Ces bombes qui vont exploser : les entreprises zombies

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Ces bombes qui vont exploser : les entreprises zombies

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 juillet 2022
- A +

Dans cette période difficile que nous traversons, une dizaine de bombes à retardement nous menacent à plus ou moins brève échéance. Je les traiterai individuellement dans de prochains articles.

L’une d’entre elles va prochainement éclater qui, malheureusement, ne fait pas la Une des médias. Il s’agit des entreprises dites zombies, celles qui ne sont pas ou plus viables, mais surtout celles qui ont artificiellement été maintenues la tête hors de l’eau avec le « quoiqu’il en coûte » mis en place à l’occasion du covid.

 

Une anomalie lors du covid

La moyenne des défaillances d’entreprise de 2016 à 2019 se situait juste en dessous de 60 000 par an pour chuter à 32 184 en 2020, ce qui est tout à fait anormal.

La raison en est très simple : le « quoiqu’il en coûte » mis en place par Emmanuel Macron et surtout les consignes données à l’URSSAF, grand responsable des dépôts de bilan, d’interrompre toute procédure de liquidation pendant cette période a faussé complètement les statistiques.

Nous allons donc prochainement assister à un rattrapage qui risque d’être explosif puisqu’il va cumuler les défaillances classiques à celles qui, de par l’intervention de l’État, vont finalement survenir, surtout suite à la période que nous venons de vivre qui en accentuera le nombre.

 

Des prévisions pas réjouissantes

Un article de Philippine Robert dans L’express du 16 juin est éloquent :

Sous le titre « Entreprise zombies : Menace sur la France » :

« En fonction des études, la fourchette de celles qui sont qualifiées de zombies est extrêmement large. L’OCDE n’en pointe que 2 % dans l’Hexagone. Mais selon la Banque de France, leur part grimpe à 7,5 % et ce sont majoritairement des petites structures. La Coface, elle, les estime à près de 5 % du total des entreprises. Tout comme France stratégie, qui souligne qu’il y aurait plus de zombies au sein des entreprises de taille intermédiaire. Enfin pour la banque des règlements internationaux, dont l’échantillon porte sur les sociétés cotées, la France en camouflerait 16 %. »

Même avec le scénario le plus optimiste une catastrophe s’annonce. En effet la France compte 3,82 millions d’entreprises dont 287 grandes entreprises qui emploient 3,9 millions de salariés et 3,67 millions de micro-entreprises qui emploient 2,4 millions de salariés. Le reste étant le fait des PME au nombre approximatif de 150 000.

 

Étudions les quatre scenarios

Scénario bas OCDE

2 % qualifiées de zombies, soit tout de même 76 400 avec de un à quelques milliers de salariés. Le total des salariés étant en France de 22 450 000, on serait proche des 450 000 emplois supprimés.

Scénario COFACE

5 % du total des entreprises, c’est-à-dire 191 000 entreprises, soit 1 125 000 emplois supprimés.

Scénario Banque de France

7,5 % soit 286 500 entreprises représentant 1 350 000 emplois supprimés catégorie A. Sachant que ce sont elles qui disposent des meilleurs statistiques on peut estimer que ce chiffre est celui qui se rapproche le plus de la réalité.

Scénario BRI

16 % des sociétés cotées : pour cette catégorie, il est difficile à évaluer mais ce serait sans doute des plans sociaux de grande envergure.

 

Retour à la normale

Tout d’abord, l’URSSAF va commencer à réclamer les cotisations reportées pour cause de covid, même si un nouvel échéancier est en cours d’examen… À ce jour 41 % des indépendants n’ont pas été en mesure de les assumer.

Ensuite, à ce jour 28 % des entreprises ayant eu recours aux prêts garantis par l’État ont des problèmes de trésorerie importants ou critiques. (source www.affiches-parisienne.com endettement des entreprises).

Tout ceci sans compter l’inflation galopante qui va immanquablement se répercuter sur les taux d’intérêts.

Cette gigantesque bombe à retardement va faire s’envoler le chômage en France avec 1 350 000 chômeurs supplémentaires, soit 54 %. Le pays reviendra alors à un taux de chômage approchant les 12 % !

Et ce n’est pas fini.

Les défaillances d’entreprises en difficulté entraînent mécaniquement avec elles d’autres entreprises plus saines qui devront assumer les impayés de ces faillites. Et comme elles seront les dernières sur la liste il est à craindre qu’elles ne revoient jamais leur argent.

 

Conclusion

Encore une fois les entreprises françaises surtaxées sans réserves de trésorerie suffisantes auront énormément de difficultés à s’en sortir, d’autant plus que d’autres mauvais signes s’accumulent avec la guerre en Ukraine et ses conséquences sur le prix de l’énergie et des matières premières.

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  • « surtout les consignes données à l’URSSAF, grand responsable des dépôts de bilan, »
    Tiens, ça me rappelle l’époque où, gérant d’une petite société, et suite au règlement tardif de gros clients ( à l’époque, avant l’an 2000, les délais que s’accordaient ces clients variaient de 90 à 120 jours, voire à perte de vue…..!) j’avais eu quelques difficultés de trésorerie pour régler les cotisations URSSAF. Ayant demandé un délai ( si possible sans les pénalités de retard de 10% qui n’auraient pas arrangé nos affaires), la grognasse de l’URSSAF m’a suggéré une solution radicale: « Si vous ne pouvez pas payer, vous n’avez qu’à déposer le bilan »!!!!
    Inutile de préciser que je lui ai demandé qui allait payer son salaire si toutes les entreprises suivaient son judicieux conseil!
    Apparemment, rien de changé aujourd’hui!

    • Notre leader Maximo a déclaré pourtant que « l’URSSAF » était notre amie !
      Encore une bonne raison de rire très jaune…
      Au début de mon installation j’ai posé dans la boite au lettre le 15 au soir, à 17 heures, soit après la fermeture des bureaux, mon chèque de « cotisation ».
      Résultat : « on » m’a réclamé 10% pour ne pas avoir réglé AVANT le 15 ! Donc rendez-vous avec le préposé sur place qui m’a dit de demander (avec forces génuflexion mentales d’auto-culpabilisation: je suis un misérable capitaliste…mais je vais me soigner en versant beaucoup de sous à la société ), de DEMANDER la FAVEUR d’être exonéré des 10%.
      Ce fut fait mais quelle utilité de tout cela ? Quelle perte de temps et d’énergie (voire le sacrifice d’une pose café pour le préposé ?)
      Il y en a une : que je comprenne bien que dans les rapports avec eux je serai irrémédiablement et à jamais le pot de terre contre le pot de fer !

  • Et le gouvernement qui nous annonce fièrement que grâce à lui, le chômage n’a jamais été aussi bas qu’avec lui… Je plains le président suivant qui se prendra de plein fouet l’un de ces scenarios… Et le pire, ça sera sa faute s’il est de droite (ou trop à droite)… 😐

  • Les commentaires sont fermés.

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