

  • ce type accepte d’être ministre de l’education….

    attendez un peu… nu pays qui accepte que l’education doit être prise en charge, sans limites définies, par l’état et donc les politiciens ne peut s’en prendre qu’à lui même..

    on récolte ce que l’on sème…

    nous avons dépassé les bornes de la primauté de l’autorité parentales sur l’educationdes parents..

    l’excpetion est devenus la règle..
    le parent est suspect.

    • le sujet libéral c’est l’ed nat et l’existence d’un ministère de l’education plus exactement d’un programme centralisé….. parce ce que pense, en fait, dit, cette personne . je m’en fous.

      je ne veux pas attendre un ministre « acceptable » je veux que la responsabilité revienne aux parents..

      même si les idées de certains me déplaisent..
      Alors certes, nous sommes régit par une constitution supposée libérale et de ce fait la seule exigence educative légitime, en ce qui me concerne , est que les enfants soient enseignés de cette constitution.. la comprenne et s’y soumettent au moins formellement , autrement dit qu’un en enfant ne soit pas exposé SELEMENT à une education sectaire..parce qu’il a des parents sectaires..;
      pas plus…
      je le fous si un enfant n’apprend pas la biodiversité ou la science…ou les maths..

      mais pas nos supposées valeurs telle l’exigence de preuve pour condamner, le respect de la vie et l’opinion d’autui, de la propriété privée etc… parce que sans cela pas de définition partagée de ce qu’est un crime ou undélit..et de l’innocence..

      • @Jacques lemiere
        Bonsoir,
        « Constitution supposée libérale »
        « Supposée » en effet car il n’y aucun libéralisme dans la Constitution de la Vème République. Les citoyens n’y ont pas de Droits et le gouvernement au lieu d’être cadré y a bien trop de champs.

  • Suspecter CNews d’antisémitisme – si c’est vrai – quand même !…
    Certes, plus le mensonge est gros, plus il passe, disait Goebbels.
    On connaît moins la suite, puisque je viens de l’inventer : Mais ne croyez jamais un non-aryen !
    Il y a plus de journalistes juifs à CNews qu’à Dachau un jour d’affluence…

  • Comme Mr. Ford disait:
    « Le client peut choisir la couleur de sa voiture…. pourvu qu’ elle soit noire ».

  • Les propos de ce ministre qui ne mérite ni le titre ni sa majuscule me font penser à ce proverbe chinois : » Quand le sage montre la lune , l’imbécile regarde le doigt ». A vouloir qualifier d’extrême droite tous ceux dont la pensée s’écarte du politiquement correcte , ne devons nous pas considérer que le danger qui nous menace n’est pas celui que l’on nous montre ( l’extrême droite) mais plutôt celui que constituent ces donneurs de leçons avec leur pensée unique enduite de wokisme lamentable .
    Voltaire , Montesquieu et Descartes , pour ne citer qu’eux doivent se réjouir de ne plus être des nôtres.

  • « C’est bien connu, la véritable menace actuelle pour notre société, est bel et bien « l’extrême droite » » : quand on est situé au delà de l’extrême gauche (c’est-à-dire à la gauche de l’extrême gauche) sur l’échiquier politique, on voit forcément les autres à l’extrême droite. Ce n’est qu’un effet d’optique que ne corrigent en rien les lentilles portées par M. Macron et les lunettes portées par Mme Borne et par M. Pap Ndiaye. Personne ne peut rien pour eux, il faut les laisser s’auto-berner en paix.

  • Et la réponse de Laurence Ferrari est absolument fabuleuse elle a tout résumé avec la conclusion empruntée à Michel Audiard pour éviter de se prendre un procès en diffamation

  • La première condition pour parler de démocratie est de savoir ce qu’est vraiment une démocratie. Et une fois qu’on la connaît, on ne plus tenir les mêmes propos. À chaque fois que Macron nomme un gouvernement, on pense à une nouvelle saison de Mogador où l’on jouera La Belle Hélène (« Je suis le grand ministre, le grand ministre …) . Il serait temps pour Ndiaye de descendre de son palanquin.

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