L’État reste omniprésent dans la santé

L’État demeure trop présent dans le milieu de la santé. Ce secteur est sous le contrôle de hauts fonctionnaires suivant une logique bureaucratique.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Chirurgie salle d'opérations (Crédits CG94 photos, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’État reste omniprésent dans la santé

Publié le 6 octobre 2021
- A +

Par Bernard Kron.

Certains médecins, en vous tâtant le pouls, ont une façon de vous prendre par la main qui semble tout de suite vous guider vers un monde meilleur. Paul Masson.

Les révolutions chirurgicales s’accélèrent depuis les greffes d’organes, les sutures automatiques à la fin des années 1960 et la chirurgie télévisée sans bistouri à la fin des années 1980. L’IA et le robot chirurgical annoncent peut-être des temps nouveaux. Pourtant le robot n’est en fait que le prolongement de la main du chirurgien. Il permet d’augmenter la précision dans des situations complexes et pourrait un jour remplacer le chirurgien à condition que l’IA permette de programmer le déroulé de l’intervention.

Ce ne serait pas un rêve, mais un cauchemar, comme je l’ai déclaré lors du dernier débat de l’Académie de chirurgie sur la robotisation de certaines interventions.

Le robot est un plus pour un certain nombre d’interventions complexes, car il permet d’opérer de son fauteuil. Pourtant rien ne peut encore remplacer la dextérité de la main.

L’IA restera longtemps une aide au diagnostic du médecin. Ni l’un ni l’autre ne pourront remplacer l’esprit humain et la qualité de sa formation tout au long de ses activités.

Le rôle de l’État et des tutelles dans la crise

Je me suis depuis longtemps posé la question en observant la détérioration de notre médecine humaniste au profit de la traçabilité des référentiels et du normatif : « Y a-t-il réellement un pilote dans l’avion ? »

En écrivant Blouses Blanches colère noire j’ai établi mon diagnostic compte tenu des décisions allant toutes dans le même sens : toujours plus d’administration, moins de temps pour les soins et moins de soignants.

Je pense donc que la direction est toute tracée.

Il s’agit de mettre toute la santé sous le contrôle de l’État, c’est à terme une étatisation de la médecine salariée et conventionnée. Il y aura toujours une médecine libre, mais elle serait alors réservée aux plus fortunés. Les listes d’attentes vont donc s’allonger et certains patients ne trouvent déjà plus actuellement de médecins référents.

Depuis les ordonnances Juppé de 1996, l’État a en effet pris le contrôle avec quatre lois santé qui paralysent les soins.

Après avoir augmenté de façon insupportable les cotisations et créé de nouveaux impôts il ne restait plus qu’à réduire le nombre de médecins au prétexte de diminuer les dépenses. Le scénario catastrophe est en place. Le moindre grain de sable va bloquer le système, et a fortiori une pandémie, qui va paralyser le pays et la santé.

L’État profond

Au nom du principe de précaution, les masques et les tests auraient dû être distribués à tous les soignants et les aéroports fermés. Tester les arrivées et isoler les passagers auraient permis de mieux contrôler l’épidémie, mais rien n’a été fait… À qui la faute ? L’incurie administrative et la multiplication des intervenants de la haute fonction publique ont paralysé tout le système de commandement.

Les hauts fonctionnaires sont issus de l’ENA, de l’École polytechnique, de l’École nationale de la magistrature, de l’École des hautes études en santé publique ou de l’Institut national des hautes études territoriales. Ces hauts fonctionnaires restent en place malgré les alternances politiques. Ils sont inamovibles ou promus à de plus hautes sphères s’ils dérangent. Ils constituent l’État profond. Ils ont souvent davantage de pouvoir que les membres des cabinets ministériels, car ils sont Les inamovibles de la République. Même s’ils le voulaient les ministres auraient du mal à contrecarrer leur vision.

En ces temps de pandémie, c’est une des raisons de la faillite de l’État qui a été incapable de prendre les bonnes décisions. Dans l’intérêt de leurs carrières beaucoup de médecins hospitaliers sont obligés de courber l’échine et d’accepter cette politique. Ce mal a contaminé toute la chaîne des sociétés savantes et des doyens comme en témoigne la fausse réforme des études de médecine avec le maintien du numerus clausus à la fin du deuxième cycle dans les spécialités mises au choix de l’Internat.

Les ministères s’appuient sur les agences sanitaires. Leur inefficacité a été totale avec le Covid-19 car il y a trop de rigidités et de contraintes !

Les agences et les instituts pour la santé

Les 1440 agences de l’État emploient près de 450 000 personnes et coûtent chaque année plus de 50 milliards d’euros. On ne sait pas combien coûtent celles de la santé ni combien de salariés elles occupent.

Ces agences sont un empilement bureaucratique d’acronymes barbares qui se multiplient comme les virus. Elles vont à l’inverse du but qui devrait être recherché, la sécurité. Elles n’ont pas de stratégie, analysent et publient de rapports sans que des décisions soient prises. Où est l’État stratège qui pilote à vue sans tactique et sans vision avec cette gouvernance ?

Les épidémies, l’affaire de l’amiante, du sang contaminé, de la dépakine, du médiator et de l’hormone de croissance ont remis en cause le centralisme étatique et les défaillances des dispositifs de santé publique. Ces scandales avaient donné lieu à de retentissantes décisions de justice condamnant les gestionnaires de la transfusion sanguine et l’État.

« Responsables, mais pas coupables ». Qu’en sera-t-il pour la Covid avec toutes les  erreurs commises et les procédures en cours au pénal ?

Quel candidat aura le courage et la clairvoyance pour s’attaquer à la nuisance administrative qui détruit la santé et ampute le pouvoir d’achat des Français ?

Voir les commentaires (21)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (21)
  • Le problème est que vous ne voulez pas crier « libérez la médecine ».. vous vous plaignez de trop d’etat mais pas de la présence de l’etat sans qui, cela va de soi les gens soigneraient tous leur cancer avec de l’homopathie..
    ajoutez la peur de dire
    à une personne pauvre…vous n’avez pas assez d’argent pour que je vous soigne comme ce type.. qui fait que les gens oublient peu à peu que la santé a un prix…

    donc…parce que le médecin veut apparaitre « bon »; il veut l’état..pour soigner le pauvre avec la médecine moderne.

    et la sécu..

    la sécu , comme toutes les collectivisation, est une des raisons du déclin économique du pays….

    si vous supprimez la visibilité des conséquences des mauvais choix de vie des gens… vous les incitez de fait à vivre mal.

    pas facile hein dire à un pauvre je ne vais pas vous operer…je suis désolé..vous n’en avez pas les moyens.. allez demander la charité.

    • la santé est un marché!!!!

      • si vous acceptez que l’etat violente une personne pour lui prendre son argent pour « la santé ».. un jour cette violence vous revient dans la figure.. de façon amusante souvent de la part de ceux qui ne paye qu’une somme symbolique…

    • Remarquez qu’un intermédiaire est possible. Si vous conduisez sans assurance et renversez quelqu’un, un fonds spécial va prendre en charge le sinistre puis se retourner contre vous.
      Pour les urgences dans le cas de personnes non assurées santé et ne pouvant pas payer, un système similaire est possible. Il est clair que le recouvrement de ce genre de dettes risque d’être difficile, et donc coûter à la collectivité. Mais c’est un intermédiaire ente laisser mourir et « l’état paye tout ».

    • Bonjour non c’est que vous dites ne résiste pas à la réalité j’ai pu discuter avec des vrais médecin qui gagnent suffisamment bien leur vie pour se permettre de ne pas faire payer certaines consultation à certains patients et comme c’est eux-mêmes qui trie les patients qui sont les plus nécessiteux le tri est plutôt bien fait et pertinent voilà un contre-exemple qui est tiré de la réalité du terrain

      • C’est possible qu’il y ait des médecins qui font passer les besoins du patient avant leur rémunération. Mais non seulement il y en a aussi qui ne le font pas, et de plus il ne manque pas de banderoles au bord de nos routes « Trifouillis recrute un médecin », « Saint Tartempion cherche un dentiste », etc. Certains patients sont chanceux, d’autres auraient besoin d’avoir les moyens de déménager pour être simplement soignés suivant le serment d’Hippocrate, qui requiert je crois de donner ses soins à l’indigent et de ne pas exiger de salaire au dessus de ce que vaut le travail.

  • Le système est pourri par 40 ans d’occupation socialiste.

    • Le monsieur vous explique que c’est à Juppé qu’on doit la mauvaise situation actuelle.
      De grâce, évitez de vous ridiculiser davantage en prétextant que Juppé est socialiste…

  • L’état ne sait rien gérer. Ni le social, ni la ville, ni la santé…
    Pour la 2 raisons :
    – l’argent qui sert à cette gestion lui paraît disponible à profusion. Le puit sans fond.
    – les gestionnaires ne sont pas responsables de leurs actes. Si ça ne marche pas, pas grave puisque tout le monde s’en fout.
    Les plus opportunistes et pistonnés grimpent (comme souvent dans les grosses boîtes en France), s’entourent de gens incompétents pour éviter qu’ils ne prennent leur place. Et la catastrophe arrive (comme dans les grosses boîte. Par exemple Alcatel à la pointe mondiale du secteur Télécom à l’époque est passé de 125000 salariés à 0 en 15 ans grâce à un polytechnicien nommé Serge Tchuruk qui touchera 6 millions d’euros de prime de départ pour services rendus).
    Aucune morale, aucun regret, aucun amour propre, rien. Uniquement le fric à la fin du mois. Et pour amasser tellement d’argent qu’une vie ne suffira pas à dépenser.

  • Une majorité de français ont choisi le socialisme. Après un délabrement du pays qui s’est déroulé sur des dizaines d’années ils vont en arriver à souffrir dans leur propre chaire car la santé c’est autre chose qu’une grève des cheminots. Maintenant, même mourant sur sur lit d’hôpital après avoir été mal soignés ils vont accuser le riche, le patron, l’actionnaire…

    • Idem ci-dessus. Vous confondez socialisme et étatisme.

      • Euh? Le socialisme ne pourrait se maintenir sans l’étatisme, ça semble évident ( L’étatisme ayant les moyens de la contrainte). Mais quand l’argent des autres aura disparu, le socialisme fera de même.
        CPEF, ( mais que c’est long!!!!!)

        • Le socialisme, c’est au-delà de la propriété collective des moyens de production, la fin de la société de classes et la disparition de l’Etat.
          Ça m’amuse toujours autant de voir que beaucoup ici confondent le socialisme avec l’étatisme, qui sont pourtant aux antipodes ideologiques.
          De la même manière qu’on peut être anticlérical et anti-islam, on peut être anti-socialisme et anti-étatisme, mais de grâce, ne confondons pas les deux. C’est comme si vous m’expliquiez que le catholiscisme et l’islamisme, c’est kif kif bourricot !

          • Vous jouez sur les mots mais je suis désolé c’est kif kif.

          • « mais de grâce, ne confondons pas les deux. »
            C’est bien vous qui confondez les deux, je n’ai jamais dit qu’ils étaient confondus, mais qu’ils marchaient « la main dans la main » en se renforçant l’un/l’autre! Etre contre les deux  » EN MEME TEMPS » ne me parait pas incompatible!

            • Eh bien, avec un parti socialiste à 6 % d’intentions de vote, votre supposé renforcement tient plus du fantasme que du réel.
              Sauf bien sûr si presque tous les leaders politiques de France sont socialistes…
              Je compte sur vous ou Virgile ou… pour leur annoncer la nouvelle. Vous les ferez bien rigoler !

              • « Sauf bien sûr si presque tous les leaders politiques de France sont socialistes… »
                Je vous aime bien Jérémie, mais en doutiez-vous encore?
                Ce qui serait un fantasme, ce serait d’envoyer aux jeux olympiques un paralytique soutenu par un aveugle en espérant que ce binôme improbable vous rapportera une médaille d’or! En attendant, c’est Virgile et moi qui rigolons bien ( affectueusement bien sûr!)

    • Bizarrement, on vote majoritairement socialiste quand on y gagne à augmenter la redistribution, et libéral quand on y perd à augmenter la redistribution…
      Les gens sont simplement excellents dans leur comptabilité mentale de pertes et profits, il préfèrent manger qu’être libres… Mais donnez leur à manger et ils voudront être libres comme vous

  • « Quel candidat aura le courage et la clairvoyance pour s’attaquer à la nuisance administrative qui détruit la santé et ampute le pouvoir d’achat des Français ? »
    Quelle belle question!
    Je n’en vois pas pour l’instant…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Que dit Alain Juppé dans ses Mémoires à propos du renvoi d’Alain Madelin du gouvernement en 1995 ?

Les lecteurs qui ont vécu la présidentielle de 1995 s’en souviendront. Le 26 août de la même année, le ministre libéral du gouvernement Juppé est limogé. Pourquoi ?

Dans Une histoire française paru en septembre 2023 (Paris, Tallandier, 2023), l’ancien maire de Bordeaux écrit :

« Si je me suis séparé d’Alain Madelin au mois d’août 1995 en acceptant sa démission du gouvernement, ce n’est pas à la suite d’un désaccord de fond s... Poursuivre la lecture

Image générée par IA
3
Sauvegarder cet article

Un article de Human Progress

Le 37e centre du progrès est aujourd'hui Dubrovnik, historiquement connue sous le nom de Ragusa. Cette ville portuaire pittoresque est surnommée "la perle de l'Adriatique" pour sa beauté. Mais elle a également été baptisée "le Hong Kong de la Méditerranée" pour son attachement historique à la liberté personnelle et économique et pour sa prospérité basée sur le commerce maritime.

Non seulement la petite cité-État de la République de Raguse était à l'avant-garde de la liberté à son époque, car l'un des... Poursuivre la lecture

Personnes en rang regardant un écran diffusant un visage
4
Sauvegarder cet article

Il appartient aux historiens de remonter le cours de l’idée d’État profond jusqu’à ses origines. Tel n’est pas l’objet de cet article. Ce dont nous allons parler ici, c’est de cette idée proprement dite, en l’observant sous l’angle de sa définition, de la vison du monde qu’elle propose, des attitudes mentales qu’elle fait naître, et de ses perspectives d’avenir.

Qu’est-ce que l’État profond, si l’on suit ceux qui croient en son existence ? C’est un pouvoir politique plus puissant que les institutions, les partis et les médias, qui les ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles