Zemmour le hérisson face à Macron le renard

OPINION : face à un Éric Zemmour obsédé par l’immigration, Emmanuel Macron apparait modéré.

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Zemmour europe 1 youtube https://www.youtube.com/watch?v=P_zQ09Pa4bk

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Zemmour le hérisson face à Macron le renard

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 octobre 2021
- A +

Par Pierre Robert.

« Le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n’en sait qu’une seule, mais grande » Archiloque, Fragments, VIIe siècle avant JC

Dans son remarquable essai sur Tolstoï1 Sir Isaiah Berlin distingue deux types d’êtres humains que tout oppose, les renards et les hérissons en suggérant qu’un grand abime sépare ceux qui, d’une part rapportent tout à une seule vision centrale et d’autre part, ceux qui poursuivent plusieurs fins, souvent sans aucun rapport entre elles, voire contradictoires 2.

La vision du hérisson est unitaire, celle du renard multiple. L’un est moniste, l’autre pluraliste. Le premier agit et réfléchit de manière centripète aspirant dans son système tout ce qui gravite autour de lui comme le ferait un trou noir. En revanche la pensée du second « se meut à de nombreux niveaux ». Sa vision du monde est dispersée et multiple. Du phénomène humain il a une conception ouverte et plurielle.

Zemmour le hérisson et Macron le renard

Le hérisson se réfère à un principe ordonnateur, à une question centrale en fonction de laquelle tout le reste s’organise et prend sens. En bon hérisson Éric Zemmour croit avoir trouvé la clef d’explication unique de toutes nos difficultés, leur explication ultime. Cette clé c’est « le grand remplacement », la submersion migratoire qui menace le pays.

Pour le renard, une telle clé n’existe pas. Sa perception du monde est pétrie de contradictions entre des éléments hétérogènes avec pour seul principe directeur la recherche du moins mauvais compromis possible dans les circonstances du moment, ce que traduit la démarche du « en même temps ».

En bon renard Emmanuel Macron est mu par la volonté de faire tenir ensemble des éléments dissemblables, de composer, tempérer, négocier, manier la truelle pour inlassablement consolider le mur disjoint de la réalité.

Selon Mario Vargas Llosa l’approche du hérisson qui réduit « tout ce qui se passe et ce qui est à un noyau dense d’idées grâce auxquelles le chaos de la vie devient ordre »3 est totalisatrice et potentiellement totalitaire. Pour Éric Zemmour cet ordre se fonde sur une foi en la Nation, sur une certaine idée de la France, celle dont le Général de Gaulle aurait été porteur, et si on remonte plus loin, à celle de Maurras.

De la doxa maurrassienne, il a repris les grandes lignes dans Le Destin Français, en accusant la France depuis 1789 « d’avoir sabordé son État au nom de la liberté » et en présentant Voltaire comme « un démolisseur qui nous a imposé la pernicieuse fascination des grands principes : la liberté de parole et le commerce, la liberté de croire et de ne pas croire, les droits de l’Homme et la tolérance ».

L’obsession fanatique

Mario Vargas Llosa ajoute « Déguisé ou explicite, dans tout hérisson il y a un fanatique ; dans un renard, un sceptique et un agnostique »4.

À la vision finaliste du polémiste, le Président oppose de fait une forme de relativisme, une conception de l’histoire où les valeurs démocratiques de tolérance, de pluralisme, de respect de l’adversaire, de liberté ont encore un sens.

Cet affrontement du renard et du hérisson transparait dans la conversation avec Emmanuel Macron qu’Éric Zemmour relate dans son dernier livre :

Il me dit : « Il y a des individus qu’on peut sauver, qu’on peut ramener à la République », je lui dis qu’il y a toujours des individus bons ou méchants, peu importe, mais je crois aux inconscients collectifs qui nous dirigent, et l’inconscient collectif de ces populations musulmanes est de coloniser le colonisateur, de dominer l’infidèle au nom d’Allah.

[…]

Il me dit que s’il parle comme moi, on va à la guerre civile ; je lui dis qu’on va de toute façon à la guerre civile si on continue la politique qu’il suit.

[…]

Il me dit que ses seuls ennemis sont les salafistes, je lui dis que les salafistes ne sont que la pointe émergée de l’iceberg, que la question cardinale est le nombre, qu’il faut arrêter l’immigration 5

Du diagnostic d’Éric Zemmour découle la brutalité de ses solutions : porter le couteau dans la plaie, tout nettoyer au karcher, ne pas faiblir, amputer s’il le faut. Un tel programme est impossible à mettre en œuvre sans violence et sans considérablement renforcer les contraintes que l’État exerce sur les individus.

Face à cela, le danger de la démarche du renard sceptique est l’impuissance, la tentation du renoncement, une tendance à procrastiner, à sous-estimer les menaces vitales dont sont porteurs des ennemis auxquels on applique le principe de tolérance.

Ni l’un ni l’autre n’ont déclaré leurs candidatures, leurs programmes sont encore dans les tiroirs. La distinction entre renard et hérisson qu’on peut d’ailleurs généraliser à l’ensemble des candidats n’en reste pas moins utile pour saisir ce qui va se jouer à l’occasion des futures élections présidentielles. C’est bien entre deux types d’attitudes face à la vie et à l’avenir du pays que les Français vont devoir collectivement choisir.

Aucun de ceux qui se réclament du libéralisme ne devrait hésiter longtemps.

Pierre Robert est l’auteur de Fâché comme un Français avec l’économie.

  1. Isaiah Berlin, The Hedgehog and the Fox, 1953, traduction française Le Hérisson et le Renard, Les Belles Lettres, 2020
  2. Opus cité, page 50
  3. Mario Vargas Llosa, L’Appel de la Tribu, Gallimard, 2021 pour la traduction française
  4. Opus cité, page 271
  5. Éric Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot, p. 321, Paris, éditions Rubempré, 2021
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  • Il y a un temps pour les renards et un autre pour les hérissons.

    Et les renards, eux aussi, sont des prédateurs.

    • D’ailleurs pour chasser le hérisson qui se roule en boule, le renard pisse dessus. Surpris, le hérisson se déroule et le renard plante ses crocs dans son ventre pour ensuite le dévorer. Je suis inquiet pour Zemmour.

  • Le succès des nordiques tiens à leur pragmatisme, la faillite du sud et spécialement des Français à leur déconnexion intellectuelle.
    .
    Perdu dans vos jolies fables puériles vous faites l’apologie d’un authentique socialiste qui a fait basculer la France dans le totalitarisme sanitaire en plus de la faillite et vous faites semblant d’ignorer le coût monstrueux de l’immigration, que ce soit économique, social, ou pour les libertés puisqu’elle sert depuis 40 ans à la gauche pour étendre son pouvoir et ses pillages.
    .
    Zemmour contrairement à ce que vous dites a aussi un vrai programme de réduction des dépenses, des impôts, des réglementations, de la bureaucratie et de l’emprise des médias étatiste avec la fin de la redevance.
    Ce n’est peut-être pas le libéralisme parfait, mais la Suisse ou la Norvège sont aussi très loin des utopies libertariennes et la moindre liberté gagnée serait un bol d’air pour la France puisqu’elle en perd chaque année par wagon entier depuis 40 ans.
    .
    En France, nous avons donc des « libéraux » qui roulent pour la Macronie, la plus grosse bureaucratie socialiste au monde qui est en train de tuer le pays et d’instaurer une dictature 2.0.
    CPEF !

  • vu comment le renard-macron détruit nos libertés… et en même temps la sécurité…

  • LePoint ce matin :
    « C’est un sujet que les entreprises n’aiment pas aborder publiquement : l’affirmation du fait religieux dans le monde du travail ne va pas sans heurts. Dans tous les secteurs, partout en France et en Europe, des managers peuvent être confrontés à des comportements religieux plus ou moins marqués. Si toutes ces manifestations religieuses ne constituent pas nécessairement un obstacle à la conduite de l’activité, elles sont diversement acceptées parmi les travailleurs, avec cet invariant : plus elles sont ostentatoires, moins elles sont tolérées. C’est le principal enseignement de l’enquête… » (article payant).

    On peut choisir le renard et laisser tout cela proliférer, car ce ne sont évidemment pas des salafistes qui, au quotidien et dans tous les domaines de notre société, diffusent pour imposer à terme cette religion mortifère.

    Ou choisir le hérisson qui au moins nous conservera notre mode de vie.

    Aucun des deux n’étant libéral, ceux qui se réclament du libéralisme devront de toutes façons choisir sur un autre critère. Le renard soit-disant libéral mais qui permet à une société à terme liberticide et totalement illibérale de s’installer ? Ou le hérisson non libéral (mais assisté de Charles Gave) qui au moins ramènera la France dans une position conforme à ses principes (et valeurs d’ailleurs, mot galvaudé par certains) et le maintien du mode de vie occidental ?

  • Nous aurons donc le choix entre un dictateur de conviction et un dictateur opportuniste.

  • Le problème ici c’est que notre renard multiplie les démonstrations d’autoritarisme, en plus d’afficher une arrogance sans mesure.
    Je dirais donc que l’on a plutôt affaire à un roquet vicelard, qui se complaît à mordre les mollets d’un peuple trop poli pour lui mettre un coup de tatane, tout en ménageant soigneusement ses patrons et comparses.

    • Bel exemple de détournement de sujet. Cette façon d’aborder le cas Zemmour permet de le déprécier sans jamais se frotter à ses arguments : bien joué. Mais ne se feront leurrer par ce tour de passe-passe que ceux qui le veulent bien.

  • > Selon Mario Vargas Llosa l’approche du hérisson (…)
    > est totalisatrice et potentiellement totalitaire.

    C’est vrai qu’on peut se poser la question.

    A contrario, après 18 mois de Covid, la question côté Renard ne se pose plus, c’est l’avantage.

    • Surtout que le Renard a déjà annoncé la couleur : prolonger l’etat d’urgence sanitaire jusqu’à juillet 2022, soit APRES l’élection présidentielle… Dictateur un jour, dictateur toujours !

  • Je trouve la comparaison sans fondement. Si Macron est un renard il est sans ruse et totalement prévisible. Et Zemmour n’est pas très piquant voire totalement inoffensif. De toutes façons quel que soit l’homme ou les 2 personnages au deuxième tour, les 2 sont incompétents et nous mènent droit à un nouveau bilan catastrophique. Aucun n’a le carisme et aucun n est capable de cadrer la haute fonction publique

    • Pour cadrer la haute fonction publique, il faudrait dégraisser l’État des 3/4, et le recentrer sur ses missions régaliennes. cela mettrait les 3/4 des hauts fonctionnaires à la porte, obligés de gagner leur croûte autrement qu’en ponctionnant les contribuables. Ce serait une première forme de cadrage assez efficace, je pense.

    • le problème , c’ est que personne n’ a de charisme ….

  • C’est sûr que comme renard, le bilan de Macron n’est pas maigrichon :
    – il a vendu à la découpe la souveraineté nationale
    – il a ridiculisé la France sur la scène internationale où nous n’existons pratiquement plus
    – par des traité comme celui de Marrakech, il a laissé le pays en proie à qui en veut bien.
    – il a réduit en miettes le tissu industriel et économique
    – il a bien préparé une crise énergétique majeure
    – il a fait exploser la dette publique
    – il a méticuleusement détruit les libertés individuelles
    – il a anéanti toutes les structures sociales, de la famille aux institutions
    – il a ouvertement méprisé et bafoué les droits élémentaires d’à peu près tout le monde
    – avec sa stratégie vaccinale, il a sans doute envoyé à la mort ou saboté la vie de milliers de personnes
    Il en faut, de l’énergie, pour en faire autant ; être malfaisant, c’est un métier.

    • Donc, il a bien travaillé, efficace, son maître le récompensera dans un paradis fiscal, comme d’habitude. Je ne suis pas jaloux, la vie est une guerre permanente.. Il a pas un postiche ?

  • LaFontaine était bien plus efficace dans ses analogies animales. Hérisson qui en a vu un(mon dernier il y a 4 ans, vivant pas en pizza) , renard, rusé, macron, rusé, y a de l’abus, tout est téléphoné chez lui, jamais de surprises.

  • Aucun de ceux qui se réclament du libéralisme ne devrait hésiter longtemps.

    Plus précisément ?

    Je trouve assez incroyable ce type de plaidoyer pro-Macron – car à l’évidence c’en est un – quand on sait l’état dans lequel l’intéressé laisse la France et le peu de cas qu’il fait – très concrètement, pas hypothétiquement – de nos libertés.

    D’autant qu’on ne sait encore pas tout des candidats, de leur programme, etc.

  • Et bien moi je suis libéral et je préfère Zemmour à Macron. Je ne vois pas quel a été l’intérêt pour le pays de la politique très brouillonne de Macron. Par contre je vois ses énormes défauts liberticides. L’Etat est beaucoup plus fort aujourd’hui dans la sphère économique et sociale et beaucoup plus faible dans les matières régaliennes qu’il était avant l’élection de ce Monsieur en 2017. Or la seule chose qu’on demande à l’Etat, c’est de s’occuper du régalien: police, justice, relations avec les autres Etats.
    Après un échec complet, que peut-on espérer? Quelqu’un qui s’occupe du régalien et pour le reste laisse les Français libres. C’est apparemment l’intention d’Eric Zemmour et c’est pour cela que je le soutiens.
    A noter que veiller au respect de la Loi et à la sécurité à l’intérieur du pays (donc entre-autres, arrêter le flux d’immigrants inassimilables, n’est pas incompatible avec le libéralisme.

  • Macron renard ? Alors la France est un poulailler dont nous sommes les habitants. En l’espèce et pour une fois, le hérisson paraît plus malin que le renard qui redoute évidemment de s’y frotter. Alors oui, le libéral de Contrepoints n’hésite pas une seconde, car avec Z, on a une petite chance que la porte du poulailler soit entrouverte.

  • Quand Zemmour dit d’arrêter l’immigration, l’auteur traduit ça par « amputer s’il le faut ».

    « Amputer » laisse entendre « expulser les musulmans qui sont déjà là », ce que Z n’a jamais dit.

    Petit exemple des déformations quotidiennes que subit le discours de Z, bien plus raisonnable qu’on veut le faire croire.

  • Bon , texte amusant mais dont les conclusions sont claires : le Renard pisse sur le Hérisson et celui-ci se fait  » bouffer  » ( du moins c’est comme çà dans la nature !!) !! Le rédacteur n’en doute pas puisqu’il suggère pour qui voter : le plus libéral ????

  • « Aucun de ceux qui se réclament du libéralisme ne devrait hésiter longtemps. »

    … à ne pas voter !

    (En particulier si on considère que les éloges dithyrambiques de tel ou tel candidat sont du f. de g.).

    • Ce sont les enfants on les gens perdus dans leur idéologie qui refusent de choisir la moins mauvaise solution.
      Les libéraux qui feraient ça seraient Macronistes.

  • invotable.. subir ou partir..

  • Le renard : « Sa vision du monde est dispersée et multiple. Du phénomène humain il a une conception ouverte et plurielle. »
    Celui que l’on nous propose ici semble bien étriqué : étatiste, c’est à dire bureaucratique et technocratique, pour qui tout se résout par les lumières des décideurs éclairés issus de nos magnifiques élites arrivistes, ceux là même qui lui cirent les pompes et le s… à longueur de journée, parvenus à cette fonction par des années de lèche, d’abnégation dans une langue de bois qui jamais ne se dément, j’arrête ici, j’ai envie de vomir…

  • « C’est bien entre deux types d’attitudes face à la vie et à l’avenir du pays que les Français vont devoir collectivement choisir. » Oui, ils auront à choisir entre le renard qui, tout malin qu’il est, va nous mener dans le mur, et le hérisson qui, tout borné qu’il est, nous donne une petite chance de nous en sortir. Macron fait penser à ces gens qui font des listes de tâches. Ça ne sert à rien si on ne coefficiente pas.

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