L’Union européenne réinvente l’Union soviétique

OPINION : après avoir enterré le monstre du communisme en Union soviétique, l’Union européenne le ressuscite avec des méthodes similaires.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
European Flag by Rock Cohen (CC BY 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’Union européenne réinvente l’Union soviétique

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 août 2021
- A +

Par Michel Gay.

Il existe de troublantes similitudes entre l’ex Union soviétique des années 1950 et l’Union européenne d’aujourd’hui.

Union européenne et Union soviétique : la nomenklatura

L’Union soviétique était gouvernée par une nomenklatura d’une vingtaine d’individus non élus s’attribuant mutuellement les postes, ne rendant de comptes à personne, et ne pouvant pas être destitués. Son « parlement », le Soviet Suprême, ne faisait qu’estampiller les décisions du politburo.

Même avec un Parlement élu, c’est aussi le cas de l’Union européenne (UE).

Des eurobureaucrates passent simplement d’un poste à un autre avec des salaires élevés, quels que soient leurs résultats, ou leurs échecs… comme sous le régime soviétique.

Certes, l’Union soviétique imposait brutalement sa volonté par une féroce répression physique au sein du Pacte de Varsovie, alors que l’UE utilise la contrainte plus subtile du « harcèlement économique », tout aussi efficace.

Anéantir l’État-nation

L’Union soviétique voulait créer une nouvelle entité historique, le peuple soviétique, qui devait oublier ses nationalités, ses religions, ses traditions ethniques et ses coutumes.

En plus de 70 ans, ce système a engendré de nombreux conflits ethniques. L’un des objectifs était la destruction de l’État-nation, comme aujourd’hui Bruxelles tente de le réaliser en Europe.

L’Union européenne veut également créer une nouvelle espèce historique, les Européens, en supprimant les vilains sentiments nationaux pour vivre dans une communauté multinationale idéalisée.

L’Union européenne résulte de moins en moins d’une union d’États libres coopérant sans abdiquer leur indépendance et leur identité. Ses méthodes accordant des autorisations, et limitant la liberté des États pour agir au bénéfice de leurs propres citoyens, ressemblent de plus en plus au Pacte de Varsovie, le goulag en moins.

Liberté et philosophie

En Union soviétique les libertés de pensée et d’expression étaient niées.

Le russe Alexandre Bukovski, décédé en 2019, a payé sa dissidence au prix fort. Il a passé douze ans de sa vie emprisonné dans son pays. En 1971, il fit parvenir à l’Ouest des preuves de l’existence d’hôpitaux psychiatriques pour dissidents en URSS. Il fut condamné à sept ans de prison, puis libéré et expulsé d’URSS en 1976 sous la pression internationale. Il s’installa en Angleterre d’où il avait déjà mis en garde l’Union européenne dans les années 1980 contre « un goulag intellectuel » baptisé le « politiquement correct ». Si des opinions diffèrent de celles approuvées par la « bonne pensée », généralement de gauche, le dissident est traité de fasciste, mis à l’index par les grands médias, et ostracisé. C’est le début de la perte de liberté.

Selon Alexandre Bukovski, l’Union européenne s’effondrera comme le communisme en ex URSS car elle est incapable de se réformer.

Et quand cela arrivera, « elle laissera derrière elle d’énormes problèmes économiques et ethniques ».

Il exhortait les peuples d’Europe à retrouver leur indépendance : « J’ai vécu votre futur. Et ça n’a pas fonctionné ».

Toutes les étapes qui ont conduit à resserrer le nœud de la corde autour du cou des peuples européens ont toujours été décidées de manière technocratique. Les décisions sont masquées derrière des acronymes et des traités abscons, parfois en prétextant l’urgence pour mieux imposer des lois restrictives des libertés.

L’URSS voulait un État fédéral pour éviter les guerres entre les nations… comme l’Union européenne. La même idéologie soutient les deux systèmes.

Aujourd’hui, quiconque veut soutenir des thèses non politiquement correctes  (immigration, droits des peuples…) est par avance excommunié et accusé de populisme, de souverainisme, de complotisme, ou d’être un dangereux démagogue.

La philosophie des gourous siégeant à la Commission européenne et au Conseil européen peut se comprendre à partir des paroles de Jean Monnet qui disait en 1952 :

Les nations européennes devraient être guidées vers un super-État sans que leurs peuples ne s’en rendent compte. Cet objectif peut être atteint par étapes successives, chacune d’entre elles étant dissimulée sous une forme et dans un but purement économiques.

Ces technocrates veulent créer des monstruosités supranationales aurait dit Charles de Gaulle. Mais le parti technocratique de Monnet a gagné.

Et aujourd’hui, le désastre de l’Europe supranationale est en marche, notamment dans le domaine de l’énergie.

Voir les commentaires (41)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (41)
  • C’est exactement ça. Le sujet brûlant du moment, le « pass sanitaire », a d’ailleurs commencé à être imposé par l’eurocratie, puis répercuté au niveau des États. Le projet est clair: créer un outil unifié de contrôle des populations, qui permettra de conditionner les droits des personnes à leur obéissance aux injonctions venues d’en haut.

  • « L’URSS voulait un État fédéral pour éviter les guerres entre les nations… comme l’Union européenne » doit se lire « la Russie avait le libre droit d’intervention militaire dans tous ses pays satellites ».

    On peut difficilement prétendre que « Bruxelles a le droit d’intervention militaire etc… » ou que « la règle d’unanimité des décisions européennes prouve la suprématie d’un état sur les autres »

  • « Aujourd’hui, quiconque veut soutenir des thèses non politiquement correctes (immigration, droits des peuples…) est par avance excommunié et accusé de populisme, de souverainisme, de complotisme, ou d’être un dangereux démagogue. » pas par tout le monde..

    en même temps la fracture entre l’opinion et les faiseurs d’opinions’accroit…

    les faiseurs d’opinion ont crée le complotisme… comme ils alimentent un nationalisme excessif.

  • Intéressant, la nomentaklura française est parfaitement à l’aise dans cette Europe technocratique, dans sa bulle dorée, complètement absente sur les sujets de fond (aucune voix commune à l’international notamment). Franchement, quel intérêt d’avoir ajouté cette structure pesante au marché commun ? L’ambition des technocrates les a poussés à étendre à l’excès l’union à des pays trop disparates, si bien qu’une entente reste finalement impossible (il avait même été question d’adjoindre la Turquie, bientôt la lune ou mars…). Macron est européen parce qu’il vise le poste (on est chez les fonctionnaires) de premier président du soviet suprême…

    • A Roven
      « … il avait même été question d’adjoindre la Turquie,  »
      Il en est hélas toujours question. La « bécasse sur canapé », même humiliée et ridiculisée publiquement par Erdoğan, soutient l’entrée de la Turquie dans l’UE. Elle largue des millions à ce pays pour « éviter » l’invasion massive d’émigrants s’imaginant, dans sa « candeur » technocratie débile, avoir réglé le problème.

  • l union européenne est entre de mauvaises mains ; ça ne peut pas donner de bons résultats ;

  • Si ça vous intéresse, il paraît que l’explosion de la centrale de Tchernobyl était moins due à l’incompétence de ses ingénieurs qu’à la terreur politique à laquelle ils étaient soumis. Tiens, ça me rappelle une autre catastrophe survenue en 1986. Laquelle à votre avis ?

  • « Alexandre Bukovski »: ce n’est pas Alexandre, mais Vladimir, ce n’est pas Bukovski, mais Boukovski, parfois écrit Boukovsky. Ce grand bonhomme, qui s’est battu seul contre l’URSS, ne mérite pas qu’on massacre ainsi son nom.

    • On va aussi vous l’écrire en russe si vous voulez… Et pour ce soir vous prendrez 2 gouttes de plus avant d’aller vous coucher!

    • La transcription du russe n’est pas univoque et Буковский peut très bien se transcrire littéralement en Bukovski comme le font les anglo-saxons et la plupart des européens qui écrivent d’ailleurs aussi gulag plutôt que goulag.

      Et en effet il ne s’appelait pas Alexandre.

      • Modération : commentaire modéré pour insultes

        • La sodomisation des diptères est une réponse appropriée à la tétratomie capillaire puisqu’il ne faut pas écraser le niveau de son interlocuteur.
          Sinon j’aurais fait remarquer que le sujet est le destin d’une entité dont nous faisons partie nolens volens, dont la langue officielle n’est pas le français et où on écrit Bukovski, gulag, Putin …?.
          Ce qui n’empêche pas de franciser facultativement si on en a envie.

      • La translitteration (aussi écrit transliteration) – et non transcription – est univoque ne vous en déplaise, la translitteration française de l’alphabet cyrillique différant de la tranlitteration anglaise.
        le « y » russe se prononce « ou » en français comme en anglais. En anglais le son « ou » français s’écrit « u », d’où les deux translitterations differentes.
        En français c’est donc « ou »
        Le y final (au lieu de i) de certaines translitterations s’explique par le doublement du « i » (И) par un Й, formant ainsi une diphtongue (« i » prolongé se terminant par un inflexion plus grave)

  • Ça m’a toujours choqué que bon der layen puisse décider de notre avenir sans être élue

    • en effet…mieux de fixer des objectifs au delà de son « mandat »..

    • Les Bavarois nous avaient avertis : Von der Leyen est une pistonnée et, qui plus est, selon les quotidiens de cette province, nulle. Nous avons vu comment elle s’est comportée devant erdogan !!! De tels eurocrates ne feront que détruire les peuples par idéologie et incompétence. L’Europe ne peut se sauver que si ceux qui prennent les décisions sont élus par les peuples. Les « experts » (expert est un mot qui me fit toujours rire quand on les côtoie. Experts en courbures de bananes mais des nuls en nouvelles technologies et dans les domaines industriels), Les experts, disais-je, ne sont là que pour éclairer les débats mais non pour décider. Si l’on faisait un audit sur leurs compétences je pense que 80% d’entre eux seraient retoqués dans leur soi-disant domaine de compétences.

  • Il y a effectivement de sordides ressemblances entre l’URSS et ce que l’UE est devenu.
    On vient encore de le voir avec le contrôle technique des 2RM, dont certains pays ne veulent toujours pas et qui est imposé par l’Europe. Alors même qu’il ne sert à rien et que tout concourt à penser qu’il est le résultat d’un furieux capitalisme de connivence.
    Mais n’exagérons rien. Il y a entre les deux la même différence qu’il y a entre une dictature et une démocratie imparfaite.
    Et l’UE reste un tigre de papier. On le voit bien évidemment avec son incapacité à lutter face à la Chine ou aux States. Dernier exemple : le retrait de la taxe Gafam dès la « demande » de Biden.
    Elle est tout aussi incapable de faire silence dans ses rangs : le RU a dit « m.rde » et s’est barré. Impensable dans feu l’URSS.
    Ainsi cette dernière et l’UE n’ont guère en commun qu’une chose : leur bureaucratie.

    PS : « L’Union européenne veut également créer une nouvelle espèce historique, les Européens ». C’est, n’en déplaise à l’auteur et aux quelques derniers forcenés du nationalisme, déjà, et depuis longtemps, une réalité. Beaucoup se sentent majoritairement européens. Entre les voyages, les études, les interactions professionnelles, les brassages familiaux, voire la monnaie unique ou la couleur unique du passeport, aujourd’hui il y a moins de différence entre un bobo parisien et un bobo milanais qu’entre un premier ministre français et un Gilet jaune de la Creuse. Les plus profondes différences qui « archipélisent » l’Europe aujourd’hui viennent des catégories socio-professionnelles ou culturelles bien avant la nationalité, qui est devenue une caractéristique purement administrative…

  • Certes, l’UE est loin d’être parfaite. Mais comparer notre sort à celui des Russes sous Staline me fait hurler de rire. Vous auriez dû faire un stage dans l’URSS pour vivre le quotidien de ces gens….ça vous aurait évité d’écrire de telles inepties. Quand à l’indépendance de la France, laissez nous rire….son déclassement international ne vient pas de l’UE mais de notre manque de travail tout simplement….

    • « Vous auriez dû faire un stage dans l’URSS »

      Буковский a fait le stage que vous suggérez et c’est bien lui qui fait la comparaison que vous déplorez en concluant:
       » J’ai vécu votre futur. Et ça n’a pas fonctionné. », rejoignant plus ou moins Alexandre SOLJENITSYNE dans cette appréciation.

    • Moi, je peux comparer notre sort à ceux des Européens de l’Est que j’ai connus dans les années 1970-80. Eh bien, ça se ressemble de plus en plus ! On commence même à voir arriver les pénuries, ça c’était les années 85 et suivantes…

  • A bien des égards il eut été plus pertinent de comparer l’UE à la France. Mêmes travers, mêmes illusions, mêmes guignols..

    • Eh oui, la France a perdu son leadership économique mais a su imposé ses mœurs collectivistes reprises des soviétiques eux-même ayant pris pour modèle la révolution française.
      La boucle est bouclée pour quelques années au moins !

    • A indivisible
       » Mêmes travers, mêmes illusions, mêmes guignols.. » Même arrogance, même incompétence et tout aussi prétentieux ; bref, les mêmes péteux !

  • Tout est dit et bien dit. Voilà ce que disait Vladimir (et non Alexandre) Boukovsky : https://www.youtube.com/watch?v=ba_D_JSzIZg

  • Merci pour cet excellent article… et cette comparaison édifiante et décapante.
    Le déni démocratique était évident malgré le discours inverse, le rôle du le Parlement européen très symbolique entretenant l’illusion d’une démocratie… mais votre analyse claire, sans ambiguïté ne laisse aucun doute. Le parallélisme est flagrant !

  • Puisqu’on les laisse faire.Qui se dresse avec pertinence comme un certain britannique Nigel Farage ? D’ailleurs il était bien seul dans l’hémicycle européen pour dénoncer la non conformité des dirigeants européens il est allé jusqu’à leur dire qu’il n’existait même pas de règles pour annuler leur « mandat «  serait-ce un scandale de plus ?

  • Vous parlez surement de Vladimir Boukovski et pas Alexandre.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Boukovski

  • Ils ne veulent pas que détruire les états nations, ils veulent aussi créer- comme les soviétiques – un homme nouveau, « altruiste » qui agira uniquement en fonction de l’intérêt général tel que défini par les gouvernants (sanitaire, environnemental, …) à l’encontre de ses propres désirs. Quand on voit les majorités prêtent à sacrifier leur liberté pour leur sécurité en fustigeant et en « violentant » ceux qui refuse d’entrer dans le moule, ils sont malheureusement en meilleure voie que les anciens dirigeants soviétiques

    • C’est plutôt des minorités idéologisées qui violentent la majorité alors qu’avant c’était l’inverse mais plus par conformisme (sauf dans les révolutions).

  • Juste un pinaillage: plutôt que « nomenklatura », je dirais « apparatchiks ». Les seconds ne sont qu’une partie de la première, laquelle comptait plus de 20 personnes.

  • Comparison très pertinente.
    J’ai eu comme collègue au début des années 2000 un étudiant Bulgare venu faire sa thèse en France…
    Il était déjà effaré par la ressemblance entre « l’Europe » où des fonctionnaires dictent des règles absurdes et son enfance où les bureaucrates soviétiques de Moscou dictaient des règles absurdes aux bureaucrates de Sofia qui les appliquaient avec gourmandise au peuple tout en s’en disant eu aussi victimes…
    15 ans ont passé et je me dis régulièrement qu’il a bien fait de partir aux US après sa thèse parceque la comparaison est de plus en plus juste.

    La France comme une nouvelle Bulgarie communiste où des « politiciens » « élus » (le plus souvent par défaut) et surtout des bureaucrates non-élus soumettent le peuple à des ordres de fonctionnaires intouchables et basés à l’étranger, qui à Moscou, qui à Bruxelles…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles