Régionales : les « hors-sol » à la manœuvre

Un désastre démocratique : c’est le résumé des récentes élections régionales et départementales. Mais ce n’est pas vraiment de cela qu’ont parlé les candidats élus et les medias le soir de l’élection.

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Régionales : les « hors-sol » à la manœuvre

Publié le 9 juillet 2021
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Par François Lainée.

En trompe-l’œil, les résultats du vote ont fait apparaître les élus comme des vainqueurs glorieux, voire même des cadors en route pour l’Élysée. Et le pire, c’est que certains d’entre eux semblent y croire vraiment, oubliant qu’ils ne sont en fait que des nains au pouvoir. Après le désastre, le circus politicus continue comme avant ?

21-27 juin : élections régionales et départementales. Les élus en charge des aides sociales, des routes et du transport ferroviaire local, des lycées et collèges, des pompiers entre autres, sont offerts à notre choix. Ce n’est pas rien ! Mais deux tiers des électeurs préfèrent ne pas voter, et laissent grosso modo la main aux sortants pour une nouvelle mandature.

Cela a fait l’actualité un week-end, et est déjà en voie d’oubli collectif, sans doute jusqu‘à la prochaine occasion de ne pas voter. Pourtant, lors de cette catastrophe démocratique, des choses n’ont pas été vraiment dites sur ce que signifie et révèle profondément cette abstention massive.

L’analyse ci-dessous illustre l’ampleur du mensonge par omission commis par les médias, presque tous unis (et notamment les chaînes de télévision), à l’occasion de ce désastre.

Les résultats des régionales

Le soir des élections, lors du tour des régions on nous montrait en effet les résultats des candidats avec des parts de voix exprimées. Avec respectivement plus de 45 % et 50 %, Valérie Pécresse en Île-de-France et Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France étaient présentés comme des cadors de la droite, pourfendeurs d’un Rassemblement national en berne, et dignes de songer à un destin national.

La question était alors naturellement : « Et maintenant, à droite, comment allez-vous départager vos nombreux champions ? ». Le débat glissait ainsi subrepticement des élections locales calamiteuses à la prochaine étape qui va animer les rédactions politiques : la présidentielle de 2022.

Or, si on s’y arrête, ces cadors sont en fait des nains, comme d’ailleurs tous leurs confrères présidents de région. Des nains dont la légitimité réelle est faible voire très faible. Certes, les formes ont été respectées et les règles électorales font d’eux des vainqueurs au titre du comptage des élus officiels, mais la part de la population qui les a placés là est si petite qu’ils auraient mauvaise grâce à se dire représentants du peuple.

Ce fait en lui-même est déjà bien triste. Mais ce qui l’est plus encore est qu’ils ne semblent pas réaliser à quel point ils sont fragiles. Le symptôme le plus clair de cet autisme électif est la déclaration de monsieur Bertrand, remerciant ses électeurs et se déclarant prêt pour un destin national.

Sans aucun jugement sur la qualité de sa gestion régionale, cette posture apparaît hallucinante. Abracadabrantesque, aurait dit un de ses prédécesseurs dans cette course au trône.

Non, monsieur Bertrand, quand on s’appuie sur 17 % des électeurs, et quand donc 83 % n’ont pas voté pour vous, on ne se précipite pas pour dire « voyez comme je suis beau ». Si on n’est pas capable de tirer des conséquences personnelles de ce rejet massif, on a au moins la décence de rester modeste.

Il est vrai qu’avec ces rodomontades, on est exactement dans le rôle dont les médias ont envie. On est cité, mis en avant comme un acteur du combat médiatique suivant. On anime le circus. Et on creuse plus encore la tombe démocratique dans laquelle nous nous apprêtons à enfouir notre pays. Un pays où une élite autiste, coincée dans une posture collective de refus de la réalité, ne fait rien pour tenter de redresser la barre de ce Titanic électoral.

Abstentionnisme

Pas facile, il est vrai. Et ils ne sont pas les seuls responsables. Nous aussi, citoyens, avons collectivement démissionné depuis longtemps de notre rôle civique, laissant sans contrôle la barre à ces élus (qui ne souhaitaient que cela), puis constatant que gauche comme droite les promesses ne sont pas tenues, à grands traits rien ne change (assez vite), la puissance nationale diminue, au fond voter n’y fait rien.

Nous sommes tous responsables, mais les élus d’abord. Il en va du pouvoir qu’ils viennent conquérir, il en va de leur légitimité.

Alors, aux missions officielles des régions, le dernier scrutin en ajoute une nouvelle, la première sans doute : impliquer le citoyen au quotidien pour qu’il vote davantage aux prochaines échéances. Comment ? Mesdames, messieurs, à vous de jouer. Budgets participatifs, consultations co-décisionnaires, ambassadeurs de communication proches des habitants… À vous de choisir et tester.

 

La tâche est immense en termes de changement de mentalités. Quand on voit, dans un projet conduit par les Contribuables Associés et Nous Citoyens – France (dont les résultats seront publiés à la rentrée), qu’après des mois d’effort, avant les élections, pour collecter des chiffres de performance des services rendus pas les régions, seules six d’entre elles ont su et/ou bien voulu fournir ces données, on peut comprendre que les élus de ces collectivités ne travaillent pas vraiment pour nous et ne souhaitent surtout pas rendre des comptes clairs et transparents.

Alors oui, le temps de la révolution est venu pour ces élus nains. Le temps de la révolution, dernière chance peut-être avant celui de la terreur.

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  • « … la course au trône ». Merci à François Lainé pour cet article descriptif de la vie politique française.
    « Un désastre démocratique » bien sûr mais, c’est tout le système institutionnel de la France qui est en cause!
    Il est grand temps de remettre en question la constitution de la Vème République afin de mettre un terme au centralisme parisien et à tout ce fatras administratif qui empoisonne la quotidien des français….
    Il faut donner aux Régions de France un véritable pouvoir politique et économique notamment en leur permettant de moduler la fiscalité des entreprises.
    Il faut créer une émulation entre toutes les Régions de France quant aux meilleurs résultats obtenus en matière de développement industriel et d’élévation du pouvoir d’achat.
    L’exemple helvétique, même s’il n’est pas parfait, est un exemple de ce qui pourrait être fait.

    • beaucoup de gens sont d’accordpour changer la constitution…MAIS…

      pas dans le sesn du changement.
      en l’état on nepeut que pointer les problèmes de la V eme

  • Aussi vrai pour les municipales avec de grandes villes qui sont tombées dans le piège des pastèques… Elections en plein confinement, très peu de votants…

  • Tous ces élus pourraient facilement être remplacés par des fonctionnaires compétents(ça existe tant qu’ils ne font pas de politique et des affaires) Donc, un président fonctionnaire pour surveiller la bande d’élus conseillers hors sol en general et betes et venaux.

  • Lentement mais surement nous devenons véritablement un pays communiste. Le jour ou le privé ne va plus pour supporter toute cette arnaque…

  • Ce que je trouve le plus terrible c est un politicien qui se presente a une election en disant « le poste ne m interesse pas, c est juste un tremplin pour devenir president de la republique l annee prochaine »

    Et le pire c est qu il se trouve une majorité de votant pour trouver ca normal !
    Vous vous imaginez aller chercher du travail en disant a votre employeur : « bon, ca m interesse pas et j espere avoir mieux dans un an. c est juste pour boucher un trou sur le CV »

  • « Comment ? Mesdames, messieurs, à vous de jouer. Budgets participatifs, consultations co-décisionnaires, ambassadeurs de communication proches des habitants… À vous de choisir et tester. »
    Un peu comme le référendum sur l’aéroport de Notre dame des Landes !
    Les Français ont peut-être compris que l’échelon régional est surtout destiné à leur faire les poches afin de redistribuer toujours plus et de financer des projets culturels, des ralentisseurs…
    La crise sanitaire leur a donné un nouveau rôle, celui d’expert en virologie qui, du haut de son savoir encyclopédique, se permet d’interdire ou de prôner la vaccination obligatoire.
    Ce qu’on attend des présidents de région, c’est qu’ils participent activement à la simplification du découpage territorial, qu’ils soient des travailleurs acharnés de la fusion des communes, qu’ils fassent que leur région soit attractive pour les entreprises…
    Le culot de Xavier Bertrand, qui s’exprime à 20H02, pour dire qu’il a tout compris des attentes des Français est tout simplement ridicule et indécent.

    • L’échelon régional, en France, est une résurgence très efficace des anciennes féodalités. Les présidents de Région, à de très rare exceptions près, pratiquent un clientélisme éhonté. C’est la même chose d’ailleurs à l’échelon départemental.

  • Vos solutions pour impliquer le citoyen manquent d’intérêt…Budget participatif, c’est un os à ronger pour retraités ou femme au foyer en manque d’émotion. Dans ma ville de banlieue (pas trop dégueu) d’IDF, ils font un budget participatif pour mettre des oeuvres d’art dans mon quartier. Je crois que la solution viendra quand on arrêtera de voter pour des personnes, et qu’on votera pour des idées.

  • Avec un joli noeud papillon, une crotte reste une crotte.

    Même avec moins de 1 % des votes exprimés, tous ces tocards continueront à cramer un max de pognon des autres.

  • même avec 10% de la population, ils seront content quand même.

  • Le vote blanc ne changerait rien sauf si les politiques se présentant et refusés seraient disqualifiés à vie…. Les partis feraient alors plus attention à leurs choix. Ou alors on nomme un fonctionnaire lorsque le blanc l’emporte.

    • Nommer des fonctionnaires ??? La plupart des élus sont d’anciens fonctionnaires. Je ne vois pas ce que cela changerait ??? A part la Présidente du Conseil Départemental des Deux-Sèvres il n’y a pas beaucoup de chefs d’entreprise qui visent des fonctions d’élus !!! Pourquoi ? Pour ma part, car je n’ai pas envie de travailler avec les médiocres qui croupissent dans tous les ministères de la France.

  • La cuisine électorale, à base de clientélisme et assaisonnée de propagande médiatique, a duré suffisamment longtemps pour que même l’électeur moyen, peu politisé, ne s’en détourne pas, et aille à la pêche à la place au lieu de se rendre aux urnes.
    Question : se détourne -t-il des urnes parce qu’il va à la pêche, ou va-t-il à la pêche parce qu’il se détourne des urnes ? Je crois que c’est la seconde réponse. L’électeur moyen ne voit aucun intérêt à voter pour les mêmes clowns, qui ne se distinguent les uns des autres que par la couleur de leur cravate, à l’exception de MLP ou de Pécresse qui n’en portent pas, mais qui portent les mêmes absences d’idées.

  • Un bon moyen pour redonner du pouvoir à l’électeur est de reconnaître le vote blanc et à instituer un vote de confirmation à mi-mandat. Cela obligerait les prétendants à respecter leur parole et donnerait un peu d’air en éjectant les pros de la politique et les guignols qui se présentent avec des programmes farfelus.

  • tant qu’ils ont accès à la soupe …

  • Je ne comprends pas, l’auteur dit que nous avons démissionné démocratiquement, mais aussi que le vote ne sert à rien. Il manque le lien de cause à effet: c’est parce que voter ne sert presque à rien si ce n’est réduire nos libertés et créer moult taxes et impôts, qu’une grande part de citoyens démissionne.

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