Les 10 principes-clés de l’École autrichienne d’économie

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Ludwig von Mises-Wikiberal

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les 10 principes-clés de l’École autrichienne d’économie

Publié le 12 août 2021
- A +

Par Francis Richard.

L’école autrichienne d’économie est née il y a quelque cent cinquante ans avec un livre, Principes d’économie, de Carl Menger, publié à Vienne, en Autriche :

« Le terme fait référence à une conception particulière de l’économie, et aux économistes du monde entier qui y souscrivent. »

 

Les 10 principes-clés de l’École autrichienne d’économie

Dans son livre, qui est une introduction à cette école, Eamonn Butler rappelle une dizaine de principes-clés qui justifient l’expression employée de conception particulière :

1. L’économie est une question de choix et ne concerne que les individus :

Invariablement, nous devons renoncer à une chose (disons une somme d’argent ou du temps ou des efforts) pour en obtenir une autre…

2. L’économie est donc très différente des sciences naturelles dont les objets peuvent être observés et mesurés (les scientifiques peuvent à partir de là faire des prédictions et des statistiques), puisqu’elle étudie la façon dont les individus font leur choix :

Ce sont des sentiments personnels, individuels, que nous ne pouvons pas observer et mesurer – ni, par conséquent, prédire.

Mais nous pouvons les expliquer parce que, individus humains, « nous savons comment nous pensons ».

3. Tout en économie repose sur les valeurs humaines, qui sont subjectives :

Le même bien a une valeur différente suivant les personnes, et selon l’utilisation qu’elles en font.

4.  « Les prix nous aident à maximiser la valeur et à minimiser les coûts » : ce sont des signaux pour les individus qui échangent, et « le taux auquel ils sont prêts à échanger ».

5. « La concurrence est un processus de découverte : les marchés ne sont pas parfaits. En effet, ce sont leurs imperfections qui les animent ».

6.  « La propriété privée est essentielle » : c’est quand un bien est vendu qu’il a un prix.

Là où il n’y a pas de prix, il n’y a pas de marché pour nous aider à découvrir quelles sont les choses qui manquent, et pour orienter les ressources vers les manques.

7. « La production est […] une activité risquée et comporte un risque réel de perte. »

8. « L’inflation est profondément dommageable », parce que la monnaie est « un bien comme les autres » : elle « est apparue simplement parce que les gens voulaient un moyen d’échange généralement accepté ».

9. « L’intervention du gouvernement est presque toujours néfaste. »

10. « Les actions ont des conséquences imprévues – bonnes et mauvaises. »

 

Les économistes de la macroéconomie

À ne pas vouloir observer ces principes, les économistes se fourvoient :

  • Parce que l’économie résulte d’actions individuelles dont il est impossible de faire l’addition et de prédire les résultats à partir d’agrégats : la macroéconomie est  « fondamentalement trompeuse et erronée ».
  • Parce que « la valeur n’est pas une qualité objective qui réside dans les choses : le monde change constamment, et les valeurs et les motivations des gens changent aussi. »

 

Que pouvons-nous faire alors ?

« Nous ne pouvons pas accéder aux valeurs des individus, mais nous pouvons les déduire de ce qu’ils choisissent réellement » en analysant l’utilité marginale, c’est-à-dire « quels avantages ils s’attendent à obtenir d’une petite addition à leurs stocks existants ».

 

L’analyse des économistes autrichiens

À partir de ces principes et de cette analyse, les autrichiens montrent que tout est individuel : les coûts, les avantages, le profit (qui est la différence entre les deux), et que rien ne peut être planifié collectivement.

Ils montrent que « le marché ne récompense que la valeur pour autrui de ce que produit chaque individu, que ce soit par chance, par bon jugement ou par travail. »

C’est pourquoi Marx avait tout faux avec sa théorie de la valeur travail.

Ils montrent que la concurrence :

  • stimule l’innovation et le progrès ;
  • fonctionne parce qu’elle n’est pas parfaite : elle incite les producteurs à se différencier les uns des autres ;
  • oblige les entrepreneurs à prendre des risques, motivés par le profit qui les incite à « produire ce que le public désire le plus ».

 

Ils montrent l’importance du temps dans les choix que nous faisons, aussi bien en tant que producteurs que consommateurs. C’est la préférence temporelle propre à chacun sans qu’il y ait de choix correct : passer plus de temps à fabriquer des biens de haute qualité, ou moins de temps à fabriquer des biens moins chers et moins durables ; épargner, c’est-à-dire différer la satisfaction immédiate, ou consommer tout de suite.

Ils montrent que les cycles économiques sont dus aux taux volontairement bas, à la création de monnaie et à l’inflation, qui ont pour conséquences le mal-investissement et la transformation d’un boom initial en krach final.

Ils montrent que les économistes dominants se trompent quand ils « suggèrent que « l’échec du marché peut être « corrigé » par la réglementation et l’intervention » : les marchés sont effectivement plus susceptibles de résoudre les problèmes que les gouvernements.

Les autrichiens s’opposent à la propriété collective des biens de production (qui caractérise le socialisme) parce que justement il n’y a pas de marché pour eux, et donc aucun moyen d’établir des prix pour eux.

Les autrichiens sont clairement des libéraux, au sens européen, plutôt qu’au sens américain. Mais il y a plusieurs demeures dans leur maison, comme dans celle plus vaste encore du libéralisme.

Par exemple, si tous s’accordaient hier, et s’accordent aujourd’hui, à penser que, pour que le marché fonctionne, il faut des règles telles que le respect des droits de propriété et le respect des contrats, les autrichiens modernes divergent sur qui doit les faire appliquer, l’État ou pas l’État.

Même si l’influence des idées autrichiennes devaient continuer à croître, il n’en reste pas moins qu’elles sont encore ou méconnues, ou considérées comme un éclairage secondaire sur les idées dominantes :

C’est peut-être parce que la plupart des gens ont toujours une foi touchante dans le pouvoir des gouvernements d’identifier et de guérir nos problèmes…

Une actualité récente indique cependant que ce pouvoir commence à être récusé en doute.

… Ou peut-être que les gens ont du mal à imaginer que les marchés peuvent résoudre des problèmes extrêmement importants et difficiles sans avoir besoin d’une direction et d’un contrôle centralisés.

La même actualité indique que beaucoup n’ont pas seulement du mal à l’imaginer, mais n’en ont aucune idée, parce que personne ne leur en a jamais parlé…

  • Eamonn Butler, Introduction à l’école autrichienne d’économie, Institut Coppet (traduit de l’anglais par Gérard Dréan)

Sur le web

Un article publié initialement le 21 janvier 2019.

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Très bon rappel des fondamentaux de l’école Autrichienne.

  • L’économie à changé en 200 ans, initialement on a déterminé que l’économie s’occuperait de ce qui était rare, la production devint une fonction du travail et du capital, ce qui est totalement faux aujourd’hui, la rareté aujourd’hui ce sont les ressources minérales et l’énergie en quantité. Ne pas s’en occuper va nous conduire dans le mur, car nous sommes entrés dans les rendement décroissants, de plus en plus d’ argent, d’énergie et de métaux pour avoir les mèmes quantités de ressources qui sont finies. Quand vous aurez besoin de l’équivalent d’un baril de pétrole d’énergie pour retirer un baril, même coûtant US$ 10.000 vous ne le ferez pas ! Le PIB est proportionnel à la quantité d’énergie consommée dans tous les pays, puisque aujourd’hui ce sont les machines qui travaillent à notre place (en France 500 fois le travail musculaire humain) ! Cela fait 34 ans que nous trouvons moins de pétrole que nous en consommons, en 2016, 2,8 milliards de barils pour 35 milliards de conso. 2017 a été encore pire. Toutes nos activités dépendent du pétrole. Il serait bon de revoir toutes les théories économiques pour se préparer non plus à la croissance mais à la décroissance.
    https://imgur.com/a/6dEDt
    https://srsroccoreport.com/has-peak-diesel-arrived-the-data-doesnt-look-good/

    • L’économie à changé en 200 ans : non

      • 1874 : Interdiction du travail des enfants de moins de 12 ans, 70 % de la population aux champs, où chacun produisait pour 1,5 personne, aujourd’hui 11% de la population au chômage, et moins de 3 % dans l’agriculture ou chacun produit pour 50 à 200 personnes. Du manque de capital à la pléthore de maintenant. Si réellement la production est une fonction du travail et du capital, nous devrions être en super croissance. Alors, rien n’a changé?

        • « nous devrions être en super croissance. »
          Comparez votre niveau de vie à celui de vos ancêtres.

          « Alors, rien n’a changé? »
          Oh si, John Maynard Keynes est passé par là. Sans lui et sa cohorte de post-Marxistes, nous serions tous beaucoup plus riches.

        • ce dont vous parlé ce n’est pas d’économie, c’est l’évolution naturelle de la société humaine. Les bases fondamentales de l’économie telle que décrites par l’école autrichienne n’ont pas changées.
          – on n’a jamais aussi peu travaillé que de nos jours.
          – vous confondez monnaie, dettes et capital. Aujourd’hui en France (et c’est pareille presque partout) pour produire X il faut investir 10X à cause du poids considérable des impôts, taxes, réglementations… Dans les faits nos sociétés sont en train de consommer du capital pour maintenir une richesse illusoires qui a été constitués aux cours des siècles précédents. même la faible croissance d’aujourd’hui est factices, acheté à coup de dettes et ne produisant rien d’autre que de futures dettes. Lorsque le Ponzi de la dette mondiale s’effondrera nous ferons un « bon » de 50 ans en arrière voir beaucoup plus pour certain car, il y a 50-60 ans la plupart de gens étaient dure à la tâche et pas totalement ramollit et apathique.

    • Il serait bon de lire l’article avant d’étaler des poncifs de comptoir hors sujet.

    • « Ne pas s’en occuper va nous conduire dans le mur »

      Rassure-toi, Kamarad, on s’en occupe. Tout ce qu’on demande, c’est que les collectivistes, socialistes ou étatistes, eux, ne s’en occupent surtout pas et qu’ils nous laissent tranquilles. Contrairement à eux, nous le marché, nous sommes compétents.

      « Quand vous aurez besoin de l’équivalent d’un baril de pétrole d’énergie pour retirer un baril »
      Bah, on utilisera vos moulins à vent primitifs pour extraire le pétrole jusqu’à la dernière goutte, car c’est à peu près leur seule utilité. En attendant ce jour, pas besoin des moulins. Il y a tout le pétrole nécessaire pour de nombreuses décennies, pour ne pas dire de nombreux siècles.

    • Vous avez oublié que l’usage du silex a été abandonné suite à sa pénurie.

  • Bah, à l’origine de la psychanalyse, de l’antisémitisme, la Vienne de la fin du 19eme n’en serait pas à la première ânerie. Qui me garantit que la théorie autrichienne de l’économie n’en est pas une de plus ?

    • Si vous pensez que produire des biens et des services pour les échanger contre d’autres biens et services relève d’une théorie, faut consulter.

      • Pardonnez- moi : Menger va « un peu plus loin » que rappeler quelques évidences sur le troc ou la monnaie, théorisés bien avant lui par Homo sapiens…
        Au demeurant, la Vienne du dernier tiers du 19ème était si profondément libérale (et cosmopolite) qu’un économiste ne pouvait y être qu’influencé par ce qu’il avait sous les yeux. Cela prouve t-il qu’il ait vu juste ? Ou qu’il ait juste été capable de décrire, mieux qu’un autre (par exemple un rhénan s’installant à Paris autour de la révolution de 1848) ce qui pour l’époque et le lieu pouvait être qualifié d’évidence ?

  • « Parce que l’économie résulte d’actions individuelles dont il est impossible de faire l’addition et de prédire les résultats à partir d’agrégats : la macroéconomie est « fondamentalement trompeuse et erronée ». »
    Je suggère à l’auteur de cette phrase d’aller faire un tour du côté de la thermodynamique, pour comprendre comment a partir du mouvement individuel des molécules dans un gaz parfait on peut en déduire une loi fondamentale au niveau macro comme PV = nRT…

    • les gens ne sont pas des molécules et la lois des gaz parfait est très simple. Donnés moi une lois qui décrit le mouvement des molécules d’eau dans une canalisation quelques soit leur vitesse ou bien une lois décrivant le déplacement des molécules de gaz lors d’une combustion et on reparlera de macro économie…
      Lorsque vous ne maitrisé que très peu de paramètre il est impossible de tirer de quelconque règles générale d’un système, d’ailleurs aucun de nos fameux macroéconomiste n’ont jamais pu prédire la moindre crise ni même tout simplement prédire l’évolution d’un simple marché comme les prix du pétrole.

  • Un livre à offrir à tous nos gauchards créateurs de papiers et de fonctions inutiles et coûteuses et aux journalistes de Libé et de l’Obs …….

  • NPP : natural price point tous les américains connaissent cette notion et l’appliquent.
    Les « planificateurs » (payés TRÈS généreusement) sont des malfaiteurs qui ne comprennent que ce qui ressort du marxisme et donc trompent tout le monde . . . .

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Damien Theillier Un article de l'Institut Coppet

[caption id="attachment_218127" align="alignleft" width="230"] J-B Say, domaine public.[/caption]

Jean-Baptiste Say est né à Lyon en 1767. Il est issu d’une vieille famille protestante du sud de la France, qui s’est installée à Genève puis à Paris. À l’âge de quinze ans, au plus fort de la Révolution française, il est fortement influencé par l’autobiographie de Benjamin Franklin, ses principes d’économie, d’éducation et de vie morale. Il passe également deux ans à Londres, où ... Poursuivre la lecture

Par Marius-Joseph Marchetti.

 

1) Big Players and The Economic Theory of Expectations, de Roger Koppl (2002)

J’ai terminé récemment la lecture de cet ouvrage, que je conseille ardemment à tout un chacun.

Méthodologiquement, Koppl part de deux fondements qu'il qualifie de misésiens, inspirés de Friedrich Hayek et Alfred Schultz. Il construit par la suite une théorie des anticipations cognitives (subjectives) et a-cognitives (objectives), plus ou moins fiables selon la nature des institutions.

Basant sa t... Poursuivre la lecture

Image générée par IA
2
Sauvegarder cet article

J’avais proposé, par le passé, sept lectures en économie autrichienne. Si il y a bien évidemment, encore cette fois-ci, des lectures autrichiennes, quelques lectures n’en sont pas, ou pas nécessairement.

 

Scientisme et sciences sociales - Friedrich Hayek

Ce livre court mais très instructif n’est pas vraiment un livre sur l’économie, mais plutôt sur la méthodologie en vigueur dans les sciences et notamment les sciences sociales, et la différence entre celles-ci et les sciences exactes. Scientisme et sciences sociales revie... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles