Erreurs de calculs en Bisounoursie

Les services publics sont minimaux, désagréables, incompétents et en plus les administrations se plantent dans leurs calculs.

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Erreurs de calculs en Bisounoursie

Publié le 26 mai 2021
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par h16

Alors oui, certes, en effet, le Français est quelque peu ponctionné par-ci par-là. Certes, son parcours quotidien est semé de taxes, ponctions, accises, amendes et autres impôts dont il doit s’acquitter, parfois sans même s’en rendre compte. Certes. Mais le Français peut s’enorgueillir d’en avoir pour son argent, pardi !

Ainsi, il est maintenant de notoriété publique que les services régaliens de l’État sont largement assurés, et qu’au-delà de l’indispensable, le nécessaire, l’utile et le superflus sont même amplement couverts : les administrations de sécurité, de santé, d’éducation et d’accompagnements sociaux mobilisent avec brio des masses considérables de pognon gratuit des autres d’argent public pour offrir un service toujours mieux étudié aux populations dont les besoins ne cessent de croître.

C’est donc avec une totale stupéfaction qu’on apprend que, parfois, ces mêmes administrations rencontrent de petites anicroches qui amoindrissent l’excellence de leurs prestations : en République du Bisounoursland, il semble en effet absolument invraisemblable que de telles erreurs voient le jour, mais force est de constater que le monde tel que nos énarques l’envisagent est parfois bien chafouin et ne peut s’empêcher d’introduire quelques malices.

L’actualité laisse cependant poindre quelques étonnantes nouvelles dont la répétition et l’accumulation conduisent à se demander s’il n’y aurait pas comme un problème plus général.

En effet, comment prendre avec sérieux les chiffres de Santé Publique France concernant les cas de Covid-19 lorsqu’on apprend que ces derniers ont été, pendant des mois, largement surestimés de plus de 10 % : certains patients se faisant tester plusieurs fois ont été comptés comme des patients différents par l’algorithme de pseudonymisation. Apparemment, la correspondance entre le pseudonyme dépendait de la casse des caractères des nom et prénom du patient qui pouvaient varier d’un établissement de test à l’autre. C’est ballot.

De tels petits soucis arrivent, que voulez-vous.

Mais voilà, ils peuvent se répéter : alors que l’aspect légendaire de la précision du calcul français des retraites est connu dans le monde entier, alors que les administrations en charge de verser leurs pensions à nos anciens sont reconnues et louées pour leur humanité, leur efficacité, leur sens du devoir et leur amabilité, on découvre, toujours aussi abasourdi, qu’un dossier de retraite sur six comporterait une erreur de calcul selon la Cour des comptes, et pour les trois quarts des cas au détriment du pensionné. Dans un cas sur dix, cette erreur revient à raboter les pensions distribuées de plus de 1000 euros par an ce qui, au regard des pensions moyennes tournant actuellement autour de 1400 euros, représente plusieurs dizaines d’euros par mois carottés discrètement.

La Cour des comptes, dont la justesse des constats – jamais remis en question – est inversement proportionnelle à leur impact sur les finances publiques et les us et coutumes des administrations concernées, se permet une analyse sans fard de la situation :

« Année après année, cette situation traduit une efficacité déclinante des dispositifs de maîtrise des risques de la branche vieillesse et l’absence de mise en œuvre par la Caisse nationale d’assurance vieillesse d’actions efficaces à même de redresser ses résultats dans le domaine du paiement à bon droit des retraites. »

Comprenez ici que la situation se dégrade, et vu l’historique des comptes-rendus de la Cour des comptes, on peut raisonnablement tabler sur un enterrement du rapport sans fleurs ni couronne. Autrement dit, ça va continuer tranquillou.

Ces erreurs d’algorithmes ou de calculs de pensions pourraient passer pour des péripéties improbables en République du Bisounoursland, le pays du lait et du miel, mais il s’impose malheureusement comme un schéma d’ensemble lorsqu’on continue d’éplucher les remarques de la Cour des Comptes. En effet, sur le sujet plus général des comptes de la Sécurité sociale, elle en profite pour aboutir à la conclusion qu’elle ne pourra pas les certifier tant tout ceci tient d’un bricolage sans queue ni tête.

Les comptes des URSSAF sont incertifiables, la branche maladie, avec deux milliards de remboursement maladie en trop, ne le sera pas davantage et les prestations de la Caisse d’allocations familiales comportent 10 % de versements par erreur. Si l’on y ajoute le constat de la branche retraite en déroute, le tableau ne fait guère rêver.

Ici, certains pourraient être tentés de croire que, malgré ces quelques errements, les administrations françaises ne s’en sortent finalement pas trop mal : alors que nous venons de traverser un épisode particulièrement délicat de pandémie puis de gestion gouvernementale hasardeuse de cette dernière, que le règne du « quoi qu’il en coûte » s’est rapidement transformé en « faites pleuvoir des billets ! » sans la moindre vergogne, le fait que le pays semble continuer malgré tout à fonctionner représente probablement l’un de ces petits miracles dont il faut se réjouir.

Malheureusement, les apparences sont d’autant plus trompeuses qu’on ne paie jamais immédiatement les effets d’un crédit exorbitant : la vraie facture n’a pas encore été présentée, seules ses prémices sont pour le moment palpables avec un début d’inflation et une hausse notable des faillites. Le délitement plus profond de toutes les administrations, de tous les services publics, s’il est pourtant visible pour qui veut se donner la peine de regarder, n’est pas encore clairement accepté par la masse et encore moins par les dirigeants dont une prise de conscience signifierait probablement une fuite rapide.

Même les impôts commencent à accumuler les problèmes. Des milliers de Français vont ainsi devoir payer plus d’impôts que prévu à la suite d’erreurs dans les algorithmes (dantesques) qui pilotent le calcul de l’impôt français. Ayant jusqu’à présent réussi à repousser sur les entreprises les difficultés ubuesques du prélèvement à la source, on arrive progressivement au bout des camouflages et des ajustements que Bercy doit réaliser pour plumer les oies sans les faire crier.

On est en droit de se demander combien de temps l’édifice fiscal français pourra tenir alors que les rentrées se font plus délicates, les sorties augmentent, les déficits explosent tous les records et la compétitivité du pays continue de dégringoler…

Eh oui, il faut se résoudre à l’évidence : pour mille milliards de prélèvements, de nos jours, on ne fait pas grand-chose de bien. Les routes ne sont pas mieux entretenues que lorsque les prélèvements étaient moitié moins hauts, les hôpitaux ne sont pas moins débordés, les forces de police ne font pas mieux leur travail – loin s’en faut, les trains ne roulent pas plus vite (au contraire) et n’arrivent pas mieux à l’heure (c’est l’inverse), la sécurité sociale ne rembourse pas mieux mais moins bien, moins souvent et pour un nombre de plus en plus réduit d’actes, les retraites sont de plus en plus étiques et maintenant bourrées d’erreurs, et nos têtes pas toutes blondes ne savent plus lire ni écrire… Bref, c’est la déroute.

Les services publics sont minimaux, désagréables et de moins en moins compétents, on n’en a plus du tout pour l’argent prélevé, et de surcroît les administrations se plantent dans leurs calculs.

Forcément, ça va bien se terminer.


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Sur le web

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  • Allons, l’administration, lorsque l’erreur est de son fait, est prête à observer une certaine indulgence envers les contribuables…

  • Qu’ils suppriment des taxes et impôts, ils auront plus de temps pour faire correctement les calculs restants.

  • Il y a 5 ans je vivais dans une rue « Albert 1er de Belgique » quelque part en France. Cela fait maintenant 5 ans que je me bats avec les impôts pour régulariser ma situation, ces derniers m’ayant domicilié en.. Belgique. 4 RDV avec des conseillers, tous m’ont dit que la situation était réglée. Et je suis toujours considéré comme ayant vécu plusieurs années dans le plat pays..

    • C’est du délire !

      Notez que je viens de Belgique après une émigration parfaitement officialisée vers la France et que des courriers administratifs continuent à être envoyés à mon ancienne adresse.

      Le poids phénoménal de l’impôt et les lourdeurs de l’Etat sont deux choses que nous avons le privilège de partager.

      Ces pays sont foutus (copyright H16)

    • Vous auriez dû en profiter pour ouvrir y
      Un compte isle de man, seuls les ‘on résidents peuvent le faire. Et ensuite vous avez le droit de le conserver.

  • Effectivement, notre administration est meilleure en littérature qu’en maths (prouvé par les multiples cerfas qui sont pondus régulièrement). Ils se retrouvent avec une équation à résoudre à plusieurs inconnues (retraites, sécu, allocs…). Pas la peine de compter sur eux pour la résoudre !

    • Le problème c’est qu’il pourrait y avoir plus d’équations que d’inconnues et cela rendrait possiblement le système d’équations incompatible

  • Affligeant, abyssal, et encore ce n’est « que » le fonctionnement…
    Là où on s’agace, c’est quand on ajoute que tout l’investissement est partagé, grâce à l’idéologie verte dominante, entre d’une part toutes les actions résolues qui peuvent contribuer à freiner le développement économique et l’enrichissement, et d’autre part toute une série de « danseuses » subventionnées en pure perte…
    Avec un cynisme qui dépasse toutes les bornes, tout cela est prétendument mis en oeuvre « pour le bien des générations futures », alors qu’on leur prépare une addition sans doute encore plus lourde, sinon colossale, que celle du fonctionnement…

  • alors le nombre de testés positif n’ets pas le nombre de positif et en plus en effet, je crois que Michel l’avait signalé il est mal compté est surestimé..
    si c’etait juste 10% de trop..

    • c’est une erreur systématique sur une méthodologie de comptage qui compte ..mal..

      dans ces cas là on espère toujours que au moins si ça baisse ça signifie que ça baisse « en vrai »..au moins on a la dynamique..et…pas sûr…

      • Avec un indicateur aussi faisandé, on ne sait pas se qui se passe en temps réel. On s’en aperçoit des mois plus tard.

    • Ca fait 5450000 qui bien que testés positifs, n’ont pas été hospitalisés et donc comptabilisés comme sortis non-décédés de l’hôpital. Que les chiffres officiels méritent correction est une chose, mais ça n’est pas en faisant semblant de ne pas comprendre qu’on en obtiendra de meilleurs.

  • Les masses financières gigantesques rétribuant les (faux)bons et (de)loyaux se(r)vices de l’armée pléthorique des ponx semblants travailler, atteignent des sommets hallucinants (inaccessibles)

  • Erreurs de calcul dans les pensions de retraites, erreurs de calcul des décès Covid, chômage à 8% ( hors Mayotte, en catégorie A, décalage de 50% entre Insee et pôle emploi 😉 et sondage opinionway, odoxa, kantas sofres pour Le Figaro, libération et le Monde qui donnent un indice de confiance en progression de 4% pour le gouvernement.
    Heureusement que Pfizer est performant à 95% sur les formes graves

  • La croyance ou la « foi » que les administrations et d’autres ont dans les algorithmes ou les systèmes de modélisation tient de la folie douce ou résulte d’une flemme endémique ou encore d’une escroquerie d’état qui permet de déresponsabiliser nos fonctionnaires, rendus aveugles, puisqu’elle se cache derrière ou dans des équations sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle. «  si l’ordinateur le dit, c’est qu’il a raison ».
    C’est par des moyens identiques, qu’en d’autres temps devant leurs juges certains criminels répondaient : «  Nous sommes pas responsables, nous ne faisions que répondre à des ordres qui venaient d’en haut ». Nous , nous avons trouvé un autre formule: «  responsable mais pas coupable ».
    J’espère qu’un jour la raison comme dans le premier cas fera que la responsabilité de nos flemmards sera retenue contre eux pour n’avoir pas cherché à voir et d’avoir opté pour la solution de facilité qui de toutes est la pire.

  • H16.. PRESIDENT!

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