L’opposition droite-gauche moins importante que libéralisme-constructivisme

Libéralisme ou constructivisme, collectivisme ou individualisme, interventionnisme étatique ou liberté individuelle, tels sont les bons critères qu’il convient d’utiliser et qui aideraient à la compréhension des phénomènes politiques.

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Friedrich August von Hayek, 27th January 1981, the 50th Anniversary of his first lecture at LSE, 1981 By: LSE Library - Flickr Commons

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L’opposition droite-gauche moins importante que libéralisme-constructivisme

Publié le 28 octobre 2021
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Par Pascal Salin.

Comme on le sait, il est actuellement question de la fondation d’un parti politique de droite (dont le parti Les Républicains pourrait éventuellement faire partie) et il est évidemment utile de savoir précisément en quoi consiste cette droite, par opposition à la gauche.

La définition de la gauche, pour sa part, est assez claire car on peut considérer qu’il revient au même de parler de gauche et de socialisme. Or le socialisme peut être défini comme un système politique et économique dans lequel l’État bénéficie de pouvoirs importants sur les individus et l’organisation de la société, et peut-être surtout au sujet de la nécessité d’imposer une redistribution des revenus des individus.

 

La droite n’est pas l’inverse de la gauche étatiste

La droite pourrait évidemment être considérée à l’opposé, donc une situation dans laquelle l’État serait dépourvu de pouvoirs importants ou même inexistants. En ce sens, il en résulterait que la droite pourrait être définie comme étant libérale. Mais la réalité est malheureusement différente. Quand on parle de la droite on considère seulement qu’elle n’est pas totalement identique à la gauche.

En outre il ne faut pas oublier le conservatisme. Il est de ce point de vue caractéristique qu’un parti conservateur soit désigné comme étant d’extrême droite. Mais peut-on dire que la gauche n’est pas conservatrice et que la droite l’est ?

En réalité, il y a plusieurs critères permettant de distinguer les opinions politiques. Mais ces critères sont indépendants les uns des autres, et il n’est pas vrai que la gauche et la droite peuvent être définies de manière précise à partir de plusieurs critères différents pour les deux.

Et il n’existe pas seulement un parti de droite et un parti de gauche, mais aussi en particulier des partis centristes ou des électeurs centristes, c’est-à-dire ayant des accords avec les idées caractéristiques de la droite et de la gauche.

La droite et la gauche sont traversées de courants variés. Pour essayer d’y voir un peu plus clair, il conviendrait de trouver des critères objectifs de classification. Dans les médias comme dans l’opinion publique, l’assimilation est facilement faite entre libéralisme et droite, par opposition à la gauche.

Les échecs successifs des politiques économiques menées par les gouvernements de droite sont ainsi régulièrement attribués à l’inspiration supposée libérale – ou « néo-libérale » – de leurs équipes.

La réalité est que les politiciens de droite ne doivent pas être considérés comme étant libéraux. C’est bien pour cela que les politiques menées par les gouvernements de droite et de gauche au cours des décennies passées n’ont pas été foncièrement différentes, et aucune n’a été véritablement libérale.

 

Être de gauche et libéral

On peut également retourner le problème, et se demander s’il est concevable d’être à gauche et  libéral.

Pour donner une réponse positive – mais provisoire – à cette question, à titre de simple illustration, on pourrait citer le cas du grand économiste libéral français Frédéric Bastiat qui siégeait sur les bancs de la gauche lorsqu’il était député des Landes à l’Assemblée nationale de 1848 à sa mort en 1850. Difficile d’imaginer une telle situation aujourd’hui.

Or, si les prescriptions d’inspiration libérale paraissent de gauche à une époque, et de droite à une autre, c’est uniquement parce que les frontières entre la droite et la gauche se sont déplacées dans le temps.

Pour sortir de la confusion qui semble exister dans ce domaine, il est indispensable de se référer au fameux texte de Friedrich Hayek, « Why I am not a Conservative », qui a été traduit en français sous le titre « Pourquoi je ne suis pas un conservateur ».

Le problème posé par Friedrich Hayek dans ce texte oppose les constructivistes aux libéraux.

Les premiers croient possible de construire une société conforme à leurs vœux. Les libéraux estiment qu’une société se construit elle-même de manière imprévisible grâce à des processus de coordination interindividuels et de création continuelle d’informations.

Les formes qu’elle peut prendre à un moment donné sont donc le résultat non voulu intentionnellement des actions innombrables de ses membres. Il en résulte, du point de vue normatif, que les libéraux ne souhaitent pas interférer avec ces processus, et qu’ils ne cherchent pas à imposer une forme finale à l’évolution des sociétés.

 

Contre les socialistes et les conservateurs

Les libéraux s’opposent donc à la fois aux socialistes et aux conservateurs, c’est-à-dire à deux catégories de constructivistes : les socialistes veulent réformer la société, les conservateurs veulent la maintenir dans l’état où elle se trouve. Il y a donc des constructivistes de gauche et des constructivistes de droite.

Cette distinction faite par Hayek entre constructivistes et libéraux se trouvait déjà – avec des mots différents – dans l’ouvrage de Gustave Molinari, Les Soirées de la rue Saint Lazare. Ce livre, publié en 1849, met en scène trois personnages : le socialiste, le conservateur et l’économiste. Il est d’ailleurs caractéristique que le personnage appelé économiste soit en réalité un libéral, ce qui montre bien à quel point, à cette époque, l’étude de l’économie conduisait à des positions libérales.

Dans ces dialogues imaginaires, l’économiste (libéral) s’oppose toujours au socialiste et au conservateur – les constructivistes – tandis que les positions de ces deux derniers ne sont pas fondamentalement éloignées les unes des autres. Traditionnellement, on considère que la gauche est réformiste, alors que la droite est plus conservatrice. Mais ceci est sans doute devenu contestable à notre époque, puisque la gauche milite pour les avantages acquis, ce qui la rend, de ce point de vue, conservatrice.

 

Une opposition claire et fondamentale

L’opposition radicale entre un constructiviste et un libéral est à la fois parfaitement claire et fondamentale. Elle ne recoupe pas parfaitement la distinction entre gauche et droite qu’il est d’ailleurs beaucoup plus difficile à caractériser. Elle rejoint une autre opposition – qui concerne moins les attitudes politiques que les options analytiques – à savoir la distinction entre une vision collective et une vision individualiste des sociétés.

Pour un individualiste, on ne peut pas comprendre le fonctionnement d’une société sans faire référence aux comportements des individus qui la composent et aux interactions qui existent entre eux.

Celui qui procède à une analyse de type collectif (ou collectiviste) a, quant à lui, tendance à penser qu’une société a une existence propre – à la limite, qu’elle est même dotée de volonté et de capacité à agir – et qu’on peut analyser son « comportement » ou son évolution sans faire référence aux individus qui la composent. Il est évident qu’un libéral est fondamentalement individualiste et qu’un constructiviste a, plus ou moins implicitement, une vision collective de la société.

Bien évidemment, on ne trouvera probablement pas dans le monde politique un ralliement inconditionnel à l’une ou à l’autre vision. Ceci est particulièrement vrai en France, ce pays où l’opposition aux idées libérales est particulièrement importante.

 

Une défiance commune envers le marché libre

Certes, la droite est sans doute un peu plus libérale que la gauche, mais toutes deux partagent une même méfiance à l’égard du marché libre, de la liberté contractuelle et de la propriété privée, un même intérêt pour l’interventionnisme étatique.

On peut s’étonner qu’il en soit ainsi dans un pays qui a abrité dans le passé certains des plus illustres penseurs libéraux (Turgot, Say, Bastiat, Tocqueville, etc.), et l’on doit évidemment s’interroger sur cette étrange situation. Les facteurs en sont évidemment nombreux, et l’on peut certainement citer à cet égard la tradition étatique centralisatrice de la France, mais aussi la prise en main par l’État de l’école et de l’Université.

Pour sa part, Friedrich Hayek – qui portait beaucoup d’intérêt à cette « exception culturelle » française – y voyait l’influence du positivisme, également bien représenté dans le passé en France, et d’un penchant pour l’attitude d’esprit de l’ingénieur qui a conduit à penser que « l’ingénieur social » pouvait être aussi efficace pour la gestion des sociétés que l’ingénieur proprement dit pour le fonctionnement des machines.

Toujours est-il que le conformisme intellectuel qui règne aussi bien dans l’éducation que dans les médias ou la politique a des conséquences importantes. En particulier, le personnel politique ne pouvant pas se différencier fortement du point de vue idéologique est conduit à substituer les conflits de personnes aux conflits d’idées.

Tout le monde, ou presque, adhérant à un même système de pensée et au « modèle français », la droite et la gauche sont fondamentalement conservatrices et constructivistes. Pour les gouvernants, qu’ils soient de droite ou de gauche, tout problème trouve sa solution, non pas dans l’autorégulation résultant des interactions individuelles, mais dans une nouvelle réglementation ou un nouvel impôt.

À titre d’exemple le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy peut facilement s’interpréter dans cette optique. La fameuse ouverture – c’est-à-dire l’ouverture de la droite vers la gauche et non la conversion de la droite au libéralisme – était d’autant plus facile que les frontières idéologiques étaient minces entre les deux camps.

Il a été ainsi caractéristique que le président de la République ait confié la présidence d’une commission chargée de rechercher les conditions d’une meilleure croissance à Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand qui a beaucoup fait pour briser la croissance en pratiquant des politiques antilibérales.

 

Constructivisme à droite comme à gauche

Ainsi, compte tenu du caractère absolument irréconciliable des deux visions de la politique économique, la vision constructiviste et la vision libérale, on pourrait s’attendre à ce que la scène politique reflète ces différences fondamentales. En fait, droite et gauche partagent largement une seule et même vision, et elles ne se distinguent que par des nuances.

Déjà, durant les années 1980, on exprimait souvent l’idée que du point de vue de la politique économique il n’y avait plus de distinction entre droite et gauche, parce que la gauche avait redécouvert l’entreprise. Cette similitude était incontestable.

Cependant, elle tenait non pas au fait que la gauche avait redécouvert l’entreprise, mais au fait que la droite n’avait pas découvert les solutions libérales, alors même qu’il existait dans le monde des exemples aussi spectaculaires que ceux de Ronald Reagan aux États-Unis, de Margaret Thatcher en Angleterre, mais aussi d’un gouvernement travailliste qui a mis en œuvre avec succès, en Nouvelle-Zélande, des politiques économiques d’inspiration parfaitement libérale.

En effet, être libéral, ce n’est pas soutenir l’entreprise ou privilégier une catégorie sociale particulière (par exemple les entrepreneurs contre les salariés, les riches contre les pauvres), mais défendre la liberté individuelle et le respect des droits.

Malheureusement, les Français ont été trop nourris d’une pensée unique, inspirée du marxisme, et ils ont ainsi tendance à tout analyser en termes de catégories sociales antagonistes. Il en résulte une prédominance de l’optique de la répartition sur celle de la création de richesses : n’est-ce pas un président de la République censé être de droite, Jacques Chirac, qui a fondé sa campagne présidentielle sur l’ambition de réduire la « fracture sociale » ?

 

La politique comme archaïsme

À partir du moment où l’on voit la société par le prisme de rapports de force entre différentes classes et que l’on met de côté la création de richesses liée à la préservation de la propriété et de la liberté contractuelle, la politique devient dominante, l’activité économique étant soumise aux conflits et aux intérêts politiciens. Cette vision archaïque finit par s’auto-justifier et elle explique que l’on tourne le dos aux vraies mesures.

Certes, il est vrai malgré tout que de manière générale la droite est plus favorable que la gauche à la propriété privée, élément indispensable de la doctrine libérale. Mais si les libéraux peuvent, de ce fait, être plutôt classés à droite, tout au moins à notre époque, cela ne signifie pas que la droite est libérale. Une partie importante de la droite est nationaliste et/ou interventionniste au point de vue économique. La tradition gaulliste l’illustre parfaitement.

Le général de Gaulle était classé comme un homme de droite, mais il avait pour première préoccupation, non pas la défense de la liberté individuelle, mais la grandeur de la nation. Et du point de vue économique, il a été l’initiateur des grandes nationalisations de l’après-guerre et il présentait le Plan français comme une « ardente obligation ».

Il existe donc des critères qui se croisent et qui finissent par rendre la lecture du monde politique difficile : ainsi une vision collectiviste conduira sans doute la gauche à se préoccuper d’une catégorisation authentiquement marxiste (les exploiteurs et les exploités, les travailleurs et les patrons, etc.) quand la droite mettra davantage l’accent sur la nation contre l’international (ou contre l’individualisme). Mais ce clivage peut se retrouver à gauche, puisqu’il y a une tradition internationaliste (« prolétaires de tous les pays unissez-vous ! »), mais aussi des courants nationalistes ou souverainistes et, bien sûr, des courants altermondialistes.

Symétriquement, et comme nous l’avons déjà souligné, on peut trouver des points de contact entre le libéralisme et la gauche. Il existe ainsi une gauche libertaire – et d’ailleurs irréaliste – dont on peut penser qu’elle serait prête à défendre l’individu contre le pouvoir central.

Mais elle est en réalité aux antipodes du libéralisme car elle est anarchiste, c’est-à-dire qu’elle revendique la liberté individuelle contre le pouvoir, mais sans reconnaître que cette liberté individuelle implique nécessairement le respect des droits de propriété (et c’est bien pourquoi elle est irréaliste). Elle constitue donc plus une réaction épidermique contre le pouvoir qu’un courant libéral au sein de la gauche.

En définitive, la distinction entre droite et gauche est une distinction politique, et non une distinction idéologique, c’est-à-dire relative aux idées. Dans une démocratie où règne la loi de la majorité, on est nécessairement conduit à distinguer deux camps. Traditionnellement on les appelle la droite et la gauche par référence à la situation de leurs membres dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

De ce point de vue, il faut bien qu’il y ait des députés à droite de l’hémicycle et d’autres à gauche. Mais à la limite, on pourrait aussi bien distinguer les bleus et les rouges ou les A et les B. Malheureusement, dans le monde hyper-politisé dans lequel nous vivons, en particulier en France, on a tendance à utiliser les critères de distinction d’origine politique pour analyser tous les problèmes économiques et sociaux : on se demandera ainsi si le système éducatif est démocratique ou non, ou si telle ou telle politique, telle ou telle idée est de droite ou de gauche. Mais il serait sain de renverser les perspectives, de s’interroger d’abord sur les visions idéologiques.

Libéralisme ou constructivisme, collectivisme ou individualisme, interventionnisme étatique ou liberté individuelle, tels sont les bons critères qu’il conviendrait d’utiliser et qui aideraient à la compréhension des phénomènes politiques. Ainsi il serait souhaitable et efficace de distinguer non pas la droite et la gauche, mais un parti libéral et un parti non-libéral (par exemple un parti socialiste), à condition évidemment que le libéralisme soit conçu de manière correcte.

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  • oui , je ne peux m’empecher de noter néanmoins le constructivisme électrique souvent à l’oeuvre sur contrepoint..

    certains cadres de pensée semblent infrangibles.
    l’etat est necessaire l’affirme t on .même si on ne sait pas expliquer pourquoi avec précision..
    Il me semble que..
    pour l’ed nat on a la peur du radicalisme des parents..
    pour l’electricité on a la peur que les choses changent..
    pour la santé la peur que les pauvres soient « mal » soignés…
    pour la recherche fondamentale qu’elle s’arrete tout bonnement..
    si on choisissait la liberté..

    mais on a évidemment une limite à ce « raisonnement »… on a pas de recours quand l’état est aux mains d’une personne « de l’autre bord »..

    en pratique on se retrouve avec une ed nat qui devrait être gérée par ..ses profs ( du public) ..
    edf par ses ingénieurs, et la sécu par les médecins..
    l’argument de la compétence… évaluée par les pairs et non les » clients »…

    vous vous rendez compte des gens mourraient en se soignant à l’homéopathie, on aurait des coupures de jus plus fréquente, ou de tarifs plus hauts. pas nécessairement faux… mais empêchant cela on empêche les gens de comparer..de constater.. y a t il une promotion de la vaccination infantile plus éclatante qu’un enfant non vacciné qui meurt? Sans cette horrible « piqure de rappel.. les gens peuvent se laisser aller à développer des idées ENCORE plus dangereuses..la vaccination obligatoire c’est PURE connivence …

    et non la mort de quelques enfants par ans n’est pas une raison suffisante pour enfreindre le principe de responsabilité parentale… vous ne bouclerez pas les ceinture de sécurité de force, nourrirez « sainement de force toutes choses qui ont un impact sur la santé des enfants..
    les mal vaccinations sont un détail statistique dans les morts d’enfants..on ne rend pas le rangement des détergents hors de portée des enfants un crime…
    toutes les morts d’enfants idiotes sont révoltantes.. mais sans « idiotie » la vie est un enfer invivable..

    vous avez couru dans le jardin avec vos enfants dans une brouette…en töle.. vous avez fait faire l’avion à votre neveu ..en tôle.. vous avez laissé une cacahuète sur la table basse..en tôle…

    les gens ne sont pas si cons..

    https://www.insee.fr/fr/statistiques/2386052

    • Ce que sous-entend l’auteur c’est que le vice fondamental des constructivistes est de vouloir s’arroger le monopole du contrôle de certains aspects de la vie des individus. Malheureusement en France une majorité favorise la dévolution de ce contrôle à l’Etat. De mon point de vue le rôle de l’Etat doit se limiter à la garantie de la liberté, de la propriété et de la sûreté individuelles et rien d’autre. Pour ce faire son mandat doit être impérativement limité à l’armée, la police, la justice et les affaires étrangères. Tout texte étranger à ces compétences doit être abrogé.

  • La gauche française subventionne les salariés (du public), la droite subventionne les entreprises (amies).

    • C’est tout à fait ça : la gauche et la droite ne se distinguent pas d’un point de vue idéologique, comme l’explique très bien Pascal Salin ci-dessus, mais en fonction d’une clientèle électorale que l’une et l’autre s’évertuent de dorloter.

      On peut d’ailleurs s’amuser de voir que le nouveau venu dans le paysage politique, qui vient marcher sur les plates bandes du parti nationaliste, est d’ores et déjà davantage motivé par le fait de flatter sa putative clientèle électorale (les « bourgeois patriotes ») au détriment de celle de sa concurrente (le « ghetto ouvrier ») qu’il aimerait pourtant chiper, et de l’accuser d’être « une femme de gauche », plutôt que d’enrichir le débat politique de nouvelles idées (car de fait il n’apporte strictement rien de nouveau par rapport au RN).

      • J’ai envie d’aller plus loin que vous.
        Les partis définissent leurs programmes en fonction des électeurs constatés.
        Depuis que le vote ouvrier a migré (en partie) vers RN, celui-ci a gauchi son discours : retraite à 60 ans, nationalisation des autoroutes, etc.
        Depuis que les bobos-écolos-urbains sont devenus des adeptes de la gauche caviar, celle-ci a verdi son discours : politique anti-bagnole (bien qu’anti-sociale, un comble pour le PS), forêts urbaines (sic), mépris affiché pour la France qui fume des clopes et roule au diesel, etc.
        Depuis que Zemmour a fait irruption, la droite LR, pour ne pas voir fuir son électorat, a durci son discours sur l’immigration (même Barnier !) etc.
        Dis-moi qui vote pour moi, je te dirai quel est mon programme…

      • Pas d’accord pour Zemmour : il flatte les bourgeois ET les classes populaires « patriotes ». Son programme éco est un des plus libéral de l’offre politique actuelle mais on manque de données c’est clair.
        Pour lui droite = aimer la France et entreprendre, gauche = mondialiste et fainéant.

  • Mais oui ! Il y aura toujours des sensibilités variées conservatrices, progressistes, collectivistes, etc. Le plus important est que celles-ci s’expriment dans un esprit (une conscience collective) plus libérale qu’étatique.

  • Une remarque tout de même: si l’on utilisait votre classement constructiviste-libéralisme pour les politiciens, alors tous les politiciens se retrouveraient du même côté. Un bon classement partage la classe politique en au moins deux groupes de taille similaire, et en général la coupure est ajustée pour maintenir la taille des groupes équivalentes.
    La distinction constructiviste-libéral est actuellement, pour la plupart des français, totalement inutile car ils sont presque tous constructivistes…

    • « Un bon classement partage la classe politique en au moins deux groupes de taille similaire »

      Vous avez raison d’un point de vue sociologique (pour connaitre la structure de la société française) mais pas d’un point de vue idéologique : la distinction constructiviste-libéral a justement le mérite de montrer que la quasi totalité des Français se trouve dans l’ignorance d’idées politiques. Ignoti nulla cupido.

    • Le classement constructiviste-libéralisme pour les politiciens est pertinent en France car il démontre que tous sont du même côté : tout par l’Etat, tout pour l’Etat, rien en dehors de l’Etat comme disait Mussolini. Depuis 1793 la France est une république fasciste.

  • Article très intéressant, comme tous les livres de Pascal Salin. « Libéralisme » en particulier est mon livre de référence, qui nous éclaire sur les réponses libérales à la plupart des soucis de notre société (qui n’auraient d’ailleurs pas lieu d’être dans une pure société libérale).
    Toutes les études montrent que le libéralisme est la clé pour améliorer le bien être individuel, et pourtant ce discours n’arrive pas à percer en France.
    J’ai visionné une conférence de Pierre Bentata qui expliquait que l’on peut reprocher beaucoup de choses à l’Etat, mais que finalement il ne fait que répondre à la demande des Français pour régler tous leurs problèmes, il y a comme une relation rassurante entre les Français et l’Etat, une sorte de décharge de responsabilité finalement arrangeante. Il pense que pour faire passer nos idées, il faut peut être éviter de critiquer directement l’Etat (qui est une sorte de refuge pour beaucoup), mais plutôt proposer une alternative de projet commun, en expliquant les bienfaits des solutions libérales. Pas simple tout ça, mais je trouvais l’idée intéressante.

    • un état théorique.. un état qui punit les méchants et récompense les gentils..

      car tout le monde se voit le gentil..

      avec une réaction violente et radicale. et des manifestations sur l l’illégitimié des élus..

  • « Or le socialisme peut être défini comme un système politique et économique dans lequel l’État bénéficie de pouvoirs importants sur les individus et l’organisation de la société, et peut-être surtout au sujet de la nécessité d’imposer une redistribution des revenus des individus »
    Non pour la première définition qui peut correspondre à n’importe quelle organisation étatiste, de la dictature du prolétariat au fascisme en passant par la démocratie illiberale d’un Orban par exemple. Une fois encore, on confond socialisme et étatisme.
    La seconde tentative de définition est plus proche. Mais ne définit qu’un épiphénomène, qui remonte en gros à la création de l’impôt sur le revenu, et qu’aucun gouvernement anti-socialiste n’a jamais remis en cause depuis. C’est prendre les choses par le petit bout de la lorgnette.
    Le socialisme c’est pour faire court :
    – une volonté de « justice sociale », dont la redistribution des revenus n’est qu’un détail
    – un anti-capitalisme forcené, d’où l’appropriation collective des moyens de production (remember les nationalisations du début du règne de Mitterrand)
    – un objectif de société sans classe et… sans Etat, considéré comme le joujou de la classe bourgeoise ; donc non, définitivement non, le socialisme ce n’est pas l’étatisme.
    Que reste-t-il de tout ça aujourd’hui ?
    Pas grand chose !
    Les nationalisations ? Terminées. A part celle des autoroutes, et c’est un parti de droite (RN) qui la réclame…
    La société sans classe et sans Etat ? De la part d’une « élite bobo-urbaine de gauche » qui s’est bouché le nez quand les Gilets jaunes sont apparus sur les RP, au lieu de prendre instamment leur défense contre le pouvoir jacobin centralisateur, on repassera.
    Reste sans doute la vague utopie de la « justice sociale », prétexte aujourd’hui à toutes les dérives wokistes, dans laquelle s’est engouffrée la gauche radicale et islamo-gauchiste, et qui est en train de recréer, une société de classes (ou de races), contrevenant ainsi frontalement à un objectif majeur du socialisme, la société sans classe…
    Le socialisme n’existe tellement plus en France que Valls voulait en changer le nom et que ce parti, qui ne défend plus depuis belle lurette son électorat originel (les ouvriers, les smicards, les petites gens…) est promis à 5 % des votes.
    Ceci explique sans doute pourquoi la fracture gauche-droite a du plomb dans l’aile.
    Alors oui il y a de la place pour d’autres fractures, d’autres affrontement de blocs (pour reprendre l’expression de Sainte-Marie). Reste à savoir lesquels.
    Progressistes contre populistes ? Libéraux contre constructivistes ?
    Pour l’instant, la fracture qui me semble la plus pertinente pour traduire notre réel (en France) est celle justement décrite dans Bloc contre bloc de J. Ste-Marie : le bloc élitaire contre le bloc populaire.
    Ces blocs (et la fracture correspondante) existent car ils ont des incarnations, Macron d’une part et Le Pen d’autre part…
    Les autres fractures ne sont encore qu’hypothétiques car elles concernent des courants qui ne sont représentés par aucun politicien de poids.

    • Je suis d’accord sur le fait que la définition du socialisme de l’auteur de l’article manque de clarté.

      En revanche, je ne suis pas du tout d’accord avec vous sur votre diagnostic.

      Vous dites : « Que reste-t-il de tout ça aujourd’hui ?
      Pas grand chose !
      Les nationalisations ? Terminées. »

      C’est une blague ? Allez donc mesurer la part de l’économie française non marchande et administrée. Et comparez là aux autres économies occidentales.

      Sur ce critère, la France est clairement socialiste.

      Vous dites : « La société sans classe et sans Etat ? (…) on repassera. »

      C’est une blague ? Allez donc mesurer la part de la redistribution en France. La France est le pays au monde qui réduit le plus les inégalités de revenus quand on compare les revenus suite à la « répartition primaire » et ce qu’ils deviennent suite à la redistribution. La France est le pays occidental qui fait disparaitre le plus les inégalités de « classe ».

      Sur ce critère, la France est clairement socialiste.

      Alors pourquoi les politiques étiquetés socialistes ne font-ils plus recette aujourd’hui ? Non pas parce que le socialisme n’existe plus comme vous le supposez, mais, bien au contraire, parce qu’ils ont remporté tout ce qu’il était possible de remporter dans une société occidentale comme la nôtre.

      • 1. Votre première remarque illustre la confusion que j’évoque entre étatisme et socialisme.
        Un secteur non marchand important révèle un pays fortement étatisé. Mais ce qui définit un pays socialiste, c’est le type de propriété des entreprises du secteur marchand. Dans un pays socialiste, il n’y a pas de propriété privée des moyens de production.
        Ce qui aurait du sens, éventuellement, selon cette définition, c’est de dénombrer les entreprises françaises du secteur marchand sous contrôle de l’Etat (celles où l’Etat est actionnaire, majoritaire voire minoritaire). Si mes informations sont fiables, elles représentent environ 3 % des salariés. Pas bezef pour une économie soit disant socialiste…

        2. Quand on fait du benchmarking, j’aime bien recourir à des valeurs chiffrées. Si on prend le coefficient de Gini, qui me semble être un arbitre intéressant de ce point de vue, on ne peut pas dire que la France est le pays le plus égalitaire du monde.
        Au demeurant, votre remarque sur redistribution/repartition primaire des revenus ne fait que traduire la pression fiscale élevée de ce pays. Cela renvoit à la définition de l’auteur reprise dans mon post, définition qui ne peut résumer à elle seule ce qu’on appelle justice sociale, et encore moins socialisme (dont la justice sociale n’est qu’une composante).

        3. Selon votre conclusion, nous serions tous des M. Jourdain du socialisme ?
        Honnêtement, et pour prendre un peu de recul, je ne vois pas l’intérêt de tordre à ce point la définition du socialisme pour nous faire absolument rentrer dans cette case.
        Cela ne suffit pas pour un libéral de dénoncer l’étatisme français ?
        Vous noterez en outre que pour la définition que je donne du socialisme, celle-ci reste plutôt fidèle à celle qu’en donnent les socialistes eux-mêmes. J’aurai pu me montrer plus méchant et donner le portrait de ce qu’est, dans la réalité, un pays socialiste : parti unique, faible liberté de la presse, minorités oppressées, etc. Mais dans ce cas-là, toute discussion devenait inutile tant le fossé est grand entre nous et eux.

        • Il n’y a que 14 sociétés du CAC 40où l’Etat n’intervient pas au capital. Cf. les stratégies d’investissement de Ch. Gave voir son site

        • « dénombrer les entreprises françaises du secteur marchand sous contrôle de l’Etat […] environ 3 % des salariés. Pas bezef pour une économie soit disant socialiste… »

          Avec 65% de charges totale sur les PME et des foultitudes de dispositif intrusifs et contraignants y compris au niveau des emplois, on ne peut plus parler d’entreprise libre même pour une simple boulangerie.
          Au socialimètre, la France enregistre un 17/20 au moins.
          .
          Le socialisme ne commence pas avec les vrais barbelés et le parti unique déclaré. Les dictatures 2.0 sont plus subtiles que leurs ancêtres.

  • Sauf que l’opposition libéralisme – constructivisme oppose environ 3% des Français (ceux qui avaient voté pour Madelin) aux 97% restants. Dans un système démocratique, cette opposition est donc quasiment insignifiante politiquement parlant.

    En réalité, au lieu de parler de droite et de gauche, on ferait mieux de parler de conservatisme et progressisme. Le conservatisme veut surtout maintenir le système actuel en place et le progressisme veut surtout changer le système actuel.

    Pour peser politiquement parlant, les libéraux sont obligés de choisir un des deux camps. Lorsque les progressistes veulent changer pour plus de libertés, les libéraux seront progressistes, mais lorsque les progressistes veulent changer pour moins de libertés, les libéraux deviendront conservateurs.

    Actuellement, comme la plupart des progressistes veulent beaucoup moins de libertés, cela implique que les libéraux se retrouvent dans le camp des conservateurs, autrement dit, de la droite.

    • Toutes les études d’opinion depuis de nombreuses années montrent que, en France, les conservateurs sont encore plus minoritaires que les libéraux.

      • Sauf que je ne parle pas de ces « conservateurs »-là.

        Dans un système politique, vous n’avez que deux tendances possibles: ceux qui veulent changer des choses, et ceux qui ne veulent pas changer ces choses.

        Ceux qui veulent changer des choses sont par définition des « progressistes », parce qu’ils justifient leur volonté de changement pour amener la société à progresser. Ceux qui ne veulent pas changer ces choses, sont par définition des « conservateurs », parce qu’ils veulent « conserver » ce qui est existant.

        Tous les gens ont les deux tendances, sauf que l’une domine fatalement sur l’autre.

        Par exemple: un libéral dans un système très socialiste sera très « progressiste », parce qu’il voudra changer beaucoup de choses dans ce système. Mais dans un système très libéral, il sera très « conservateur », parce qu’il ne voudra pas changer grand chose…

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Par Tadd Wilson. Un article de la Foundation for Economic Education

En dépit de ce qui est enseigné dans la plupart des universités, les idées libérales essentiellement classiques de l'économie de marché libre et du gouvernement limité ont remporté le test de base de toute doctrine : est-elle la meilleure alternative ? La preuve en est évidente, qu'il s'agisse de l'effondrement de l'économie planifiée de l'ancienne Union soviétique, ou de la réduction du secteur public dans des pays aussi variés que l'Estonie, la Nouvelle-Zélande et la... Poursuivre la lecture

L’actualité politique française, tout imprégnée d’antilibéralisme et friande de raccourcis journalistiques, a souvent tendance à réduire le libéralisme à une sorte d’idéologie politique homogène destinée à imposer le marché comme un dogme et les libertés individuelles comme une morale publique ne souffrant aucune discussion contradictoire.

C’est passer sur son histoire, ses nuances et ses théorisations sous le rouleau compresseur de l’opinion commune pour en oublier sa richesse philosophique et son inventivité fondamentales.

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Les définitions du terme « idéologie » abondent. Mais plutôt que de vous en apporter une ici, il convient surtout de relever qu’entre le sens initial du mot et les sous-entendus qu’il recèle désormais, la prudence s’impose.

En effet, alors que ce terme avait une signification précise au départ, se référant à la science des idées, il a très vite subi les coups de boutoir de Napoléon, se moquant des intellectuels peu au fait de la politique concrète, puis surtout de Karl Marx, qui en marquera profondément le sens péjoratif aujourd’hui do... Poursuivre la lecture

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