Présidentielle 2022 : plusieurs nuances de communisme

Rares sont les pays de la communauté européenne dans lesquels on trouve un candidat qui se réclame du Parti communiste.

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2019-09-14 - Fête de l'Humanité-28 by Parti socialiste (Creative Commons CC BY-NC-ND 2.0)

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Présidentielle 2022 : plusieurs nuances de communisme

Publié le 14 février 2022
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Rares sont les pays de la communauté européenne dans lesquels on trouve un candidat qui se réclame du Parti communiste. Encore plus rares sont ceux où plusieurs candidats communistes s’affrontent lors d’une présidentielle ! Les échecs des expériences collectivistes qui ont violemment émaillé l’Histoire ont tout de même fini par marquer les esprits.

Sauf peut-être en France où les leçons du passé n’ont toujours pas été tirées : dans notre pays, véritable musée des traditions marxistes, plusieurs candidats à la présidentielle arborent un programme fondamentalement étatiste.

Que le candidat officiel du PCF Fabien Roussel ose déplorer qu’une partie des électeurs « s’est égarée dans le vote extrême » (sic), sous-entendu d’extrême droite (RTL 23/01/22) ne doit pas faire illusion. C’est bien connu, il n’existe d’extrême que dans le camp d’en face, puisque la sémantique de gauche domine de la tête et des épaules le discours politique français.

Mais balayons ce Yalta linguistique et que voyons-nous ? La France, ô stupeur, est le royaume des extrémistes et des dirigistes de gauche. Ils ont pignon sur rue, ils font partie du paysage. Ils sont heureusement moins nombreux qu’en 2017. Mais ils sont encore légion. Qu’on en juge :

Fabien Roussel le candidat officiel du PCF

Dans un précédent article, la troisième marche du podium des candidats les plus anti-libéraux était raflée sans difficulté par Roussel. Depuis, ses propositions se sont étoffées. Ainsi qu’on peut le constater sur le site de l’iFRAP qui les détaille une par une, il s’agit de mesures radicalement collectivistes.

À l’exception de sa préférence pour le nucléaire et la défense de la Nation, qui distingue Roussel des autres extrémistes de gauche, ce qui lui vaut les critiques de ces derniers, on retrouve les mêmes archétypes communistes que sont le racket des riches et des entreprises, l’aplanissement dirigiste des inégalités sociales, la destruction des outils de la reproduction de la classe dominante, et l’accroissement des dépenses d’un État toujours plus envahissant et omnipotent.

Tout cela bien sûr dans un déni du monde économique concurrentiel moderne qui laisse pantois. Voici quelques échantillons parmi les plus emblématiques :

– rétablir l’Impôt sur la fortune, puis le tripler ;

– doubler l’impôt sur les bénéfices des multinationales ;

– suspendre tous les plans sociaux et les licenciements en cours pour lancer un moratoire et mettre en place des solutions alternatives, avec l’obligation qu’elles ne donnent lieu, ni à des suppressions d’effectifs, ni à la baisse du prétendu « coût du travail » ; annulation des licenciements, notamment en cas de distribution de dividendes ;

– passer la semaine de travail à 32 heures sans diminution de salaire ;

– revenir aux nationalisations d’entreprises, « un investissement sur le long terme » : engager une réappropriation publique et sociale de la SNCF, d’EDF, d’Engie, de la Poste et de France Telecom ;

– augmenter le SMIC de 20 %, à 1800 euros brut ;

– recruter 90 000 enseignants qui recevront une formation de niveau bac+5 ; augmenter les salaires de 30 % et dégeler le point d’indice.

– établir à 1200 euros net le minimum du montant de la pension de retraite et rétablissement de la demi-part des veuves et des veufs ;

– rétablir la retraite à 60 ans à taux plein : elle atteindra 75 % du revenu net d’activité dans le secteur public comme dans le secteur privé. Dans le privé, le calcul s’effectuera sur la base des 10 meilleures années de salaires avec les primes. Pour les agents du public, il existera un droit d’option la plus favorable entre les 10 meilleures années de salaires avec les primes ou les 6 derniers mois de traitement indiciaire ;

– mettre fin à ParcourSup ; supprimer la sélection à l’entrée de l’université et en construire quatre ; passer le budget de l’enseignement supérieur de 14 à 20 milliards d’euros et recruter 10 000 enseignants-chercheurs ;

– rétablir l’ENA ;

– créer 500 000 emplois dans la fonction publique et les services publics ; cesser la précarisation des personnels (actuellement un million de non titulaires) ;

Fabien Roussel n’est pas le seul candidat communiste

Que certains médias positionnent Roussel « tout à gauche de l’échiquier politique » (Huffpost 24/01/22) confirme leur incapacité à investiguer au-delà des étiquettes.

Car la concurrence est rude à gauche. Parmi les postulants étatistes et liberticides, Roussel n’est certainement pas le plus dangereux. Les nostalgiques du communisme ont l’embarras du choix :

Jean-Luc Mélenchon

Il propose un programme encore plus radical. Voici un extrait des mesures les plus liberticides et collectivistes qu’il annonce :

– bloquer les prix des produits de première nécessité, encadrer les prix alimentaires ;

– rétablir et renforcer l’impôt de solidarité sur la fortune ;

– augmenter les droits de succession sur les gros patrimoines et créer un héritage maximum pour les fortunes les plus importantes ;

– encadrer les loyers partout sur le territoire ;

– réquisitionner les logements vides et les remettre sur le marché ;

– rétablir la retraite à 60 ans ;

– renationaliser la SNCF, refuser la libéralisation et la mise en concurrence du transport ferroviaire ;

– nationaliser les autoroutes et les aéroports stratégiques ;

– interdire les licenciements boursiers et le versement de dividendes dans les entreprises ayant recours à des licenciements économiques ;

– faire voter une loi d’amnistie pour les syndicalistes, militants écologistes, associatifs et les Gilets jaunes qui ont été condamnés pour leur participation à la vie publique ;

– réserver la taxe d’apprentissage aux établissements publics et interdire la délivrance de diplômes professionnels privés ;

– instaurer une taxe kilométrique aux frontières de la France pour dissuader les délocalisations et l’importation de produits trop éloignés ;

– mettre fin à la cotation continue des entreprises en bourse ;

– interdire les fermes-usines ;

– garantir des recrutements qui reflètent la diversité sociologique de la société dans les concours de la fonction publique ;

Anne Hidalgo

Ne nous laissons pas berner par le flegme apparent de la maire de Paris. Sous couvert d’écologie et de protection sociale, son programme est d’un dirigisme rare :

– diminuer la vitesse sur les autoroutes de 130 à 110 km/h ;

– abroger Parcoursup ; porter à 60 % d’une classe d’âge le nombre de diplômés du supérieur ;

– généraliser l’encadrement des loyers, afin que les Français ne paient pas plus d’un tiers de leurs revenus pour se loger ;

– inciter les entreprises qui le souhaitent à avancer vers la réduction du temps de travail sans modifier la durée légale actuelle de 35 heures ;

– contraindre les entreprises de plus de 1000 salariés à avoir 50 % d’administrateurs salariés dans les conseils d’administration et de surveillance, ainsi que dans les comités qui en procèdent. Cette part sera de 33 % dans les entreprises de moins de 1000 salariés ;

– mettre en place un ISF afin de mettre à contribution les plus fortunés pour financer la transition énergétique. Les placements liés aux énergies fossiles seront surtaxés ;

– faire payer à chacun l’impôt en fonction de ses moyens en mettant fin au chantage à l’évasion fiscale ;

– sortir rapidement du nucléaire ;

Christiane Taubira

Il est encore trop tôt pour juger. Mais les quelques mesures rendues publiques donnent un avant-goût qui ne laisse aucun doute :

– application de la carte scolaire à l’école privée ;

– refonte des conditions d’installation et d’exercice des médecins, avec une obligation de résultat ;

– négociation sur les salaires et suppression d’avantages pour les entreprises en cas d’échec ;

– créer un impôt sur l’extrême richesse qui concernera les patrimoines supérieurs à 10 millions d’euros et permettra de dégager plus de 10 milliards de recettes nouvelles ;

– créer une dotation pour l’autonomie des jeunes garantissant à chacun 800 euros mensuels pendant cinq ans ;

La France, conservatoire des illusions marxistes

Bien sûr, l’offre politique s’est passablement améliorée en comparaison de la précédente présidentielle. Le réalisme économique et sécuritaire semble s’être enfin invité dans les débats et les programmes des candidats.

Mais tout de même, rares sont les pays qui comportent encore un tel vivier de politiciens prêts à s’attaquer aux libertés individuelles et à accroître les pouvoirs d’un État dont toutes les comparaisons internationales démontrent combien il est omniprésent et à l’origine même du puissant déclin social qui est le nôtre depuis une quarantaine d’années !

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  • « condamnés pour leur participation à la vie publique » ah?

  • bon….

    si ils disaient aux gens…attention…vous ne serez pas moins pauvres qu’aujourd’hui.. l’idée c’est que tout le monde soit en gros aussi pauvre..

    en conséquence ceux qui se plaignent de ne pas gagner « assez »… risque d’être déçus..

    c’est le parti de ceux qui se plaignent de gagner moins que d’autres..

    • Pas du tout, c’est le parti qui se plaint que certains se gavent, baignent dans le luxe, polluent, pendant que d’autres créent la richesse et vivent dans la merde.

  • Le socialo-communisme est un cancer.

  • Je trouve le programme de Roussel plutôt soft. Tout ce qu’il propose a déjà été fait, assez proche du programme du PS avec un style Mitterrand. Il ne parle même pas de blocage de prix ni d’expropriation… Mélenchon si, avec un soupçon de nationalisme, donc plutôt national socialiste. Hidalgo a plutôt fusionné avec les verts, je trouve son programme moins de gauche, je lui dis attention, avec l’argent des taxes il vaut mieux payer ses électeurs que des éoliennes.
    Bref, Taubira à gauche de Macron (la gamelle est à ta droite!), Hidalgo en mode suicide, Roussel gauche de l’ex PS, et Mélenchon extrême de gauche et de droite.

    • On ne peut être socialiste et économiste. Les mesures économiques proposées dans les programmes communistes appauvriront le pays, appauvriront les plus pauvres.

      • Ah mais c’est tout l’art du socialisme voyons! Grâce socialisme, vous perdez votre travail (ou encore plus discret vous n’en trouvez pas), mais vous êtes aidés par de l’argent qui tombe du ciel. Comme le second se voit contrairement au premier, vous vous appauvrissez tout en étant convaincu qu’on vous aide….

  • Il est à mes yeux horripilant, scandaleux, ignoble, aberrant (biffer mentions inutiles) de constater qu’en 2022 un pays comme la France qui se dit démocratique ose encore tolérer un parti qui a amené partout où il est passé des catastrophes sociales, humaines et dont l’idéologie est responsable de plus de 100 millions de morts. N’oublions pas qu’il n’y a eu dans l’histoire que trois régimes totalitaires avec exterminations de masse : le nazisme avec Hitler et le communisme avec Staline auxquels on peut ajouter un 3ème régime avec celui de Xi Jinping totalitaire communiste. Et on ose encore ne pas interdire ce parti. Vous pouvez être certains que si vous dites ça à Mr Roussel, il vous jurera le béret sur le cœur que son communisme à lui n’est pas stalinien, maoïste ou chinois…

    • Non en effet et il aura raison. Il ne faut pas confondre le communisme et le stalinisme. Vous croyez réellement que Roussel ferait passer la France en pays totalitaire ? Macron l’a fait sans Roussel et Jadot ferait pire…

    • Le parti communiste a été dans le camp des vainqueurs en 1945. Et a fait illusion encore une bonne trentaine d’années après. Voilà pourquoi il n’est pas interdit.
      Il n’empêche. Son programme actuel est bien évidemment une hérésie économique, et s’il était appliqué, ne manquerait pas de déboucher sur une société liberticide, le goulag en moins. Car même dans le nord de la France, le climat reste tempéré.
      Roussel plaît, parce qu’il représente une gauche historique, qui a disparu dans tous les autres partis de gauche : sociale, laïque, universaliste et ayant foi dans le progrès technique et la croissance.
      De ce point de vue, Mélenchon est pire (islamo-gauchisme, écologisme, personnalité borderline). Hidalgo est une planche pourrie (une girouette a plus d’inertie). Par chance, Hollande a déjà tué le PS.
      Le PC va donc prendre sa revanche : chez les Liliputiens de gauche, il émergera d’une bonne tête.
      Pour ceux qui veulent renouer avec le programme commun de 1981, avec des chances de l’emporter, il ne reste plus que le vote Le Pen.

    • Ben… Est-ce que votre capitalisme à vous c’est celui du commerce triangulaire ? De la colonisation ? De la destruction de la planète et de ceux qui l’habitent ?

  • Depuis l’abolition de l’Ancien Régime, on s’est efforcé d’imprimer dans l’esprit du citoyen que tout le monde né riche, et que s’il y a des pauvres, c’est que d’autres malfaisants ont volé leur part. Avec un tel succès que Marx a dû penser que ce système était donc propice à la France qui est, en effet, encore la seule à s’alimenter aux idées communistes.

    • Ben… Le fait est que certains naissent très riches, d’autres naissent endettés.
      Et oui, ceux qui se vautrent dans le luxe le font bien au détriment de ceux qui galèrent et créent la richesse.

  • Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais je trouve que l’on comprend rapidement la substance de vos propos, très tôt dans le texte avec : « Tout cela bien sûr dans un déni du monde économique concurrentiel moderne qui laisse pantois. »
    Pour ma part, je vois toute une population dans un déni du fait que le climat s’effondre et avec lui le monde du vivant, que la misère s’accroît partout.
    Vous pensez qu’on peut continuer avec le tout technologique, s’acheter des SUV électriques, voyager en jet, bouffer des animaux à longueur de journée. Votre monde est dépassé, nous mène à la ruine tous ensemble.
    Faut tout changer, arrêter d’accepter l’inacceptable.

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