Nous allons vers l’étatisation de la santé

OPINION : vu les décisions allant toutes dans le même sens avec toujours plus d’administration et moins de soignants c’est l’étatisation qui est en marche.

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Chirurgie salle d'opérations (Crédits CG94 photos, licence Creative Commons)

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Nous allons vers l’étatisation de la santé

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 novembre 2021
- A +

Par Bernard Kron.

Je me suis depuis longtemps posé la question en constatant la détérioration de notre médecine humaniste au profit de la traçabilité des référentiels et du tout normatif :

« Y a-t-il réellement un pilote dans l’avion ? »

J’ai établi un diagnostic que je détaille dans mon livre Blouses Blanches colère noire, qui développe tous ces sujets. Compte tenu des décisions qui vont toutes dans le même sens avec toujours plus d’administration et moins de soignants c’est l’étatisation qui est en marche.

L’étatisation de la santé

Je pense que la direction est toute tracée : mettre toute la santé sous le contrôle de l’État, soit à terme une étatisation de la médecine vers le tout salariat. Il y aura toujours une médecine libre mais elle serait alors réservée aux plus fortunés. Avec la pandémie, les listes d’attentes se sont allongées et plus d’un million d’interventions sont en attente. Avec les déserts médicaux certains malades ne trouvent plus actuellement de médecins référents.

Ni l’obligation d’installation en zones insuffisamment desservies pour être conventionné ni les exonérations en zones franches ne peuvent régler la pénurie de soignants.

L’ hôpital est habitué à travailler à flux tendu et à développer l’ambulatoire. Pourtant, il ne peut plus faire face à la demande avec cette pénurie. De nombreux blocs opératoires et de lits de réanimation sont fermés faute de personnels.

Le budget social est pourtant considérable : plus de 750 milliards d’euros par an dont 270 milliards pour les soins. La dette sociale et hospitalière est considérable malgré ce poids financier. Le redressement sera donc difficile sans une véritable révolution. En effet la reprise de dette de la sécurité sociale par la Caisse d’amortissement de la dette sociale à hauteur de 130 milliards d’euros (CADES) n’a pas remis les compteurs à zéro.

L’IA et le robot chirurgical annoncent peut-être des temps nouveaux. Pourtant, le robot n’est en fait que le prolongement de la main du chirurgien. Il permet d’augmenter la précision dans des situations complexes. Une intervention robotisée est plus longue et coûte en moyenne 1300 euros supplémentaires. Il pourrait un jour remplacer le chirurgien à condition que l’IA permette de programmer le déroulé de l’intervention…

Le robot est un plus pour un certain nombre d’interventions complexes car il permet d’opérer de son fauteuil. Pourtant rien ne peut encore remplacer la dextérité manuelle.

L’IA restera longtemps une aide au diagnostic du médecin. Ni l’un ni l’autre ne pourront remplacer l’esprit humain et la qualité de sa formation tout au long de ses activités.

Il ne faudrait pas que le législateur remplace le médecin par des officiers de santé aidés par le télé-diagnostic.

Le rôle de l’État et des tutelles dans la crise

Au nom du principe de précaution les masques et les tests auraient dû être distribués à tous les soignants et les aéroports auraient dû être fermés. Tester les arrivées et  isoler les passagers auraient permis de mieux contrôler l’épidémie, mais rien n’a été fait… À qui la faute ? L’incurie administrative et la multiplication des intervenants de la haute fonction publique ont paralysé tout le système de commandement.

Les hauts fonctionnaires sont issus de l’ENA, de l’École polytechnique, de l’École nationale de la magistrature, de l’École des hautes études en santé publique ou de l’Institut national des hautes études territoriales. Ces hauts fonctionnaires restent en place malgré les alternances politiques. Ils sont inamovibles ou promus à de plus hautes sphères s’ils dérangent ; c’est l’État profond.

Ils sont souvent plus compétents que les membres des cabinets ministériels car ils sont Les inamovibles de la République. Même s’ils le voulaient les ministres auraient du mal à contrecarrer leur vision. En ces temps de pandémie, c’est une des raisons de la faillite de l’État incapable de prendre les bonnes décisions. Pour leurs carrières beaucoup de médecins hospitaliers sont obligés de courber l’échine et d’accepter cette politique.

Ce mal a contaminé toute la chaîne des sociétés savantes et des doyens témoignent la fausse réforme des études de médecine avec le maintien du numerus clausus à la fin du deuxième cycle dans les spécialités mises au choix de l’Internat.

Les ministères s’appuient sur les agences sanitaires. Leur inefficacité a été totale avec le Covid-19 car il y a trop de rigidités et de contraintes.

Les agences et les instituts de l’État pour la santé

Les 1200 agences de l’État emploient près de 458 000 personnes et coûtent chaque année plus de 80 milliards d’euros. On ne sait pas combien coûtent celles de la santé ni combien de salariés elles occupent.

Ces agences sont un empilement bureaucratique d’acronymes barbares qui se multiplient comme les virus. Elles vont à l’inverse du but qui devrait être recherché, la sécurité. Elles n’ont pas de stratégie, analysent et publient des rapports sans que des décisions soient prises. Où est l’État stratège qui pilote à vue sans tactique et sans vision avec cette gouvernance ?

« La trop grande sécurité des peuples est toujours l’avant-coureur de leur servitude. » Marat

Les épidémies, l’affaire de l’amiante, du sang contaminé, de la dépakine, du médiator et de l’hormone de croissance ont remis en cause le centralisme étatique et les défaillances des dispositifs de santé publique. Ces scandales avaient donné lieu à de retentissantes décisions de justice condamnant les gestionnaires de la transfusion sanguine et l’État.

« Responsables mais pas coupables». Qu’en sera-t-il pour la covid avec toutes les erreurs commises et les procédures en cours au pénal ?

Quel candidat aura le courage et assez de clairvoyance pour s’attaquer au mal administratif qui détruit la santé et ampute le pouvoir d’achat des Français ?

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  • vous voulez dire que les semblants de libertés disparaissent car plus d’argent des autres?

    la santé à un coût et les ressources à lui allouer sont limitées,
    l’humanisme est un intention, mais il faut bel et bien trancher sur le prix d’un vie.. à un moment ou un autre….

    non on ne dépensera pas le budget de la sécu pour sauver la jolie petite fille au grand yeux à la maladie rare..
    et oui les crises arrivent , un jour le médecin doit trancher..qui je sacrifie…

    si vous étiezs humaniste vous iriez exercer tous dans les pays pauvres..

    la santé est un marché et si je suis prêts à tout donner pour la vie de mon enfant, il n’en va pas de même paour la vie d’un autre..car je pense à ce qui pourrait arriver au mien..

    ne vous plaignez pas de l’étatistation quand vous refusez la réalité du marché sous couvert d’humanisme et de générosité..

    si vous étiez généreux vous ne feriez pas payer vos actes..

    ça existe…mais ça ne sera jamais qu’une part de votre métier.. pour faire la charité il faut avoir gagné de l’argent..

    vous n’exercez PAS une mission de service public…
    c’est une profession hautement admirable; mais si j’ose dire comme beaucoup sinon toutes les autres..

    votre discours est de dire que la santé est TOTALEMNT un acte de charité collective…

    ne vous plaignez pas alors de son étatisation.. et de la logique comptable.. collective…

    il n’y a qu’une chose qui appelle la charité c’est le sort de ceux qui ne peuvent pas payer des soins que « la société » juge juge décents, si vous choisissez la charité d’etat…et donc la capacité d’etre généreux avec l’argent des autres..ne vous plaignez pas des conséquences si vous n’avez pas mis de garde fous.

  • Au-delà de la santé, c’est l’ensemble de la société qui est aujourd’hui en voie d’étatisation. Préalable à l’avènement d’une société de contrôle total, exercé par une nomenklatura supranationale – celle-là même qui fournit les dirigeants qui pilotent le processus, sous couvert de « crise sanitaire ».
    Asservissement et régression majeure pour le citoyen de base, mais voie royale pour l’oligarchie et ses obligés.

  • aucun n’aura ce courage et les Français sont accros à la sécu

  • Cancer en phase terminale . « Quel candidat aura le courage ? » aucun. Et pourtant le remède est simple : supprimer le statut et virer le premier qui rétive.

  • Le titre est trompeur car la santé en France est déjà étatisée. Même les professionnels libéraux ne sont pas vraiment « libres », ils ne font qu’appliquer les directives des différentes agences et de leur ministère de tutelle.
    Quant aux hôpitaux, ils sont gérés par des politiques non par des professionnels de santé. Et c’est une unique école qui les y forme : l’EHESP de Rennes dont les « enseignements » ne sont que politiques et administratifs. Pour bien connaître ce système, aucun des directeurs que j’ai connu n’y entendait quoique ce soit à la santé et encore moins en management d’entreprise.
    En bref, CPEF

    • Absolument !
      La Sécu finance 75 % des soins et opérations des Français. Les mutuelles seulement 15 %. Le reste, c’est les patients de leur poche.
      On peut encore choisir son médecin traitant, mais pas aller voir sans lui un spécialiste, si on veut se faire rembourser.
      A tel point qu’on entend parler aujourd’hui de Grande Secu avec disparition des mutuelles.
      A moins d’un cataclysme politique majeur, le retour à un système assurantiel totalement privé (comme pour l’auto ou l’habitation) est exclu.
      La gestion de la santé en France est ubuesque ; de nombreux soins sont cofinancés par Sécu et complémentaires.
      Puisque la mort de la Sécu n’est pas à l’ordre du jour, et plutôt que d’acter celle des mutuelles, pourquoi ne pas dissocier les deux circuits ?
      Operations chirurgicales, affections de longue durée, etc, à la Sécu. Et bobologie (dentaire, optique, confort…) aux mutuelles, facultatives… C’est déjà un peu le principe actuel, mais – on en France – pas poussé au bout de la logique… D’où des coûts de gestion, liés au va et vient entre les deux services, exorbitants.

  • On ne peut qu’être d’accord avec ce constat. Le mal est fait depuis 10 ans voire plus. la création des ARS n’a fait que précipiter les choses et plus on rajoute des couches, plus il devient impossible de résoudre l’équation. Il faudrait virer tant de fonctionnaires qui ne sont là que pour produire statistiques etc. Quand le monstre est crée, tout le monde mange avec lui mais personne ne pense à le tuer. Les ARS ont précipité la santé francaise au fin fond du moyen age

    • @azoulay si si mais comment faire ? à la fois convenez qu’il est difficile à tuer car nombreux sont ses gardiens du temple , pourtant beaucoup se contentent des miettes tombées sous la table.

  • L’inverse d’etatiser est privatiser….. Je dois dire que je doute que privatiser soit une bonne solution, allez donc voir ce qu’il se passe dans les cliniques mutualistes…. Ou une clinique normale, c’est pareil que l’hôpital public en moins bien équipé. Par contre libérer les médecins du joug administratif…

    •  » Ou une clinique normale, c’est pareil que l’hôpital public en moins bien équipé.  » Faux dans la majorité des cas.

    • Il y a de très bonnes cliniques comme il y a de très bons hôpitaux.
      Malgré une gestion catastrophique de la santé publique, la qualité des soins et interventions n’est pas amoindrie, heureusement. Le personnel est de qualité.
      C’est sain qu’il puisse y avoir une concurrence entre privé et public pour les interventions.
      En revanche, la coexistence de deux systèmes de financement, entremêlés jusque l’absurde (*), est dramatique !

      (*) Saviez-vous que votre séjour à l’hopital est pris en charge à 100 % par la Sécu dans la majorité des cas (chirurgie, traitements lourds,…) sauf dans un cas particulier : vous vous évanouissez dans la rue, vous êtes transporté a l’hôpital, où vous restez en observation quelques heures ou jours, sans intervention spécifique. Dans ce cas, c’est vous ou votre mutuelle qui payez !

    • Il n’y a pas de clinique vraiment privée en France. On est dans ce que j’appellerai du « semi privé ». Les patients ne facturés pas en totalité, les cliniques n’ont pas de prix libres, sont soumis à toutes les mêmes règles administratives etc… Pour avoir de la vraie clinique privée, il faut être en dehors de France, idéalement en dehors d’Europe…

  • La question n’est pas de savoir s’il y a un pilote dans l’avion mais plutôt s’il est sain d’esprit.

    La question n’est pas de savoir si on pousse le bouchon un peu loin, mais à combien de centaines de mètres de la piste on parviendra à continuer à jouer.

    Si on considère l’ensemble comme un jeu, que l’on est de nature optimise et qu’on aime l’expérimentation, pourquoi pas ?

    Mais je ne vois pas pourquoi je devrais participer aux expériences des autres.

  • Et le projet de grande sécu ne fera que finaliser cette étatisation. Bienvenu en URSS. Seul petit problème: cela va coûter 22 milliards.

  • Saul Alinsky est un extrémiste  très lu dans les milieux de gauche.  Sa thèse principale est que un petit nombre d’activistes peut détruire une société si ils cernent bien les priorités. La première se ses règles est que pour contrôler une population, il faut contrôler le système de santé.
    https://bolenreport.com/saul-alinskys-12-rules-radicals/

    • A partir du moment où on aborde les problèmes sur le plan de « la lutte », tout devient logique, voir banal.

      Il serait peut-être temps de requalifier « lutte des classes » ou « wokisme » ou autres… en terr0r1sme. (pour complaire à M0m0).

    • @equality 7-2521 they own your number.

  • Sans aucune honte, ils osent dire que les mutuelles ont des coûts administratifs bien trop élevés ! Mais et la Sécu ?! Avec ses trouzaines d’agences ?
    Ce Gvt est vraiment une honte.

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