L’économie française : 20 ans de récession

Depuis 2002, la France est en situation de récession organique, car la faible croissance de ces 20 dernières années n’a été obtenue qu’à coups de déficits publics plus importants que l’augmentation de la valeur ajoutée apportée à l’économie.

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L’économie française : 20 ans de récession

Publié le 17 mai 2021
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Par Etienne Chaumeton.
Un article de l’Iref-Europe

Lors d’une émission récente du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, en a profité pour évaluer « le déficit public pour 2021 à 9% [du PIB] ». La prévision de croissance du PIB est quant à elle réduite à 5 %, au lieu de 6 %.

Le taux de croissance moyen n’a cessé de décliner en France depuis les années 1980

Considérant les volte-face et le pilotage à vue permanent du gouvernement dans la gestion de la crise et des libertés fondamentales des Français, ces chiffres n’ont certainement aucune pertinence scientifique. Une chose semble hélas acquise, à savoir que 2021 sera à nouveau une année marquée par un déficit public abyssal et une faible croissance.

À en croire nos dirigeants, nous vivons une situation économique exceptionnelle causée par la pandémie de Sars-CoV-2, et justifiant des mesures elles aussi exceptionnelles. L’intervention de l’État dans l’économie serait nécessaire, au moins temporairement, pour aider à surmonter cette période difficile.

La réalité est bien différente. D’après les statistiques officielles, depuis 1950 la France n’aurait connu que quatre années de croissance négative : 1975, 1993, 2009 et 2020. Certes, de décennie en décennie, le taux de croissance moyen n’a cessé de décliner, de plus de 5,9 % par an dans la décennie 1960 à moins de 1,4 % durant la décennie 2010. Ces données macro-économiques nous inviteraient à croire que la croissance économique est faible, en baisse, mais pourtant encore réelle. En ce qui concerne les déficits publics, ils sont systématiques depuis 1975. L’année 1974 est la dernière année où la France a enregistré un excédent budgétaire des administrations publiques, il y a donc 47 ans.

L’INSEE donne comme définition de la récession « une période de recul temporaire de l’activité économique d’un pays. » On parle de récession « si l’on observe un recul du Produit Intérieur Brut (PIB) sur au moins deux trimestres consécutifs. »

Depuis 2002, la France est en situation de récession organique

En reprenant les données macro-économiques officielles, nous voulons démontrer que la France n’a pas connu seulement quatre années de récession sur les 70 dernières années. Nous avons voulu faire un exercice comptable très simple, à savoir mesurer la croissance organique de la France, c’est-à-dire la croissance interne de l’économie, sans endettement. En soustrayant le déficit public de la croissance du PIB, on observe que depuis 1981 le déficit public annuel a été supérieur à l’augmentation du PIB pendant 32 ans sur 41, soit 78 % du temps (en partant des prévisions gouvernementales pour 2021, à savoir que le déficit sera supérieur à la croissance, si jamais il y a croissance…).

Depuis 1981, seules deux périodes de quatre années chacune (de 1987 à 1990 et de 1998 à 2001) ont été marquées par une véritable croissance organique, c’est-à-dire avec un déficit inférieur à la croissance du PIB.

Depuis 2002, la France est en situation de récession organique, car la faible croissance de ces 20 dernières années n’a été obtenue qu’à coups de déficits publics plus importants que l’augmentation de la valeur ajoutée apportée à l’économie.

Depuis 2002, de nombreux ministres de l’Économie se sont succédé, parmi lesquels Laurent Fabius, Nicolas Sarkozy, Thierry Breton, Christine Lagarde ou Emmanuel Macron.

Bruno Le Maire ne fait que compléter cette trop longue liste de ministres qui, depuis 20 ans, n’ont pour bilan qu’une croissance organique négative et une croissance fictive obtenue uniquement grâce à des déficits démesurés d’au moins plusieurs dizaines de milliard d’euros par an.

Pour le dire autrement, depuis 20 ans, la croissance apparente que la France annonce n’est qu’une illusion, masquée par un endettement incontrôlé que nos enfants devront rembourser, d’une manière ou d’une autre. La situation de la France n’est pas une fatalité. L’Allemagne, qui a fait des réformes courageuses au début des années 2000, a connu une véritable croissance organique de 2011 à 2019.

Bruno Le Maire affirme que « la promesse présidentielle du « quoi qu’il en coûte » sera tenue. Elle nous permettra de rebondir plus vite. » Évidemment, personne ne peut y croire. Le vrai rebond n’interviendra que lorsque nous retrouverons une vraie croissance. Et si nous faisions le contraire de ce que nos ministres de l’Économie ont fait depuis 20 ans ?

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  • Le LA a plutôt été donné par Mitterrand, qui a mis en route la machine à perdre !

    • Celui-là, encensé de toutes part, est l’un des principaux responsables de la situation catastrophique actuelle!

      • A PCC
        « … la droite la plus bête du monde  »
        Comme c’est bien dit ! oui, la plus bête du monde… et la plus versatile !! A force de vouloir ménager la chèvre et le chou, et de ne penser qu’à sa réélection, elle prouve non seulement son absence de conviction et son manque de courage politique, mais aussi sa très courte vision à gouverner. Cette droite carriériste, infectée par le socialisme et pactisant trop souvent avec lui, perd sa crédibilité et sa nécessité d’être !!!

    • C’est Giscard qui a démarré le cycle, en devançant l’election de Mitterrand, ce faisant déplaçant le centre de gravité vers la gauche. VGE demeure LE nain de jardin intellectuel et politique d’après-guerre. Mitterrand, c’est non seulement une catastrophe économique et culturelle, mais a mon sens, le début de la dictature bureaucratique. Les enfants des fonctionnaires nommés en 81 sont encore aux manettes. Si vous admettez que le pouvoir est une fin en soi, peu importe qui se succède a la présidence: c’est une petite caste bien précise qui perdure, et distribue ses gateaux, miettes, status, privilèges afin d’y rester, comme toute bonne dictature. Macron en est une caricature, ou plutôt, une mascotte. La France? Une distraction! Le pouvoir, et le conserver, voila toute l’ambition des dirigeants depuis la fin des années 70.
      Quoiqu’il en coute aux français, ces sans-dents l’auront bien cherché.
      Les années 80, Reagan, Thatcher, la chute du mur: les français mettent des communistes au gouvernement.
      Reforme Hartz en RFA, les Français? Les 35h!
      Pas un seul business friendly gouvernement depuis Pompidou.
      Ce n’est pas seulement les dirigeants qui sont méprisables. Ce sont bien les votes majoritaires de renoncement, de confort, de lâcheté, qui font que deux millions de français ambitieux ont préféré et continuent de préférer l’exil.

      • Giscard est le premier énarque fonctionnaire à accéder à la présidence…

      • Vous avez magnifiquement résumé l’équation Bravo ! On pourrait ajouter que le recul de la société civile s’est fait principalement pendant la Révolution nationale de Pétain en gros de 42 à 45 et que les fondamentaux du socialisme à savoir :enseignement d’état, contrôle de l’information et des médias contrôle des principales infrastructures et de l’énergie, ont été posées en 45. Des lors que le socialisme au sens large prend le contrôle de l’appareil d’État le chemin vers la route de la servitude n’est plus qu’une question de temps

  • Je ne suis pas sûr de la méthode de calcul. Il ne faut pas soustraire le déficit à la croissance : en effet 1% de déficit tous les ans correspond à 1% de PIB artificiel, pas à 1% de croissance. Il faut donc soustraire au taux de croissance l’accroissement du taux de déficit. Est ce bien le calcul fait par l’auteur ?
    Enfin dans une économie très sovietisée comme la notre, le PIB perd son sens car il comprend les dépenses publiques. Et une part du déficit correspond à de la dépense publique, une autre à la redistribution.
    Et les services publics sont non marchands.
    Si je suis cette idéologie, ils sont donc sans valeur et ne devraient donc pas être comptés.
    L’évolution du PIB du secteur privé+ redistribution par habitant (qui correspond à l’argent utilisé pour les échanges marchands) devrait être un indicateur intéressant du pouvoir d’achat.

    • « Enfin dans une économie très soviétisée comme la notre »
      Effectivement, le PIB aurait un sens dans une économie libérale, où l’Etat ne s’occupe que des fonctions régaliennes, sans manipuler la monnaie, les prix, sans organiser la redistribution collectiviste, sans s’autoriser à engager les contribuables dans des dettes non choisies, sans promettre monts et merveilles jamais réalisés, sans alourdir taxes et impôts chaque fois qu’il n’arrive pas à boucler ses fins de mois.
      ça s’apellerait « gérer en bon père de famille », mais on peut rêver!
      CPEF

    • La proposition reste un peu spécieuse, 1 % de PIB obtenu par la dette, cela ne devrait pas être soustrait comme le prétend l’auteur, car les agents économiques aussi s’endettent et cela permet d’avoir de la croissance (cf. USA).
      Ce qu’il faudrait le plus prendre en considération, c’est bien effectivement de savoir dans la croissance du PIB, quelle part la production étatique occupe. C’est la croissance de cette dernière qui garantit le plus le caractère factice de la croissance française.

  • La dette sera remboursé par nos enfants
    La bonne blague !!
    C’est les boomers qui vont la rembourser et que ça leur plaise ou non

  • En France, on n’aime pas ceux qui bossent, ceux qui gagnent de l’argent et ceux qui s’enrichissent, au point de les dégoûter et de les faire partir chez les anglo-saxons où ils ne seront pas plumés pour entretenir des parasites et où ils seront valorisés…..

    • C’est exactement ça et malheureusement les racines du mal sont essentiellement religieuses, depuis le concile de Trente très exactement. Le bouquin de Alain Peyrefitte « le mal français » reste toujours d’actualité

  • Les commentaires sont fermés.

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