Napoléon est-il un anti-modèle pour le libéralisme ?

« Nous sommes trente millions d’hommes réunis par les Lumières, la propriété et le commerce » avait déclaré Napoléon en 1802, une époque où il pouvait espérer la paix.

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Napoléon est-il un anti-modèle pour le libéralisme ?

Publié le 9 novembre 2023
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Par Antoine-Baptiste Filippi1.

Napoléon est-il un anti-modèle pour le libéralisme ? Dirigiste jacobin, dictateur, voire militariste, les qualificatifs qui désignent l’Empereur semblent en effet bien éloignés de celui de libéral. À première vue donc, une réponse affirmative s’impose par elle-même, ce qui rend tout développement supplémentaire inutile. Or, une fois de plus, l’histoire n’est ni manichéenne, ni simple.

Il est question de libéralisme, essayons donc d’abord d’approcher cette notion.

Le libéralisme, une pensée juridique

Bien avant d’être une pensée économique, le libéralisme est une pensée juridique que nous pouvons résumer de la façon suivante : le droit positif doit respecter les droits naturels, notion au cœur de l’école de Salamanque qui a irrigué la pensée libérale.

Ce que Jean-Baptiste Noé explique fort justement :

La conception du libéralisme développée par cette école est d’abord juridique. Ces auteurs pensent l’articulation du droit et de la liberté en se fondant sur la loi naturelle.

L’école de Salamanque nous intéresse et nous impose une digression, car elle fut une source théorique importante pour la Révolution corse (1729-1769) qui plaça la Corse à l’avant-garde des révolutions libérales et nationales du XVIIIe siècle.

Presque un siècle avant Louis-Philippe, en 1736, les Corses proclament Théodore de Neuhoff roi « des Corses » et non « de Corse », affirmant ainsi l’existence d’une communauté politique et la volonté de la cité de vivre sous l’autorité d’un souverain qui gouverne selon la loi voulue par le peuple des citoyens.

Pasquale Paoli fut l’autre grande figure de cette révolution libérale : son action suscita l’admiration des hommes les plus illustres, des pères de l’indépendance américaine à Rousseau, sans oublier Catherine II, Mirabeau, Goethe et Nietzsche.

Étudier ce mouvement est d’ailleurs fondamental pour comprendre Bonaparte. C’est aussi l’avis de Chateaubriand qui écrit, dans ses Mémoires d’outre-tombe, qu’en Corse, Napoléon fut « élevé à l’école primaire des révolutions » futures. Quand ce dernier monte au trône où l’a appelé la voix nationale, il reste profondément influencé par ce libéralisme latin, fruit de l’expérience républicaine de Pasquale Paoli.

Un libéralisme qui prend ses racines chez les Grecs et les Latins, à savoir la Rome antique, le républicanisme machiavélien et les Lumières italiennes et qui, contrairement au libéralisme anglo-saxon, proclame la liberté de la communauté et non de l’individu considéré de manière isolée. En effet, jusqu’à la Révolution française, Napoléon ne s’est défini que comme Paoliste, désireux de continuer l’œuvre du légendaire héros corse qu’il a bien connu.

 

Napoléon, monarque dirigiste par nécessité ?

Pour beaucoup de libéraux, le premier reproche fait à Napoléon est l’étendue du pouvoir qui était le sien. Aurait-il dû se contenter d’un rôle de souverain qui règne mais ne gouverne pas ? Guizot le premier aurait répondu que « le trône n’est pas un fauteuil vide. »

Pour Théodore de Neuhoff, qui fut probablement l’un des premiers libéraux au pouvoir, ce n’est pas l’étendue du pouvoir qui est un danger, mais sa mauvaise organisation.

Car avec un souverain faible, « trois ou quatre secrétaires d’État gouvernent despotiquement toutes les affaires […] dans le seul dessein de conserver leurs places ». C’est pour cela que, dans son Testament politique, il conseille d’associer « la prérogative royale absolue » avec « la douceur du gouvernement républicain ». C’est ce que firent Pasquale Paoli et Napoléon du temps de leur puissance.

Certes, mais disposer d’un pouvoir réel ne signifie pas disposer d’un pouvoir sans partage, comme ce fut le cas sous l’Empire. La Restauration ou la Monarchie de juillet l’illustrent. Pour autant gardons- nous, là encore, de certitudes et écoutons plutôt Tocqueville.

Dans De la démocratie en Amérique, il écrit :

Il ne faut ni louer ni blâmer Napoléon d’avoir concentré dans ses seules mains presque tous les pouvoirs administratifs ; car, après la brusque disparition de la noblesse et de la haute bourgeoisie, ces pouvoirs lui arrivaient de même ; il lui eût été presque aussi difficile de les repousser que de les prendre. Une semblable nécessité ne s’est jamais fait sentir aux Américains.

Tocqueville va plus loin. Le 21 avril 1842, devant l’Académie il déclare sans ambages :

La Révolution, en poursuivant son cours, avait achevé de tout détruire. Elle n’avait encore rien pu créer. Le désordre et la faiblesse était partout. Personne ne savait plus ni commander ni obéir, et l’on se croyait sur le point de recueillir les derniers soupirs du cops social. Napoléon paraît à ce moment suprême. Il ramasse à la hâte et place dans ses mains tous les fragments dispersés du pouvoir, constitue une administration, forme une justice, organise sur un seul et même plan la législation civile aussi bien que la législation politique ; il tire, en un mot, de dessous les ruines que la Révolution avait faites, une société nouvelle, mieux liée et plus forte que l’ancienne société détruite, et l’offre tout à coup aux regards de la France, qui ne se reconnaissait plus elle-même.

Tocqueville, comme Guizot ou Louis-Philippe, ne fut pas favorable au régime impérial, qui était par trop éloigné de sa conception d’un gouvernement libre. Ces derniers craignaient tant la dictature d’un seul que celle du plus grand nombre. Mais ils comprenaient ce que les Grecs appelaient les « nécessités du politique ».

Napoléon hérite d’un pays gravement affaibli politiquement, et qui doit supporter depuis une décennie tant les troubles intérieurs – voire la guerre civile-  que les troubles extérieurs, qui opposent militairement la France au reste du continent. Certains conflits prennent leurs sources même sous l’Ancien régime.

L’exemple de la Corse est riche d’instructions.

Placée sous l’autorité de Louis XV en 1769, elle fut l’une des plus belles réussites diplomatiques de Choiseul. Ce dernier écrivait que pour la France, l’île était bien plus importante que le Canada, et un mauvais coup porté à l’Angleterre qui la convoitait.

En 1794, profitant de l’appel de Pasquale Paoli et de Pozzo di Borgo qui refusaient la Terreur montagnarde, la thalassocratie britannique s’empare de l’île, consolidant ainsi sa domination sur les mers. Il fallut attendre la fin 1796 pour que Bonaparte, général de l’armée d’Italie, restaure le pouvoir de la République sur sa terre natale.

De 1799 à 1814, les périls furent nombreux, si bien qu’il fallut abattre, sous peine d’être abattu comme Napoléon le constata avec regret au crépuscule de sa vie. Le cabinet de Londres n’avait de cesse de financer de nouvelles coalitions contre la puissance française, unique rivale véritable. La paix fut impossible malgré les tentatives nombreuses de l’Empereur qui aurait préféré être davantage un bâtisseur qu’un conquérant.

Napoléon déclara un jour :

Je suis foncièrement pour un gouvernement modéré. Vous ne le croyez pas, pourquoi ? Est-ce parce que ma marche ne semble point d’accord avec mes paroles ? La nécessité du moment n’est-elle donc rien à vos yeux ? Je n’aurais qu’à relâcher les rênes, et vous verrez un beau tapage !

Les nécessités du politique…

Tocqueville et Guizot n’hésitèrent pas à reconnaître les services que l’Empereur rendit au pays. Ce dernier évoquant même une complémentarité entre l’Empire et le régime de juillet :

Nous devons à deux grandes puissances d’avoir changé, à cet égard, la conduite de l’Europe. Nous le devons à Napoléon et à la Monarchie de juillet. Nous le devons à Napoléon, parce qu’il a prouvé à l’Europe que la société pouvait être reconstituée en France, qu’elle pouvait subsister régulièrement, fortement, en présence d’un ordre social autre que celui des autres États européens. Voilà le service que Napoléon a rendu, service immense et qui compense bien des fautes […]. Napoléon, chez nous, a réconcilié l’ordre social et la Révolution française avec l’Europe. La Révolution de juillet a commencé la réconciliation de l’opinion politique libérale en France avec les gouvernements européens.

Tocqueville écrit dans un rapport fait à la Chambre des députés, daté du 24 mai 1847 :

L’unité préfectorale est l’une des créations les plus heureuses, et assurément l’une des plus neuves en matière d’administration publique, qui soit due au génie de Napoléon.

Enfin tous deux louent, entre autres, la politique religieuse de Napoléon en la considérant comme adroite et garante de l’équilibre social. Napoléon s’inscrivant, là encore, en héritier de la politique de tolérance du roi Théodore et de Pasquale Paoli, humaniste et démocrate.

La chose nous intéresse d’autant plus que Raymond Aron rappellera que « le libéralisme s’est défini d’abord contre l’absolutisme d’une religion ». Napoléon a expliqué que son Code est « le code du siècle, la tolérance, ce premier bien de l’homme, y est non seulement prêchée, mais organisée ».

 

Napoléon libéral ?

La question la plus intéressante est finalement moins celle de savoir si Napoléon aurait pu créer un empire libéral, mais plutôt s’il l’aurait voulu. « Nous sommes trente millions d’hommes réunis par les Lumières, la propriété et le commerce » avait-il déclaré en 1802, une époque où il pouvait espérer la paix, seule condition qui aurait autorisé la réalisation de ses plans pour la France.

Or, l’heure d’une gouvernance libérale n’était pas venue. Il fallut attendre son retour en 1815 pour que l’avènement d’un empire libéral soit envisagé. Pour cela il convoqua Benjamin Constant à qui il dit vouloir gouverner en monarque constitutionnel :

Des élections libres ? Des discussions publiques ? La liberté ? Je veux tout cela… La liberté de la presse surtout, l’étouffer est absurde.

Dans l’esprit de Napoléon, son retour marque bien une rupture philosophique, car « l’ouvrage de quinze années est détruit ». Le 26 mars, à l’adresse du Conseil d’État, il affirme avoir « renoncé aux idées du Grand Empire ». Un jour avant, la censure avait été abolie, tout comme le sera la traite des Noirs par décret le 29 mars.

Les Actes additionnels, fondement de ce nouvel empire libéral, proclamèrent que le but était désormais l’affermissement de la liberté publique. Mieux, Napoléon parait accepter pleinement le parlementarisme hérité de la Charte de 1814. Pour Guizot, les Actes additionnels constituent une sage combinaison permettant la marche vers un gouvernement libre.

Par ce changement, Napoléon pensait surtout à l’Aiglon, destiné à lui succéder mais qui ne pourrait se revendiquer de la légitimité guerrière de son père. À Constant, il dit « le repos d’un roi constitutionnel peut me convenir. Il conviendra plus sûrement encore à mon fils. » Cet avis n’est pas seulement dicté par la conjoncture complexe des cent-jours.

À Molé, dès 1812, alors que son pouvoir est à nul autre pareil, il dit pourtant : « Mon fils sera probablement un homme ordinaire, de faculté modérée : il sera donc le roi constitutionnel tout trouvé. » En ce qui le concerne, Napoléon assure à Las Cases que si les événements ne l’avaient pas contraint à une seconde abdication, il aurait été « franchement le monarque de la Constitution et de la paix ».

S’il semblait vouloir une évolution du régime impérial dans un sens plus libéral, aurait-il pour autant accepté toutes les contraintes d’un régime parlementaire, comme celle qui consiste à partager son pouvoir avec une assemblée délibérante ? Guizot ne le pense pas.

Napoléon, à Sainte-Hélène, avoue à Gourgaud :

Je ne me suis occupé de constitution, au retour de l’île d’Elbe, que pour obéir à la mode ; victorieux, j’aurais renvoyé les Chambres. C’est une terrible chose qu’une assemblée délibérante.

En attendant, Napoléon en exil prédisait avec une grande justesse le déclenchement d’une nouvelle révolution « avant vingt ans » à l’issue de laquelle « on mettrait sur le trône le duc d’Orléans, il concilierait tous les partis ». Louis-Philippe au pouvoir, son règne ouvrit une « parenthèse libérale », qui transforma profondément la France.

En 1840, il organisa le retour des cendres de l’Empereur, « décision audacieuse, d’une grande intelligence politique et d’une modernité étonnante » pour Jean d’Orléans, actuel comte de Paris et descendant du Roi-citoyen. Pour le reste, comme un message à la postérité, à Sainte-Hélène, Napoléon s’est défendu de s’être écarté de la voie menant à la liberté politique.

Il dit à Montholon :

Les hommes qui me reprochent de ne pas avoir donné assez de liberté aux Français sont de mauvaise foi ou ne savent pas qu’en 1804 quand j’ai mis la couronne sur ma tête 96 Français sur cent ne savaient pas lire, et ne connaissaient de la liberté que le délire de 93… le temps aurait fait le reste. Les institutions de l’empire renfermaient le germe de toutes les libertés. Il ne suffit pas qu’un peuple dise : je veux être libre de la liberté que prêchent les apôtres du libéralisme, il faut qu’il en soit digne par son éducation.

Article publié initialement le 4 mai 2021.

  1. Antoine-Baptiste Filippi est chercheur au Labiana, CNRS- LISA ; CNRS-ISTA, laboratoire de philologie du politique. Auteur de La Corse, terre de droit ou Essai sur le libéralisme latin (Mimésis philosophie, Prix Morris Ghezzi 2019). Co-auteur de l’ouvrage Napoléon, le politique, la puissance, la grandeur (édition Giovanangeli / l’Artilleur), à paraître en juin.
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  • Article illisible dans un style scolaire où se compilent citations et bribes historiques qui s’éloignent complètement du sujet initial. Aucune analyse de l’auteur qui se contente de faire parler les morts et qui ne répond finalement même pas à sa problématique.
    Le libéralisme n’est pas une pensée juridique, c’est un système philosophique appelant à la responsabilisation individuelle par la rationalisation des comportements humains. Le droit positif s’inscrit d’ailleurs en faux contre le libéralisme par un renouvellement de la morale religieuse à travers une pseudo-justice laïque qui en reprend tous les codes.
    Je me suis interrogé sur le « libéralisme latin », je fus surpris de ne trouver pour seule référence que le livre de l’auteur (qui – après en avoir lu quelques extraits – est d’une lecture beaucoup plus agréable que cet article).

    -1
    • Mon bon ami, ne laissez pas votre haine de Napoléon (que je peux comprendre) altérer votre jugement ! Cet article pose deux nouveautés fondamentales : 1/ Napoléon n’est pas né politiquement « français » mais « Corse ». L’historiographie s’entend à dire que Napoléon n’a finalement pas été vraiment influencé par la Corse qu’il a quittée très jeune. L’auteur nous apprend que, au contraire, il était « paoliste » jusqu’à la révolution française ! Presque moitié de sa vie ! Or cette « Révolution corse », je ne l’a connaissais que peu, ce qui ne semblait pas être le cas des esprits les plus intenses de cette époque !
      2/ Je remercie fort l’auteur de nous faire connaître ces références savoureuses de Guizot, Tocqueville et Chateaubriand (qui eux, savaient faire la part des choses). Un peu d’humilité face à Tocqueville et Guizot qui avaient une vision nette des actions de l’Empereur.

      NB : Concernant le libéralisme, je me permets, vous vous trompez lourdement. Le libéralisme n’est pas une idéologie, mais effectivement, comme le dit l’auteur -originellement- une pensée de droit ( je travaille dessus depuis de longues années du fait de ma profession de chercheur universitaire). Lisez Aron, lisez Tocqueville, lisez Bastiat etc.

    • Illisible ??? Ben… achetez vous des lunettes ma parole ! ?
      Parler les morts ??? l’auteur fait justement ce que plus aucun de nos « génies » contemporains ne fait : aller aux sources et mettre en perspective !
      Comment voulez vous étudier Napoleon sans voir ce qu’il disait et ce que disaient ses contemporains. C’est en ne faisant plus cela qu’on termine comme Alexis Corbière !
      On juge, en se coupant complètement du contexte de l’époque (Et OUI ! L’Angleterre voulait réduire la France à l’état de puissance régionale. Lisez Jean Tulard).
      Au contraire l’article est d’un bon niveau. Pour écrire personnellement des livres de philosophie politique, je trouve que tout cela est rigoureux.

  • Moins sévère que ktpn, j’admets que le titre n’est peut-être qu’un prétexte pour aborder les réflexions, contradictions et accommodements d’un esprit riche et créatif, héritant du désordre sordide de l’après-révolution et confronté à un environnement européen pour le moins hostile.

    Et « faire parler les morts », ces contemporains de Napoléon, me paraît plus intéressant qu’entendre les mous-du-bulbe, obsédés par les modes actuelles, ne voyant de Napoléon que son code sexiste, ou sa désastreuse campagne de Russie, ou sa prolongation/restauration de l’esclavage, ou sa mafia familiale ( je reprends ici des commentaires entendus ces derniers jours )

  • Aujourd’hui encore Napoléon demeure un génie. Le simple fait de prononcer soin nom agit comme un révélateur et permet la détection des demeurés et des endoctrinés graves.
    Qui vont instantanément lui reprocher de ne pas avoir eu les propositions de nos « féministes » d’aujourd’hui.
    Faite le test dans un réunion prononcez son nom et la bêtise crasse se révèle miraculeusement !

    • Votre apologie de Napoléon révèle vos pensées! Et cessez de prêter une bêtise crasse à ceux qui ne partagent pas vos convictions.

      • Convictions, vous parlez pour vous. j’essaie de vous faire remarquer que notre société est infestée d’ignares, qui pourraient reprocher a Napoléon de ne pas avoir fermé plus tot la centrale nucléaire de Fessenheim. Vous avez sans doute bénéficié d’un enseignement de l’histoire ou la Chronologie était interdite !

  • Je trouve le texte vraiment complaisant vis à vis de Napoléon.
    Par exemple, il aurait été forcé de faire toutes ces guerres. Ah bon, même celle où il attaqué la Russie? Et pourquoi? Pour imposer un blocus à l’Angleterre! Et pourquoi? pour la punir de son même blocus et ayant échoué à envahir l’Angleterre!
    Comme dit le texte, il a été éduquée à la liberté « collective », et non la liberté individuelle. Et la liberté collective, en France actuellement on la connait très bien, ce n’est pas très libre justement.
    Enfin, on y rapporte des paroles de fin de règne où il dit qu’il était pour la liberté, mais ne l’a pas fait pour ceci ou cela. Ah ça aussi on l’entend beaucoup en France aujourd’hui…
    96% de la population sans éducation, alors pourquoi ne pas lancer d’instruction publique? Comme Blanquer, il n’a rien fait pour améliorer la chose. Un peuple instruit est plus difficile à soumettre, et le pouvoir est plaisant.

    • Il faut tout de même souligner que Napoléon s’est heurté de plein fouet à l’animosité géopolitique britannique qui craignait par dessus tout, et toujours d’ailleurs, qu’une puissance continentale devienne hégémonique. A partir de là la montée en puissance militaire de la France ne pouvait qu’entrainer des conflits européens que les anglais ont fait en sorte d’enfanter et d’alimenter par de juteux capitaux. Après tout l’Angleterre ne s’est confrontée que quatre fois à terre à la France napoléonienne : Naples et Walcheren, des échecs, Espagne et Belgique, des succès. Cela reste très limité quand on sait le tribu humain payé par l’Autriche, la Russie et la Prusse. Donc attribuer l’ensemble des guerres à l’initiative napoléonienne n’a pas vraiment de sens. Il est compliqué de connaitre une période libérale lorsqu’un pays est en guerre pendant vingt ans.

      Ensuite, le nom de Napoléon occulte malheureusement ceux de biens honorables administrateurs: Cambacérès, Lebrun, Gaudin, Roederer, Savary, son frère Joseph, Berthier, Dejean…etc. Il a su bien s’entourer, même si tous n’étaient pas forcément des libéraux, et cela est un indéniable signe d’intelligence. Après, comme vous, je doute un peu de ses convictions réellement libérales. Le fait qu’il ait fait écrire son histoire officielle avec le mémorial et que celle-ci a été embellie, notamment par Las Cases, pour coller aux aspirations nouvelles me rend perplexe.

    • Napoleon, l’administration tout ça. Le titre de l’article il est vite repondu. A l’heure d’internet c’est clairement non.

  • Contrairement aux autres commentateurs, et sûrement moins érudit, j’aime bien cet article qui renverse un peu les conceptions sur le Bonapartisme. J’aurais aimé entendre un mot sur l’avis de Mme de Stael, tant qu’à faire parler les morts, mais les pistes données ici sont tout à fait intéressantes.

  • Au contraire je trouve cet article excellent et bien documenté…
    Certes les guerres napoléoniennes ? Et alors? vous oubliez qu’à une fois/exception près, ce sont toujours les ennemis de la France qui lui ont déclaré la guerre sous le règne de Napoléon.
    Seriez vous des munichois et auriez vous préfèré vous coucher au sortir de la Révolution, comme dans les années 30….? Vous connaissez la suite…..!

  • La toute dernière phrase de la citation de l’article est admirable de simplicité et de vérité: Pas de libéralisme sans population éduquée! Comme le niveau, qui était déjà bas en France depuis longtemps sous l’influence des marxistes, s’effondre encore et toujours, faut il conclure que seule une dictature « napoléonienne » de 25 ans nous permettrait de remettre les choses dans le droit chemin?

    • @Hank.R
      Non, ce n’est pas en tirant sur les feuilles des arbres que vous les faites pousser, elles poussent tout naturellement. La liberté est constitutive du vivant, ce n’est pas une option, un truc qu’on garde pour le donner en récompense à ceux qui seraient assez dignes pour la mériter. Chacun l’a sans condition et l’exprimer oblige à une non-violence qui est une éducation en soi.

  • C’est un grand admirateur du roi Louis-Philippe (et donc, plutôt hostile à l’Empire) qui remercie Contrepoints pour cet article original et riche !
    Guizot, Tocqueville, Châteaubriand…
    soyons humbles face à des penseurs qui font passer nos « intellectuels » actuels pour des nains. Méditons leurs réflexions, eux qui savaient garder une hauteur de vue, malgré avoir vécu – souvent- douloureusement cette période.
    Je ne suis pas plus royaliste que le roi, je ne serai pas plus libéral que Tocqueville et Guizot (dont la justesse des citations reproduites ici se passe de commentaires.)

  • Un grand merci pour cet article passionnant, sur un sujet qui sort des sentiers battus !
    En raison de l’histoire de ma famille (et pour quelques autres motifs en lien avec sa politique), je ne peux être qu’un adversaire résolu de Bonaparte. Et pourtant, je suis consterné quand des incultes osent jeter l’opprobre sur lui ! L’article nous le montre, même les libéraux les plus illustres avaient une position intelligente (qui seraient intenable aujourd’hui).
    L’histoire, qui n’est que de la politique au passé, est complexe, et donc nuancée (parfois à l’extrême). Heureux soient les simples d’esprit qui ont des certitudes sur tout, sans jamais sortir mentalement du XXIe. Quel repos dans la réflexion pour eux…
    L’éducation nationale et mai 68 ont hélas bien oeuvré…

  • Les commentaires sont fermés.

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