Budget 2022 : les robinets d’argent magique sont grands ouverts

Véritable distribution de biscuits à tous ceux qui le veulent, le budget gouvernemental 2022 est aussi celui d’une inflation galopante.

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Budget 2022 : les robinets d’argent magique sont grands ouverts

Publié le 24 septembre 2021
- A +

par h16

Entre le procès des attentats du 13 novembre, le contrat australien qui a pris l’eau et le débat pré-campagne entre des tribuns excités, l’information est passée quasiment inaperçue mais elle n’en est pas moins importante : le budget du gouvernement pour l’année 2022 vient de sortir des cartons, et il sent bon le caca de licornes.

Disons-le tout de suite, le terme de « budget » pour l’exercice qui a été rendu par le gouvernement pour ventiler les dépenses (et les maigres recettes) de l’État français est un terme vraiment trop généreux pour ce qui s’apparente bien plus à une distribution qu’autre chose : les observateurs un tant soit peu sérieux s’accordent tous en effet pour dire que le résultat est franchement déséquilibré, voire baroque comme l’écrit Le Monde.

Présenté ce mercredi passé, ce qui n’est encore qu’un projet – et dont on se doute que la Chambre d’enregistrement (anciennement Assemblée nationale) le validera goulûment même dans ses détails – présente des caractéristiques intéressantes. Pas celles d’un budget, donc (soyons sérieux), mais bien celles d’un exercice de cascades hollywoodiennes, lors desquelles les chutes s’enchaînent toujours plus fort, toujours plus bas, avant l’inévitable explosion colorée qu’on prétend ne pas réellement vouloir mais que certains semblent attendre avec gourmandise.

C’est un peu l’école des fans des ministères : youpi, aucun ne perd et tout le monde a droit à sa petite (ou grosse) augmentation.

Si c’est la crise, elle ne se verra pas trop dans cet exercice clairement construit sous le signe de la bonne humeur pétillante et d’un optimisme crâne voire effronté : non seulement le virus n’a pas résisté aux assauts de la Frétillance Suprême de l’Élysée, mais en plus, le futur s’annonce plein d’avenir ce qui mérite bien une distribution de douceurs pour tout le monde.

En substance, les dépenses habituelles des administrations augmentent.

En revanche, si ces dépenses sont habituelles et si les augmentations d’icelles, d’année en année, le sont aussi, la progression observée de l’embonpoint qu’elles prennent cette année est, elle, inhabituelle : près de 11 milliards d’euros viendront tout de même grossir un total déjà difficile à considérer comme maigrichon (près de 400 milliards mes petits amis, ça en fait des sous-marins « pass culture » à distribuer, hein !). Certes, de nos jours, il est vrai que ces 11 milliards ne représentent qu’une petite somme, mais bon, il faut ce qu’il faut m’ame Ginette. La crise, tout ça…

En effet, ces augmentations concernent par exemple l’Éducation, la Police, la Justice et notamment la Défense qui voit son magot croître à près de 41 milliards pour faire trotter des soldats au Mali dans des Gazelles hors d’âge, ce qui est toujours bon à prendre. Cependant déjà difficiles à justifier sur le papier, ces augmentations deviennent véritablement putassières lorsqu’on se rend compte qu’à côté, aucune économie sérieuse n’a été faite : le contribuable, ses enfants, ses petits-enfants et ceux des Allemands (entre autres) devront redoubler d’efforts pour éponger tout ça (dans la bonne humeur pétillante et l’optimisme crâne, je vous le rappelle).

Et puis à côté de tout ça, il y a bien évidemment la petite question du déficit. L’année 2022 n’est pas encore là, le budget n’est pas encore voté qu’on part déjà du principe qu’on dépensera royalement plus qu’on ne gagnera, pour une quarante-huitième année consécutive. Jolie série.

Bah, ce ne sont après tout que 124 petits milliards de rien du tout, une broutille, une gourmandise sans conséquence, voilà tout, qui viendront s’ajouter aux milliers de milliards de dette qui s’accumulent (pour représenter 114 % du PIB prévus à la fin de 2022, si tout va bien, ce qui est, en soi, un pari très audacieux quand on s’appelle Macron et qu’on porte la poisse depuis le début).

D’autant que ce projet de budget innove en faisant l’impasse sur le coût réel des nouvelles dépenses. C’est plus reposant pour l’esprit, sans doute. Du reste, le Haut Conseil des finances publiques, prudent et agacé, s’est refusé à se prononcer sur le réalisme des prévisions de déficit pour 2022. Voilà qui est bon signe et qui, là aussi, est reposant pour l’esprit.

Bref, rien de tout cela ne devrait surprendre (si ce n’est par l’ampleur de la décontraction des auteurs de ce projet) : nous sommes ici dans un budget taillé pour une campagne électorale : on achète du jeune, on achète du justiciable, on achète un peu de paix dans les ministères régaliens, on graisse des pattes syndicales et des unions professionnelles potentiellement médiatiques pour garantir des joues roses et des fesses détendues avant la prochaine sodomie électorale d’avril prochain.

Véritable distribution de biscuits à tous ceux qui le veulent, ce budget est cependant aussi celui d’une inflation notable même si peu de commentateurs l’ont vue ou l’admettent : certes, on va distribuer de l’argent gratuit des autres (un peu), mais on va surtout continuer dans le paradigme européen actuel, aussi confortable que dangereux, celui de l’argent magique sorti des étables à licornes de la République et de la Banque centrale européenne dont les petites imprimantes tournent maintenant à plein régime.

Or, cet argent magique ne sera jamais capable que d’une chose : produire de l’inflation.

Mécaniquement, on va augmenter les dotations, certains salaires et ♩ certains ♪ budgets ♫ républicains tsoin tsoin ♬, ce qui va se traduire par des milliards injectés dans l’économie non marchande, non concurrentielle, qui sera ensuite réintroduite dans l’économie générale et produira inévitablement une hausse des prix sans l’indispensable augmentation de richesse correspondante qui éviterait alors à cette inflation de laminer le pouvoir d’achat des Français.

Avec cette nouvelle grosse piqûre monétaire, ce véritable booster d’immunité budgétaire, les clowns qui nous gouvernent et qui entendent conserver le pouvoir « quoi qu’il en coûte » vont donc pousser encore un peu plus le pays dans le ravin, celui qui paye (et va payer, longtemps) pour tout ça.

Ce pays est foutu.


—-
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  • Consternant (le budget, bien sûr), comme d’habitude !
    CPEF, CPEF, CPEF… là, ça devient inéluctable ? ?

  • Qui a le numéro du plombier qui installe ce genre de robinet à la maison ?

  • Pourquoi ce gouvernement ne ferait pas comme les autres ?
    Après tout, nos dirigeants ont tous suivi l’éducation nationale quand ils étaient petits : une seule vérité en économie : le kénésianisme.
    Il assure à 75% la réélection du sortant s’il n’a pas atteint des sommets de nullité (Hollande, Sarkozy) lors de son quinquennat.

  • Distribution les deux premières années pour se faire bien voir, distributions les deux dernières pour se faire réélire, de tous les mauvais choix politique depuis 40 ans, le mandat sur 5 ans vient en bonne position.

  • L’élite autoproclamée pense que l’économie c’est comme un jeu de Monopoly. Qu’il suffit de taxer et de distribuer des billets.
    Quand arrêteront ils de jouer pour revenir à la réalité?

  • Il y a bien un moyen pour éviter l’inflation et je ne doute pas que le pouvoir continue à en abuser maintenant qu’il y a goûté : les confinements, qui empêchent les gens de dépenser l’argent qu’on leur a donné, jusqu’au jour où la compétition commence pour les biens de première nécessité, dont les prix explosent.

  • L’Etat verse depuis 18 mois le chiffre d’affaires aux entreprises.
    Ensuite, on nous parle de revenu universel, c’est-à-dire, l’Etat
    qui vous verse un salaire sans contrepartie, et qui dira sans doute aussi comment le dépenser.
    Et il se trouve des politicards pour nous expliquer, à longueur de journée que la situation actuelle est horrible, car nous sommes en plein ultra-libéralisme.
    Moi j’y vois plutôt une soviétisation accélérée.

    • Un seul moyen d’arrêter tout ça, faisons comme en URSS mais à l’envers: Faisons semblant de travailler puisque l’on sait déjà que l’Etat fera semblant de nous payer!

  • Je vois beaucoup de gens inquiets.
    Qui semblent penser que Bruno Le Magistral et son bien-aimé seigneur « sans projet et sans conviction » n’ont pas prévu la suite.
    Que l’inflation risque de nous faire finir comme le Venezuela d’ici l’année prochaine.
    Mais rassurez-vous, tout va bien se passer.
    1. Première étape :
    L’inflation grimpe doucement mais sûrement, on réalise par petites touches que tout coûte plus cher et que les fins de mois sont de plus en plus difficiles.
    Mais on se rassure avec les promesses électorales répétées religieusement par les médias.
    2. Seconde étape:
    On commence tous à taper dans notre épargne, ici pour payer une facture d’électricité qui augmente sans cesse, là pour payer les frais de cantine qui grimpent sans arrêt, là encore pour aider le petit dernier à payer la caution pour son premier appartement.
    Cette épargne, elle est de 267 milliards d’euros.
    Avec la pandémie, les français ont mis environ 150 milliards d’euros de côté en supplément de ce qu’ils font d’habitude.
    Ce qui couvre environ le gros prêt souscrit à l’Europe grâce au poing royal qui avait tapé sur la table, et aussi les promesses électorales sans lendemain qui n’auront pour effet que de nous enliser un peu plus sur le long terme.
    3. Le second quinquennat royal:
    L’inflation se calme, et sous la pression des entreprises les salaires augmentent enfin. Le marché de l’emploi reprend des couleurs, les taux baissent, l’économie se relance. Les français sont contents parce qu’ils récupèrent du pouvoir d’achat, et en oublient qu’au passage ils ont dilapidé leur épargne pour rien à part survivre. Le système est sauvé, le pays va bien.

    • En tout cas, un très grand bravo h16 pour ce billet.
      Il faut un vrai talent pour réussir à faire cohabiter la sodomie électorale avec des licornes et des biscuits. 😉
      Et sinon, un petit hors-sujet (je me lâche, c’est weekend-end):
      Depuis quelques mois, je réfléchis à une expatriation et après avoir éliminé pas mal de cibles potentielles, il reste éventuellement l’Autriche. Que pensez-vous de cette destination ?

      • L’Autriche est très attractive, mais renseignez-vous soigneusement si vous pensez acheter de l’immobilier.

        • Je vous conseillerais les pays de l’est si vous êtes retraité. Pas d’immigration non européenne. Le niveau de vie est 4 fois plus bas ce qui multiplie par autant votre pouvoir d’achat. Les habitants sont sympas et bien élevés car pas encore touchés par le wokisme. Vous pouvez vous promener la nuit sans risques d’être agressé! On a l’impression d’être en France en 1960.

          • Merci à tous pour vos conseils.
            Je parle allemand et un peu anglais, et j’ai la flemme d’apprendre autre chose, donc le Montenegro et les pays de l’est ne sont pas vraiment sur ma liste (on peut se débrouiller avec l’anglais mais bon). Pour le travail, je suis en télétravail depuis bien longtemps, avec des horaires et une localisation flexibles, donc ça va. Pour l’immobilier, va falloir que je me renseigne en effet.
            D’ici là, mon épargne restera sur le wallet crypto pour éviter que Bruno ne me la pique avant que j’ai le temps de m’enfuir 😀

          • Bien d’accord avec vous, mais même si beaucoup savent s’exprimer en « globish » et en allemand simplifié, la langue représente un obstacle sérieux, surtout quand on est moins capable d’apprendre du fait de l’âge.

  • petite question pour l’auteur:
    Comme les politiciens, quelque soit leur affichage politique, ont tous le même comportement vis a vis des finances publiques, est ce qu’il réecrit son texte tous les ans ou se contente t’il d’un copié collé en mettant simplement a jour la taille du gouffre?

  • Les commentaires sont fermés.

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