Masque anti-méthane pour vache : l’humanité peut mieux faire !

Les progrès en matière d’alternatives à la protéine animale d’élevage sont encourageants et pourraient mener, espérons le plus tôt possible, à démasquer les vaches et mettre fin à leur exploitation.

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Masque anti-méthane pour vache : l’humanité peut mieux faire !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 juin 2021
- A +

Par Constance Péruchot.

Le géant de l’industrie agroalimentaire Cargill a annoncé la commercialisation d’un masque développé par l’entreprise Zelp Ltd. qui permettrait de capturer le méthane émis par les reflux gastriques des vaches. En un mot, un masque contre les rots de vaches. Cela semble absurde, et il vaut mieux en rire jaune, parce que cette invention n’est qu’une fausse bonne idée pour régler un problème majeur de notre époque.

La nourriture est actuellement responsable d’un quart des émissions de CO2 au niveau global. Les produits animaux y tiennent une place importante et plus particulièrement l’élevage de bœuf pour la production de viande. Selon une étude majeure, un kilo de bœuf émet en moyenne 60 kg de gaz à effet de serre.

Pour comparaison, la production d’un kilo de pois émet un kilo de gaz à effet de serre en moyenne1. Les émissions causées par la production de bœuf sont principalement composées de méthane, un gaz lié au processus naturel de digestion et rejeté par l’éructation.

Masque anti-méthane et réduction des émissions de CO2

Face à ces constats et l’engagement des États en matière de développement durable, Cargill, l’un des plus grands producteurs de viande au monde, a décidé de renforcer sa stratégie de réduction des émissions. Dans le cadre de l’Accord de Paris, l’entreprise s’est engagée d’ici 2025 à réduire de 10 % les émissions directement ou indirectement causées par ses opérations de production (émissions des champs d’application 1 et 2 de l’Accord) et d’ici 2030 à réduire de 30 % par tonne ses émissions produites par des sources de la chaîne d’approvisionnement étendue (émissions du champ d’application 3).

C’est là que le masque anti-méthane entre en jeu. L’entreprise Zelp assure que ses tests montrent une efficacité de réduction du méthane émis par les vaches de 53 % grâce à son invention. Ce dispositif implique une contrainte de plus dans la courte vie des animaux d’élevage. Le masque ne règle pas non plus le problème des émissions causées par l’élevage dont de nombreuses étapes restent polluantes pour l’environnement.

Un engagement industriel cohérent

Les progrès scientifiques de l’humanité sont capables de mieux, et Cargill le sait : depuis 2017, l’entreprise investit dans des startups dédiées à la viande cultivée en laboratoire et aux protéines végétales. On ne peut donc pas reprocher l’engagement du géant de l’agroalimentaire dans une transition globale vers une alimentation moins consommatrice en énergie et tournée vers des alternatives à la viande d’élevage.

De ce point de vue, l’investissement de Cargill dans les masques anti-méthane semble être en parfaite cohérence avec ses objectifs environnementaux : pendant que sont développés des produits alternatifs, des innovations réduisent les émissions existantes.

Pourtant deux problèmes subsistent. Le premier problème est l’instrumentalisation potentielle des crédits carbone. Selon Zelp, les masques anti-méthane pourraient être loués aux éleveurs sous forme d’un abonnement annuel. Il est possible d’imaginer que grâce à la réduction d’émissions réalisée par le masque, les éleveurs puissent vendre des crédits carbone aux entreprises intéressées.

Or, il n’est pas certain que les vaches portent en permanence le masque et il semble compliqué de comptabiliser la réduction effective en émission de gaz à effet de serre. Enfin, la rémunération via les masques pourrait créer une incitation perverse à posséder davantage de vaches pour augmenter le revenu généré par les crédits carbone. Tout le bénéfice pour la société en serait ainsi perdu.

Masque anti-méthane : le problème éthique

Le second problème est évidemment éthique, l’animal-produit de l’industrie agroalimentaire n’est plus traité comme un être vivant mais une machine dont on corrige les défauts – en l’occurrence l’émission de méthane – en y affublant une excroissance technologique.

Le masque anti-méthane est presque le signe que les méfaits de l’élevage nous échappent, on essaie de résoudre un problème majeur à la petite cuillère. Heureusement, les progrès en matière d’alternatives à la protéine animale d’élevage sont encourageants et pourraient mener, espérons le plus tôt possible, à démasquer les vaches et mettre fin à leur exploitation.

  1. Poore, J., & Nemecek, T. (2018). Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science.
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  • On avait les capteurs à subventions, les moulins à subventions, et voilà maintenant …. les masques à subventions !

    Décidément, l’inventivité humaine est sans limites.

  • si c’est volontaire je n’ai pas de problème avec ça..

    le problème derrière cela c’est ce qui est en filigrane soit l’affirmation et l’objectivité du…problème important…

    qui signifie tout le monde( vraiment le monde entier!) doit voir le même problème..
    et ça signifie que tout le monde doit souhaiter le même taux de méthane atmosphérique..
    tout le monde doit souhaiter le même climat, tout le monde doit souhaiter, la même biodiversité..etc etc…

    à force d’admettre sans discuter ce genre de choses , le bétail ce sera nous…réduit à une vie utilitariste sinon euthanasié.

  • C’est une idée tellement stupide qu’elle se fera sans doute mais, il est quand même plus facile d’enfermer les vaches et de capter le methane au lieu de le détruire…. A moins que la production de méthane est tellement insignifiante…

    • et oui car la vache rejette aussi du méthane par l’anus!
      Il faudra donc, si on suite cette logique, lui mettre aussi un masque récupérateur au cul?!

  • Pauvre bêtes! Elles ont déjà une vie pas marrante, on en rajoute une couche pour un critère débile.
    On ne pourrait pas arrêter de construire des centrales à charbon à la place? Quant à la France c’est une des pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre d’Europe, ce serait logique de mettre un objectif d’émission par habitant, mais bon quelqu’un a dû dire Nein!

    • Ne vous inquiétez pas avec le pass vert d’ici quelques temps on tracera votre émission de CO2 et vos faits et gestes seront autorisés ou interdits selon dépassement du seuil.

  • je ne vois pas comment on peut envisager aussi tranquillement que ça une maltraitance animale telle que enfoncer un « masque » dans les naseaux des vaches qui sera source d’infections multiples…
    et tout ça pour éviter du co2 et du ch4 dont des fanatiques décroissantistes nous disent qu’ils sont à proscrire ?
    revenons sur terre : le co2 est le gaz de la vie, et je veux pouvoir continuer à manger librement de la viande.

    • Je crois que je vais me faire un TeeShirt « CO2 mon amour ! » Marre de ces bêtises. Si ça continue, on va interdire aux lions de manger de la viande… Oui, il y a réchauffement climatique. La raison ? on n’en sais rien ; c’est déjà arrivé et cela arrivera encore. Regardons la hiérarchie d’intelligence des animaux : ceux qui mangent des graines puis, ceux qui mangent de l’herbe, puis ceux qui mangent de la viande et enfin, ceux qui mangent de tout, les omnivores. Désolé, je n’ai pas de temps à perdre à réfléchir à ce que je vais picorer pour compenser les carences d’un régime de moineau. Je suis omnivore et le resterais. Un bon steak de temps en temps voire un tartare !…

      • « On va interdire aux lions de manger de la viande ». Déjà tenté. J’ai vu une étude d’écologistes qui disait que pour être cohérent, il fallait inciter les carnassiers à devenir végétarien. Désolé, mais impossible de remettre la main dessus. Vous n’allez tout de même pas imaginer que le crétinisme écologiste avait encore une frontière ??

  • Et la moyenne en kg des émissions de CO2 d’un humain? Non parce que c’est la prochaine étape… D’ailleurs j’imagine bien la vache enlever son masque avec ses sabots dès lors que lui viendrait l’idée de boire ou manger de l’herbe. On marche sur la tête là.

    • Bah, le methane est un produit de fermentation, les pauvres vaches n’ont que de petits rots par rapport à dame nature.

  • La prémisse de cet article étant faux (CO2 et méthane responsables du réchauffement climatique), toute la suite n’a pas lieu d’être sauf à drainer des subventions étatique.

    La récente crise du covid a entraîné une baisse de l’activité industrielle humaine et donc une baisse de 20-25% des rejets mondiaux de CO2 humain, ce qui n’a eu AUCUNE conséquence sur la courbe de dosage du CO2 atmosphérique (laboratoire de Mauna Loa, Hawaï)… Donc s’acharner à vouloir baisser de qq 1/10è de % les rejets de CO2 humain (qui ne represente que 4 à 5% du CO2 total, lui-même représentant 0.4% des gaz atmosphériques) sont plus l’expression d’une obsession idéologique.

    Ensuite, tout à sa logique anti CO2/méthane et anti-viande (idéologie végan avançant masquée?), l’auteur oublie que la majorité des vaches sont élevées pour la production laitière, leur viande étant récupérée en fin de carrière. Faudra-t-il ensuite se passer de produits laitiers et les remplacer par des produits artificiels?

    Enfin, quel est le fameux bilan carbone de l’ensemble de la filière de la production de viande artificielle? A chaque fois, personne n’en parle!

  • Un truc m’échappe. Mais que font-ils du méthane ainsi récupéré ? Ils le stockent indéfiniment dans un lieu gardé secret ou ils le font disparaître subrepticement de l’univers ?
    Ne me dites pas qu’ils le crament ??

  • Un masque au museau, un aux fesses plus un compteur au museau et un aux fesses avec une recommandation de consommer avec modération….ça va faire la côte de boeuf à un prix inabordable….. sacrés écolos, ils vont finir par se bouffer entre eux….

    • Laurent Gerra avait imaginé de greffer un pot catalytique au cul des vaches… La planète Shadock : bientôt sur vos écrans

  • ça me donne une idée, enfoncer une boulette de chiffon dans la bouche de quelques uns de nos politiques pourrait utilement filtrer les niaiseries débitées …
    Marlène Jean-Luc si vous m’entendez ….

  • Einstein disait que la bêtise humaine est infinie. L’humanité prouve qu’il avait une fois de plus raison!

  • Mais quel truc de cinglés. Pour réduire des émissions d’un gaz essentiel à la vie, dont quelques allumés nous disent sur la base de calculs immanquablement foireux, qu’il est l’Antéchrist, on veut mettre des masques à de pauvres bêtes qui n’auront donc même plus le plaisir de brouter en paix avant de passer à l’abattoir.
    Solution provisoire, en attendant de pouvoir bouffer des insectes, blottis dans notre box collectif chauffé à 17 degrés.

  • Encore un article plein à ras-bord d’inepties pondues par des gens qui n’ont jamais vu une ferme de près.

    Passons sur l’aspect rigolo de la chose qui ne capture qu’une partie du méthane car comme dit par ailleurs, il en sort aussi par l’autre bout de l’animal.

    Cet article est une insulte aux éleveurs. Une de celles-ci répond d’ailleurs bien mieux que je ne pourrais le faire, moi qui n’ai jamais élevé une vache de ma vie mais qui ait un infini respect pour ceux qui font ce dur travail :

    http://www.lagri.fr/tribune-quand-une-agricultrice-ecrit-a-yann-arthus-bertrand

    De toute façon, par chez moi, la terre est si pauvre qu’il est illusoire de vouloir y faire pousser quoi que ce soit, alors autant y élever du bétail plutôt que de laisser tout cela en friche, ou pire de bourrer le sol d’engrais chimiques. Nos écolos en chambre et autres vegans ne pensent évidemment pas si loin mais pontifient allègrement.

  • Non, mais c’est une blague là!!! On n’est pourtant pas le 1er avril, mais c’est évidemment un canular! Je me demande ce qui m’étonne le plus: lire ça sur contrepoints ou voir des lecteurs qui semblent y croire…. MDR

  • Et bien non ce n’était pas une blague ! j’avais vu un bout de reportage la-dessus dans un journal télévisé de je ne sais plus quelle chaîne (quand on zappe beaucoup, on ne sait plus très bien qui est qui, de toute façon c’est « politically correct » partout), et je n’en croyais pas mes yeux , des vaches avec des masques, et tout cela présenté avec le ton de l’évidence, car « vous comprenez, pour lutter contre le réchauffement climatique, tous les moyens doivent être utilisés … ! ». Le seul éclair de bon sens fut la réponse d’un éleveur à l’interview « Vous ne croyez quand même pas que je vais passer mon temps à mettre un masque à toutes mes vaches les unes après les autres … »
    Ce qui est dommage dans cet article, c’est que lui aussi tombe dans le travers de marcher dans la farce climatique et du soi-disant développement durable …

  • Et vous allez aussi leur mettre une culotte à ces pauvres vaches si heureuses de paître paisiblement dans une prairie où l’herbe est abondante et l’espace de liberté énorme ? Il faut n’avoir jamais vu des vaches de près pour avoir l’idée saugrenue de les masquer !

  • J’arrive après la bataille, mais comme l’ont noté plusieurs commentateurs, l’article part sur des postulats, disons discutables.
    Un exemple, les 60 Kgs de GES pour produire 1 kg de viande de boeuf.
    Cela dépend de comment on prend le calcul: le ruminant ayant la capacité unique de pouvoir consommer et transformer la cellulose, le substituer par des protéines végétales va poser plus de problèmes qu’en résoudre. Tiens, que ferons nous des coproduits issus de la transformation industrielle de ces protéine végétales?
    Et pensez vous sérieusement que l’on va se mettre à cultiver des surfaces entières de céréales et oléoprotéagineux sur des surfaces actuellement en herbe? En général, si ces surfaces sont en herbe, c’est que l’on ne peut pas y faire grand-chose d’autre.
    Sinon, d’un point de vue technique, améliorer le rendement ruminal (avec comme conséquence de baisser la production de méthane), ça passe aussi et surtout par des voies nutritionnelles. Les ionophores comme le monensin fonctionne très bien (non autorisé en Europe). La société DSM a également dans ses cartons, une molécule de synthèse qui fait baisser la production de méthane: mais elle attend son autorisation et sans doute, calera son prix de vente en fonction des prix du carbone (et équivalent) sur le marché, si jamais une telle obligation arrivera. Nul doute qu’ils feront pression auprès des instances mondiales, européennes pour lancer un tel marché…

  • Depuis plus de 20 ans, le taux de CH4 dans l’air est quasiment resté stable, à 1800 ppb (1800 parties par milliards), donc négligeable. Ceci s’explique par la courte durée de vie du méthane dans l’atmosphère (quelques mois). Donc ce machin idéologique pour emmerder les vaches n’a aucune justification. Meuh !

  • Les commentaires sont fermés.

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