La Hongrie renforce ses liens gaziers et nucléaires avec la Russie

La Hongrie a donné son feu vert pour la construction de deux nouveaux réacteurs par Rosatom, l’entreprise russe spécialisée dans le secteur de l’énergie nucléaire.

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La Hongrie renforce ses liens gaziers et nucléaires avec la Russie

Publié le 2 septembre 2022
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Si les pays de l’Union européenne jouent la carte des sanctions avec la Russie, la Hongrie choisit de se rapprocher de Moscou dans le domaine énergétique. Au début de la semaine, le régulateur nucléaire hongrois a donné son feu vert pour la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires par Rosatom, l’entreprise d’État russe spécialisée dans le domaine de l’énergie nucléaire.

De plus, le ministre des Affaires étrangères hongrois Péter Szijjártó a annoncé mercredi que la Hongrie a signé avec Gazprom un contrat à long terme pour l’approvisionnement en gaz. Celui-ci devrait assurer au pays un flux accru de 700 millions de m³ de gaz, une décision qui intervient au même moment que la fin de livraison de gaz russe à l’entreprise française Engie.

Cette décision va totalement à contre-courant du reste de l’UE et montre les limites de l’unité européenne.

 

L’opposition continue de la Hongrie aux sanctions énergétiques

Ce traitement de faveur n’est pas surprenant. Il est le résultat d’une constante opposition du gouvernement hongrois aux sanctions vis-à-vis de la Russie en matière d’énergie. La Hongrie avait annoncé qu’elle allait payer son gaz en rouble, une condition que Moscou imposait après les sanctions.

Elle a aussi négocié une exemption de la part de l’UE sur l’embargo sur les importations de pétrole russe. Le transit de ce dernier a été arrêté en partie par l’Ukraine suite aux sanctions. Mais des routes alternatives sont désormais utilisées comme la Turquie (avec Turkstream), et la Serbie.

En août, le gouvernement hongrois a annoncé qu’il refuserait la moindre discussion sur de nouvelles sanctions énergétiques venant de l’UE. Le ministre des Affaires étrangères hongrois a déclaré : « les Hongrois n’ont pas à payer le prix de la guerre ».

Avec la coopération nucléaire et l’afflux accru de gaz décidé cette semaine, la Hongrie sort de plus en plus de l’ambiguïté. La crise énergétique est en train de pousser l’UE à la sobriété énergétique, mais la Hongrie choisit la carte de la coopération russe.

Cette politique s’explique en partie par la grande dépendance énergétique du pays envers la Russie. En Hongrie, 80 % du gaz et 65 % du pétrole proviennent de Russie, et la centrale nucléaire hongroise Paks est de construction soviétique. Les technologies restent entre les mains de la Russie. Et les hésitations des pays européens sur cette énergie n’ont pas aidé à développer une alternative européenne visant à remplacer Rosatom.

 

Un projet politique de distanciation de l’Occident et de non-alignement

La dimension économique est importante dans les affaires hongroises. Et la politique étrangère de Viktor Orban revêt des aspects assez mercantiles. Mais il y a aussi un projet politique derrière.

Son gouvernement est l’un des rares en Occident, voire le seul, à avoir effectué un voyage officiel à Moscou depuis le début du conflit. En juillet, le ministre Szijjarto avait rencontré son homologue Lavrov.

Ces derniers mois, Viktor Orban a critiqué à plusieurs reprises la stratégie occidentale contre la Russie et tout particulièrement les sanctions. Plus récemment, il a aussi déclaré que la guerre en Ukraine signait la fin de la domination de l’Occident, pointant l’absence de sanctions contre la Russie venant de nombreux pays non occidentaux.

Cette stratégie n’est pas sans faire penser à la politique étrangère actuelle turque : membre de l’OTAN, mais maintenant de fortes relations avec la Russie.

Faut-il y voir une volonté de quitter totalement le bloc occidental de la part de Budapest ? Rien n’est moins sûr, la Hongrie reste principalement dépendante de l’économie européenne (et principalement de l’Allemagne). Et malgré ses mesures énergétiques, la Hongrie sera affectée en cas de problèmes économiques dans le reste de l’UE.

Mais cette politique à contrecourant va créer des remous politiques en Europe, surtout lorsque va arriver l’hiver.

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  • Pour comprendre la position de la Hongrie, il faut garder à l’esprit ceci:
    – Orban est intelligent et pragmatique (qualité rares chez les politiciens modernes)
    – Un bout de la Hongrie historique fait actuellement partie de l’Ukraine
    – La Hongrie est géographiquement entre le futur bloc de l’est et le bloc de l’ouest.
    – La Russie va très probablement gagner la guerre.

    Sachant que quand le conflit touchera a sa fin, il faudra un pays « neutre »(au sens « la Russie n’est pas fâchée avec… » ) pour gérer les négociations et sauver ce qui reste des meubles… En se débrouillant bien, la Hongrie pourrait à la fois récupérer la sa partie Ukrainienne tout en devenant l’interface d’échange économique entre la Russie et l’Europe (en lieu et place de ce qu’aurait du être l’Ukraine en fait…).

    • Les prémisses sont bien hasardeuses … Orban intelligent je ne sais pas, pragmatique certainement, encore que …; Et un bout de la Pologne actuelle fait partie de l’Ukraine, un bout de la Carélie russe fait partie de la Finlande, un bout – Kaliningrad – anciennement Königsberg en Prusse-Orientale, fait partie de l’Allemagne historique, etc… etc … ; s’il s’agit de modifier les frontières issues de la 2eme guerre mondiale, il en en faudrait une troisième pour y parvenir … Quand à l’affirmation que la Russie va « très probablement gagner la guerre » c’est un voeu « pieux » dont il faut attendre qu’il se réalise; et d’abord de quelle guerre s’agit-il ? de l’opération spéciale de Poutine ou de la guerre contre l’Occident ?

      -2
  • Bien joué Orbán , qui ne tombe pas dans le piège du délire de l’union européenne, bravo à sa ténacité face à l’adversité lourde et le
    Complex de supériorité de l’EU, qui joue les sauveurs et qui va s’empêtrer de plus en plus !

  • Et tout ça avec l’argent de l’Europe. Au moins on sait où vont les impôts que nous donnons à l’Europe : soit en Russie, soit aux USA.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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