Véhicules polluants interdits à Paris : les plus modestes pénalisés

D’instrument essentiel pour la mobilité sociale, la voiture est devenue au fil des années la bête noire des métropoles.

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Véhicules polluants interdits à Paris : les plus modestes pénalisés

Publié le 3 juin 2021
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Par Frédéric Mas.

Depuis ce mardi 1er juin, les véhicules avec des vignettes crit’Air 4 et 5, qui correspondent aux plus vieux moteurs diesel et essence, ne pourront plus circuler en semaine dans le Grand Paris. Le territoire concerné, qui correspond aux frontières de l’autoroute A86, est devenu depuis le 1er juillet 2019 une « zone à faible émissions » (ZFE) afin de répondre à « l’urgence sanitaire et climatique ».

Selon le gouvernement : « L’agence Santé publique France estime à 6600 le nombre de décès par an liés à la pollution atmosphérique dans la Métropole du Grand Paris. Au plan national, elle est responsable de 48 000 décès par an. »

Une étude de 6T, un bureau d’études dédié « à la mobilité et aux modes de vie », estime que les populations les plus impactées seront les « jeunes, les personnes n’ayant pas de lieu de travail fixe et les moins qualifiés. »

Cette mesure a suscité des protestations et des accusations de mesures anti-pauvres. Le maire du Kremlin Bicêtre Jean-Luc Laurent s’est ainsi opposé en vain à des mesures qui pour lui pénalisent les foyers modestes. Il a déclaré sur France Inter :

Dans les villes populaires comme le Kremlin-Bicêtre, c’est là qu’on a le plus de véhicules anciens, polluants. Les aides publiques ne sont pas suffisantes, il y a un parcours du combattant, et la situation économique et sociale s’est tendue.

Deux poids, deux mesures ?

Le doute peut effectivement être permis quand on constate que toutes les voitures anciennes ne sont pas traitées à la même enseigne. En effet, les voitures de collection bénéficient d’une dérogation accordée par un arrêté conjoint du Préfet et de la mairie de Paris pris le 28 juin 2021.

Alors les collectionneurs oui, mais les travailleurs pauvres, non ?

La politique anti-voiture provient peut-être des centres-villes qui cherchent à se préserver des nuisances du péri-urbain, mais ne s’applique pas seulement aux centres-villes. Les « zones à émissions faibles », depuis la loi écologique « Climat et résilience », ont vocation à s’étendre bien au-delà des métropoles afin d’interdire la circulation à la moitié des Français.

Pour l’association 40 millions d’automobilistes, aucune étude n’a démontré l’efficacité de ces ZFE.

De plus :

Interdire la circulation des véhicules essence d’avant 2005 et des diesels d’avant 2010 (Crit’air 3,4 et 5) revient à n’autoriser que les personnes qui ont les moyens d’acheter une voiture récente ou électrique à se déplacer en ville.

Du tout automobile au tout transports collectifs

Selon une étude Kantar de 2019, 86 % des foyers français possèdent une automobile. Le chiffre n’a pas cessé d’augmenter depuis le milieu des années 1970 où 64 % des ménages étaient motorisés.

En 30 ans, le réseau routier se développe avec l’encouragement des pouvoirs publics. Le développement des voies rapides apparaît aux yeux des planificateurs comme un idéal égalitaire entre citoyens1, leur offrant autonomie, liberté de circuler en toutes circonstances.

D’instrument essentiel pour la mobilité sociale, l’accès au travail et au logement pour des classes moyennes et populaires chassées des centres-villes par les prix de l’immobilier, la voiture est devenue au fil des années la bête noire des métropoles.

La planification étatique en faveur de l’automobile, symbolisée par la voie rapide qui dominait des années 1970 à la fin des années 1990 a laissé la place à la planification en faveur des véhicules non polluants ou des transports collectifs.

L’idéal égalitaire, mais qui avait permis une plus grande liberté de circulation, s’efface au profit du nouvel idéal écologique, qui enclave les métropoles et coupe la population de ses élites sociales.

  1. David Mangin, La ville franchisée. Formes et structures de la ville contemporaine, éditions de la Villette, 2004, p78.
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  • Déjà dans un numéro de la revue « Actuel » de 1991, où le terme de « khmers verts » était apparu, l’automobile individuelle était désignée par les écolos comme la bête à abattre.
    Avec déjà, des dissensions entre écolos car certains y voyaient aussi, et surtout, un formidable moyen de liberté.

  • cela marche tellement bien qu’il faut imposer par la force…

  • Ah… ces 48 000 décès dûs à la pollution atmosphérique…
    L’exemple d’une information dont personne ne sait vraiment ni comment elle est calculée ni à quoi elle correspond mais qui accède par les merveilles du matraquage au statut de vérité incontestable…
    Il ne s’agit pas de décès ni constatés ni même calculés. La nuance est subtile mais d’importance: ce sont des décès que l’on pourrait éviter si un certain critère était respecté. A noter que ce même critère cible de l’UE permettrait de « sauver »…. 11 vies…
    Je conseille la lecture du rapport « Impacts de l’exposition chronique aux particules fines sur la mortalité en France continentale et analyse des gains en santé de plusieurs
    scénarios de réduction de la pollution atmosphérique » qui détaille tout cela.
    L’avantage des formules avec des paramètres, c’est qu’il suffit de triturer les paramètres pour obtenir ce que l’on veut obtenir…
    Nulle doute que la pollution est nuisible à la santé et que certains pourraient vivre plus vieux s’il y avait l’air de la montagne dans les villes mais, une fois de plus, il suffit d’aller à la source de leurs calculs pour constater qu’ils ne veulent pas dire ce qu’on veut leur faire dire… et dire qu’on base des politiques publiques dessus !

    • Oui, on imagine les « experts » faire des autopsies à tous les gens qui meurent en toussant et déclarer au ministère : « tuer par la pollution des bagnoles ! »

    • Le calcul est purement statistique : on compare l’espérance de vie entre régions polluées et pas polluées, toutes choses égales par ailleurs (ce qui n’est déjà pas une mince affaire). On trouve qqe chose de l’ordre de 1 mois d’écart, qu’on multuplie par la population, ce qui donne des années de vie, qu’on divise ensuite par environ 80, valeur de l’espérance de vie.
      Le résultat est, on le voit, totalement théorique et passablement biaisé.

      • c’est un peu comme les morts du covid : vous avez une crise cardiaque ou un cancer en phase terminale, mais ou avez le covid : DONC vous etes mort du covid
        Vous habitez en zone un peu plus polluée qu’en plaine compagne, vous mourrez : DONC vous êtes mort de la pollution

      • Ave de genre de calcul, on doit arriver à prouver que la consommation de croissants au beurre tue au moins 50000 personnes par an en région parisienne.

    • 48’000 morts en France dont 36’0000 sur la planète (résultant d’une analyse des effets de la pollution automobile sur 80 pays étudiés)….

  • Faudrait surtout pas offusquer le bobo qui roule avec son auto collection, surtout qu’il est bien chouchouté par Le Drame De Paris…

  • Moyennant quoi, on est en train d’établir, sous la pression de Bruxelles (car c’est de là que vient ce dispositif), un genre d’apartheid…

  • « Tout Transports Collectifs » signifie bien évidemment transport en commun pour le vulgum pecus d’une part et de l’autre, transport en limousine avec chauffeur plus escorte pour ces élites illuminées qui gèrent en bon père de famille non seulement les stocks de masques mais aussi le climat de la planète.

  • Si on comptabilise tous ces « morts » de différentes pollutions, on se demande on fait pour arriver encore à vivre et surtout l’allongement de la durée de vie demeure un mystère insondable…

  • « Élites sociales », j’enrage quand je lis de tels propos.

    L’élite, ne serait-elle pas composée des meilleurs, donc pas nécessairement les plus diplômés, ni les plus riches, mais les plus aptes dans tous les domaines étrangers à la spoliation d’autrui.

  • Je mettrais bien âne hidalgo et la pompillinette sur une île déserte pour voir comment des ceux catastrophes ambulantes se débrouilleraient. Questions: laquelle boufferait l’autre et au bout de combien de temps?
    Vosu avez 4 heures.

    • Moi je les emmènerai volontiers sur une ile déserte (avec quelques autres) !

      Comme réserve de nourriture…

      Le premier adjectif (merci H16) qui me vient à l’esprit est ‘dodues’…

  • La solution est toute trouvée : notre gouvernement déversera de l’argent gratuit des autres vers les foyers qui n’ont pas les moyens de s’acheter un véhicule neuf estampillé non polluant par le politburo.
    Après tout, c’est toujours quoi qu’il en coûte, non ?

    • Surtout que comme chacun sait, les voitures à essence de moins de 2 l de cylindrée sont équipées d’un catalyseur, qui réduit les émissions polluantes à quasiment zéro, depuis le 1er janvier 1993!!!
      J’aimerais donc vraiment savoir ce qui peut bien différencier un modèle de 1997 d’un autre de 1996. En revanche avant 1993, je ne dis pas…

  • « En effet, les voitures de collection bénéficient d’une dérogation accordée par un arrêté conjoint du Préfet et de la mairie de Paris pris le 28 juin 2021. »
    C’est limpide, les socialistes n’aiment pas les pauvres, surtout quand ils se décarcassent pour aller travailler avec des véhicules adaptés à leur situation financière.
    La fracture entre les populations des grandes métropoles et les autres ne cesse de s’agrandir, cela devient très préoccupant.
    Quant à la mortalité imputée à la pollution, j’aimerais savoir d’où on la sort.
    D’ailleurs l’espérance de vie des grandes métropoles est supérieure à celle de la France rurale.

  • La gauche hait les pauvres mais pas la pauvreté.

  • L’objectif des bobos est de faire de paris un ghetto pour riches : les banlieusards interdits pour cause de vieilles voitures, l’octroi est rétabli…

    • Vous avez raison. Nous remettons aussi au goût du jour la stratégie de Haussman qui a rebattu Paris pour repousser les pauvres en dehors et disposer de voie suffisamment large pour un implanter des dispositifs militaires contre révolutionnaires. Sauf que dans le cas présent nous pouvons craindre une nouvelle poussée de gilets jaunes. C’est peut-être d’ailleurs ce que recherche l’édile de Paris. Faire braire le petit peuple.

  • Il y a bien un écolo qui va proposer de mettre une éolienne sur chaque voiture électrique pour recharger les batteries et notre gouvernement de trouver l’idée géniale !

  • Pourvu qu’ils vous entendent…

  • De quoi vous plaignez vous ? Vous pouvez encore polluer les petits oiseaux, car les verdates n’ont pas encore réussi à interdire toute circulation de véhicule, quoique le syndicats des oiseaux va porter plainte, ils ont l’oreille des verdates. Donc céder en ville revient à céder partout et à se soumette à cette habitude fascisante lancinante verdate .

  • Tous ces écolos gauchistes rêvent d’éradiquer l’automobile parce qu’elle est l’élément essentiel de la liberté de circuler. Et ils détestent la liberté !
    Souvenons-nous de la pollution dans les villes du temps de l’essence plombée, des gros diesels mal réglés et d’une industrie chimique qui existait encore : ah, la nostalgie de Grenoble en 1970 quand il y avait vent du sud !

  • Que tous les livreurs fassent la grève des livraisons!
    Paris deviendra un ghetto et ses habitants devront sortir de la ville pour s’approvisionner si ils ne veulent pas mourir de faim!

    • Meuh non, il y aura des dérogations en pagaille.
      Signe que leurs mesures étaient stupides.

      Sinon, hausse vertigineuse des coûts de livraisons, ça ferait réfléchir les habitants des centres villes.

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