Dette covid : 8 conseils pour la rembourser

Rembourser la dette ne se fera pas y en affectant une recette et en impliquant une seule population, fut-elle celle des entreprises : c’est l’affaire de tous !

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Dette covid : 8 conseils pour la rembourser

Publié le 10 août 2022
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Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a suggéré que les impôts sur  les bénéfices des entreprises soient utilisés pour rembourser la dette covid du pays :

Les entreprises vont rendre ce qu’elles ont réussi à obtenir grâce à la protection de l’État[…] c’est une solution juste et efficace qui mérite en tout cas d’être étudiée.

J’avoue que le propos m’a laissé pantois mais que je l’ai mis sur le compte de la fatigue.

Par contre le ministre a été impeccable en réaffirmant fermement qu’une dette devait être remboursée.

Les paragraphes qui suivent visent à indiquer autant de pistes et réflexions fondées uniquement sur le bon sens et l’observation. Oublions pour un temps les discours des économistes en rappelant que Friedrich Hayek regrettait l’idée même d’un prix Nobel d’économie car selon lui cette science n’était pas assez établie pour en faire l’objet. Il craignait que ce prix donne trop de poids à ses récipiendaires.

 

1) L’exemple de l’Argentine

Le premier conseil que je donnerai est de communiquer sur ce qu’a été en 2004 la crise en Argentine, en citant les témoignages de ceux qui ont effectivement vécu dans leur chair cette effroyable période. Ceux qui ont travaillé dans des multinationales ont pu voir les choses de près à travers les filiales argentines.

Une fois la défiance sur la dette installée, il faut financer la perte de l’année et on ne peut pas en émettre de nouvelle pour assurer les remboursements. Le manque de cash est donc le double des calculs habituels.

Ce sont les fonctionnaires qui souffrent le plus. Ils pensent être protégés par leur statut, mais dans le cas d’une telle catastrophe cela ne tient absolument plus. Les baisses de salaires de la fonction publique sont allées jusqu’à 50 %. Les seuls qui ne subissent pas de pertes de revenus sont les militaires et les policiers.

Les dégâts sont épouvantables dans les hôpitaux à cause de la pénurie de médicaments.

Les retraités meurent au fond des campagnes car ils ne perçoivent plus leurs pensions.

Le secteur privé se débrouille tant bien que mal en ayant recours au troc.

Il serait très utile que chaque Français, et en particulier chaque fonctionnaire ait ces faits à l’esprit pour bien comprendre qu’il ne faut pas laisser la situation déraper. Tout le monde est concerné, absolument tout le monde.

 

2) Abandonner l’idée de l’impôt sur la fortune

Que les riches payent ! Un certain nombre de militants parés du titre d’économiste instrumentalisent la crise pour pousser leurs pions.

L’ISF sur les parts de société ce sont trois milliards d’euros, et il faut 300 milliards. Le compte n’y est pas…. Les dégâts de l’ISF ont été mal mesurés parce que c’est un poison lent qui se diffuse dans l’économie. Force est cependant de constater que lorsqu’il a été supprimé par le Président Macron, l’exil fiscal a cessé, ce qui a expliqué une partie de la reprise économique avant la crise. Le bon sens commande de ne pas rouvrir ce dossier.

 

3) Le remboursement de la dette

Il ne peut être que l’effet d’un excédent budgétaire global issu de la conjugaison du retour de la croissance et de la diminution des dépenses publiques. Le retour de la croissance ne sera pas suffisant puisque même durant les bonnes années le budget était largement en déficit. Les deux sont indispensables.

 

4) Le dérapage des dépenses publiques

La première dérive est celle des dépenses sociales. Les Français partent beaucoup trop tôt à la retraite (séquelles de la décision de Mitterrand en 1983). Il faut faire comme nos voisins européens et partir au plus tôt à 67 ans.

La deuxième dérive est celle autour de l’emploi et de la préférence affichée à l’époque de Jospin pour un chômage bien rémunéré. À la même époque, les Allemands disaient : « il vaut mieux un job pas tout à fait satisfaisant que l’horreur du chômage même bien payé à la maison ». Trop nombreux sont ceux qui n’ont pas intérêt à travailler car ils perdent le bénéfice de leurs aides en cas de retour à l’emploi.

Le dernier gisement d’économies est évidemment la décentralisation qui a débouché sur la création d’un millefeuilles régional très coûteux. Un bon coup de balai est nécessaire en s’inspirant de ce qu’ont fait les pays voisins dont la décentralisation est beaucoup plus efficace.

 

5) Vendre des actifs

C’est une solution à envisager. L’État français en est propriétaire pour 1100 milliards. C’est largement plus que les 300 milliards de la dette. On nous expliquera qu’il est très difficile de vendre les actifs de l’État… Sans aller jusqu’à la vente de la Joconde, il est tout de même possible de taper dans cette cagnotte de 1100 milliards.

 

6) Revoir la fiscalité sur les donations

C’est le levier le plus puissant pour mettre des liquidités dans l’économie en direction des jeunes, ce qui a été fait récemment en Suède. Avec l’allongement de la durée de vie ce sont les retraités qui héritent aujourd’hui. Il faut donc absolument permettre les donations de son vivant au profit des enfants, petits-enfants, voire arrières petits-enfants. Par exemple la nue-propriété de son logement permettrait d’appuyer de petits prêts suffisants pour passer la dure période actuelle.

Dans les pays très égalitaires comme la France, la réponse sera que cela ne profite qu’aux riches… encore une idée contre laquelle lutter. Car si une partie de la population parvient à régler elle-même ses problèmes, l’effort de l’État sera moindre et il pourra se consacrer à ceux qui sont vraiment démunis.

 

7) Favoriser fiscalement les donations aux fondations

Elles sont des parties prenantes très importantes de l’économie. La France compte 17 millions de bénévoles, 4000 fondations pour 24 milliards d’euros d’activité. Les Français sont très généreux et la force de frappe des fondations est très importante. Elles peuvent s’approprier des activités relevant aujourd’hui de la sphère publique : social, éducatif, culturel, artistique et sportif et lui permettre ainsi de s’alléger d’autant.

 

8)Proposer l’actionnariat salarié

C’est une façon très élégante de résoudre le problème de la retraite en y introduisant la capitalisation, ce que nous nous sommes interdits alors que la bourse a été multipliée par 15 depuis la décision de Mitterrand. La haute fonction publique dispose de la Préfon, il faut l’étendre et placer l’argent… pourquoi pas dans le CAC40.

 

Conclusion

Rembourser la dette ne se fera pas en y affectant une seule recette et en impliquant une seule population, fut-elle celle des entreprises. Il faut un panel de mesures coordonnées dans un plan d’ensemble.

C’est l’affaire de tous, y compris et peut-être en premier ressort de la fonction publique et des décideurs de la sphère sociale.

 

Un article publié initialement le 31 mars 2021.

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  • Le bon sens est assurément ce qui manque le plus à nos politiques. Peu de chances que ces conseils soient écoutés. Je parie que l’ISF va revenir par la grande porte et que la fiscalité sur les successions soit renforcée, soit l’exact contraire de ce que propose M. Fontanet

  • Est-ce que le chômage partiel ou une contribution équivalente a été envisagé dans les trois secteurs publics ce qui représente une contribution incontournable

  • Vente des actifs : effectivement une solution mais inopérante si il n’y a pas un changement profond de mentalité qui l’accompagne. Il s’agit d’un fusil à un coup. Un exemple à ne pas suivre : https://www.contrepoints.org/2014/01/17/153555-le-pillage-de-lor-des-belges-par-le-bras-arme-de-letat

  • Ouais que ceux ayant reçu une aide la rembourse. Et puis, suppression des congés et passage aux 40 h, tout le monde même a la. Sncf.
    Ça ne sert à rien d’appauvrir la population il faut la faire travailler plus.

    • Oui, il faut travailler plus: retour aux 40h et retraite repoussée à 67 ans. Et l’Etat doit réduire ses dépenses pour retrouver des budgets excédentaires.

    • Il ne faut pas « la faire » travailler plus, mais laisser ceux qui auront choisi de travailler plus gagner beaucoup plus. L’âge de la retraite, en particulier, doit être assoupli avec des systèmes à la carte.

  • L’exemple de l’Argentine devrait faire réfléchir.
    Comment un pays a pu passer du cinquième rang mondial en PIB/hab, au 70 ème, des années 50/60 à 2000?
    Et sa soluce pour « ne pas payer ses créanciers » devrait inciter certains à plus de réflexion.

  • « La haute fonction publique dispose de la Préfon »: non, c’est toute la fonction publique qui y a droit. Et « fut-elle » s’écrit « fût-elle », dans ce cas.

    • La Préfon est un des plus mauvais exemples de capitalisation qui soit, elle n’attire que parce que les non-fonctionnaires n’y ont pas droit, et certainement pas par ses performances. Un bon système de capitalisation doit être investi dans la création de richesses, et garanti d’une manière ou de l’autre contre l’avidité du fisc. Ce sont les deux seuls critères : ne considérer dans la gestion que les chances de plus-values, et être capable de tenir tête aux gouvernants et à Bercy.

      • L’auteur est d’ailleurs sans doute trop modeste pour donner le calcul en exemple, mais je serais curieux de savoir de combien d’actions Essilor disposerait une personne qui depuis 1980 en aurait acheté chaque année pour 1% du smic, en franchise d’impôts et dividendes réinvestis…

  • Cette article indique une solution possible pour aboutir aux réformes nécessaires : Le défaut. Comme l’indique la description des conséquences du défaut de l’Argentine : Baisse du coût des fonctionnaires (hors régalien) de 50%. Réduction drastiques des dépenses sociales (exemple du non paiement des retraites).

  • Je souscris à toutes les solutions de M. Fontanet sauf une: placer l’argent de la capitalisation dans le CAC 40. En effet, dans le CAC 40, il y a plus de la moitié des entreprises qui couchent avec l’état (capitalisme de connivence). Charles Gave avait démontré que, si vous ne gardiez du CAC 40 que les 15 ou 16 entreprises qui n’ont rien à voir avec l’état, sur une trentaine d’années, vous gagniez deux à trois fois plus que le CAC lui-même, plombé qu’il est par l’état et ses affiliés.
    Investissez, oui, mais pas dans le socialisme, qui ne marche jamais!

    Par ailleurs, il oublie une mesure qui serait des plus efficaces: supprimer tous les impôts de production, ceux qu’on paye avant d’avoir fair le moindre euro de bénéfice brut. Différentiel avec l’Allemagne: 60 milliards. Par an! Remettez 60 milliards d’investissement dans les entreprises, divisez par 10 le code du travail et par 3 les réglementations inutiles ou absurdes et la France repart comme une flèche, tant les entreprises françaises traînent toutes un énorme boulet au pied.

    • Le jour où une boite où le fonds de capitalisation a suffisamment grossi pour entrer au CAC 40, le fonds retirerait ses billes ? Il faut permettre aux boites de grossir, vivre et prospérer sans coucher avec l’état, pas les punir en se cantonnant à celles qui restent petites.

  • Pa assez rompu aux arcanes de l’économie nationale, mais deux petits constats; l’état depuis belle lurette à vendu ou plutôt brader à leurs copains et affidés une partie du patrimoine national, cf les autoroutes par exemple, et deuxièmes les policiers et les militaires font partie des fonctionnaires est à ce titre ont leur calcul de paye calculer sur un indice du point. et si pour les militaires et les flics ils n’ont pas perdus d’argent c’est tout simplement que ce gouvernement ont acheté une paix sociales, car on a vu avec quel zèles les flics ont matraqués les gilets jaunes . les macronistes vous pouvez moinssez sans vergogne. merci

  • Les français s’imaginent que ne pas rembourser la dette n’est pas grave. Ils sont adeptes des yaka faucon.
    Ils ne connaissent pas l’histoire de l’Argentine. Pas grave, ils vont la découvrir grandeur nature

  • « 5) Vendre des actifs
    C’est une solution à envisager. L’État français en est propriétaire pour 1100 milliards. C’est largement plus que les 300 milliards de la dette. »
    Euh, je ne voudrais pas dire, mais la dette (et encore sans compter les engagements « hors bilan » c’est plutot 2500 milliards!
    Cela ne change pas véritablement l’analyse mais confirme plutot qu’il faut agir et vite! La baisse des dépenses étant la seule réelle solution.

    • Le terme exact serait plutôt rationalisation des dépenses. Construire des prisons serait plutôt vertueux, des centres culturels ou LGBT n’est pas l’affaire de l’Etat. Et surtout cesser d’offrir des chèques à certains au seul motif qu’ils n’ont rien gagné par eux-mêmes.

  • Je n’ai pas compris le point 7 :
    Si l’état se retire de certains champs d’action, arrête de verser des allocations et par conséquent réduit l’impôt, alors les Français doivent pouvoir choisir individuellement s’ils ont envie ou non de financer une association.
    Si l’état remplace le financement d’une action par le financement d’une association qui effectue cette action, quelle différence ? D’autant plus que le bénévolat n’est pas un gage d’efficacité, au même titre que la fonction publique.
    D’ailleurs, les Français ne sont pas particulièrement généreux en réalité…

    • En deux mots : liberté de choix et Responsabilité.
      Les français ne sont pas généreux en effet, ils sont solidaires.

      • Forcer d’être solidaire…pardon, l’habitude de m’y soustraire lorsque j’y suis obligé et de l’être uniquement lorsque je le décide car dans la solidarité ce qui compte c’est l’échange avec l’autre, et cela devient généreux.

    • L’entraide veut dire quelque chose pour une grande majorité de Français d’un certain âge. Chez les jeunes, c’est moins fréquent mais c’est loin d’être un défaut garanti pour durer. Ca peut changer du jour au lendemain avec un retour au sens de la valeur des choses.

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