Liberté académique : l’influence chinoise n’est pas l’unique danger

Face à l’influence étrangère, la liberté académique doit être défendue, sans pour autant tomber sous l’influence de l’État français.

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Liberté académique : l’influence chinoise n’est pas l’unique danger

Publié le 7 octobre 2021
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Par Alexandre Massaux.

Le 5 octobre 2021, un rapport d’information parlementaire a été publié sur le sujet des influences étatiques extra-européennes dans les universités françaises.


Celui-ci pointe avant tout le rôle de la Chine :

« La Chine apparait à ce jour comme l’État le plus en mesure de conduire une stratégie d’influence globale et systémique, de par sa puissance et sa capacité à mener des politiques de long terme. Dans le futur, elle pourrait être rejointe par d’autres pays qui déploient d’ores et déjà des politiques plus offensives, comme la Russie, la Turquie ou certains pays du golfe Persique. »

Ce n’est d’ailleurs pas la première étude à mettre en avant l’influence chinoise dans nos sociétés. L’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (IRSEM) s’était déjà penché sur le problème il y a quelques semaines.

Si le rôle de la Chine dans les universités françaises et occidentales est en train de devenir un sujet qui prend de l’importance, il convient de garder en tête la liberté académique.

Lutter contre les atteintes à cette dernière provenant des autres États est une bonne chose, mais il ne faut pas qu’elle soit un prétexte pour une interférence arbitraire de l’État français dans la liberté de la recherche.

Une influence étrangère handicapant la liberté académique

L’influence étrangère dans les universités occidentales est devenue de plus en plus agressive et pas seulement celle de la Chine. Comme le signale le rapport parlementaire :

« La mission d’information a été tenue informée de plusieurs exemples préoccupants d’influence, en dehors des exemples les plus médiatiques, comme le piratage en direct d’une conférence en ligne sur le patrimoine arménien par des militants pro-turcs ou les messages peu diplomatiques de l’Ambassade de Chine à l’attention du chercheur Antoine Bondaz. »

Mais au-delà des méthodes d’intimidation, l’utilisation de l’argent et le développement d’une dépendance financière sont privilégiés. Ainsi, dans les pays anglo-saxons comme l’Australie, de nombreuses universités ont pour principale population des étudiants chinois qui leur rapportent des fonds importants. Une situation qui peut être instrumentalisée par le gouvernement chinois.

En France, cette stratégie est moins liée aux étudiants étant donné le faible coût des frais d’inscription, mais l’influence financière peut exister.

Mais celle-ci a toujours existé. Néanmoins, la forme plus agressive qui s’est développée ces dernières années a désormais des conséquences sur la liberté académique et sur la liberté d’expression au sein de l’université.

Éviter une paranoïa qui entraverait la liberté de recherche

S’il est nécessaire de lutter contre cette influence quand elle s’attaque à la liberté académique, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse qui serait de faire du « maccarthysme » et de voir des agents d’influences partout.

La question peut être délicate compte tenu de l’interconnexion des établissements de recherches et du fait que des chercheurs peuvent aller travailler sur le terrain.

Ceux qui travaillent sur les questions de relations internationales doivent rester libres et ne pas être inquiétés ni par les puissances étrangères, ni par un État occidental comme l’État français.

Le rapport parlementaire mentionne à juste titre que la réponse doit associer les personnels de recherches. Néanmoins, le rôle de l’État devrait être le plus limité possible et n’intervenir pour le cas où des chercheurs seraient intimidés. Plus précisément, c’est à la justice de s’occuper de ce genre de situation.

Le cœur du problème est que tout État pratique une stratégie d’influence. Les régimes autoritaires comme les démocraties ont en commun de chercher à reprendre leur modèle et à défendre leur intérêt. Les chercheurs et académiques sont ainsi des cibles faciles pour ces différents acteurs, et ce d’autant plus que la question de dépendance financière demeure un point faible.

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  • euh… qui se soucie encore des universités?

    mme rousseau est une économiste.
    Enseignante-chercheuse en sciences économiques, elle mène ses travaux dans les domaines de l’économie de l’environnement, des emplois domestiques et de la responsabilité sociétale des entreprises. Elle est vice-présidente de l’université de Lille chargée de la vie universitaire.
    et NON les vraies sciences ne vont pas miraculeusement échapper à ça..

    quand des gens de bon sens vont commencer à poser la question de l’interet de financer ces idéologues ils jetteront le bébé avec l’eau du bain.

  • Oui, ça me paraît furieusement confucéen, ce truc.

  • Les commentaires sont fermés.

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