Une presse française lâche et paresseuse

Les subventions à la presse l’ont complètement anesthésiée, la rendant lâche, paresseuse voire néfaste dans le contexte actuel.

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Une presse française lâche et paresseuse

Publié le 7 septembre 2022
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Ah, finalement, qu’il est doux d’être journaliste en France dans un journal de révérence !

Jadis, c’était un travail fatigant, voire stressant et parfois même risqué : il fallait aller chercher l’information directement sur le terrain et la corroborer le carnet de notes à la main. Certains événements pouvaient impliquer de mettre sa vie en danger ; et certaines informations, une fois obtenues, pouvaient signifier une exposition directe aux rétorsions des puissants…

Heureusement, en France, ce temps est révolu : de nos jours, les nouvelles, rédigées de façon presqu’automatique par l’Agence Fausse Presse, sont religieusement reprises, fautes d’orthographes  incluses, par toutes les officines médiatiques estampillées « Source fiable ». Parfois, le journaliste en rédaction exécutera un petit travail d’illustration et quelques remaniements de phrases pour donner un petit caractère original à la notule fraîchement démoulée. La plupart du temps, le copier-coller sera l’opération la plus complexe menée pour transmettre l’information, menaçant le pigiste d’une foulure de pouce lors de ces répétitions frénétiques.

Les contenus seront méticuleusement choisis pour ne surtout froisser personne aux étages influents : la presse française a depuis longtemps abandonné toute velléité d’informer, d’analyser et de décortiquer une information, aussi épineuse soit-elle, pour ne plus se concentrer que sur les histoires qu’il faudra enrober avec plus ou moins de talent pour la diffuser habilement.

Comme le disent les Anglo-saxons, elle a troqué l’information pour le narratif.

Et en période de tensions, au moment où les sujets d’actualités se font de plus en plus clivants, la presse française se dresse comme un seul homme pour nous entretenir de sujets palpitants comme la virilité des barbecues et l’inhérent besoin d’écoféminisme pour abandonner la viande, ce qui aura cramé en buzz médiatique l’équivalent énergétique d’au moins une journée d’éolien par grand vent, les frasques carbonées de Mélenchon repartant avec panache dans un gros 4×4 thermique après un discours écolo-lacrymogène, ce qui ne manque pas d’occuper les navrantes chroniques de trop de journaux, ou encore plus caricatural, les blagounettes à base de char à voile d’un entraîneur d’équipe de foot qui semblent faire sortir de leurs gonds tous les petits censeurs écosensibles de la classe jacassante.

Pourtant, les sujets d’importance ne manquent pas : l’inflation galopante, l’impéritie patente du gouvernement, les choix calamiteux du locataire de l’Élysée, la situation internationale ou l’insécurité en France… Mais voilà : tout cela est quelque peu risqué pour le modèle économique actuel de la presse française.

Eh oui : fermement tenue par le portefeuille, noyée dans des subventions anesthésiantes, elle n’a aucune incitation économique à chercher la vraie information, l’analyse solide et un lectorat attentif. Dès lors, la petite éditocratie germanopratine se concentre sur les chiens écrasés et les plus croustillantes de ces anecdotes produites sur Twitter, magnifique chambre d’écho de la classe jacassante. Tout bien considéré, cette méthode reste moins chère, nettement moins risquée et tout aussi gratifiante que de mener des enquêtes et des articles de fond que beaucoup de Français ne peuvent trouver qu’ailleurs, loin de ces canaux officiellement sanctionnés et irrigués.

Et lorsque la presse française fait des efforts, cela donne des articles consternants comme, par exemple, ce pamphlet lamentable du journal Le Monde sur le rejet pourtant clair de la proposition par référendum de nouvelle Constitution chilienne : pour le journaliste, pas de doute, en rejetant ainsi une nouvelle Constitution « pourtant progressiste » et s’éloignant enfin de l’actuelle, pondue par l’infâme Pinochet, le peuple chilien se trompe.

L’écart avec ce qui existe encore dans la presse internationale (britannique ou allemande, par exemple) est cruel et la plupart du temps, la presse française ne semble plus être qu’un dernier wagon dans le train de l’information et de l’analyse qu’on peut trouver maintenant partout sur internet…

Malheureusement et logiquement, comme les politiciens s’alignent naturellement sur ce qui est médiatiquement porteur et seulement ça, ils deviennent – notamment en France – de plus en plus insignifiants d’autant qu’ils concentrent leur intellectuel de moins en moins affûté sur les niaiseries portées à bout de bras par ces organes de cancanement.

Cela donne l’effet d’une marche quasi-synchrone avec les phénoménales âneries qu’on voit par exemple apparaître outre-Atlantique ou lorsque la pandémie de covid avait déclenché les mêmes réactions mécaniques de la part des dirigeants européens. Cela produit aussi les prises de décisions débiles comme orienter toutes les politiques en fonction d’agendas écologiques de plus en plus radicaux mais si terriblement sexy électoralement, jusqu’à se prendre violemment le mur indépassable de la réalité.

Le résultat est sans appel. Le système politico-médiatique actuel est tellement bureaucratisé, subventionné, arqué sur ses petites habitudes, ses gros travers et son entre-soi bien cadré que les effets de monopole se font maintenant sentir sans plus la moindre retenue : le prix de l’entretien et de la maintenance de ce pitoyable barnum médiatique s’accroît alors même que la qualité du produit final s’effondre. Le contribuable français coule un pognon de dingue dans des médias (radios, télévisions, presse écrite) pour obtenir en retour une propagande oscillant systématiquement entre l’infantilisation et l’insulte pure et simple, et où – si l’on s’en tient aux fines analyses de notre presse d’exception – personne ne semble s’offusquer que le président de la République passe son temps sur les ondes pour nous expliquer la bonne température des chambres, le nombre de douches idoines pour rester propre.

Reconnaissons la cohérence des gratte-papiers subventionnés : la même presse n’avait pas bronché de voir le même pignouf pompeux expliquer comment aérer son logis en temps de pandémie. Alors, tout compte fait, que le président de la République fasse thermostat à 20 heures n’ébourriffe plus aucun journaleux.

Le constat mérite d’être répété : ce pays est foutu, et c’est notamment parce que le quatrième pouvoir s’est vautré dans la paresse et la lâcheté.


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  • Ce 4 ième pouvoir est fonctionnaire. Pourquoi ses contractuels se révolteraient- ils contre le meilleur patron de France (l’état) qui les paye pour un travail minimum et qui leur alloue une ristourne de 30% sur leurs impôts sur le revenu (remise en place par Hollande) ?
    Depuis Mitterrand, la France est un exemple de démocratie. Tout les présidents de la République se sont inspirés de ses méthodes pour gouverner.

    • @JR
      Bonsoir,
      « Depuis Mitterrand, la France est un exemple de démocratie. »
      Non. Depuis la Veme Constitution la France est une non-démocratie.

  • Tout est dit, merci H16 !

  • Je ne peux que signer en bas de la facture présentée par h16 (toujours aussi jouissif à lire au passage) et notamment sa dernière phrase, il ne faut plus rien attendre de ce pays, les dégâts sont trop profonds et irréversibles, nous pouvons juste essayer de contrecarrer le peu que nous pouvons et à notre échelle, l’effondrement à venir pour qu’il ne soit pas trop catastrophique. Quant à la vérité, elle est ailleurs mais surement pas dans les feuilles de choux subventionnées…

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  • « Quant à la vérité, elle est ailleurs »
    Tout à fait et peut-être dans les X-Files de Fox Mulder, ce qui nous laisse assez peu d’options: soit nous redressons la barre un grand coup mais cela semble impossible, soit les extraterrestres s’occupent de nous, soit en carbonisant la Terre pour nous éviter de souffrir plus longtemps, soit ils carbonisent tous les dirigeants corrompus et prennent le pouvoir à leur place! Espérer qu’il y ait dans l’univers quelqu’un qui veuille nous sauver et faire notre bonheur me parait tout simplement utopique! CPEF

  • On peut vivre 70 ans dans un pays où le quotidien de référence se nomme « La Vérité » (Pravda) et où chacun sait que son nom de guerre est « Le mensonge ». On peut vivre longtemps dans un pays où l’État et sa propagande vous mentent impunément.

    • Il y a au contraire une grande différence entre les pays de type soviétique où chacun sait que ce que raconte la presse n’a pas grand chose à voir avec la réalité des magasins et des usines d’Etat, et encore moins avec celle du monde derrière le mur, et les pays où la grande majorité est béatement satisfaite des injonctions et des reportages-trottoir prêts à penser, avec interview obligatoire d’une blanche, d’un noir et d’une gosse métisse sachant tous mieux manier l’indignation que la calculette, et repris matin midi et soir pendant 72 heures sur l’ensemble des chaînes, même celles qui ne sont pas du même groupe.
      De l’autre côté du rideau de fer, on savait faire la part des choses, du nôtre on n’en voit plus la nécessité.

  • Pour être un quatrième pouvoir il faut être dans l’opposition du gvt, quel qu’il soit, ce n’est plus le cas depuis longtemps. Qui possède la presse ? Les sponsors du gvt ou des gvts. Presse a gauche, donc du côté du pognon gratuit et du moindre effort.

  • Comme vous avez raison !
    J’ai écouté France Inter pendant 40 ans mais là, je n’y arrive plus : toujours les mêmes émissions écoresponsables, des journalistes bobo et fiers de l’être, des humoristes dont les cibles sont toujours les mêmes…
    Sur France 2, même les émissions de divertissement « dégueulent » de bien-pensance, comme celle animée par Nagui par exemple.
    En ce qui concerne les médias privés, ce n’est pas mieux puisque leurs patrons exercent le plus souvent dans le capitalisme de connivence et font même partie des délégations des voyages présidentiels.
    Cette presse, d’une immense médiocrité, nous a asséné pendant tout l’été que nous vivions la pire canicule de toute l’histoire alors que celle de 2003 fut largement plus redoutable, ce n’est pas une opinion mais un fait.
    Pour être honnête, seul CNEWS fait l’effort de donner la parole à des gens qui pensent différemment.

    12
    • @Jean-Paul
      Bonsoir,
      C’est en donnant la parole à des gens qui pensent différemment, que Cnews est maintenant classé dans le spectre d’extreme-droite. Comme tout ce qui pense différemment. J. Biden à qualifié les républicains pro Trump de « menaces pour la démocratie », Karine Jean-Pierre, sa porte-parole, les a qualifiés « d’extremistes ».

  • Un journaliste c’est soit une pute, soit un chômeur.

  • certes mais la presse n’ets pas un milieu fermé..
    à la rigueur la presse subventionnée..

    on va le répéter la chose qu’il faut dénoncer avant tout c’est les atteintes à la liberté d’exprtession par l’état…

    ce sont les chaines youtube et autres machins internet qui assurent le pluralisme;. c’ets le lieu du comabt pour la liberté d’ailleurs..
    qui se résume à créer sa plateforme!!!

  • Il y a plusieurs années que je ne regarde plus les « mainstream » je ne pouvais plus supporter, je vais chercher sur le net les Informations de TOUS BORDS . Ce qui  me rassure c’est que la majorité des jeunes font de même, patience, les gens de ma génération  clientèle traditionnelle de ces médias corrompus ne sera plus au rendez vous.

  • Le Monde a raison pour une fois: s’il faut abroger la constitution établie par Pinochet au Chili, il faut également abroger toutes les institutions et lois mises en place par Pétain :
    https://www.lepoint.fr/societe/ces-lois-que-vichy-nous-a-leguees-11-10-2012-1695073_23.php 5
    Et la ca va grincer des dents, et il y certainement d’autres lois dont on profite aujourd’hui sans rechigner, mais d’autres lecteurs plus érudits que moi ne vont pas tarder à les trouver

  • Statistiquement les revennus d’un journaleux proviennet d’un quart d’argent publique et pour plus de la moitié de capitaux de ceux qui possédent la presse et les médias, et financent la Pub qu’ils contiennent.
    Le Journaleux est statistiquement un Larbin servile !

  • Je note, à propos de l’article du Monde sur le Chili, que le libéralisme, c’est mal. La nouvelle constitution avait pour but de débarrasser le pays de ce fléau. Au moins l’article a le mérite de dire les choses clairement!

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