Pourquoi le Canada doit se doter de champions nationaux

OPINION : le Canada a besoin de champions nationaux capables de s’imposer sur leurs marchés respectifs. Une nouvelle coentreprise majeure devrait bientôt voir le jour.

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Pourquoi le Canada doit se doter de champions nationaux

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 novembre 2021
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Par Charles Julien.

Les pays industrialisés font tous face au même défi : la globalisation génère de nouvelles concurrences et chacun d’entre eux a besoin d’entreprises capables de s’imposer sur leurs marchés respectifs. Le Canada ne fait pas exception et une nouvelle coentreprise majeure devrait bientôt voir le jour.

La rumeur enfle, même s’il n’y a encore rien d’officiel : un géant canadien devrait naître dans les semaines ou les mois qui viennent, réunissant le leader national du BTP Pomerleau, Opsis (une filiale du groupe Helios experte en gestion et maintenance d’infrastructures), et Veolia Energy Canada, en pointe dans les services énergétiques. Un triptyque qui a déjà fait ses preuves sur le chantier pharaonique du nouveau Centre hospitalier universitaire de Montréal, dont le chantier s’est achevé au début de l’été.

« Ces trois entreprises réunissent des compétences complémentaires, et leur collaboration à long terme permettra au Canada de se doter d’un champion national industriel, et pourra même s’exporter, susurre-t-on dans l’entourage canadien du projet. La nouvelle entité sera capable de répondre à tous les besoins d’infrastructures que le monde de demain nécessite. Nous sommes vraiment fiers de faire partie du projet, nous voyons là un moyen de renforcer notre présence, de créer des emplois et d’innover. » 

Nous n’en saurons pas plus pour l’instant, mais tous les voyants semblent au vert pour une opération qui se veut gagnant-gagnant pour les trois partenaires et pour leurs futurs clients.

Opération gagnant-gagnant

Opération gagnant-gagnant, car ces trois entreprises aux compétences différentes sont très complémentaires, entre réseau local et bonne connaissance du terrain, entre savoir-faire industriels de pointe et économies d’échelle potentielles répercutées sur les clients, et donc en bout de chaîne sur les usagers.

Pour les futurs appels d’offres, cela permettra aussi aux clients de n’avoir qu’un seul interlocuteur, ce qui représente évidemment des gains de temps et donc d’argent substantiels.

La complémentarité est en effet le socle fondateur de ce mariage à venir. Le leader du BTP Pomerleau pourra s’appuyer sur la souplesse et l’expérience du terrain de l’entreprise canadienne Opsis – engagée par exemple sur l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal – et surtout sur les différentes divisions de Veolia Canada – énergie, gestion de l’eau, traitement des déchets… – avec laquelle Pomerleau a collaboré sur le CHU de Montréal ces dernières années, ainsi que sur le nouveau centre de données de la compagnie publique de production d’électricité, Hydro-Québec, à Drummondville.

Des projets menés sous forme de PPP (partenariat public-privé), sous l’œil des autorités canadiennes qui ont pu ainsi s’assurer de la limitation des coûts, comme cela a été le cas avec le centre hospitalier montréalais.

Cette coopération a d’ailleurs séduit la filiale de l’entreprise française Veolia : « Nos partenaires locaux ont été déterminants dans le succès de cette opération public-privé. Sans oublier que, de cette réussite, dépendait la qualité de la réponse du CHUM à la pandémie actuelle », s’est félicité Patrick Couzinet, président de Veolia Energy Canada.

Ces acteurs canadiens et français se connaissent bien, et constituent la partie émergée de très nombreuses collaborations entre les deux pays.

Vers une concentration vertueuse

Ces exemples de réussite industrielle vont certainement donner des idées à d’autres groupes canadiens et d’éventuels partenaires internationaux.

Car face à une concurrence mondiale acharnée, le Canada a besoin de champions capables de s’imposer dans les appels d’offres ou de préserver ses chances sur le marché intérieur. Et tous les domaines de l’activité économique sont concernés, de l’agriculture où les géants mondiaux type Bayer-Monsanto écrasent tout à l’énergie nucléaire où les grandes manœuvres ont déjà commencé, comme dans la province du Nouveau-Brunswick par exemple. L’opinion publique, elle, est parfois réticente face à l’émergence de grands groupes. Ces derniers offrent pourtant de réelles garanties pour l’économie nationale.

Aux États-Unis et en Europe, le mouvement de concentration de grandes entreprises s’est accéléré ces dernières années, avec des fortunes diverses. Certains analystes et économistes – tel que Thomas Philippon dans The Great Reversal (éd. Harvard University Press) – mettent en garde les économies de marché face à ce phénomène s’il est totalement dérégulé comme aux États-Unis.

Mais des garde-fous et des scénarios vertueux existent, selon Axelle Arquié, économiste au CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) et co-auteur du livre L’économie mondiale 2021 (éd. La Découverte) :

« Une hausse de la concentration n’implique pas nécessairement des effets négatifs. Tout dépend si la concentration est liée ou non à une baisse de la concurrence. Quelle est donc la nature de la hausse récente de la concentration ? En principe, la concentration pourrait refléter la plus grande productivité d’entreprises superstar qui captent plus de parts de marché. Dans ce cas, c’est l’aboutissement d’un mécanisme vertueux. »

C’est de ce modèle à l’européenne dont le Canada doit s’inspirer.

Aux États-Unis, la concentration tue la concurrence et maintient des prix élevés, même pour des services qui devraient être de plus en plus abordables, comme l’accès à Internet. Ce modèle n’est évidemment pas à suivre, comme le souligne amèrement le célèbre économiste américain Joseph Stiglitz dans sa tribune intitulée La concentration est le poison du capitalisme moderne.

Reste au Canada à créer son propre modèle où les grands groupes pourront garantir des prix toujours concurrentiels pour les consommateurs et le maintien, voire la hausse, de la part de la valeur ajoutée revenant aux salariés, contrairement à ce qu’il se passe aux États-Unis.

Le Canada a donc tout intérêt à regarder ce qui se passe outre-Atlantique plutôt que plus au sud. L’Europe a su mettre en place des cadres réglementaires permettant la concentration de certaines industries pour les renforcer, sans pour autant mettre à mal le principe de la concurrence.

« Accroître la compétitivité » du Canada

Pour cela, les entreprises canadiennes pourront compter sur un allié de taille, en la personne de l’actuel ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie. Depuis plusieurs années, François-Philippe Champagne pousse les instances nationales et les organisations privées à créer les conditions favorables à une concentration saine.

Déjà en 2017, lors de discussion avec le Mexique, il insistait sur la nécessité

« d’inciter fortement le secteur privé à jouer un rôle plus important en formulant des recommandations dans divers secteurs commerciaux afin d’accroître la compétitivité de la région nord-américaine au moyen d’investissements directs étrangers, de coentreprises et d’alliances stratégiques ».

Investissements, coentreprises, alliances stratégiques : c’est bien cette feuille de route que souhaitent appliquer Pomerleau, Opsis et Veolia dans le secteur de la construction, des infrastructures et des services énergétiques. Affaire à suivre donc.

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