L’erreur des Républicains : oublier l’économie

Les Républicains commettent une importante erreur en ne mettant pas plus en avant l’économie et les réformes.

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Valérie Pécresse (Crédits : Marie-Lan Nguyen, licence CC BY 3.0), via Wikipédia.

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L’erreur des Républicains : oublier l’économie

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 13 janvier 2022
- A +

La campagne de Valérie Pécresse semble piétiner, après que sa victoire au congrès des Républicains a fait remonter sa cote. Mais celle-ci est depuis un peu retombée, elle est maintenant au coude-à-coude avec Marine Le Pen et Éric Zemmour.

Il est évident que la candidature d’Éric Ciotti a été un catalyseur pour LR et les a encouragés à un programme davantage axé sur la sécurité.

Mais il manque à cette campagne une autre priorité : l’économie.

Les choix étranges de LR

Pour des raisons qui restent obscures LR a tout fait pour écarter la candidature à la primaire du seul candidat qui représentait les entrepreneurs, je veux parler de Denis Payre.

Il n’aurait pas passé le deuxième tour, mais comme Éric Ciotti avec le régalien, il aurait enflammé le débat sur le sujet de l’économie, domaine le plus fragile du pays. Les véritables problèmes auraient alors émergé dès le premier tour.

Je rappelle que pour mener une politique sociale, sécuritaire et régalienne digne de ce nom il faut de l’argent. Or le pays n’en dispose pas. Son niveau d’endettement colossal et irresponsable interdit d’y avoir encore recours. Pour sauver le pays il ne reste que l’entreprise, la seule créatrice de richesse.

Le choix de Christian Jacob a occulté le débat.

Denis Payre chez Les Experts

Ceux qui la connaissent savent que l’émission Les Experts animée par Nicolas Doze sur BFM Business est l’un des rares moments de télévision où les sujets économiques sont abordés.

Denis Payre et Dany Lang, membre de l’association des Économistes atterrés, étaient invités à celle du 4 janvier 2022. Denis Payre a abordé la situation économique du pays et l’urgence de mener des réformes drastiques afin de ne pas assister à notre inéluctable effondrement.

Selon lui, une réforme ambitieuse de l’État est un préalable incontournable : diminution des dépenses de l’État de l’ordre de 140 milliards d’euros, suppression de 600 000 postes de fonctionnaires inutiles, voire néfastes.

Il prévoit également l’effondrement de notre service public si rien n’est fait rapidement, malgré les sommes considérables englouties en pure perte chaque année, rappelant au passage qu’en 1975, la France occupait la sixième place mondiale pour la création de richesse par habitant pour finir aujourd’hui à la 26e place.

La perte d’emplois dans les secteurs industriel et agricole n’est pas une fatalité. Le pays pourrait revenir au niveau de ses concurrents européens à condition de prendre les bonnes décisions et ainsi voir la balance commerciale repasser dans le vert de près de -100 milliards (prévision 2022) à +100, voir +150 milliards assez rapidement.

L’impératif de remettre l’économie en tête des priorités

En période électorale ou lors de graves crises nos hommes politiques nous informent de leurs priorités : sécurité, santé, emploi, éducation, défense, culture, institutions, écologie, services publics etc.

Quand tout devient prioritaire, plus rien ne l’est.

La seule priorité absolue n’a été évoquée que dans le programme de Fillon en 2017 : le redressement économique du pays.

C’est pourtant la principale priorité, celle qui rendra possibles toutes les autres car le nerf de la guerre c’est l’argent.

Sans argent aucune réforme concrète n’est possible, il ne s’agit alors que de promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, faites par des politiques qui savent très bien qu’elles ne servent qu’à leur élection ou réélection et qu’au mieux ils pourront les réaliser à doses homéopathiques, ce que Macron a bien démontré.

Voici quarante années que la France s’enfonce irrémédiablement dans la médiocrité faute d’avoir engagé les dizaines de réformes promises et jamais menées.

Alors oui, le seul objectif préalable, et donc réellement prioritaire, est notre capacité économique à créer de la richesse.

L’entreprise, seule créatrice de richesse

Pour l’État et donc pour ses réformes, l’argent peut s’obtenir de trois façons :

Taxes et impôts

Ils sont indispensables mais ces prélèvement dits obligatoires ont leur limite, soit 30 % du PIB pour un État dit libéral, et maximum 40 % pour un État dit social-démocrate. Au-delà il s’agit d’une dérive contreproductive démontrée par la courbe dite de Laffer ou plus communément par la formule « trop d’impôt tue l’impôt ».

À 47,5 % du PIB en 2020 les prélèvements atteignent une limite dangereuse pour l’économie.

Endettement

Nous avons déjà dépassé largement la limite sur laquelle nous nous étions engagés auprès de l’Europe, lors de la création de la monnaie unique, au risque de la fragiliser.

À bientôt 120 % du PIB contre un engagement à 60 %, il ne reste plus aucune marge de manœuvre, d’autant plus que l’inflation arrivant, le remboursement des intérêts va devenir problématique.

Aucun accroissement de la dette ne sera possible sans mettre en danger l’existence même de l’Europe.

Réforme 

Elle doit être drastique et urgente et reste donc la seule voie. Il faut engager enfin une lutte contre le gaspillage monstrueux actuel des deniers de l’État, afin de dégager une trésorerie que j’estime d’au moins 150 milliards.

Un tiers de cette somme devra être affecté au remboursement de la dette, et le reste consacré à l’allègement des taxes grevant la compétitivité des entreprises principalement industrielles. En retrouvant leur place initiale de 25 % du PIB (contre 10 % en 2021), elles engendreront autant sinon davantage de rentrées fiscales.

Un cercle vertueux s’enclenchera, le chômage s’alignera sur celui de nos voisins, et le coût pour les finances du pays diminuera considérablement.

LR doit revoir ses priorités

Si les Républicains veulent occuper un espace entre le président Macron et la droite souverainiste de Éric Zemmour ou Marine Le Pen, ils doivent proposer un projet de transformation radicale du pays et ainsi ouvrir pour la France la voie du retour dans le peloton de tête des nations industrielles.

C’est une réforme incontournable en préalable à toutes les autres.

Ce sera un beau défi qui enrichira la France et les Français, de nouveau crédibles auprès des autres pays européens, ouvrant ainsi la porte à une Europe forte qui sera alors confirmée comme puissance équivalente à la Chine et les États-Unis.

L’Italie de Mario Draghi procède actuellement à ces réformes, la France ne peut plus y échapper.

Seul ce choix permettra de passer le premier tour, étape indispensable pour affronter le président sortant et donc avoir une chance de remporter l’élection.

Alors, Mme Pécresse, mettez l’accent là où vous avez fait vos preuves dans la gestion de votre région, remettez l’économie au premier plan de votre campagne.

 

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  • vous croyez que les LR sont stupides ?
    bien sur que non !
    S ils ne parlent pas d economie c est qu ils savent que ca va pas leur rapporter des voix mais leur en couter…
    Sans compter les proposition demagogique de Pecresse (porposer d augmenter les salaire de 10 % en basculant une cotisation sociale des salaires sur la part patronal -> augmenter le cout du travail a la melanchon !)

    L auteur ici parle d economie mais se limite au gaspillage. C est sur qu il y en a mais pour 150 milliards ?
    ET croit il qu il va recuperer 100 % du gaspillage sasn rien depenser (aka il faudra bien des controleurs et payer ceux ci)

    Si on veut reellement baisser les depenses, il faut tailler energiquement sur les principaux postes de depenses. 2 postes representent 50 % des depenses : le paiment des pensions et les soins medicaux. Par contre je reconnais que c est suicidaire electoralement, surtout chez les LR qui ont un electorat agé 8c est pas pour rien que Fillon avait abandonné sa proposition sur la secu)

    -2
    • Privatiser l’éducation nationale, supprimer toutes les « aides aux entreprises », ne pas toucher (au début) au montant des « aides sociales » et autres redistribution (donc les soins et la retraite) mais rassembler et simplifier au maximum tout ça…
      Et puis, mais là aussi ça sera très impopulaire au début, avant de devenir très populaire : supprimer le statut de la fonction publique et transformer les contrats de fonctionnaires en CDD pour la plupart, en CDI pour les fonctions régaliennes…
      Avec ça il y a « un pognon de dingue » à économiser, mais aussi une impopularité de fou auprès des médias et des fonctionnaires de gauche (pléonasme). Donc il faut aussi exploser le système médiatique, le « privatiser » pour de bon (interdiction de verser des subventions, d’entretenir des relations, d’acheter de la presse ou autre aux administrations et autres élus… ) Ce qui ne pourra être fait qu’en rendant les mandats électifs non reconductibles, non cumulables… uniques. Sinon les politiciens ont trop intérêt à être « copains » avec les journalistes.

      Bref, pas grand chose mais qui ressemblerait à une révolution complète, en fait !

      • Deja l EN c est 9.5 % des depenses. Il faudrait peut etre regarder les 90 % autres 😉
        Ensuite privatiser l EN en soit ne fait en soit aucune economie, juste un deplacement des couts
        -les familles avec enfants vont devoir payer pour leur ecole
        – a moins de les fusiller, les profs vont pointer au chomage (bon certains vont se recycler mais si on veut que ca coute moins cher, il y restera forcement sur le carreau)

        Privatiser l EN peut avoir des effets positifs (par ex freiner la natalité si vous pensez ne pas etre capable de payer les etudes de vos enfants) mais ca reste incertain (soit parce que l abandon de l EN sera compensé par des bons aux parents pour payer l ecole soit tout simplement car certains vont se contenter d une formation au rabais pour leurs enfants et que 20 ans apres on aura une generation d anaphabete)

        PS: meme si je pense qu il faudrait dynamiter France tele les economies a en attendre son ridicule vis a vis du budget de l etat.
        Une fois encore, une vraie politique de reduction des depenses doit s attaquer aux postes de depenses les plus importants : pensions et soins medicaux. Sinon c est au mieux du cosmetique au pire des mensonges

        -2
  • La réponse est simple mais elle n’est pas suffisante pour remplir un édito. Les votants UMP sont majoritairement les retraités. Et les boomers français sont particulièrement abjects : on peut séquestrer la population active 8 mois, imposer le passeport intérieur, ils s’en foutent, ils le plébiscitent. Mais annoncez que vous allez baisser les retraites de 5 euros et ils se mettront à hurler comme si on leur avait coupé le bras. Les retraités sont une classe sociale : ils votent tous pour le parti des retraites et uniquement ce parti.

    • Et toujours les mesures stupides consistant à baisser les pensions des « boomers » comme ils disent!
      L’idée de commencer par réformer le financement des retraites en passant à la capitalisation ne vous vient même pas à l’esprit! Et vous vous prétendez libéraux?
      Doit-on vous rappeler une fois de plus que les « boomers retraités » comme vous les appelez, sont des travailleurs qui n’ont pas eu d’autre choix que de cotiser à la Sécu OBLIGATOIRE et que cette obligation leur a ouvert des DROITS ( souvent bien maigres vu que les calculs de la Sécu sont une pure chaine de PONZI). Peu importe pour qui ils votent, d’autant que croire aux promesses des candidats politiques, c’est comme croire au Père Noël!
      Un vrai candidat libéral aurait déjà à son programme une réforme de ce système, bien difficile je l’admets dans notre pays collectiviste soviétoïde!

      • si vous passez a la capitalisation, c est carrement 0 de pension pour les retraités actuels (ou alors vous avez rien compris a la retraite par repartition).

        Quant au droits bien maigres, je suppose que vous plaisantez. les retraités actuels touchent bien plus que ce qu ils ont payés (a l epoque ils payaient pour peu de gens qui partaient a 65 ans et avaientle bon gout demourrir avant 70). Maintenant vous avez des gens qui sont parti avant 60, vont vivre 30 ans et qui reclament toujours plus alors que leur generation a ruiné le pays

        • Il est facile de passer à une part significative de capitalisation : il suffit de permettre de payer ses impôts, notamment sur les plus-values, par l’abandon d’une part équivalente (en rente viagère) de ses droits à la retraite par répartition.

          • Je précise : un ménage français dispose après 60 ans d’un patrimoine moyen de l’ordre de 300k€, dont en fait plus de 100 finiront dans la poche du fisc et du système social par un biais ou un autre. Mettez en place un dispositif permettant d’acheter l’exonération fiscale totale de ces 300k€, de leurs revenus et de leurs plus-values latentes et futures par l’abandon de 100k€ en valeur actuelle de droits à retraite par répartition, vous verrez à la fois diminuer la charge du paiement des retraites par répartition et les détenteurs augmenter la valeur et la productivité de leur patrimoine.

            • C’est effectivement une méthode qui pourrait porter assez rapidement des fruits. Et qui en donnant la possibilité aux générations montantes d’hériter d’avantage réduirait aussi leur attachement à cette « répartition » qui est nuisible à tous mais que tout le monde ou presque craint d’abandonner.

            • 100 k€ ca fait 1000 €/mois pendant 8 ans. Les retraités actuels vivant au moins 20 ans c est largement insuffisant comme mesure.

              -1
              • Le patrimoine étant productif sans limitation de durée, l’espérance de vie n’a pas de pertinence dans l’affaire. Si vous faites le calcul, faites le complètement, par classe d’âge et tranche de richesse, et avec les coefficients corrects de transformation en rente viagère. Et même si c’était insuffisant, ce serait au moins quelque chose. Sans parler des effets collatéraux.

  • Que LR avance masqué pour éviter de perdre des voix pour cause de libéralisme raisonnable, inaudible dans ce pays collectiviste qu’est la France alors que les partis de gauche d’autres pays européens n’ont pas les mêmes dégouts de vierges effarouchées.
    Tant que la Liberté ne retrouvera pas dans les actes sa priorité sur l’Egalité (égalitarisme), nous resterons un pays décadent. Peu importe que les paroles soient alors en contradiction. Bérégovoy par ex l’avait compris.

    • LR est au libéralisme ce que Pol Pot était à la santé publique.
      Le peuple des sans-dents est beaucoup plus libéral (sans le savoir) et beaucoup moins étatiste qu’il se murmure ici. Il se rend bien compte qu’il se fait piller et maltraiter et il a tenté plusieurs fois de voter « à droite », mais la droite l’a trahi en rajoutant des doses de socialisme.
      Ce peuple n’a ni représentation, ni voix dans les médias.

  • Il ne faut surtout pas attendre de propositions audacieuses de la part d’un parti qui a voté pour le passe sanitaire puis pour le passe vaccinal.
    Soit on est libéral et on défend la liberté, soit on ne l’est pas et on se contente de petits calculs d’arrière boutique.
    Valérie Pécresse est certainement moins antipathique que Macron, ce qui n’est pas difficile, mais les deux s’accordent sur de nombreux points.
    Il n’est pas difficile de prévoir que le 10 avril prochain à 20H02, elle appellera à voter Macron au 2ème tour pour empêcher les « fascistes » d’arriver au pouvoir.

    -1
    • Le 10 avril à 20h02, la question sera déjà non pas d’appeler à voter pour un président, mais d’obtenir une majorité à l’Assemblée.

  • Les commentaires sont fermés.

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