Quand Pétronin nous met dans le pétrin

Les irresponsables en goguette devraient entièrement assumer leurs risques, et les politiciens devraient arrêter de nous les faire payer.

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Quand Pétronin nous met dans le pétrin

Publié le 5 novembre 2021
- A +

Par h16.

S’il faut bien sûr reconnaître qu’être pris en otage est une circonstance éminemment douloureuse, elle permet parfois de mettre le nom de certains dans tous les médias.

Et s’il est vrai que cette médiatisation peut être utile pour permettre un dénouement heureux de la séquestration, il ne faut pas trop se leurrer : dans le cadre de la République française, cette médiatisation permet surtout d’engendrer soutien diplomatique et financier. Eh oui : si, en général, la France se tamponne allègrement de ses ressortissants à l’étranger sauf pour les taxer, elle les aime tendrement lorsqu’ils sont très visibles ou quand ils deviennent l’enjeu d’un show politique d’importance.

C’est par exemple ce qu’avait fort bien compris Ingrid Betancourt dont on se rappelle qu’elle avait tout fait pour se faire victimiser par les FARC (avec succès et pendant de nombreuses années), et dont le tout Paris s’était niaisement ému alors que la péronnelle s’était volontairement fourrée dans une situation inextricable et, dans un monde normalement équilibré, n’aurait pas mérité deux minutes d’antenne. Finalement, on ne saura pas trop de quelles tractations elle fut l’objet entre la France et la Colombie mais on sait qu’à l’époque, elle avait trouvé en Sarkozy un frétillant politicien prêt à courageusement se mettre dans la lumière pour la faire libérer pendant son mandat.

D’une façon aussi mémorable, on pourra évoquer la prise en otage en Irak des journalistes Aubenas, Chesnot et Malbrunot qui avait permis à Chirac de briller lors de leur libération, dont on avait appris – sans grande surprise – qu’elle avait été négociée contre argent sonnant et trébuchant. La France pouvait alors se targuer de faire revenir ses compatriotes et d’aider le terrorisme irakien de l’époque dans un même mouvement décontracté.

L’épisode Pétronin que le contribuable et le citoyen français subissent dans la plus parfaite consternation n’est finalement qu’une énième occurrence d’une sordide habitude de la République de se servir de ces cas pour l’agenda purement politicien de certains petits marquis de la République.

Rappelons en effet que Sophie Pétronin avait été « libérée » en octobre dernier de sa « détention » au Mali, dans une médiatisation qui frisait allègrement le grotesque, en impliquant l’armée française dans une opération particulièrement délicate, et surtout, en échange de la libération de plus de 200 djihadistes du cru.

Or, on apprend récemment que l’ex-otage ne veut surtout pas rester en Suisse, où elle s’est installée (et où la prise en otage par un horloger radicalisé reste éminemment improbable) : ne s’avouant pas vaincue par un refus, pourtant logique, de visa pour le Mali, elle a donc décidé de se rendre avec son fils – complice donc – à Dakar d’où elle pourra rallier le Mali par différents moyens terrestres plus ou moins discrets dans une espèce d’aventure décrite comme rocambolesque faute de qualificatif plus acide…

… Qu’elle mérite amplement tant on sent déjà d’ici que cette incartade pourrait être une nouvelle occasion à l’un ou l’autre de nos polichinelles au pouvoir de se faire mousser encore une fois. La fois précédente, on sait que Macron et son équipe avaient été les dindons d’une farce dont la facture – particulièrement salée voire sanglante – a été envoyée aux Français (contribuables, citoyens et militaires) : refusant d’écouter les services de renseignements qui, ayant mis le fils sur écoute, savaient pertinemment que la septuagénaire ne voulait surtout pas quitter le Mali et que toute opération menée serait probablement une ruine à court terme et un échec à long terme, l’actuel président s’était obstiné à vouloir la faire « libérer » d’un joug dont tout montrait (et montre encore) qu’elle s’accordait fort bien.

Le résultat politique fut, comme on pouvait s’y attendre, catastrophique : non seulement cette libération n’aura apporté aucun prestige à Macron qui est passé pour un coq têtu, mais en plus la libération concomitante de plus de 200 djihadistes a constitué un échec tactique et diplomatique lamentable, ces derniers revenant bien vite à leurs exactions qui ont, depuis, coûté directement et indirectement des vies humaines, dont françaises.

Le sommet du ridicule est d’ailleurs atteint lorsqu’on se rappelle que Macron pérorait récemment sur le terrorisme islamiste au Mali, au point de menacer de retirer les troupes françaises déployées là-bas qui doivent se demander de plus en plus à quel petit jeu macabre elles prennent part.

À ce sujet, il est grand temps que la France arrête de se croire encore une grande puissance (coloniale ?) capable d’étirer ses ressources militaires, et à plus forte raison budgétaires, aux quatre coins de l’Afrique où les petites et grandes affaires continuent de beaucoup trop l’occuper. L’État français et tous les petits Macron à sa tête n’ont plus les moyens de ce genre d’ambitions consistant à tenter de pacifier l’autre bout du monde lorsqu’ils sont grossièrement infoutus de le faire à 10 km du périphérique parisien. Surtout, comme d’autres nations qui renvoient effectivement les individus adultes à leurs responsabilités, la France pourrait, devrait même clairement choisir de ne jamais négocier avec les terroristes.

Elle choisit, par ses dirigeants, les paillettes et l’émotion et nourrit ainsi les prochaines prises d’otages, les prochains terroristes, les prochains imbroglios diplomatiques.

Entre les irresponsables en goguette dont le risque, clairement annoncé et connu, ne devrait être supporté que par eux, et les irresponsables politiques qui profitent des déboires des premiers pour distribuer ressources financières, humaines et plateformes médiatiques à des factions terroristes directement ennemies du pays, il n’y a rien à sauver.

Ce pays est foutu.


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  • Ne soyons pas trop dur avec notre vibrionnant adolescent ravi de la crèche. Il était tellement heureux de pouvoir accueillir sur le tarmac du Bourget Sa Ingrid Betancourt à lui tout seul qu’il m’a fait de la peine lorsque, une fois de plus, tout a lamentablement foiré devant ses yeux avec cette « otage » qui visiblement se demandait pourquoi ce gamin immature l’avait enlevée au Mali pour la ramener en France, et qui le calculait à peine.
    Caramba, encore raté… toute l’histoire de sa vie.

  • Pour liberer les otages, il y a aussi la methode sovietique (https://fr.mydailyselfmotivation.com/articles/history-fact-fiction/10-dastardly-secret-operations-of-the-kgb.html). Ca a le merite d etre plus efficace et dissuasif (mais c est pas droit-de-lhommiste)

    Sinon je me demande par quelle abgeration l etat doit payer pour liberer des otages (surtout quand ceux ci se sont fait prendre par des imprudences majeures et que ca ne soit pas leur metier (aka je peux comprendre un journaliste ou un militaire qui va au mali mais pour le reste …)

  • En tout cas elle a raison, il fait plus beau au Mali. Ici on caille, malgré les RCA.
    La retraite sous les tropiques, il n’y que cela de vrai ;).

  • on un problème , ici c’est clair tout le monde ou presque dit « putain elle est con »..

    mais si on accepte de payer…sous condition de « pas d’imprudence » ou je ne sais quoi.. il va falloir entrer dans le petit monde du cerfa et des cas pas prévus..

    faire une déclaration de  » mon choix je paye » …quand on va dans des zones..dites à risques, sinon

  • Je ne serais pas surpris qu’elle touche un intéressement, une marge arrière en quelque sorte, vu l’empressement qu’elle met à y retourner. Si l’état est aussi débile, pourquoi se priver?

  • Exellent article.
    On notera que la rançon pour la franco-suisse a été payée par la France et pas par la Suisse. Pas fous les Suisses ! Il savent déléguer les dépenses inutiles.

  • Le fils à la Petronin est aussi coupable qu’elle de l’avoir aidée à rejoindre le Mali et il devrait être jugé pour cela.
    Par ailleurs c’est une insulte à nos soldats morts dans les combats extérieurs à la france.
    Que notre gouvernement ne s’occupe plus d’elle, la laisse croupir et surtout n’écoute pas ses comités de soutiens, en résumé qu’ils arrêtent de se faire mousser au travers de telles actions immorales.
    Elle a voulu y retourner, qu’elle et son fils assument

  • La photo du début me fait penser à Tatayé…

  • cher H16, vous parlez de « ce genre d’ambitions consistant à tenter de pacifier l’autre bout du monde lorsqu’ils sont grossièrement infoutus de le faire à 10 km du périphérique parisien. ». Là, je vous prends en faute : ils sont infoutus même de pacifier à l’intérieur du périf !

  • Je préfère h16 cent fois dans ce genre d’article, bien tourné, bien argumenté, que dans certaines tentatives scientifiques…Je ne résiste pas à renforcer son propos en soulignant la dimension affective de ce malheureux épisode : les parents des soldats morts au Sahel apprécieront, de même que ceux des soldats toujours au combat et qui se retrouvent face à face avec 200 combattants qu’eux-mêmes et leurs camarades susmentionnés avaient eu bien du mal à mettre hors course. Dans cette affaire, « nos polichinelles au pouvoir » feraient bien de présenter des excuses. Il est vrai que sans rien dans le pantalon et à l’approche des élections, ce serait trop leur demander…

    • Complètement d’accord avec vous sur h16!
      Cette article est bien écrit, intelligent.
      L’exact opposé de tous ses articles sur le COVID (et ce n’est pas une simple histoire d’opinion que ne me conviendrait pas)

  • Oui, une question demeure : fut-elle caution ou otage ?

  • Ca serait cool de potasser un minimum ce dossier avant de commenter quoi que ce soit là dessus:

    La libération des 200 djihadistes n’a jamais été le prix pour libérer Pétronin mais l’ex candidat à l’élection présidentielle malienne Soumaïla Cissé.
    Sophie Pétronin a été rajoutée au package à la dernière minute sur demande implicite de la France dans le cadre de la libération de Soumeïla Cissé.

    Chacun a son avis sur l’attitude de Pétronin et de son fils (innaceptable pour ma part ) pour la libérer factuellement, non, elle n’a jamais fait l’objet d’un deal contre 200 prisonniers.

    Et non factuellement il n’ a pas eu d’opération délicate impliquant l’armé française pour la libérer comme ce fut le cas où 2 commandos marines sont décédés au burkina faso en 2019.

    • C’est peut-être vrai mais le gouvernement n’en parle pas, il a au contraire marqué sa désapprobation et au final c’est le ressenti du citoyen qui compte.

  • Irresponsable en goguette ou complice ?

  • Les commentaires sont fermés.

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