Une surproduction de pénuries

L’hiver s’annonce plein de petites surprises à base d’inflation et de pénuries que le gouvernement saura gérer comme le reste. Rassurant.

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Une surproduction de pénuries

Publié le 1 octobre 2021
- A +

par h16

Alors que jusqu’à présent, écran plat, iPhone dernier cri ou silencieuse Tesla semblaient devoir être les accessoires à la mode de l’individu moderne, en mars 2020 cet élément indispensable devient le papier hygiénique, de préférence en grosses quantités : les supermarchés assaillis se retrouvent même en rupture de stock de précieux rouleaux qui s’écoulent dans des quantités jamais observées jusqu’alors.

Bien sûr, les choses se calment par la suite : rapidement, les rayons se remplissent et les consommations reprennent leurs volumes habituels. Arrive octobre 2021 et une question s’impose soudainement : et si les pécuphiles n’avaient eu tort que d’avoir eu raison bien trop tôt ? On apprend en effet que Lotus, le célèbre fabricant de papier toilette, a bien du mal à continuer à produire ses précieux rouleaux.

En mars dernier, certains journalistes affûtés, notaient que la production de pâte à papier et des produits dérivés commençait à marquer des difficultés avec une augmentation notoire des prix liée à certains problèmes logistiques dont l’approvisionnement. Fin septembre, le constat ne peut plus être évité : la production ne peut plus suivre aux prix actuels, de trop graves tensions apparaissant dans la chaîne ; les prix étant trop faibles devront augmenter.

Augmentation du prix ? Devrions-nous parler d’inflation ?

Allons, rassurez-vous tout de suite (c’est un ordre !), rien n’est plus faux : tout ceci n’est que purement temporaire (ou « transitoire »), et parfaitement sous contrôle. C’est d’autant plus crédible que ce sont nos banquiers centraux et certain ministre de l’Économie qui le répètent un peu partout à qui veut l’entendre. En fait, c’est même bon signe puisque cela signifie que l’économie mondiale a repris son petit vélo et recommence à grimper fièrement !

Le fait que le prix du gaz se tape un petit +57 % depuis le début de l’année ? Du transitoire, monsieur, rien que du temporaire contrôlé ! Que dis-je, c’est de la bonne santé économique en grosses bouteilles de butane, ça, madame !

En fait, à lire la presse qui n’évoque ce sujet que d’une façon relativement détendue, sans l’air d’y toucher vraiment, ou écouter les économistes gouvernementaux qui résument essentiellement la situation à une simple péripétie qu’on oubliera sans doute très vite, on aurait tort d’en faire tout un plat : quelques prix augmentent, ce sont de simples ajustement structurels parce que l’économie, quasiment à l’arrêt en 2020, redémarre à présent et que cette reprise d’activité, puissante et vigoureuse, entraîne forcément des tensions qui se traduisent ainsi. Voilà tout.

Et puis moyennant quelques interventions calculées de nos gouvernants, dont les précédentes actions ont amplement prouvé leur pertinence, tout va bien vite rentrer dans l’ordre.

On pourra cependant noter que, malgré la bonne humeur affichée par les uns et les autres et malgré les articles d’une presse finalement assez peu diserte sur le sujet, cette inflation aussi transitoire que contrôlée provoque malgré tout quelques effets de bords qui sont tout sauf franchement réjouissants pour ceux qui les subissent.

Eh oui : si l’augmentation rapide de certains cours de bourse réjouissent certains porteurs (et à raison lorsque cette augmentation traduit des avancées technologiques, des projets réussis et des ventes solides), toutes les augmentations de prix ne provoquent pas des sourires partout. Lorsque cela commence à toucher fébrilement les matières premières et les sources d’énergies, les sourires se crispent très vite.

La suite logique de cette crispation, c’est l’apparition de trous dans les rayonnages de supermarchés : Ikea, par exemple, fait l’étonnante expérience d’une pénurie sur 20 % de ses produits. Ce qui se traduira clairement par une réduction de son chiffre d’affaires (on vend toujours moins ce qui n’est pas en rayon, forcément).

D’autres pénuries apparaissent, qui sont soit directement liées au renchérissement des matières premières, soit la conséquence indirecte d’une chaîne logistique lourdement touchée par des réorganisations drastiques, qu’elles soient provoquées par des redistributions de capitaux importantes, ou par des pénuries de main-d’œuvre comme au Royaume-Uni actuellement qui constate un manque de bras chez les routiers chargés d’acheminer l’essence dans les stations…

Ce manque de main-d’œuvre est finalement une pénurie de même ordre que les autres : le prix du travail, c’est-à-dire le salaire, doit effectivement suivre le reste du marché et si l’inflation touche progressivement davantage de biens et de produits, il est inévitable que l’emploi soit concerné à un moment ou un autre. En outre, les aides d’État massives de l’année 2020 ont engendré une importante concurrence au travail qui ne manque pas maintenant de se répercuter sur les emplois.

Ce qu’on observe en France ou en Grande-Bretagne s’observe aussi ailleurs, à divers degrés outre les pénuries maintenant connues de semi-conducteurs, ce sont toutes les chaînes de production qui sont maintenant touchées, et ce mot de pénurie commence à trouver sa place dans les titres économiques de nos gazettes spécialisées. Plus inquiétant, on voit se développer des carences dans la production énergétique, comme en Chine, ce qui se traduit là encore par une hausse des coûts de production et inévitablement des prix jusqu’au consommateur final.

Rassurez-vous : moyennant quelques ajustements structurels, tout va très bien se passer, surtout lorsque les nations vont devoir faire des choix pour savoir où devront partir leurs productions essentielles. Par exemple, les fertilisants font justement partie de ces productions fortement dépendantes des prix de l’énergie ; au fait, est-il utile de mentionner que le prix du baril de pétrole suit globalement la même courbe que celle du gaz, et qu’en conséquence, le prix de ces fertilisants grimpe gentiment… Au point que la Chine envisage d’en arrêter partiellement l’exportation.

On pourra regarder rapidement les cours de bourse de certains producteurs de fertilisants, pour se convaincre que tout va bien.

Or, une augmentation de prix voire une diminution de production signifie qu’il va être plus dur pour nos agriculteurs locaux de fertiliser leurs terres, ce qui se traduira dans quelques mois par des rendements moins bons voire médiocres et (au mieux) des hausses de prix sur les productions agricoles ou (au pire) des pénuries.

Heureusement, avec la solide équipe de clowns improvisateurs qui nous gouverne actuellement, nous sommes immédiatement rassurés : il n’y aura pas de problème d’énergie en France dans les prochains mois, et les rayons des supermarchés seront tous bien garnis. Tous les choix débilissimes futés empilés jusqu’à présent et directement responsables de ce qu’on observe actuellement seront reconduits avec frétillements par ces mêmes clowns, ce qui aggravera améliorera grandement la situation, soyez-en sûr, comme à chaque fois que le collectivisme a été imposé d’une façon ou d’une autre.

À tout hasard, faites tout de même quelques stocks. Cette année, l’hiver arrive très vite.


—-
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  • Nous voilà rassurés… [oups pardon !], informés.

  • Pour le PQ, pas de problème : le gouvernement va distribuer des chèques caca.

  • Cela va bien se passer. Forcément.
    À tout heureux (ou pas) hasard, faites un stock de vaseline.
    Ne comptez pas sur l’état pour vous la fournir ❗

  • Ne rions pas, car les autorités françaises ont déjà annoncé la couleur : blocage des prix et soutien de l’Etat pour soutenir « les plus modestes ». En d’autres termes, c’est du « quoi qu’il en coûte » jusqu’aux présidentielles. On met sous le tapis et on arrose à tout va d’argent magique.

    D’un point de vue économique, nous allons donc feindre de résoudre un problème d’excès de demande par encore davantage de demande. Affligeant.

    Le Royaume-Uni fait pareil, et aux Etats-Unis, la Réserve Fédérale ainsi que le Trésor font l’autruche en continuant de parler « d’inflation transitoire ».

    L’hyperinflation et la destruction des monnaies occidentales semblent désormais à portée de main. Et la Chine se frotte déjà les mains.

    • Eh oui !

      Bienvenue dans le monde de demain. On ne peut pas dire que l’on ne nous avait pas prévenu. Pour ceux qui n’auraient pas lu les petites lignes du contrat BLM-Pompili, ils devraient s’acheter des lunettes…

    • @franky « et la Chine .. » je pense qu’elle est dans le même bateau que nous. La Russie par contre devrait profiter de l’ascendant.

  • Pour résumer:
    L’hiver arrive (vite) et on va se les cailler avec le ventre vide! Donc pas besoin de chèques caca ni de PQ!
    Malin non?

  • Tous les travailleurs se sont mis en stand by l’etat paie tellement mieux a ne rien faire et ils ne sont pas prêts à reprendre le boulot, z’ont tous le covid long…. L’asie prendrait tout le gaz et ne laisserait rien aux européens, à d’autres, le monde est en ruine financière et intellectuelle, des zombies.

    • C’est surtout le monde occidental frappé de débilité mentale, les wokes et les écologistes nous en font une splendide démonstration. Nous assistons à la décadence de l’occident et la chute de son influence sur le monde. Je soupçonne que l’empire romain a disparu pour la même raison. Les barbares l’ont envahi car rien ni personne ne s’y opposait.

      • De façon générale, l’Europe est en régression par rapport au reste du monde depuis la première guerre mondiale. Comme l’empire romain, la décadence s’étalera sur des siècles, et ceux qui la vivent ne réalisent pas le mouvement d’ensemble.

    • @Baby-foot
      Bonjour,
      Il semble que l’Etat ait décidé de moins payer justement ceux en « stand by » volontaire ou non. Les indemnités chômage ont vu leur mode calcul changer le 1er octobre via une petite loi qui ferait baisser les indemnités de près de 20%.

  • Au Luxembourg, l’indexation des salaires de 2.5% aura lieu ce vendredi. Comme quoi ce n’est pas une inflation temporaire car sinon l’Etat luxembourgeois ne l’aurait pas fait. Ça faisait depuis un moment qu’elle n’avait pas eu lieu et à ce niveau.

    • Comparer la situation du Luxembourg avec un état « normal » est osé…
      En effet, ce minuscule état parasite au sein de l’Europe vit de l’argent des autres et de certaines magouilles financières bien connues….

  • A quand une ŕéevalution du livret A et du ldd ?
    Le gouvernement français va t il encore esquiver?

    • @Nom
      Bonsoir,
      Quand j’ai ouvert mon livret A à La Poste en 1995, son taux était au-dessus de 4%. La Poste crâne fièrement avec un taux à 0.5%.
      Vous rêvez.
      Le but est de taper dans les épargnes, pas de laisser les français avoir de l’argent.

      • @stf je pense que Nom blaguait

      • Oui mais c’est çà ou l’inflation des années 70 ( à plus de 17%) qui rognait votre épargne aussi vigoureusement !!! Que ce soit l’inflation lourde ou une inflation plus modeste non couverte par les taux de rendement de l’épargne c’est toujours un impôt caché que nos collectivistes apprécie sachant qu’il suffira de désigner les détenteurs comme de riches possédant pour les faire taire !!!!!

  • Mais non l’inflation n’est que temporaire.
    Parce-que si ce n’est pas le cas, les taux des emprunts des états vont augmenter. Et là, la population va s’apercevoir ce que coûte le quoi qu’il en coûte. Il va falloir payer les intérêts de la dette : fini le crédit revolving de l’État.
    Mais bon, on élira quelqu’un d’autre qui fera pareil et nous enfoncera encore plus dans la m… : il paraît qu’avec le bulletin de vote, on sanctionne les incompétents (personnellement je pense qu’on ne fait que remplacer des incompétent clientélistes par d’autres incompétents clientélistes).

    • Les américains avaient dit « n’achetez pas le gaz russe » sinon on vous laisse vous débrouiller entre européens pour votre défense. On a pas écouté, et subitement, on perd un contrat de défense avec l’Australie et un gazoduc russe part en flammes ( ce qui fait bondir les prix) étonnant non?

  • Le capitalisme transforme les objets de luxe en nécessités.

    Le socialisme transforme les nécessités en objets de luxe.

  • si les français avaient écouté e gouvernement au départ celui ci n’aurait pas été obligé de prendre des mesures..ce virus libéral a décidemment fait bien des dégâts.

  • H16 je vous suggère de regarder le graphe associé à ce lien.
    https://tarifgaz.com/historique

    Vous constaterez que le prix du gaz (réglementé) est aujourd’hui au même prix qu’en octobre 2012 et que ce prix n’a cessé de baissé depuis 10 ans, pour finir en point bas lors de la crise du covid.
    Personne ne met le chiffres en proportion entre eux ni en perspective dans le temps.
    C’est regrettable car toute analyse en est ainsi faussée.
    Par ailleurs, l’ensemble des disfonctionnements de l’économie que vous évoqués sont la conséquence de cette crise du covid qui a perturbé l’ensemble des production et circuits logistiques mondiaux.
    Il est naturel dans ce contexte d’en observer les effets et ceux-ci vont se régler d’ici quelque temps.

    • non pas du covid des mesures « anti covid »

      • Qu’auriez vous fait en lieu et place de nos dirigeants ???

        • Rien. Soigner comme d’habitude, et une semaine de repos et la grippe vous lâche les baskets ! Il n’y aurait pas eu plus de décès, et les entreprises auraient continué à tourner. Mais, non, il fallait paralyser le pays (et le monde) et habituer les peuples à toutes les restrictions à commencer par la liberté, nous en sommes maintenant aux restrictions énergétiques, puis viendront les restrictions alimentaires etc. Ils avaient bien dit : le monde d’après, alors bienvenue dans le chaos !

          • Sans parler de l’immunité collective qui serait arrivée bien plus vite, au lieu de celle fausse qui va peut-être se déliter dans les mois à venir.

          • Vous semblez oublier le fait que le covid19 attaque particulièrement les poumons et que les malades gravement atteints doivent être placés en réanimation…Pas les malades de la grippe, en tous les cas pas dans les mêmes proportions.
            J’ai personnellement perdu mon Papa d’une séquelle à « retard » du covid qui survient dans les 15 jours après une « guérison » et que l’on nomme « nécrose pulmonaire ». les cellules des poumons sont irrémédiablement détruites par le virus.
            Des centaines de milliers de personnes de part le monde en ont été atteintes et pour celles qui n’en sont pas mortes, ils sont condamnés à porter une bouteille d’oxygène à vie.
            Non, le covid 19 n’est pas la grippe et si les mesures n’avaient pas été prises, les malades auraient rapidement saturés les hôpitaux et seraient morts dans le rue.
            Bien sûr que si la France avait compté 20 000 lit de réanimation avec les équipes dédiées formées au lieu des 5000 en mars 2020, je ne dirait pas la même chose.
            Mais c’est un autre débat sur un autre sujet.

        • laisser la « gestion » de l’epidémie à un organisme
          non politique pour coordonner l’action des agents du secteur de la santé.. appel au civisme..

    • Depuis quand une analyse aussi profonde que celle de h16 devrait être mise en perspective historiquement ? Vous êtes un hérétique qui refuse la dictature de la superficialité et de l’instant voilà tout !

    • @evans94
      Bonjour,
      Sur le lien, le prix actuel est toujours 50% plus cher qu’en 2005 l’année de référence du graphique.

      • Bien sûr, mais je compare les prix en 2012 et en 2021, je l’ai écris clairement. Et ils sont identiques. Je ne souvient pas d’un tel émoi en 2012 quant au prix du gaz….Mais j’ai peut-être la mémoire courte, à mon âge…

    • Et les taxes, elles en étaient où ? Le souci est là. Des taxes ont été ajoutés et augmentés pendant que le tarif de base était plus faible et maintenant l’augmentation est donc plus forte!

  • J’adore la dernière image avec les pains !!

  • Les commentaires sont fermés.

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