Bientôt Paris sous tutelle ? Puis ensuite, la France ?

Avec une potentielle mise sous tutelle de Paris, retour sur la situation de la ville.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 10
présidentielle2022 hidalgo (credits FMas)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Bientôt Paris sous tutelle ? Puis ensuite, la France ?

Publié le 2 décembre 2022
- A +

Le vendredi, c’est poisson et la morue en est un excellent qu’on peut par exemple déguster en brandade. Sans rapport aucun, signalons qu’Anne Hidalgo fait actuellement parler d’elle alors que la ville dont elle a la charge serait en très fâcheuse posture budgétaire.

Il est vrai que la situation économique du pays et l’inflation galopante finissent par toucher tout le monde, même la Ville des Lumières. Ajoutons-y une petite guerre à l’Est, un méchant covid qui a nettement pénalisé les activités touristiques et voilà la capitale française dans la tourmente.

Ou disons, voilà l’explication fournie par la maire de Paris pour expliquer la brandade panade dans laquelle la ville se trouve actuellement sur le plan financier. Mais à bien y regarder, les causes extérieures n’ont que peu à voir avec la dette colossale et la déroute budgétaire, visuelle, urbanistique et hygiénique de la municipalité parisienne.

En effet, lorsque Anne Hidalgo a pris les rênes de la municipalité en 2014, la dette se situait à 4,18 milliards d’euros (au 31 décembre) alors qu’elle s’établit à présent à 8,37 milliards d’euros au 31 décembre 2021 selon la direction générale des Finances publiques. Voilà qui représente un coquet doublement, ce qui, par les temps qui courent, représente une étonnante performance pour une ville dont ni le nombre d’habitants ni la superficie n’ont doublé. Et est-il nécessaire d’évoquer l’attractivité qui n’a pas doublé non plus pour s’interroger sur l’accumulation de ces plus de 8 milliards d’euros de dette.

Si le chiffre ne dit pas grand-chose en lui-même tant les Français ont été habitués par leurs gouvernements à jongler avec les dizaines voire les centaines de milliards, il faut comprendre que cette dette représente 3800 euros par habitant (contre 1640 euros fin 2014), ce qui est déjà une somme rondelette. Certes, d’autres municipalités françaises importantes cumulent parfois plus de dettes par habitant mais aucune n’atteint cependant le montant total de Paris qui bénéficie pourtant d’arrangements et de largesses comptables et financières assez spécifiques.

Lorsque cette dette est mise en rapport avec les réalisations visibles au profit de la capitale, on ne peut que rester pantois. Et lorsqu’on épluche les chiffres, il y a de quoi.

Avec un coût d’administration de la Ville de Paris bien supérieur à ceux qu’on peut comparer pour Lyon (13 % supérieur) ou Marseille (10 % supérieur) par exemple, on se demande en réalité où passe l’argent des contribuables parisiens : depuis 2014, la masse salariale municipale n’a cessé d’augmenter avec une création constante de nouveaux postes salariés (plus de 400 sont ainsi prévus en 2022). À présent, la capitale française compte plus d’un agent pour 39 habitants là où on en compte un pour 95 à Rome et un pour 107 à Londres. S’aligner sur ces chiffres ferait économiser plus d’un milliard et demi d’euros à la capitale…

Rassurez-vous, il n’en est pas question.

On pourrait se consoler en espérant qu’à cette pléthore d’agents correspond un service public au taquet. Las : non seulement ces agents se battent pour travailler toujours moins, mais de surcroît le travail réalisé laisse à désirer. Il suffira de constater l’état lamentable de l’hygiène, de la sécurité, du trafic routier dans la capitale par exemple en butinant les meilleures pages du site Saccage Paris pour mesurer l’ampleur du véritable trou noir qu’est devenu la municipalité parisienne : des sommes colossales y pénètrent pour ne plus jamais revoir la lumière du jour, sans qu’aucune information claire ne fuite jamais sur ce qui s’est passé entre la collecte et la dépense. La multiplication des bric-à-brac en palettes de ZAD, aussi écolobranchouilles soient-ils, ne permet vraiment pas d’expliquer la dérive des finances parisiennes (même s’il est vrai que cela aide à comprendre l’accroissement notable de sa population de rongeurs).

Devant ce trou noir, la maire ne semble pas s’inquiéter outre mesure. D’ailleurs, elle a une solution toute simple.

La main sûre, la voix posée, elle annonce donc il y a quelques semaines une sympathique augmentation de la taxe foncière à 20,5 %. En plus, comme Paris est une ville réputée pour avoir une taxe foncière un peu moins élevée qu’ailleurs, cela lui laisse de la marge : les gueux pourront bien rouspéter un peu mais après tout, ce n’est qu’un alignement sur les autres villes du pays.

C’est du reste en partie vrai : même avec cette augmentation, la taxe foncière de 2022 reste moins élevée en regard de ce que d’autres citadins payent. Mais il y a un hic : cette taxe réhaussée a été calculée sur les valeurs locatives de 2022. L’année prochaine, qui verra ces valeurs recalculées à la hausse (et pas qu’un peu), promet donc quelques surprises salées au contribuable parisien…

Il n’en reste pas moins que devant l’écart maintenant affolant des entrées et des sorties d’argent, on commence à murmurer que ces improvisations taxatoires ne suffiront pas. Et alors que le nombre d’habitants de la ville (et donc, de cibles taxables) diminue franchement depuis l’arrivée au pouvoir d’Hidalgo – franchement, on se demande pourquoi, alors que la municipalité redouble d’efforts pour transformer certains quartiers en véritables havres du vivrensemble sous crack – certains évoquent même une petite mise sous tutelle qui reviendrait en substance à retirer les clefs du budget des mains de l’actuelle dispendieuse socialiste.

La surprise est modérée.

Comme toute gestion clientéliste basée sur un accès à l’argent facile (dettes contractées alors que l’inflation et les taux d’emprunt sont faibles et les perspectives riantes), la mairie de Paris a maintenant largement dépassé les années de vaches grasses pour arriver à celles des vaches maigres en étant auparavant passée par celles des rats dodus. En s’obstinant à renouveler à leur place les équipes municipales les plus déconnectées du réel (de plus en plus souvent composé de saleté repoussante, de travaux idiots et d’insécurité galopante), les Parisiens se retrouvent maintenant avec une facture particulièrement salée et aucune réelle possibilité d’y échapper.

Il apparaît en effet que la situation parisienne n’est pas unique : non seulement, d’autres villes sont aussi en difficultés financières, mais à vrai dire tout le pays a également été piloté par des équipes de branquignoles économiques comparables à celle de Paris, avec – sans surprise là encore – les mêmes résultats catastrophiques, des dettes à gogo, un système de santé ou d’éducation en déroute complète, une insécurité galopante et un régalien qui ne sert même plus de faire-valoir.

Il faut se résoudre à l’évidence : la gestion par la dette, la multiplication des cadeaux électoraux facturés aux générations futures, ça ne marche jamais. Le socialisme, qu’il soit appliqué au niveau d’une ville ou au niveau d’un pays, aboutit toujours à la faillite.

D’ailleurs, les prochains mois pourraient être amusants et le sort ironique : alors que Paris sera peut-être mis sous tutelle par l’État français, ce même État français pourrait être à son tour mis sous tutelle par le FMI.

Sur le web

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Cela fait quelques années que je pense que seul le choc d’une mise sous tutelle de la France par le FMI pourra mettre notre pays sur la voie d’un redressement…

  • Paris est comme la France : socialiste !

  • L’argent est facile pour nos chers élus. Contrairement à un commerce qu’il est possible d’éviter pour cause de prix trop élevés, impossible d’échapper à l’impôt. Les maires ont pour la plupart la folie des dépenses : pas besoin de compter, les habitants sont une manne sans fond.
    Hidalgo n’est pas la seule : le « motodidacte » Estrosi plombe aussi les comptes de Nice à grand coups de dépenses somptuairement inutiles comme la destruction du théâtre.

  • Plutôt que de mettre le droit à l’avortement dans la constitution, il faudrait y mettre une limite à l’endettement des municipalités. Le pourcentage serait à déterminer mais il y en a marre de l’utilisation de l’argent des autres par les politiques.

    • Mais creuser les idées et plus compliqué que creuser un déficit.

    • mettre une limite à tout endettement… Celui des municipalités, des départements, des régions, et de l’État lui même. Qu’il fassent comme jadis : on collecte les impôts, on voit ce qu’on peut faire avec, et on essaye même de ne pas tout dépenser pour avoir des réserves. Et s’il y a vraiment besoin de plus (en cas de vraie guerre, de catastrophe avérée, etc.) on soumet le projet d’impôt supplémentaire (et temporaire) au vote à la majorité qualifiée de 70%… des contribuables ! (Et on pourrait être fou et pour ces votes pondérer les voix par le nombre d’enfants des votants puisque ce sont ces enfants qui vont payer !)

  • Pas assez que son premier mandat ait été catastrophique, les parisiens l’ont réélue une seconde fois, je ne vois pas tellement la logique…
    Et encore les comptes des JO qu’elle s’est tant défoncée à avoir dans sa ville ne sont pas encore inclus, attendons la suite.

  • LA mesure-phare de Thatcher avait été la suppression des déficits des villes, abondamment pratiqué par les maires trotskystes, les maires réalisant des performances négatives devenant responsables sur leurs bien propres des pertes des municipalités – or la générosité socialiste se fait toujours avec l’argent des autres…

  • Et le bouquet final, la cerise sur sa pomme, le paroxysme de l’inconscience du réel :
    « Anne Hidalgo conseille au frère du maire de Kiev… d’investir dans des vélos pour reconstruire sa ville »

  • Paris peut être fière : elle est à l’avant-garde 😉

  • elle est élue..

    Tant qu’on peut en faire la dette sert à ça ou le permet …être élu…
    ceci dit…pour les villes en général, les lois mettent sur les villes une pression énormes .. les maires sont « obligés » qui de faire des logements sociaux, faire le la rénovation thermique, adapter les installations aux lois sur le handicap.. désherber sans désherbants..

    je ne dis pas ça pour paris, mais de façon générale..

    habitant d »une commune rurale le maire précédent n’avait qu’un programme…le moins d’impotspossibel donc le moins de dépenses possible… ce n’est plus possible..

  • Dette de Paris en 2001 à l’arrivée de Delanoë : 1 milliard, quand il est parti : 3 milliards, 8 ans après nous sommes à 8 milliards, ils sont fortiches les socialos. Je ne suis pas parisien, Dieu m’en garde, mais il me semble que les électeurs de la capitale ont voté une seconde fois pour que leur édile continue à gérer leurs affaires publiques avec maestria, non ? (Très)Chers parisiens on ne récolte que ce que l’on sème parait-il, ça vous dit quelque chose la responsabilité, sinon vous allez l’apprendre…

  • Sachant que Sarkozy avec Fillon n’avaient fait qu’augmenter les impôts pour tenter d’équilibrer le budget et que c’était soi disant des budgets de rigueur ça fait très peur pour la suite…Après les taxes comportementales et écologiques que vont ils inventer ? Les taxes sur l’essence, le gaz et l’électricité ne sont pas prêts de diminuer.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

6
Sauvegarder cet article
Inflation et plus-value dans l’immobilier

En règle générale, les calculs du prix de l’immobilier publiés dans les journaux et revues, ou cités sur les sites internet ou les chaînes de radio-télévision sont effectués sans tenir compte de l’inflation. Les interprétations des résultats qu’ils présentent n’ont guère de sens.

La hausse des prix de l’immobilier est de toute évidence incontestable, mais il est nécessaire de rétablir une mesure rationnelle et réaliste de cette augmentation.

Cette mesure est déduite de deux indices défin... Poursuivre la lecture

7
Sauvegarder cet article

Les milieux financiers découvrent tardivement les faiblesses du modèle chinois, pourtant perceptibles depuis une décennie. C’était prévisible pour tout observateur de la démographie, des mécanismes de développement et du communisme.

On peut penser notamment aux dettes souscrites en contrepartie de faux actifs, par exemple pour la construction de logements, alors qu’il y a de moins en moins de jeunes pour les occuper ou d’infrastructures redondantes, faisant momentanément la joie des bâtisseurs. Je me doutais bien que ces dettes sortira... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles