Présidentielle : pour Michel Barnier, la liberté n’est pas la priorité

Michel Barnier pourrait créer la surprise lors de la campagne présidentielle, une fois que l’effervescence autour d’Éric Zemmour se sera calmée.

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Arrivals by EU Council Eurozone (creative commons) (CC BY-NC-ND 2.0)

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Présidentielle : pour Michel Barnier, la liberté n’est pas la priorité

Publié le 12 octobre 2021
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Par Finn Andreen.

Certains disent que les Français ne connaissent pas suffisamment Michel Barnier car il a passé les dix dernières années dans les institutions européennes. Puisqu’il est revenu en France cette année en déclarant dans la foulée sa candidature à la présidence de la République, il faut donc se poser la question : qui est l’homme politique Michel Barnier ?

Comme beaucoup de politiciens, Barnier s’adapte aux conditions politiques en fonction de ses objectifs personnels.

La girouette Barnier

En effet, il vient tout juste de se positionner sur les grands thèmes de cette élection présidentielle, comme la sécurité, l’immigration, et la souveraineté de la France.

Mais Barnier est-il crédible ?

Hier, il défendait la cause européenne avec ferveur en négociant fermement l’accord du Brexit avec le Royaume-Uni pour le compte de l’Union européenne.

Aujourd’hui, il défend sans broncher la souveraineté de la France, en déclarant à plusieurs reprises, que « chaque pays d’Europe doit garder sa souveraineté juridique ». Au vu de la primauté du droit de l’Union européenne sur le droit français, on ne peut qu’être surpris par cette déclaration d’un ex-commissaire européen.

Les milieux européens ont aussi été stupéfaits par ces récentes déclarations, ce qui peut se comprendre puisque Barnier était un farouche défenseur du traité sur la Constitution européenne, comme un entretien de 2005 le montre clairement. Il faut rappeler que ce traité aurait érodé davantage la souveraineté française s’il n’avait été rejeté par les Français.

Puis, sans aucune crédibilité compte tenu de ses positions politiques passées, il énonce être contre « l’ultralibéralisme », ce concept vague et fourre-tout, qui serait responsable de la crise financière et du défaut de contrôle des frontières extérieures européennes, qu’il appelle de « véritables passoires ». Barnier pratique ici un populisme de base pour une partie de l’électorat qui ne voit que les conséquences de ces crises, sans en connaitre les causes d’origine étatique.

Pour ceux qui suivent Barnier depuis longtemps, tout ceci n’a rien de surprenant. Un rapport confidentiel de l’Ambassade des États-Unis à Paris, de décembre 2009, publié par Wikileaks, énonce :

Barnier est tout d’abord un politicien. Des années de contact avec lui ont donné à cette ambassade l’impression d’un homme avec plus d’ambition que de principes. […] Il continuera probablement de lâcher sur les principes et de s’aligner avec la position qui, selon lui, lui offrira la meilleure possibilité d’avancement personnel.

Il faudrait que tous les adhérents du LR d’abord, puis de l’électorat français prennent conscience de l’énormité de ces revirements politiques.

Battre Macron

Barnier a bien compris que l’homme à battre dans cette élection est le Président.

C’est pour cela qu’il se définit comme gaulliste, comme un homme conservateur, érudit et discret. Il faut reconnaître que son style naturel et son tempérament s’y prêtent, même si l’expérience n’équivaut pas l’érudition.

Barnier adopte cette position non pas parce qu’il croit particulièrement en la politique de De Gaulle, malgré tant d’années au RPR, puis UMP, puis LR, mais car il perçoit qu’une partie de la population française souhaiterait un tel candidat. À cause du rabâchage étatique constant, les Français n’arrivent plus à imaginer une France compétitive et dynamique dans le futur, et se rabattent alors sur le passé des Trente Glorieuses.

La stratégie de Barnier n’est pas forcément mauvaise, car même un gaulliste uniquement dans la forme contrasterait avec Macron, qui ne rappelle en rien le général.

Cela dit, Barnier va probablement trop loin puisque, selon Le Figaro :

Il veut incarner la méthode collective face à un Macron solitaire et hautain.

Mais un président de la République de la Vème République peut difficilement incarner la « méthode collective ». La balance de pouvoir est trop en faveur du Président pour rendre cela probable. Prétendre jouer le collectif et en même temps vouloir évoquer de Gaulle n’est pas crédible.

Une certaine condescendance envers l’électorat

Lorsqu’ils changent d’orientation, les politiciens expérimentés comme Barnier savent qu’ils peuvent généralement compter sur l’amnésie des électeurs. Joe Biden aux États-Unis en est un bon exemple. Ils savent qu’ils peuvent aussi compter sur les médias traditionnels pour ne pas poser de questions trop gênantes et insistantes à propos de leur cohérence politique et de leur intégrité personnelle.

Comme tous les vieux loups de la politique, Barnier sait que l’électorat juge les politiciens au moins autant sur la forme que sur le fond. De ce point de vue, il a l’avantage de son côté : élégance indéniable, sérénité inébranlable et maîtrise technocratique sont toutes des qualités qui font plus ou moins défaut à la plupart de ses rivaux politiques dans la course à la présidence. Il est très convaincant dans le rôle d’honnête homme aux bonnes intentions mais un peu naïf, même si son âge relativement avancé pourrait lui être préjudiciable, surtout en comparaison avec la fraîcheur relative de Macron.

Mais son volte-face politique, les pirouettes idéologiques qu’il tente de réaliser, semblent trop ambitieux pour convaincre même les électeurs les plus endormis. Les prochains mois le diront…

Barnier est donc un animal politique de premier calibre à ne surtout pas sous-estimer. Étant donné la médiocrité des candidats dits de droite qui lui sont opposés, il pourrait créer la surprise lors de cette campagne présidentielle, une fois que l’effervescence autour d’Éric Zemmour se sera calmée.

Il est encore tôt, mais les soutiens de Barnier sont déjà notables et plus importants que beaucoup de candidats mieux connus par les Français.

Selon le JDD :

21 députés, 30 sénateurs et un député européen apportent leur soutien à Michel Barnier.

Par ailleurs, Laurent Wauquiez, avec ses vastes réseaux dans LR, « est soupçonné de soutenir discrètement l’ex-commissaire européen ».

La liberté n’est pas une priorité

Ce bref portrait politique de Barnier suggère que la liberté des Français est bien loin d’être sa priorité. Pour lui, les problèmes économiques et sociétaux ne peuvent se régler que d’en haut, par l’État, qu’il soit supranational ou national. C’est une vision dirigiste et étatiste du monde, où il est inconcevable que la société puisse se développer et s’enrichir d’elle-même à travers le libre marché.

Si un homme est défini par ses convictions politiques, alors Michel Barnier est impossible à connaitre. S’il gagnait les élections de 2022, il est probable que rien de particulier ne distinguerait un premier mandat Barnier d’un second de Macron. Il serait préférable qu’il prenne sa retraite maintenant et rédige ses mémoires, qui  pourraient être intéressantes.

 

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  • En gros, ce mec est aussi anecdotique que le reste du gratin politique.

    • @Koris « Gratin politique » ? Quelle générosité… tous menteurs ! Je préfère vous citer : « girouette » qui n’est intéressé que « par ses propres objectifs ».
      Qu’il parte donc à la retraite, cela nous enlèvera -peut-être- un souci de plus !

  • l’homme politique français ne peut être que le reflet de la constitution..
    des types avec des principes…sauf exceptions qu’ils ont le droit de définir.

    pour l’europe ça semble être pareil.. rappelons par exemple les conditions qui ont été jugées necessaire pour fair e passer l’euro..

    ce ne sont pas des tyrants , ce sont des carriéristes sans âmes qui on bien compris qu’ilspouvait conserver le pouvoir en jouant sur la jalousie et la cupidité.

  • Nous faisons le constat amer qu’il n’y a pas de représentants pour une politique libérale en France. D’élections en élections, les mêmes copies sans vision. Il ne restera plus qu’à partir..

    • Oui, c’est cela malheureusement.

    • @Jikape- pour reprendre la conclusion de l’auteur de l’article tous nos hommes politiques sont contre le llbre-marché. Rendez-vous compte laisser les offreurs rencontrer librement les acheteurs et déterminer le prix de leur échange est une insulte à la politique et ses représentants professionnels qui nous ont largement démontré, qu’ils savaient mieux que nous ce dont nous avions besoin à un prix exorbitant avec de surcroît une dette abyssale de 2.740 milliards faut-il préciser.

    • Et s’il y en avait un à quoi bon vu le pourcentage qu’il ferait…

      • Il est vrai que pour les français d’aujourd’hui, enfin pas tous mais une part de plus en plus grande, biberonnés à l’assistanat depuis des lustres, le discours ne serait pas très « vendeur »…

    • @Jikape- Pour avoir une politique libérale il faut un reformatage complet des esprits. Cela fait des décennies que nous sommes abreuvés d’interventionnisme de l’état et ses administrations que les Français ne sont plus capables de faire la part des choses. Prenons l’exemple des Gilets jaunes en nov 2018 il n’y avait plus de sous, le mois suivant E Macron lâchait 17 millards et à partir d’avril 2020 le « quoi qu’il en coûte » claquait plus de 400 milliards pour empêcher l’économie de tourner, et un pays qui souffrait d’un taux de chômage le plus élevé des pays développés ne trouve plus à satisfaire les demandes d’embauches des entreprises après le financement à 84% des salaires du privé et à 100% de ceux des fonctionnaires et élus. Qu’est-ce que cela veut dire ? Quel est le prétendant à la présidentielle qui s’en empare ?

  • Je ne suis pas d’accord avec la fin de l’article. Même si dans l’ensemble on peut s’attendre à des similarités avec Macron il y aurait tout de même des différences car Macron est un socialiste.

    Il n’y aurait pas eu les gilets jaunes, pas d’unification des retraites, pas de GPA/PMA, pas d’obligation vaccinale, pas de fermeture de fessenheim, … Je vois Barnier comme un Chirac. Pas de vague. Une politique plus consensuelle.

    C’est juste en ça que ça pourrait être un problème car ce serait encore 5 ans de perdu et toujours sans réforme du 21e siècle.

    • @ Nom- M Barnier ne sait pas non plus qu’il est socialiste comme J Chirac (cf. M Rocard)
      D’ailleurs J Chirac n’a t’il pas écrit que « le libéralisme était pire que le communisme » ?
      D’ailleurs quand vous parlez de réformes cela veut dire qu’il faut corriger tous les problèmes créés par leurs prédécesseurs ou eux-mêmes. L’histoire le prouve très aisément et M Barnier est de la pire espèce sans conviction sauf circonstancielles à des fins personnelles.

    • @nom
      vous revez. Barnier au pouvoir c est un Hollande bis: aucune conviction et la politique du veau crevé
      donc si un lobby crie tres f ort et que Branier pense que ca va nuire a sa cote de popularité, il va ceder
      Donc il cedera aux LBGT (peu nombreux mais mediatiquement puissant). idem pour le pass sanitaire
      Par contre c est vrai qu il calinera les retraités (le gros de ses electeurs) -> augmentation des impots et des deficits

    • Macron est un socialiste? Allons… Vous comparez Barnier a Chirac; oui, justement, et qui voulez reformer les retraites en 1995?

  • « une fois que l’effervescence autour d’Éric Zemmour sera calmée »
    Lol.

  • Les beignets en vente chez Mc Donalds ont plus de colonne vertébrale et de charisme que ce pauvre Barnier…

  • Encore un ignorant qui nous parle d’ultra libéralisme, concept qui n’existe pas, sauf chez des incultes !!! Le libéralisme a été défini au siècle des Lumières et en voici sa définition :
    « Le vrai libéralisme est une doctrine du vivre ensemble qui veut rendre à chaque personne le maximum d’autonomie, qui veut permettre à chacun d’accomplir sa propre vocation profonde et de se réapproprier sa propre vie, qui souhaite que chacun puisse être entièrement responsable de soi. Il combat, à la fois, le démagogisme des États qui s’imposent par l’assistanat généralisé, les idéologies de tous bords qui se construisent sur la prédéfinition utopiste – et toujours surréaliste – de l’homme idéal ou parfait – de l’homme nouveau, de l’homme fantasmagorique qui correspondrait à leurs caprices au détriment de l’homme réel ». Que ce monsieur soit contre la liberté cela ne surprendra personne puisqu’il a été commissaire européen et a beaucoup œuvré pour supprimer le rôle des nations et faire des citoyens européens des « esclaves » du « machin » cher au Général De Gaulle. Pour tous les humanistes français ce candidat est à proscrire et à renvoyer dans sa Savoie natale.

  • j’aime bien la dernière phrase, qui pourrait s’appliquer à beaucoup !!!

  • cet européiste enragé ? Jamais de la vie !

  • Barnier ne connait qu’un ideal. Lui meme. Ses position ne sont que des postures. C’est faux dur: un vrai politiciens ce que ça a de pkus abject.

  • La vision étatiste et dirigiste du monde, ce n’est pas M. Barnier ! Mais bien celle d’E. Macron. Voir ce qui se passe avec le pass sanitaire que ce gouvernement veut prolonger jusqu’en juillet 2022 !
    Si quelqu’un est bien placé pour savoir ce qui doit changer en Europe parce que ça ne marche pas , ça bloc, c’est bien M. Barnier !
    Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et s’obstinent dans la poursuite de l’erreur !
    L. Wauquiez serait  »soupçonné  »de soutenir discrètement M. Barnier ! C’est grave vite un procès !
    Et vous venez nous parler de liberté ?

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