Hong Kong : le dilemme des libéraux

OPINION : pour les libéraux, les États doivent respecter le principe de non-ingérence, à moins d’y avoir été invités par le gouvernement du pays en question.

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Free hong kong by duncan c (creative commons) (CC BY-NC 2.0)

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Hong Kong : le dilemme des libéraux

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 28 septembre 2021
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Par Finn Andreen.

Progressivement et sans surprise, le bras de fer entre Hong Kong et la Chine populaire est en train de pencher en faveur de cette dernière. Le journal Le Figaro résume la situation ainsi :

La Chine est en train d’imprimer sa marque autoritaire sur Hong Kong, après les immenses et souvent violentes manifestations pro démocratie de 2019.

En effet, la récente condamnation de plusieurs jeunes Hongkongais pour, entre autres, « avoir contribué à la mémoire de Tiananmen », montre que les libertés politiques fondamentales, dans ce cas la liberté d’expression, dont les Hongkongais jouissent depuis quelques décennies, sont en train de s’éroder.

Hong Kong a longtemps compté parmi les sociétés les plus libres du monde, et ceci même après être passé sous souveraineté chinoise en 1997. Mais depuis que Pékin a voté en 2020 la Loi sur la Sécurité Nationale de Hong Kong ayant autorisé les arrestations mentionnées ci-dessus, cette liberté ne peut plus être tenue pour acquise.

Le débat qui fait rage actuellement concerne cette Loi de Sécurité Nationale : en l’imposant, est-ce que Pékin a violé la loi fondamentale (basic law) de Hong Kong, accordée entre la Chine et le Royaume-Uni lors du traité de 1984 ? Ce traité est supposé préserver le principe de « un pays – deux systèmes » jusqu’en 2047, date à laquelle le régime de Pékin pourra, s’il le veut, intégrer Hong Kong dans son système politique communiste.

La position du gouvernement chinois est le sophisme classique de l’étatiste, qui énonce que la liberté sans la sécurité n’est pas viable. C’est le même argument qui est utilisé depuis longtemps par les gouvernements occidentaux. Les mesures liberticides anti-covid du gouvernement français en sont un bonne illustration.

Cependant, il faut ajouter que les autorités chinoises déclarent souvent leur soutien au principe « un pays pour deux systèmes » à propos de Hong Kong. Elles vont même jusqu’à se vanter de l’exceptionnelle liberté dont jouit actuellement Hong Kong grâce à la sécurité accrue qu’elles viennent de lui imposer.

Évidemment, les opposants hongkongais et les gouvernements occidentaux considèrent au contraire qu’en imposant cette loi, Pékin a renié ses obligations légales et réduit les libertés à Hong Kong.

Ne jamais oublier l’ingérence occidentale en Chine

Quoi qu’il en soit, même si effectivement Pékin a des obligations légales internationales vis-à-vis de Hong Kong, le fait est que l’ancienne colonie britannique est aujourd’hui et à nouveau sous souveraineté chinoise. Historiquement, Hong Kong n’aurait jamais été séparée de la province de Guangdong sans la brutale ingérence impérialiste britannique (et française) en Chine lors des Guerres de l’opium dont la Chine a tant souffert au XIXe siècle.

L’ingérence occidentale à Hong Kong est d’actualité aussi aujourd’hui sous une forme plus voilée. En effet, des investigations et photos témoignent des participations actives des services de renseignement et du ministère américain des Affaires étrangères aux cotés des opposants.

Certains leaders des dissidents hongkongais ont vraisemblablement été recrutés par la National Endowment for Democracy (NED). Il faut rappeler que cette organisation a pour but de financer et de supporter pour le compte de la CIA des mouvements politiques s’opposant aux régimes dans le collimateur de Washington.

Cette ingérence n’est pas surprenante puisqu’elle est parfaitement en ligne avec la stratégie déclarée des États-Unis à l’encontre de la Chine. Les autorités chinoises n’acceptent évidemment pas cette nouvelle ingérence occidentale dans ses affaires intérieures, et réagissent en conséquence.

La position libérale en relations internationales

Pour le libéral, la situation de Hong Kong peut représenter un dilemme.

D’un côté, sa tendance naturelle est de supporter la liberté de Hong Kong face à la pression du mastodonte communiste, même si la souveraineté nationale chinoise en vient à être bafouée.

D’un autre côté, il peut se sentir obligé de reconnaître le droit de la Chine populaire d’administrer son propre territoire et de résister aux ingérences étrangères qui s’opposent à sa souveraineté.

Comment résoudre ce dilemme ?

La position libérale devrait être de toujours privilégier la critique de son propre gouvernement au lieu d’approuver des interventions étrangères illégales, à plus forte raison si la majorité de la population supporte le régime en place.

En effet, tout libéral doit exiger que son propre gouvernement respecte le droit international et notamment le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États (art.2§7 de la Charte des Nations Unies).

C’est le point de vue de Murray Rothbard :

Nous devons essayer d’abolir son pouvoir extérieur, son pouvoir sur les citoyens des autres États. L’État criminel doit être réduit autant que l’on peut partout, que ce soit dans sa puissance intérieure ou extérieure.

En d’autres termes, au lieu de se focaliser sur les actions d’autres États, les intellectuels et journalistes qui approuvent les relations internationales devraient en premier lieu critiquer leurs gouvernements pour leurs ingérences extérieures.

Cette position rejoint celle de Noam Chomsky, l’éminent porte-parole de la gauche syndicaliste depuis la guerre du Vietnam. Il est connu pour encourager chacun à critiquer les motivations, les décisions et les actions de son propre gouvernement, plutôt que de pratiquer le « un poids deux mesures » consistant à critiquer les autres gouvernements tout en excusant ou en ignorant les violations de son gouvernement à l’étranger.

Critiquer son gouvernement plutôt que les gouvernements étrangers est d’ailleurs bien plus judicieux pour deux raisons pratiques :

Premièrement, on connait généralement mieux son propre système politique, sa langue, son histoire, sa culture, et les institutions du pays.

Deuxièmement, il est toujours possible d’exercer davantage d’influence sur son gouvernement – aussi limitée soit-elle – que sur ceux d’autres pays.

La lutte pour la liberté, qu’il s’agisse de la préserver ou de la conquérir, consiste donc essentiellement à agir politiquement contre son propre gouvernement. Cela n’empêche évidemment pas des ONG de dénoncer certains abus de gouvernements contre leurs propres populations et de leur fournir une aide.

Derrière cette position, se trouve évidemment le principe fondamental du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il ne faut jamais oublier que toute servitude politique est volontaire, que tout État, le plus coercitif soit-il, assied son pouvoir sur la passivité et la conformité de la majorité vis-à-vis du système politique en place. Une majorité peut donc toujours changer de régime politique si elle le veut.

Soyez résolus de ne servir plus, et vous serez libres. Étienne de la Boétie

Le peuple chinois pourrait donc décider, si une majorité en était convaincue, de ne pas vivre sous le joug du régime autoritaire du Parti communiste chinois. La Chine a connu ses révolutions et ses révoltes. Il est donc tout à fait envisageable que la nombreuse majorité chinoise ne reste pas politiquement silencieuse.

La situation de Hong Kong permet de rappeler ce qui devrait être la seule position libérale en matière de politique étrangère et de relations internationales : les États doivent respecter le principe de non-ingérence, à moins d’y avoir été invités par le gouvernement du pays en question. Le sort politique de Hong Kong ne doit donc être décidé que par le gouvernement chinois et ses potentiels opposants politiques intérieurs.

 

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  • toute servitude politique est volontaire, que tout État, le plus coercitif soit-il, assied son pouvoir sur la passivité et la conformité de la majorité vis-à-vis du système politique en place

    Beau principe, mais tout de même très théorique: pour renverser un pouvoir autoritaire il ne suffit pas d’une majorité. Il faut aussi faire face à la violence (éventuellement par des moyens non violents), ce qui n’est pas à la portée de tout le monde.

    Par ailleurs, s’abstenir de critiquer les gouvernements étrangers c’est détourner le regard et faire semblant d’ignorer les injustices chez nos voisins. Une violation des droits de l’homme reste une violation des droits de l’homme où qu’elle soit. L’auto-censure ne la fera pas disparaître.

    De plus, pour en revenir au point précédent, si on veut que les peuples subissant un régime autoritaire se prennent en main pour le changer, feindre d’ignorer ce qui se passe chez eux ne les aidera pas vraiment. Un peu de soutien moral me semble un minimum.

    • tout a fait. je souhaite bien du courage aux chinois qui veulent renverser Xi. Celui ci n hesitera pas a envoyer les chars et a faire tirer dans le tas (pour info a Tian an men, les unites de pekin ont refusé de tirer sur les manifestants, ils ont donc fait venir des unites cantonnees dans les autres provinces)

      Les chinois de chine sont persuadé grace a la propagande que la population de HK est pour Xi et qu une minorité payé par les USA pose probleme (alors que les dernieres elections libres ont montré que les opposants sont largement majoritaires dans la population)

      PS: a mon avis XI a fait une erreur en occupant HK. Ca a montré a Taiwan qu ils n ont rien a gagner a une reunification avec la chine. Xi n a plus alors que l option militaire, mais tant que Taiwan a l appui US, c est impossible a moins de declencher une guerre nucleaire

      • Pour répondre a fm06 et cd:

        Je crois que nous avons des lectures assez différentes de la situation.

        En ce qui concerne la servitude volontaire: je peux juste mentionner le cas de l’URSS qui s’écroula surtout car la population soviétique ne voulait plus ce systeme, pour le dire simplement. C’est meme la chute de l’URSS qui poussa le PCC a se moderniser et a accélerer la libéralisation économique, pour justement a tout prix éviter le sort de l’URSS.

        HK appartient historiquement a la Chine, il n’y a aucun doute la-dessus. La Chine est une nation mono-ethnique (pratiquement) et unie depuis plus de 2000 ans, et la grande majorite’ des chinois soutiennent le PCC. Un jour cela pourra tres bien changer mais c’est le cas aujourd’hui. il faut quand meme se rendre a l’evidence.

        Les hongkongais comme n’importe quelle peuple d’une région peut aspirer a de l’autonomie; c’est un principe du libéralisme.

        Aujourd’hui les opposants ne sont pas tres soutenus par la population de HK, et meme la Loi de Securite n’est pas si rejetée. De plus, ils savent depuis des decennies que petit a petit la Chine va lentement intégrer HK. Ce n’est pas une surprise, c’est connu depuis (au moins) 1984.

        En plus, les interventions et le soutien des occidentaux dans les affaires internes d’autres pays, et surtout de la part des USA, n’a pratiquement jamais de bonnes conséquences, pour plusieurs raisons, ne serait-ce que parce que cela décrédibilise les mouvements d’opposants. La photo de la rencontre de Joshua Wong avec la représentante du Département d’Etat a fait le tour de HK. Il ne sera plus jamais percu de la meme maniere.

        Finalement, je dirais que HK a besoin de la Chine aujourd’hui et cela change aussi la relation de pouvoir et la perception des hongkongais.

      • Pour répondre a fm06 et cd:

        Je crois que nous avons des lectures assez différentes de la situation.

        En ce qui concerne la servitude volontaire: je peux juste mentionner le cas de l’URSS qui s’écroula surtout car la population soviétique ne voulait plus ce systeme, pour le dire simplement. C’est meme la chute de l’URSS qui poussa le PCC a se moderniser et a accélerer la libéralisation économique, pour justement a tout prix éviter le sort de l’URSS.

        HK appartient historiquement a la Chine, il n’y a aucun doute la-dessus. La Chine est une nation mono-ethnique (pratiquement) et unie depuis plus de 2000 ans, et la grande majorite’ des chinois soutiennent le PCC. Un jour cela pourra tres bien changer mais c’est le cas aujourd’hui. il faut quand meme se rendre a l’evidence.

  • L auteur est il payé par Xi ?
    J espere pour lui qu il est mieux payé que les chinois qui postent des commentaires a la gloire du PCC

    C est du delire d afirmer que les chinois de HK qui commemorait tien an men etaient financé par la CIA. Je signale a l auteur que les dernieres elections libres ont conné une large majorité a ceux qui se retrouvent maintenant en prison

    Quel interet de rappeller les guerres de l opium ? c etait il y a pres de 200 ans
    doit on critiquer les italiens car rome nous a colonisé ?

    Pour le reste, critiquer le gouvernement chinois pour la repression a HK n empeche pas de critiquer le gouvernement francais quand il veut par ex etablir un credit social a la mode chinoise avec le passe sanitaire

    • « payé par Xi » ? Je vous en prie!

      Je rappelle les Guerres de l’Opium car pour les Chinois c’était hier, et c’est intimement lie a la situation HK chez les chinois. C’est tres présent dans leur esprits, mais si nous en occident avons oublié depuis longtemps.

      En ce qui concerne les liens des opposants avec les USA, il suffit de regarder les liens dans l’article pour s’en rendre compte.

  • Par pitié, arrêtez d’utiliser supporter à la place de soutenir. C’est… insupportable ! 😉

  • Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes implique effectivement qu’un État ne peut intervenir dans les affaires intérieures d’un autre État sans y avoir été invité, mais dans le cas présent, s’il s’applique à l’État américain, il s’applique aussi à l’État chinois. En fait, le peuple de Hong Kong devrait pouvoir décider de son sort par lui-même. C’est la question du droit à la séparation qui se pose ici, si certains considèrent que Hong Kong « appartient » à la Chine. D’ailleurs, le fait de dire qu’une région « appartient » à un pays et n’a pas le droit de s’en séparer par une volonté librement exprimée des membres de cette région est une vision collectiviste. Pour le libéral, l’initiative doit venir d’en bas, des individus, et non d’en haut. Si les individus en question (les Hongkongais ici) souhaitent vivre séparément de la Chine communiste, c’est leur droit le plus absolu. Sinon on avalise le jacobinisme, qui par essence est l’ennemi des libertés.
    Et même, au-delà de cet aspect démocratique des choses, il y a la liberté, les libertés fondamentales, qui peuvent être bafouées par une démocratie, si la plupart des habitants de tel pays sont opposés à telle liberté. Les exemples abondent.
    Les choses sont à analyser à ces deux niveaux – quoique d’abord au niveau des libertés. Je me refuse, pour ma part, à défendre, même implicitement, un État qui bafoue des libertés fondamentales, même appuyé par une majorité de ses citoyens (dans le cas présent, la Chine communiste). Ceci ne signifie pas qu’il faut s’ingérer dans ses affaires intérieures, mais qu’on ne peut l’appuyer ni philosophiquement ni matériellement dans son action contraire aux libertés.

    Je plains les Hongkongais, en tout cas ceux d’entre eux attachés à leurs libertés.

    • HK « appartient » historiquement a la Chine, il n’y a aucun doute la-dessus. La Chine est une nation mono-ethnique (pratiquement) et unie depuis plus de 2000 ans, et la grande majorité des chinois soutiennent le PCC. Un jour cela pourra très bien changer mais c’est le cas aujourd’hui. il faut quand même se rendre à l’évidence.

      Mais en effet, les hongkongais comme n’importe quelle peuple d’une région peut aspirer a de l’autonomie; c’est un des principe du libéralisme.

      Oui cela doit venir d’en bas. Mais aujourd’hui les opposants ne sont pas très soutenus par la population de HK, et même la Loi de Sécurité n’est pas si rejetée. il est connu depuis des décennies que petit à petit la Chine va lentement intégrer HK. Ce n’est pas une surprise, c’est connu depuis (au moins) 1984.

  • L’histoire nous apprend que les pouvoirs totalitaires (communistes et autres) ne cèdent jamais devant les révoltes populaires. Berlin 1953, Budapest 1956, Prague 1968, Tian An Men 1989 sont là pour nous le rappeler. C’est seulement lorsque ces pouvoirs sont au bord de l’effondrement intérieur qu’ils cèdent, et qu’ils procèdent parfois à des élections libres, s’ils ne sont pas renversés dans le sang. C’est ce qui s’est passé en Pologne avec des élections, et l’on peut dire que cela a été la première chute du mur de Berlin (voir l’excellent documentaire d’ARTE sur le sujet). Les pouvoirs totalitaires redoutent le suffrage universel plus que tout. C’est pourquoi, bien que Pékin s’y soit engagé à l’origine par un traité international, le régime a très tôt organisé par la loi le moyen de le contrôler en le vidant de sa substance, afin que jamais l’opposition au gouvernement nommé par Pékin ne puisse le remplacer par un autre qui ne lui serait pas assujetti. C’est ce qui a provoqué la révolte des parapluies en 2014. Ce lent grignotage des libertés s’est systématiquement poursuivi avec la complicité des milieux d’affaires qui ont fait leur fortune grâce aux libéralités accordées par le gouvernement chinois en Chine et à Hong Kong. A chaque recul des libertés, la colère des démocrates grandissait, et la tentative de promulgation de la loi d’extradition en 2019 a mis le feu aux poudres, précipitant à la fois l’expression de la colère des Hongkongais dans la rue, et la repression immédiate, suivie de la mise au pas sécuritaire et législative du territoire qui aboutit aujourd’hui à une offensive tous azimut, commandée et même exécutée sur place par les représentants de Pékin. Détourner les yeux de ce qui est la répression des libertés à Hong Kong, serait trahir les idéaux sur lesquels est fondée notre république. Il faut sans cesse dénoncer ce genre de dérive, qu’elles se produisent chez nous ou ailleurs. Ne pas le faire s’assimile à de la complicité. D’ailleurs, Chris PATTEN, le dernier gouverneur britannique de Hong Kong n’a-t-il pas traité la Chief Executive Carrie LAM de Quisling ? Il ne devrait y avoir aucun dilemme, ni pour les libéraux, ni pour les autres.

    • La Chine, et en particulier le PCC, comme j’ai écris plus haut, a déja assez rapidement , pour des raisons de pression politique, du octroyer de la liberté aux chinois ces derniers 40 ans. Aujourd’hui cette liberté est bien imparfaite, et plus économique que politique, mais soyez un peu optimiste; la liberté politique en chine peut tres bien se developper aussi dans quelques dizaines ou centaines d’années.

      Oui, critiquez la Chine si vous le voulez, MAIS, attention a la compréhension bien plus faible que vous pouvez avoir de la situation dans un pays ou vous ne connaissez pas bien la culture et ou vous ne parlez pas la langue. C’est la le danger et une dépense d’energie qui n’apportera pas grand chose a la situation locale (car les chinois ou les gens de HK ne lisent pas vraiment la presse etrangere).

      Le dilemme que j’identifie plus haut ne concerne pas la question de critiquer ou pas, : mais d’approuver ou non l’ingerence dans les affaires d’autrui. Distinction a faire.

      • Merci pour votre sympathique réponse. Sur le long terme, vous avez parfaitement raison, le PCC a octroyé depuis 40 ans beaucoup de libertés. Mes premières missions en Chine remontent à 1981, avant de devenir plusieurs années résident à Hong Kong, et en relation suivie jusqu’en 2007, ce qui m’a donné quelques notions sur la culture chinoise. Toutefois, depuis l’accession de Xi Jin Ping au pouvoir, cette progression s’est gelée, et l’emprise du Parti s’est singulièrement alourdie. Pour les Chinois, qui peuvent mesurer leur enrichissement depuis quelques dizaines d’années, c’est un retour relatif en arrière. Seules certaines élites éduquées ont une vision critique du pouvoir, et elles ne se privent pas de le dire, en privé, et même parfois en public à l’étranger. Cette vision critique est un ferment qui s’étendra inévitablement, car les pouvoirs oppressifs sont à terme condamnés. Le terme, comme vous l’écrivez, peut être très long, mais il est inéluctable. Je suis donc optimiste. Le ressenti des Hongkongais est différent ; ils n’ont pas vécu cette progression des libertés puisqu’ils en jouissaient : liberté d’opinion, de mouvement, d’association, de religion, d’expression… ces libertés s’exerçaient au sein d’un état de droit (lequel n’a pas encore disparu) … Ceci veut dire clairement que pour eux, il n’y a pas dans l’immédiat de progression, mais une forte régression. Dans leur mentalité chinoise cantonaise, ce qui se passera dans 10 ans ou dans 100 ans ne les intéresse pas. Ce qui les concerne, c’est ici et maintenant. Et si, comme vous l’écrivez justement, la majorité des Hongkongais ne lit pas la presse internationale, (elle la lit en proportion bien plus que les Chinois de Chine), mais nul besoin de lire la presse internationale pour constater ce qui se passe chez vous. Elle lisait Apple Daily, jusqu’à son éviction du terrain de la libre parole journalistique au printemps dernier. Et ce n’est pas fini. Les syndicats qui expriment des opinions contestataires sont obligés de se saborder, les associations qui ont soutenu les mouvements démocratiques, ou la commémoration de Tian An Men sont poursuivis au nom de la loi sur la sécurité nationale. Les candidats aux élections locales qui ne sont pas dans la ligne sont invalidés … etc… tout cela ouvertement, rapporté dans les journaux … C’est local, ça se passe maintenant. Les Hongkongais ne sont pas idiots, ils voient bien ce qui se passe, et l’augmentation considérable de l’émigration en témoigne. Quant à l’ingérence dans les affaires d’autrui, il faut la nuancer. Cet aspect de la mainmise de Pékin sur les libertés à Hong Kong au mépris d’un traité international ne sont pas les affaires intérieures de la Chine, dont personne ne conteste la souveraineté. C’est une affaire de parole, d’engagement et de valeurs. Il est vrai que les valeurs, en politique…

        • Merci pour votre interessant commentaire. Je suis completement d’accord avec vous. Vous dites « l’emprise du Parti s’est singulièrement alourdie.  » : oui , c’est exactement cela qui pourrait rendre les chinois plus critiques, et c’est le future, j’en suis persuade’.

          Toute dictature degenere au fil du temps , et le PCC n’est pas une exception. Je suis donc optimiste aussi. Peut-etre en plus ils sont sur le bord d’une crise economique majeure, ce que les liberaux de l’ecole autrichienne ont deja predit depuis des annees. Cela ne peut continuer. Et en plus si le $ se crash, quid du RMB? Donc attendons patiemment.

          Ensuite vous parlez de « mépris d’un traité international »: oui quelque part c’est vrai. Mais avant de juger entierement il faudrait deja prouver que la Chine ne respecte pas ce traite’ ; eux-meme ont bcp d’arguments qu’ils pourraient utiliser.

          Mais evidemment, commen vous dites, ne parlons pas « de parole, d’engagement et de valeurs » – nous parlons politique ici…

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