Des eurobonds pour l’Ukraine = encore plus d’impôts pour rien

La commission européenne a déclaré vouloir emprunter pour reconstruire l’Ukraine. Il serait temps de se souvenir que la dette n’est que de l’impôt ou de l’inflation en devenir.

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EU budget debate ahead of crucial summit - with Ursula von der Leyen (European Commission) By: European Parliament - CC BY 2.0

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Des eurobonds pour l’Ukraine = encore plus d’impôts pour rien

Publié le 21 mai 2022
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« La Commission européenne envisage un nouvel emprunt pour reconstruire l’Ukraine, dévastée par bientôt trois mois de guerre. » indique TF1 info qui précise « une éventuelle levée de fonds suscite toutefois des réticences dans les pays du nord de l’Union. »

Après 750 milliards d’euros de dette commune émise pour le plan européen de relance post-covid, Bruxelles se sent pousser des ailes et propose maintenant d’aider à la reconstruction de l’Ukraine.

Signalons à tout hasard à Bruxelles que l’Ukraine est encore en démolition, aucun armistice n’étant en vue. Mais passons sur ce détail…

TF1 poursuit :

L’instrument financier, appelé « RebuildUkraine », permettrait alors d’accorder à Kiev des prêts et des subventions, mais aussi des investissements, conditionnés à des réformes en matière d’État de droit et de lutte contre la corruption, ou encore sur le numérique et le climat.

L’Ukraine est un pays corrompu qui ne fait pas partie de l’Union européenne. En réalité, cet État est probablement encore plus corrompu que la Russie. Rappelons qu’avant la guerre, avec des ressources naturelles comparables à celles de la Russie, la richesse par habitant y était deux fois moindre. Depuis la chute du rideau de fer l’Ukraine, tout comme la Russie, ont été incapables de développer une économie diversifiée à valeur ajoutée. La nomenklatura, rapidement transformée en oligarchie prédatrice, s’est instantanément approprié les outils de production du monde communiste, qui appartenant « au peuple » n’appartenaient à personne.

Supposons que l’Ukraine sorte du conflit en restant un pays souverain. Qui sont les eurocrates de Bruxelles pour statuer sur le bien-fondé de réformes d’un État souverain ou l’engager dans ses propres lubies numériques et climatiques ?

 

Une « expérience » qui promet d’être calamiteuse

« La Commission précise que le plan s’appuierait sur « l’expérience acquise » pendant la crise du Covid-19, dont le plan de relance européenne a été financé par un endettement commun de 750 milliards d’euros. »

N’en déplaise à la Commission, « l’expérience » des eurobonds est seulement en cours d’acquisition. Elle ne sera définitivement « acquise » que lorsque lesdits emprunts auront été remboursés. Remboursés en euro ayant encore un pouvoir d’achat décent. Et ce n’est pas ce qui semble se profiler.

Jusqu’à présent l’expérience du plan de relance débouche sur une accélération de la hausse des prix de la vie courante dans l’eurozone, une inflation que la Banque centrale européenne ne met aucun empressement à combattre. Et pour cause : les finances publiques de beaucoup de pays de l’eurozone sont incapables de supporter des taux normaux, Italie et France en tête.

L’inertie de la Banque centrale européenne à lutter contre l’inflation conduit à une dévaluation de fait de l’euro face au dollar. C’est bien embêtant car pétrole, gaz, phosphate, blé, cuivre, zinc, plomb… se payent en dollars. La chute de l’euro contribue à emballer l’inflation.

Dans le vaste monde, beaucoup commencent à percevoir que si un euro ou un dollar se créent facilement, un baril ou un quintal de blé ne sortent pas de terre par magie. Il semble bien qu’une crise monétaire majeure se profile avec des dévaluations en cascade comme je l’explique dans mon livre Du sumérien au bitcoin : dettes et crise monétaire. Trop de dettes ont déjà été émises et elles dépassent les capacités de remboursement d’une génération. On n’a jamais vu une génération accepter de payer les dettes de la précédente.

 

La dette n’est que de l’impôt en devenir et il y en a déjà trop

La charité, c’est bien. Avec l’argent des autres, cela s’appelle solidarité. Toutefois, la solidarité a elle aussi un prix. Comme l’ont bien compris les pays dits frugaux de l’Union européenne, le déficit et la dette sont des impôts en devenir. Les impôts sont recouvrés par la force publique et constituent une atteinte à la propriété. Il n’est légitime que s’ils ont été votés. L’inflation est l’impôt des gouvernements corrompus et endettés, impôt arraché sans consultation du peuple.

La Commission européenne semble désormais vouloir se comporter comme une instance souveraine et sort de son rôle. De surcroît, elle souhaite faire de l’ingérence.

Espérons que les pays frugaux arriveront à mâter les ambitions de fédéralisme forcé des instances bruxelloises (ambition maquillée à la moraline de la solidarité internationale).

Il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, père des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle. Frédéric Bastiat, La Loi

Que des commissaires bruxellois aient envie de participer à la reconstruction de l’Ukraine, choisissent d’y engager leur propre épargne n’a rien de choquant ou répréhensible. Qu’ils dépensent l’argent que des contribuables européens n’ont pas encore gagné dans ce but est en revanche choquant.

Ces donneurs de leçons en matière d’État de droit oublient qu’en s’arrogeant le pouvoir d’émettre des eurobonds, ils émettent des impôts futurs sans avoir le moindre du monde consulté les contribuables ou être mandatés pour cela. Ils violent ainsi de fait la règle sacrée des démocraties : « pas de taxation sans représentation ».

Ils n’ont pas été élus pour taxer. Ils sont nommés pour être « gardiens des traités » pas pour les outrepasser ou faire de l’ingérence en matière de politique étrangère. La crise monétaire vers laquelle ils nous emmènent balaiera leur arrogance.

Voir les commentaires (11)

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  • Mais qui va souscrire ? Ne faudrait-il pas militer pour que seules les souscriptions expressément volontaires soient possibles ?

    • alors là, pas de problème, Macron sera le premier a engager la France 😉
      avec notre argent tout est possible!

  • Mais, y a pas plus urgent à faire que de bombarder des milliards dans ce pays plus que corrompu après l’avoir abreuvé d’armes et de conseillers militaires ?

  • L’UE est toujours de plus en plus détestable. Des idées hors sol. Vivement que le portrait d’Ursula soit remisé. Son apparition est signe de mauvaise augure!

  • Normalement c’est aux casseurs de réparer les dégâts.

  • Les nouveaux emprunts russes ❓

  • Analyse parfaitement juste. Merci, Madame Wapler.

  • Si on peut légitimement critiquer la commission européenne, l idée d aider à la reconstruction de l Ukraine est tout a fait recevable.
    Apres 1989, l UE a très largement facilité l adhésion des pays de l’est puis via les fonds structurels leur transition vers une économie de marché.
    C est aussi l action des américains pour la reconstruction de l europe de l ouest via le plan Marshall dans les années 50.
    Cette manière de faire de l UE, un bouc emissaire de tous nos problèmes est une paresse intellectuelle qui évite de mettre le doigt sur nos propres erreurs……

    • tout a fait. Madame Wapler voit uniquement le petit bout de la lorgnette et a une mentalite de boutiquiere. Une Ukraine en reconstruction va booster l economie de l UE (comme l europe de l ouest en 45 pour les USA). Et une fois remise a niveau, elle peut tout a fait etre une locomitive de l UE (regardez la pologne). On peut donc legitimement considerer que c est un investissement (en tout cas bien meilleur que de distribuer des primes a la vache en corse)

      Et de toute facon nous n avons pas le choix. Si nous ne faisons rien, nous aurons a notre frontiere un etat ruiné dont la population pour vivre aura 2 solutions : s expatrier ou se lancer dans des activites criminelles.

      PS: l ukraine est certes un pays corrompu mais je crois qu on est mal placé pour donner des lecon en France ayant eut Chirac et Sarkozy (pour citer 2 de nos presidents qui devraient etre derriere les barreaux si la justice fonctionnait)

      -1
    • On parle ici tout de même d’investir des sommes faramineuses dont on ne dispose pas du tout, en prenant explicitement exemple sur la remarquable gestion du Covid par l’UE. En quoi est-elle remarquable, à part pour un système de crédit social en gestation à base de QR-codes où tout le monde est légalement tenu de contrôler tout le monde tout le temps ?
      Ceci alimente une inflation record qui appauvrit considérablement les populations européennes.
      Et pourtant les maisons, usines, champs, routes ukrainiennes ne seront pas reconstruites avec des billets, même des tombereaux de billets dévalués, mais avec des gens de bonne volonté et des matériaux…

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