Tests covid : une ruée symptomatique de nos peurs

La frénésie en matière des tests covid est révélatrice de la panique générale et de l’absence de stratégie de la part du gouvernement.

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State Public Health Laboratory in Exton Tests for COVID-19 BY Governor Tom Wolf (CC BY 2.0)

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Tests covid : une ruée symptomatique de nos peurs

Publié le 15 janvier 2022
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En France on teste aujourd’hui à tout-va. Le ministre de la Santé annonce que la barre des 12 millions de tests hebdomadaires serait très prochainement atteinte, un record dont se félicite son administration. Depuis le début de l’épidémie, six milliards d’euros d’argent public ont déjà été consacrés à ce poste de dépense qui fait la fortune des laboratoires, mais dont on peut se demander à quoi il sert exactement.

Ces chiffres sont à la mesure de la trouille intense qui s’est emparée de la société française, une sainte trouille alimentée par les médias qui diffusent complaisamment les données anxiogènes livrées quotidiennement par les responsables de la santé publique : le taux de positivité franchit la barre des 20 %, le nombre de contaminations explose avec 368 149 cas confirmés le 11 janvier, il y a eu 347 entrées en soins critique le même jour, le taux d’incidence a progressé de 63,07 % entre le 1 et le 8 janvier et atteint un niveau record, et cela dans un pays dont 91,29 % de la population majeure est vaccinée…

On s’affolerait pour moins que cela si on ne prenait pas aussi en compte le nombre des décès à l’hôpital qui semble être comme déconnecté du nombre de cas recensés : 204 par jour en moyenne le 11 janvier, soit une baisse de 8 % par rapport à la semaine précédente (contre plus de 1100 en avril 2020). Il faut aussi se demander qui meurt.

Pour l’essentiel il s’agit de personnes âgées, de personnes obèses et de diabétiques. Mais les autres succombent très peu. En dépit de cela toute la France a peur et tous les Français indistinctement sont poussés au télétravail, à l’auto-confinement, à l’enfermement, et à la méfiance envers tout ce qui hier encore constituait la trame de la vie en société.

 

L’erreur originelle

L’épidémie est certes complexe à gérer mais comment en sommes-nous arrivés là ?

L’erreur originelle est très probablement de ne pas avoir dès le départ ciblé les populations à risque, celles qui risquent de développer des formes graves de la maladie.

Ce refus opposé dès le départ à la prise de mesures sélectives est une décision arrêtée au sein d’un tout petit comité, comme c’est l’usage dans notre système politique hyper centralisé. À ce tropisme très bien mis en lumière par le diagnostic d’Alain Peyrefitte sur Le Mal français se sont combinées d’autres tendances lourdes de notre société. Son penchant égalitariste incite à traiter tout le monde de la même façon, quelques que soient les caractéristiques souvent très différentes de chacun (« one size fits all » comme disent les économistes).

La peur de stigmatiser a de même certainement joué dans un pays où un nombre considérable de citoyens se sentent facilement discriminés et où la grossophobie est presqu’un délit. À cela s’ajoutent à l’évidence des arrière-pensées politiques. Il ne faut surtout pas contrarier cette partie du corps électoral qui se rend aux urnes plus fréquemment que les autres et détient les clefs du suffrage. En surplomb pèse lourdement le principe de précaution qui incite l’administration à ne prendre aucun risque, et la population à avoir peur de tout.

 

Le dogme du tout vaccinal

C’est cette décision fondatrice qui pousse aujourd’hui à tester à tout-va et à empiler des règles aussi changeantes que difficiles à appliquer à l’école, à l’université comme dans les entreprises. Mais à quoi sert ce testing massif et cette prolifération des normes de contrôle social ? Avant tout à asseoir la politique du tout vaccinal qui est devenue un dogme.

Or pourquoi faudrait-il vacciner tous les enfants qui pour la plupart sont asymptomatiques ou simplement enrhumés et traiter de même l’ensemble de la population des moins de 50 ans qui très majoritairement n’est pas à risque ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité qu’il est établi que le fait d’être vacciné n’empêche pas de transmettre le Sars-Cov-2.

 

Une stratégie à repenser

Aujourd’hui manifestement le variant delta est en bout de course, relevé par omicron nettement plus contagieux mais beaucoup moins nocif. On bascule donc vers un autre type d’épidémie qu’il faut envisager de traiter de la même manière que celle employée pour traiter la grippe depuis des décennies.

Le temps des mesures massives qui mettent en difficulté toute la population et surtout les plus jeunes doit s’achever. L’enjeu est de retrouver un équilibre perdu entre protection collective, exagérément prise en compte, et liberté individuelle gravement compromise.

Outre le maintien de mesures ciblées sur les populations à risque, la priorité devrait être de soigner le système hospitalier qui souffre de toutes sortes de pénuries et de restructurer la médecine de ville dont les carences surchargent les services d’urgence sommés d’accomplir les tâches que les praticiens libéraux n’assurent plus. Les six milliards d’euros partis plus ou moins en fumée pour tester aurait pu utilement y contribuer.

 

Un début d’éclaircie

En France l’épidémie écrase encore tout. Mais au Royaume-Uni on observe une embellie avec une baisse significative des cas. En Espagne se manifeste déjà une forte envie de tourner la page. On y cherche de nouvelles manières d’évaluer et de surveiller la pandémie. À la fin de la vague actuelle le gouvernement envisage de la rétrograder en maladie endémique et de la traiter comme on traite la grippe saisonnière.

On doit accepter l’idée qu’on ne la vaincra pas totalement et qu’il faut apprendre à vivre avec elle comme on le fait pour bien d’autres pathologies. Dans un contexte où 50 % des Européens ont été en contact avec le virus, l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) et l’OMS émettent de premiers signaux en faveur de ce changement de paradigme.

Il est donc temps de s’y préparer avant que notre économie surendettée, notre société congestionnée et notre démocratie fragilisée ne subissent des dégâts irréversibles.

Voir les commentaires (16)

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  • Ce jugement est le plus remarquable, le plus complet et le plus exact que j’ai pu voir exprimé depuis deux ans.
    Félicitations ! Vous avez mon soutien, mon approbation, et mon admiration !
    Qui sont vos partisans, vos soutiens ? Je veux en faire partie !!!

    – peur panique généralisée injustifiée (maladie faible, ne concernant que les fragiles)
    – égalitarisme forcené (incapacité à distinguer des catégories de population, à soigner ou à laisser tranquile)
    – incapacité de mener les vraies politiques (restructuration du système de santé)

    Tout est dit ! Encore une fois, bravo !

  • « dans un contexte où 50% des Européens ont été en contact avec le virus »
    N’importe quoi.

    -1
  • Il était un fois un vieux médicament que sanofi a fait interdire en vente libre avant la venue de l’extraterrestre virus… Le reste n’est que du cinéma, un film catastrophe avec ces traîtres, ces héros et des pillards.

  • le testage/ isolement..est une stratégie possible pour ralentir, voire « tuer une épidémie ».. ébola..mais pas dans tous les cas..au départ .. quand le nombre de cas est faible. quand le virus n’est pas nonplus excessivement contagieux..
    le monde doit continuer de tourner..
    le testage méthodique..et doncn on volontaire est aussi un outil de connaissance de l’épidémie.

    douteux avec les ancien variant..sans doute illusoire avec le omicron..

    on a des ensieignements..si on attend 15 jours..on est débordé..
    la question est doit on agir?.. tout court..
    on avait des raisons et celles ci ne sont pas réfutées par les observations en France que omicron ne met pas les hôpitaux à terre…SAUF..si on s’amuse à isoler les gens positifs.
    Le piège de l’arrogance..le piège de la prétention de détenir un savoir illusoire et que une stratégie de précaution maximale systématique est toujours adéquate rend un changement de doctrine incompréhensible..

    rassurer quand on a créer un terme spécifique pour suggérer que tout propos rassurant est suspect d’approche idéologique.. »rassuriste » ,.qui sonne comme complotiste,, c’est à dire que les propos rassurant comme la croyance en un complot..est un choix idéologique avec un but politique.. un mensonge avec un intention cachée..

    c’est certain que si on attend le pic pour oser tenir des propos rassurants.. on va avoir peur de toutes les épidémies futures..

    la prochaine gastro sera elle un gastro mutante??? ce n’est pas IMPOSSIBLE alors l faut agir ..

    peur obligatoire en effet…

    on répété la même chose..

    on teste ..quand le moment de tester est dépassé..

  • Notre société, notre démocratie a déjà subi des dommages irréparables. C’était en germe dans la constitution de 46, la maladie s’étend, la seule façon de la stopper est de débrancher le patient.
    Soit vous souhaitez voir comment ça va se passer (historiquement mal, dans un premier temps du moins), soit vous préférerez voir cela à distance.

  • Le bal des Nez Rouges qui nous gouvernent et qui fabriquent l’opinion devient lassant. Buisson n’est qu’un « amateur » avec ses minables 240000 Euros.

  • Imaginez que le gouvernement prenne la décision de ne cibler que les personnes à risque maintenant alors qu’à l’époque, ceux qui proposaient cette solution étaient traité de complotistes et fachos.
    Impossible…

  • Message à contrepoints : combien d’argent vous faut il pour avoir une modération performante à moins de 6 h ?

  • Bonjour,
    vous avez souvent raison, mais je ne peux que m’interroger sur le fait que vous proposiez l’incompétence comme explication à notre tour de vis social actuel. Je pense que ça ressemble à tout sauf une « non-stratégie ». La chose, lorsque l’on prend du recul, est tout à fait ordonnée : vendre et toujours faire peur pour inciter à l’achat. L’angle de vue concernant le projet économique mondial prend aussi tout son sens. Si ça n’est pas une stratégie, qu’est-ce donc !? Des gens sont prêts à tuer pour quelques dizaines de milliers d’euros, voire moins, il est tout à fait raisonnable de penser que certains sont prêts à faire sensiblement la même chose pour des milliards. Non? Pourquoi seraient-ils différents des autres ?
    Cordialement

    • vendre.. quoi d’aillerus??? ils refusaient les masques en grande surface et rationnaient le gel hydroalcoolique !! vous savez le vilain marché….ça ne me suffit donc pas … et ce serait une stratégie sinon vous pouviez apporter la preuve de corruption claire.. d’un intérêt direct à la vente de test sou de vaccins..

      • Je ne parlais pas de micro-économie, mais de macro. Je ne suis pas idiot, s’il n’y a pas de gel, il n’y a pas, au pire, les prix montent. Je pensais plutôt à des stratégies d’ordre internationale comme le great reset par exemple. Lorsque vous prenez cette lecture, les choses deviennent plus cohérentes, en tout cas pour moi. Plus sérieuses qu’une soi-disant incompétence.

  • Ce virus pour l’énorme majorité est sans risque, on le sait depuis le Diamond Princess début 2020. Je dis ça mais je suis biaisé sans doute, l’ayant choppé deux fois malgré deux doses de vaccin entre temps, et pourtant je suis en surpoids, j’ai près de 50 ans, et… Je n’ai même pas eu de fièvre, mal à la gorge, de la myalgie, une semaine ou deux et puis c’est tout.
    On teste maintenant quand ça ne sert plus à rien (il est partout ce virus, l’éviter est désormais un fantasme) mais on n’a pas testé au tout début. On impose le masque maintenant (alors qu’on sait désormais que ça ne sert que très peu, en intérieur, et pas du tout en extérieur) quand on n’était pas sûr, au début, il fallait le laisser porter.
    On ne soigne (et encore que vaguement) seulement une fois les symptômes graves et la santé menacée, on devrait prendre les choses au plus tôt…

    C’est bien à l’image de notre société, on laisse pourrir la tentation totalitaire, et il faudra « arroser l’arbre de la liberté avec le sang des tyrans » parce qu’on aura trop attendu…

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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