Les retraites dans une société libre

Dans une société libre, où le rôle de l’État est tout au plus régalien, les retraites sont fournies par le marché.

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Retraites By: Franck Michel - CC BY 2.0

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Les retraites dans une société libre

Publié le 27 février 2023
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Étant donné le débat actuel sur la réforme du système de retraite, il est utile de rappeler la position libérale à ce sujet. Cela permettra aussi de se rendre compte à quel point la société française a tourné le dos aux idées libérales.

Il est difficile de justifier a priori qu’un monopole d’État impose un système des retraites à toute la population. Pourquoi faut-il un âge « légal » de retraite ? Chaque individu ayant des besoins différents il donc semble logique et même moralement souhaitable qu’il puisse choisir librement quand partir à la retraite, que ce soit de manière définitive ou temporaire. De même, les modalités de financement et de paiements de la retraite devraient pour la même raison aussi être un choix individuel.

Le besoin pour un individu de pouvoir financer sa vie, même lorsqu’il ne perçoit plus de revenu d’un travail, est un besoin humain, d’autant plus que l’espérance de vie a augmenté. La volonté de percevoir une pension est naturelle, ce qui indique que le libre marché peut subvenir à ce besoin. En effet, dans une société libre, où le rôle de l’État est tout au plus régalien, les retraites sont fournies par le marché, comme tous les autres produits et services pour lesquels existe une offre et une demande.

 

Sécurité et culture de l’irresponsabilité 

Ceux qui ne peuvent accepter ou imaginer des retraites sans l’État utilisent implicitement l’argument classique selon lequel la liberté individuelle doit céder à la sécurité collective.

Cependant, il ne faut pas oublier que cette « sécurité » est basée sur une double injustice : une injustice redistributive et une injustice générationnelle. De plus, quelle valeur a cette sécurité partagée quand la forte implication étatique qu’elle nécessite engendre un système des retraites qui n’est pas pérenne ? La crise politique française actuelle est un signe de cette instabilité institutionnelle, la même qui déjà a mené beaucoup de pays à largement privatiser leurs systèmes de retraite comme par exemple le Chili et la Suède.

L’acceptation par la majorité de la population du système de retraite par répartition s’explique en grande partie par l’impact culturel que l’État providence a sur la société depuis plus d’un demi-siècle. Il s’agit d’une tendance à délaisser la responsabilité individuelle quand l’État « assure » collectivement des services aussi importants que l’éducation, la santé, et la retraite. L’État social déresponsabilise l’individu en s’arrogeant le pouvoir de prendre des décisions pour lui dans ces domaines essentiels de sa vie.

Une société libre, au contraire, stimule la responsabilité et donc le développement individuel, comme le remarqua Ludwig von Mises en prenant justement l’exemple des retraites :

« Un homme qui est contraint de subvenir à ses propres besoins pour ses vieux jours doit épargner une partie de ses revenus ou souscrire une police d’assurance. Cela l’amène à examiner la situation financière de la caisse d’épargne ou de la compagnie d’assurance ou la solidité des obligations qu’il achète. Un tel homme a plus de chances de se faire une idée des problèmes économiques de son pays qu’un homme à qui un régime de retraite semble dispenser de tous soucis. »

Il est donc faux de dire que les jeunes qui se préoccupent de leur retraite font preuve d’un « signe précoce de déclin ». Au contraire, cette préoccupation est un signe positif car lorsque la responsabilité individuelle est nécessaire et valorisée, il est normal qu’aussi les jeunes soient sensibles à cette question.

 

L’assurance retraite dans un marché libre

En développant la première phrase de la citation de Mises ci-dessus, une mutualisation des risques peut bien être fournie dans le libre marché non seulement par l’épargne individuelle mais également par des assurances privées et de manière beaucoup plus flexible qu’un monopole d’État.

Dans un marché libre, l’assurance d’une manière générale serait une pratique beaucoup plus répandue qu’elle l’est aujourd’hui, comme le remarqua le professeur Hoppe dans un essai souvent cité.

L’objectif d’une assurance est toujours de couvrir et mutualiser des risques potentiels futurs. Le « risque » dans le cas d’une assurance retraite concerne l’incertitude de la durée de vie de chaque individu. De ceux qui souscrivent une assurance retraite, certains vont recevoir moins que leur contribution et d’autres davantage. Ceux qui vivent moins longtemps paient en partie les retraites de ceux qui vivent plus longtemps.

Comme un individu normal souhaite et pense qu’il va vivre longtemps, il a intérêt à épargner dans des assurances retraites. La proportion entre l’épargne individuelle et l’épargne mutualisée dépendra de plusieurs facteurs comme les conditions des assureurs et les caractéristiques personnelles.

Dans la mesure où ces assurances mutualisent les risques de nombreux individus, ceux-ci n’intègreraient probablement pas de système de redistribution favorisant un groupe de personnes aux dépens d’un autre, comme c’est le cas dans un système de retraite par répartition. Dans le cas où une telle redistribution était proposée par une assurance, beaucoup de ses clients jugeraient qu’ils doivent payer pour des besoins et des risques qui ne sont pas les leurs. Ces contrats seraient donc beaucoup moins populaires et auraient probablement du mal à se financer.

 

Libéralisation non seulement des retraites

Il faut être conscient qu’un marché libre des retraites ne pourrait se mettre en place sans une plus large volonté de la population de vivre dans une société basée sur des valeurs et moyens économiques et non politiques. Cela impliquerait alors aussi une refonte radicale du droit du travail et de la fiscalité à travers une libéralisation complète de la vie économique. Les entreprises seraient alors naturellement plus incitées à considérer davantage le rôle des personnes âgées au sein de leurs organisations.

Ces propositions pour une société libre doivent être contemplées sur le long terme. Aujourd’hui, le manque généralisé d’éducation libérale leur permet à peine d’être prises au sérieux. Néanmoins, toute occasion est bonne pour rappeler l’application des principes libéraux, afin de commencer à imaginer une potentielle alternative à la lente banqueroute morale et économique du système actuel.

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  • dans une sociétés les gens comptent sur eux même ,le travail, la famille les amis, leur épargne pour vivre..
    la retraite est un curieux concept comme d’ailleurs le congé payé;..

    on constate d’aillerus que beaucoup voient la retraite comme un congé payé différé!!!!

    au départ tout est parti d’une feinte compassion « collective » pour des vieux qui ne pouvaient plus travailler et crevaient de faim!!!! en refusant au passage de regarder comment ses vieux avaient vécu!!!!

    ce qui a conduit au passage à aider des vieux qui avaient choisi l’egoisme et le vice!!!! de la même façon que des gens qui avaient reçu des coups de du sort!!!!
    je suis désolé…mais la » pub  » pour la vaccination ce qui cause sa large couverture c’est les enfants non vaccinés qui meurent ..et des gens qui sont informés..plutôt rationnels.
    nous incitons à l’insouciance ….

    la liste des effets pervers de la retraite par repartition et de la pseudo solidarité est longue!!!

    mais par contre…dans une société libre…parfois donc amorale..qu’on jugerait barbare.. vous n’avez pas de garantie d’etre aidé par les autres.. si vous avez des coups du sort.. vieux ou pas!!!! le bébé orphelin peut crever…
    il faut aussi des principes moraux étendus comme la charité etc..

    • La charité peut-elle être considérée comme une fonction régalienne de l’Etat ?
      Le résumé de ma réponse après les 4 heures de dissertation est :
      Oui, à condition d’être soumise à un vote démocratique et dans la transparence de tous ses aspects (clairement identifiée dans le budget de l’Etat, de l’origine des prélèvements obligatoires jusqu’à la destination des fonds prélevés).

      -4
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