Sciences Po : une nomination de directeur révélatrice du mal français

La nomination d’un énarque n’ayant pas d’expérience de recherche académique à la tête de Sciences po Paris est révélatrice du mal français.

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Sciences Po : une nomination de directeur révélatrice du mal français

Publié le 18 novembre 2021
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Par Michel Albouy et Alain-Charles Martinet1.

Traduction, trahison, c’est bien connu. Ainsi va la version française du Guépard !

Sciences Po Paris en a enfin terminé avec son long processus de nomination de son directeur. Il s’agit, sans grande surprise, de l’énarque Mathias Vicherat, 43 ans, issu de la même promotion que le président de la République Emmanuel Macron.

Le prestigieux institut avait été fortement secoué en 2020 par l’enquête pour viols et agressions sexuelles visant le constitutionnaliste Olivier Duhamel.

 

Retour sur la nomination du directeur de Sciences Po Paris

Sur le papier le processus de recrutement est transparent :

La procédure de désignation est établie par le décret n° 2016-24 du 18 janvier 2016 relatif à l’Institut d’études politiques de Paris (article 6) et les statuts annexés au décret n° 2015-1829 portant approbation des statuts de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP).

Elle se déroule en quatre étapes :

  1. Le conseil d’administration de la FNSP et le conseil de l’Institut d’études politiques de Paris mettent en place une commission de proposition.
  2. Un appel à candidatures est publié au Journal Officiel.
  3. Les deux conseils auditionnent le ou les candidat(es) et candidat(s) sélectionné(s).
  4. Lorsque les deux conseils parviennent à un vote concordant, la nomination fait l’objet d’un décret du Président de la République et d’un arrêté du ministre de l’Enseignement supérieur.

 

Vingt-trois candidats se sont présentés, seulement huit ont été invités à passer l’oral devant la commission de proposition, dont 6 dotés d’une expérience substantielle de direction dans l’enseignement supérieur et trois finalistes ont été sélectionnés.

Mathias Vicherat était le seul des trois candidats finalistes à présenter un profil non universitaire. En phase finale, il ne restait que trois candidatures contre les 23 au départ. Et in fine, c’est un candidat totalement étranger à la recherche et l’enseignement supérieur qui a été choisi.

 

Une nomination qui en dit long sur la reproduction française des dirigeants

L’Institut d’études politiques de Paris est le creuset de l’élite administrative et politique française.

Il suffit pour s’en convaincre de voir le nombre de dirigeants et d’administrateurs de grandes sociétés qui en sont diplômés ainsi que celui des hauts fonctionnaires, sans parler des présidents de la République française qui en sont issus.

En nommant l’énarque Mathias Vicherat, les deux conseils du prestigieux Institut ont envoyé un message très clair : inutile de maîtriser le processus de production pour diriger une organisation. Le carnet d’adresses est beaucoup plus important. À cet égard, le directeur nommé n’est pas en reste comme ses deux prédécesseurs Richard Descoings (1996-2012) et Frédéric Mion (2012-2021) : l’ENA reste un sésame dans notre République.

Le parcours professionnel du directeur nommé est typique des hauts fonctionnaires issus de l’ENA : après un passage dans l’administration préfectorale, il a travaillé à la mairie de Paris dans les équipes de Bertrand Delanoë et d’Anne Hidalgo, avant de passer à la SNCF et enfin chez Danone. On le dit également proche de personnalités de gauche.

C’est fort de ce parcours que le comité de sélection a choisi Mathias Vichera. Certains mettront bien évidemment la richesse et la diversité de ses expériences professionnelles, d’autres verront dans cette nomination la preuve que l’IEP de Paris se rapproche des entreprises et pas n’importe lesquelles : Danone, la célèbre entreprise à mission. Enfin, pour les élèves, cette nomination les conforte dans les marqueurs de la réussite à la française : l’important, ce n’est pas la recherche et le savoir, mais bien plutôt le réseau qui fera la différence.

Remarquons que l’heureux élu avait été nommé directeur général adjoint à la SNCF sans aucun antécédent en entreprise : ce qui est plafond de verre pour les uns (cadres supérieurs et ingénieurs) devient plancher bien porteur pour d’autres, permettant de rebondir rapidement chez Danone. Notons aussi que ces expériences dans le secteur privé qui ne manquent pas d’émerveiller certains commentateurs ne portent que sur les relations publiques et la communication.

Même si une étudiante déclare qu’elle ne voit pas le rapport entre l’enseignement supérieur et les yaourts, un autre élève, ravi de cette nomination, déclare :

J’avais l’impression que c’était lui le plus apte à prendre cette responsabilité, parce que son CV est parfait. Il a l’air de s’intéresser à pas mal de choses. Il semble moderne. Il a même écrit un mémoire sur le rap ! Chez Danone, avec la gestion des déchets, il a essayé de changer les choses. Je crois qu’à Sciences Po aussi il peut faire évoluer certains sujets.

Alors que les grandes écoles de management (HEC, ESSEC, ESCP, etc.) nomment à leur tête des professeurs de sciences de gestion ayant publié, enseigné et administré établissements ou programmes académiques, l’Institut d’études politiques de Paris se dispense d’une telle obligation pourtant internationale. Le doyen de la prestigieuse Harvard Kennedy School est PhD  économiste reconnu et professeur de politiques publiques, ce qui révèle le gap culturel entre ces deux institutions pourtant relativement proches dans leurs missions.

Peut-être conscient de ses lacunes, le nouveau directeur a d’ailleurs annoncé la création d’un « provost » (administrateur académique en Amérique du Nord), issu de la faculté, ce qui rassure puisque la charge salariale ne devrait pas s’en ressentir.

Le projet du nouveau directeur se situe dans la continuité des précédents dirigeants : ​depuis la mise en place des conventions ZEP sous Richard Descoings, « l’école doit amplifier l’inclusion et la promotion de l’égalité des chances », ​a-t-il écrit dans son dossier de candidature :

L’école doit amplifier l’inclusion et la promotion de l’égalité des chances […] L’abandon du concours, qui a cédé la place à une sélection sur dossier est une décision qu’il faut conforter car la fracture sociale est moins forte au moment de l’oral d’admission.

Naturellement, il insiste aussi sur le développement de la recherche (qu’il ne connait pas), la nécessité de trouver des ressources budgétaires (alors que l’IEP dispose de ressources publiques déjà très supérieures aux universités), l’internationalisation de l’école, mais aussi la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Bref, rien de nouveau à Sciences Po avec cette nomination qui épouse les tendances actuelles de la bien-pensance et qui remet en question le modèle traditionnel de la grande école française qui recrute sur concours écrit.

 

Et si cette nomination était révélatrice du mal français ?

Nommer un dirigeant parfaitement étranger à ce que produit une organisation n’est pas spécifique à Sciences Po. On connait le phénomène de la reproduction des élites en France et le parachutage dans les grandes entreprises n’est pas nouveau.

On n’imagine pas une grande école aux États-Unis dirigée par un non académique et qui ne connaitrait rien à la recherche et à l’enseignement supérieur par expérience. De même en Allemagne, on n’imagine pas un dirigeant d’entreprise qui n’aurait pas une expérience significative de ses métiers.

En France, et le cas de la nomination du directeur de Sciences Po en est une parfaite illustration, tout se passe comme si on pouvait diriger un établissement d’enseignement supérieur sans avoir l’expérience de ce qu’on y fait réellement, fabriquer des voitures sans rien connaître à cette industrie, ou diriger une SSII sans avoir de connaissances en informatique, etc.

Les études comparatives convergent sur ce contraste. En France : tyrannie du diplôme de trois grandes écoles (X, ENA, HEC), faible présence des autres écoles, exclusion de l’université, sélection précoce et sésame à 22 ans, parachutages récurrents qui découragent les carrières internes.

En Allemagne, absence de voie royale (les dirigeants des 100 premières entreprises émanaient de 21 des 25 universités existantes et aucun lien statistique n’a pu être établi entre un établissement et la réussite de 6500 dirigeants docteurs ; grande diversité des parcours et spécialités, notamment scientifiques, légitimité académique doublée d’une expérience industrielle, sélection après le doctorat (à 28 ans), un tiers de dirigeants « montagnards » et peu de passages privé/public.

La Suisse a été l’objet d’une forte internationalisation de ses dirigeants (50 %). Si la montée des diplômés de second cycle, de troisième cycle et de MBA est patente, il subsiste une grande diversité de parcours aboutissants à quatre types de dirigeants : les familles fondatrices, les « montagnards », les montagnards dotés de MBA, les managers internationaux issus des fusions-acquisitions.

Ce système de recrutement typiquement français qui tourne le dos à l’expérience significative du terrain et qui donne la prime à des diplômés d’écoles administratives comme l’ENA constitue un véritable mal français et ne peut être étranger à la désindustrialisation du pays et l’explication de fusions-cessions défavorables au pays. Au lieu de promouvoir l’expérience acquise sur longue période on privilégie les diplômes de trois écoles et l’entre soi, parisien de préférence.

C’est ainsi que certains parcours de dirigeants s’apparentent à des sauts de grenouilles allant de poste en poste au gré des opportunités et des rencontres. Si la recherche internationale sur la gouvernance, notamment actionnariale, a beaucoup documenté le risque d’enracinement des dirigeants, l’examen clinique de nombre d’entreprises performantes, allemandes, suisses, autrichiennes, scandinaves, montre a contrario combien une présence suffisante des dirigeants se révèle capitale.

Une lueur d’espoir… ou de naïveté : cette désignation d’un énarque succédant à deux énarques à la tête d’un grand établissement d’enseignement supérieur et de recherche est sans doute la dernière de ce mal français puisque la suppression de… l’ENA a été actée. À défaut, on pourra continuer à méditer sur l’hypocrisie organisationnelle et l’importance d’une saine gouvernance, fortement documentées par la recherche internationale en sciences de gestion dont on pourra suggérer la lecture aux instances de Sciences Po.

 

  1. Professeurs émérites des universités en sciences de gestion
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  • Je trouve que ce n’est pas très gentil de mettre dans le même sac les X, les EHC et les énarques. Les X ont une vraie formation d’ingénieurs, les HEC une vraie formation de dirigeants et de commerciaux. Par contre l’ENA c’est une porte de sortie pour les ratés des grandes écoles, Des élèves qui n’ont pas les capacités d’abstraction et l’intelligence pour faire une grande école de commerce ou d’ingénieur. Ils peuvent avoir une bonne culture générale, une bonne connaissance de la littérature française mais ce n’est pas ça qui permet de gérer une entreprise. En vérité Sciences-po est devenu une machine à fabriquer des cadres socialistes.

    • @François peut être mais l’auteur souligne surtout un des maux français : la trop grande importance du diplome dans le parcours professionnel. Notre pays s’est recréé une nouvelle noblesse . C’est un véritable drame.

      • @Laurent- C’était déjà comme ça avant E Macron, l’Ena a phagocyté le pays sous la houlette du grand architecte énarque J Chirac qui créait des bidules partout pour case ses potes.
        La France leur appartient, souvent les énarques portent aussi la particule. La médiocrité a repris le pouvoir après De Gaulle (ce n’est pas une particule)

        • Hé oui, qu’est ce qui compte le plus, la partie tête ou la particule ?

        • Je ne vois pas ce que vient faire la Particule là dedans. Rajouter un petit peu de fiel, histoire de baver large ? Un seul critère Compétent, pas Compétent. Si en plus, il faut qu’il s’appelle Julot Les Pinceaux , on n’est pas sorti de l’auberge!

          • Non, sans doute la particule n’a pas grand chose à voir, mais la compétence toute seule non plus; elle doit être reconnue par une formation homotétique, i.e. qui permet au sujet de se transformer lors de l’élargissement de son point vue. Or, l’ENA ce n’est vraiment pas ça. La caste orgueilleuse et gavée d’avantages qui lui font conserver le même profil, toute la vie. Les expériences de M.Vicherat sont le type même de l’évolution dans le cadre du harem du pouvoir.

    • Bravo ! La France se meurt de la gestion de ces énarques arrogants mais surtout bons à rien. Non, en fait ils sont excellents pour faire des âneries et les âneries ce n’est pas rien !

  • on a une structure qui accorde des diplômes…

    ce qui est le VRAI juge de la valeur de l’institution est le marché libre.. qui indique la valeur du diplôme..
    il s’agit en premier du fait que les diplômés sont embauchés par des entreprises et que celles ci soient satisfaites..

    tu as fait science po? ok, mais tu nous apportes quoi?

    la réputation fait illusion.. elle décide de l’embauche mais si au bout du compte, la compétence n’est pas là… et elle n’est pas jugées en interne mais justement par rapport à la satisfaction d’un client, la réputation s’étiole…

    (dans la recherche publique le vrai client est l’etat…)…

    • pour faire plus court…nommé…par qui..jugé comment…

    • « Sciences » Pipo apporte un réseau.

      Dans un pays gangrené par le soviétisme, c’est une ressource très importante. Une équipe de pipoteurs est indispensable à toute grande entreprise en cela qu’ils seront capable de lui dire qui corrompre, qui flatter, qui intimider, etc.

    • Science Po a une très faible réputation hors de France. Et le CV du dernier directeur est typique fonctionnaire d’abord, puis pantouflage dans un chancre étatique gangrené par des syndicats marxistes, repantouflage dans un groupe agroalimentaire adepte du capitalisme de connivence et retour à la case fonx dans une école subventionnée pour formater les administrateurs de demain au socialisme et a l’étatisme tentaculaire.

      • tout se passe comme si science po doit exister et durer…

        en fait science po existe si il satisfait qui le « paye »..

        ce type sera jugé sur pièce…

        les membres du monde académique pensent que le financement du monde académique devrait être décidé par le monde académique…

      • Il est d’ailleurs assez amusant de constater que le seul institut universitaire de renom en France qui a le mot « science » dans son nom est en réalité le moins scientifique de tous.

  • Vicherat est nommé à ce poste pour une seule raison: c’est un copain de Macron. Cela illustre de façon caricaturale la consanguinité de cette caste, dont le seul mérite est l’épaisseur du carnet d’adresses et la seule réalisation à ce jour d’avoir mené le pays à l’effondrement.

    • @laurent le plus « rigolo » est qu’ils sont persuadés de faire le Bien de tous. Tout récalcitrant étant un fou ou un sinistre membre de la « fachosphère »

  • sans oublier leur incapacité d’ouverture aux débats contradictoires : »Quand Sciences Po empêche un journaliste classé à droite de venir faire une conférence, c’est le symptôme d’une maladie woke qui commence à ronger le monde occidental et contre laquelle les entreprises, qui financent pourtant les écoles et les universités, seront les seules remparts. »

    • @ahd- Je crois deviner le nom du journaliste qualifié pour la bonne cause de « polémiste d’extrême-droite » mais il a quand même fait L’Institut politique de Paris, mais il n’est pas socialiste, wokiste etc

  • Hélas, c’est bien vrai tout ce qui est dans cet article……!!!

  • Merci pour cet article édifiant.
    Juste une question : qu’est ce qu’un « montagnard » ? Il vient à l’usine en ski ?

  • Je rassure l auteur, on peut parfaitement diriger une SSII sans rien connaitre a l informatique. C est d ailleurs le cas de la plupart des dirigeants de SSII.
    Un dirigeant de SSII est un commercial qui sait vendre ses ingenieurs a la journee a de grosses societes (genre Thales, EDF, SG …). Donc il faut avoir des relations, du bagout. Les connaissances techniques ne sont absolument pas necessaires

    • @cd ce que vous dites est fortement discutable, par ailleurs cette ignorance de métier s’accompagne aussi d’une inexpérience du monde du privé doublée d’une incompétence crasse du management (à laquelle il faut ajouter une certitude de mieux savoir puisque l’on est l’élite de la nation…. ) . Tout ces ingrédients mis bout à bout conduisent à un naufrage industriel programmé. Le point de l’auteur est de souligner que la seule « compétence » de ces personnes est le carnet d’adresse , c’est peut être nécessaire , mais insuffisant . On en revient toujours aux maths ( 😉 ) . Les catastrophes industrielles des ces énarques sans expérience devraient quand même éclairer les décideurs (à moins qu ils s’en tapent) cf l épisode Messier . Tout pays un peu soucieux de son avenir devrait enseigner ce drame dans les écoles et en tirer profit , mais non , nous sommes en France , pays des fromages républicains, de la chasse gardée et de l’arrogance tonitruante .

    • Oui et Non. Il faut quand même avoir « quelques » notions ou en tout cas être capable de les acquérir très rapidement. Un bon commercial doit savoir de quoi il parle (un minimum) et un bon patron doit également avoir un minimum de repères pour ne pas se faire rouler dans la Farine ne serait-ce que par ses propres équipes ou vendre des trucs qu’elles ne savent pas faire. (ca peut coûter cher). Quant au nouveau directeur de Sciences Pô, comme aujourd’hui, la COM est devenue Reine, il est hautement qualifié semble-t-il.

    • Les SSII française font surtout de la sous-traitance (travail en régie) pour les entreprises rentières ou zombies. Leur coeur de métier est l’infogérance et très peu innovent.

  • Que veut dire « montagnards » dans ce contexte ?

  • Faut bien placer nos énarques dont l’immense compétence est d’avoir des petits copains politiques.
    Triste situation en France où l’ascenseur social n’existe plus à cause de ce copinage institutionnel.
    Triste situation en France où nos grandes entreprises ou institutionnelles sont managées par des incompétents pentouflards
    Triste situation encore qui fait que la France s’écroule inéluctablement à cause de ce népotisme contre lequel aucun citoyen ne peut s’opposer car il s’est organisé en vrai mafia.

  • Je trouve qu’il ressemble physiquement à Richard Descoings..
    Et je tairais l’autre réflexion qui me vient à l’esprit

  • Il est effectivement « bizarre » de voir trois énarques je succéder à ce poste. J’ai un peu connu ‘Richard Descoings et n’en ai pas gardé un souvenir impérissable. L’expérience du privé du nouveau directeur paraît également un peu formelle (je suis un ancien chef d’entreprise). Par contre son manque d’expérience de la recherche ne me paraît pas dirimante, car ce n’est pas la vocation principale de SciencesPo. Dans mon esprit, c’est une activité nécessaire à sa réputation, mais la formation d’opérationnels devrait être prioritaire.

    • « Opérationnel », voilà, c’est ça le mot juste. Ces crânes d’œufs ne le sont pas.

    • Oui, ce n’est pas la vocation de Sciences Po et c’est bien là le problème. Un institut universitaire qui perd le contact avec la recherche académique – quand bien même il soit spécialisé en sciences politiques- perd également sa raison d’être. Il n’y aurait donc plus rien à découvrir dans des domaines comme la politique ? Si nous savons déjà tout, alors pourquoi notre société fonctionne-t-elle aussi mal ?

      De manière plus générale et inquiétante, le lien entre recherche et enseignement supérieur se perd au sein du système universitaire français, où beaucoup de formations ne servent désormais plus qu’à délivrer des licences et masters professionnels, dans lesquels la réflexion se limite à quelques concepts orientés « business » et peu approfondis (j’en ai fait un donc je sais de quoi je parle).

      Contrairement à ce que des imposteurs comme Idriss Aberkane peuvent laisser croire, il existe encore une recherche de qualité à Polytechnique, l’ENS ou même HEC. Mais de manière générale, la recherche est de plus en plus délaissée en France, impactant davantage nos chances de succès sur le long terme.

  • « Une nomination qui en dit long sur la reproduction française des dirigeants »…
    Merci pour cet éclairage sur l’art et la pratique de l’imposture auto-entretenue.
    En quelque sorte, une définition du crétinisme volontariste à la française…
    Mon dieu quel pays!…

  • Ses collaborateurs feront le boulot, lui demandera où il doit signer.
    (Vieille plaisanterie)

  • et hop ! un foutriquet de plus !

  • Finalement, ce système français de réseaux et de parachutages sans aucune expérience est la marque de fabrique de la France actuellement, ce qui peut expliquer les problèmes auxquels elle est confrontée et qu’elle échoue à résoudre.

  • Merci à tous pour vos commentaires ! C’est vrai que ce n’est pas sympa de mettre dans le même sac les X, HEC et ENA.., mais cette prime à ces écoles pour accéder aux postes de dirigeants est bien une caractéristique de notre belle France. Et puis, oui je continue à penser qu’il vaut mieux maîtriser les métiers des organisations/entreprises que de parachuter toujours les mêmes diplômés sans expérience de terrain.

    • Le grand malheur de la société actuelle ; surtout française ; est d’ériger le poste « manager » comme sommet. Cela conduit à gâcher des talents parfois extraordinaires (comme les X) dans des postes complètement creux.

      Beaucoup de ces experts scientifiques seraient mieux employés dans des postes en recherche et développement. Carrières malheureusement bien peu rémunératrices et encore moins prestigieuses dans nos contrées. De là à dire que cela explique le déclassement de la France …

      • Pour pouvoir offrir des postes en recherche et développement, il faut sortir du dogme français qui place l’entreprise dominante voire monopole comme idéal à atteindre : on n’a réussit qu’à créer des mastodontes visant la rente et qui s’effondrent sous le poids de leur bureaucratie (toujours l’aversion au risque inscrite dans la constitution) et qu’il faut maintenir à l’état de zombies à coup de subventions et de niches fiscales.

  • « L’abandon du concours, qui a cédé la place à une sélection sur dossier est une décision qu’il faut conforter car la fracture sociale est moins forte au moment de l’oral d’admission. »

    Lol.
    Cela permet surtout de choisir les futurs étudiants non en fonction de leur niveau réel de compétence, mais de critères idéologiques permettant de bien garder SciencePo dans la bonne direction socialisante, inclusive, vivre-ensemblesque…etc Les colonnes du temple doivent être soutenues et bien gardées.

    Pour exemple récent, à la dernière « sélection » sur dossier en Mai-Juin dernier, les 3 meilleurs lycées privés parisiens (catholiques bien sûr) ont vu un seul de leurs lycéens accepté à SciencePo au total alors que toutes les autres années (avant 2019), une petite 10aine de candidats par lycée étaient acceptés. Curieux, non? Qu’un lycée ait une contre-perf, je veux bien le croire. Mais les trois à la fois… Et cela suite à une baisse des admissions déjà constatée en 2020.

    Et dans le « même temps », un article fin 2020 (vu par un de mes collègues) est paru rapportant la « déception » (pour ne pas dire plus) de certains enseignants de ScePo devant la baisse du niveau des nouveaux étudiants par rapport aux années précédentes.
    Le seul avantage, c’est que l’application des préceptes gauchisants à la vie réelle finit par casser le domaine où ces préceptes s’appliquent. Il faut s’attendre à voir « l’aura » de ScePo pâlir de plus en plus jusqu’à ne devenir qu’une faculté idéologisée comme une autre.

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