Curieusement, l’État n’est jamais impuissant pour vous taxer plus

L’État est toujours d’une efficacité redoutable dès lors qu’il s’agit de taxer les contribuables et de réduire leurs libertés les plus essentielles.

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Curieusement, l’État n’est jamais impuissant pour vous taxer plus

Publié le 28 avril 2021
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Par Nathalie MP Meyer.

Il est toujours étonnant, et absolument navrant bien sûr, de constater à quel point l’État français qui se montre souvent prodigieusement incompétent et/ou impuissant dans tant de domaines qui lui incombent naturellement ou qu’il s’est arrogé au fil du temps (régalien, santé, éducation, etc.) retrouve soudain une énergie doublée d’une efficacité redoutable dès lors qu’il s’agit de taxer davantage les contribuables et de réduire leurs libertés les plus essentielles.

« Nous ne céderons rien » au terrorisme, s’exclamait Emmanuel Macron vendredi 23 avril dernier, alors qu’une fonctionnaire de police venait de succomber aux coups de couteau d’un terroriste islamiste en plein commissariat de Rambouillet. Six mois plus tôt, après la décapitation de l’enseignant Samuel Paty, puis dans les circonstances tragiques de l’attaque au couteau qui avait fait trois morts dans la basilique Notre-Dame de Nice, il disait exactement la même chose.

Ils ne passeront pas, nous ne céderons rien… et pourtant, la série noire continue, inexorable, chaque nouvel assaut constituant une véritable gifle portée à la face d’un gouvernement désespérément impuissant à enrayer la marche du terrorisme islamiste.

Non pas que cela soit chose facile. Il existe bel et bien un « revival islamiste » totalitaire et violent qui n’a rien à voir avec la situation particulière de la France, qui n’est pas limité à la France et qui pourrit durablement les esprits. Comment avoir prise sur des assaillants qui n’hésitent pas à mener leur petit djihad personnel ou commandité tout en sachant fort bien que la probabilité qu’ils y trouvent également la mort est extrêmement élevée ?

Comment les détourner de leurs pulsions mortelles quand chez nous, trop d’idiots utiles (comme Mélenchon, Hanouna ou certains enseignants de Sciences Po Grenoble) pratiquent assidument l’inversion des victimes et des bourreaux en dénonçant toute critique des abus de l’islam et toute caricature du prophète Mahomet comme la preuve de l’islamophobie fondamentale de la France ?

En revanche, difficile de passer sous silence à quel point les services de l’État font trop souvent preuve de négligences répétées dans leurs missions régaliennes au quotidien. Pas une attaque terroriste récente qui ne mette en évidence un manquement gravissime ici ou là. Un « loupé » comme disait gentiment Laurent Nuñez quand il était secrétaire d’État à l’Intérieur.

Sauf que les loupés s’accumulent dangereusement. Les premiers éléments de l’enquête consécutive à l’attaque de Rambouillet ont montré par exemple que l’assaillant était un Tunisien entré clandestinement en France en 2009 et qu’il y avait ensuite vécu en situation irrégulière pendant plus de 10 ans. Comment cela est-il possible ?

Parmi les affaires de ces dernières années, on peut citer aussi le cas de Mickaël Harpon, cet informaticien de la Préfecture de Police de Paris qui avait donné à ses collègues de vifs motifs d’inquiétudes quant à sa radicalisation sans que leur hiérarchie ne daigne les prendre en considération. L’individu a finalement tué quatre personnes à l’automne 2019 dans l’enceinte même de la Préfecture.

Ou encore celui du responsable de l’attentat au couteau qui a fait deux blessés devant les anciens locaux de Charlie Hebdo le 25 septembre 2020 dernier : il avait menti sur son âge à son arrivée en France pour bénéficier du statut de mineur isolé et de l’aide sociale à l’enfance. Quant à l’assassin de Samuel Paty, son compte twitter très porté sur le djihad et les scènes fictives de décapitation avait été signalé à plusieurs reprises aux services compétents.

Force est de constater également que nos autorités publiques ont la détestable tendance à se montrer systématiquement sévères avec les automobilistes ou les étourdis qui oublient leur masque chirurgical, mais restent hélas trop systématiquement pusillanimes dès que les choses se compliquent.

Et encore me contenté-je ici d’évoquer le terrorisme qui endeuille la France puisque c’était le grand sujet du week-end passé. On pourrait y ajouter tous les « loupés » qui font que notre système de santé n’a pas été capable de résister au coronavirus et que notre système éducatif figure parmi les moins performants au sein des pays de l’OCDE. Sans oublier les multiples débâcles de l’État stratège, employeur, informaticien ou aménageur du territoire dont j’ai déjà eu l’occasion de parler.

Sachant tout cela, on a du mal à croire que l’État puisse réussir quoi que ce soit, mais il est cependant un domaine, un seul, où il excelle : celui qui consiste à entraver autant que faire se peut les libertés fondamentales de ses citoyens, à commencer par leur liberté de disposer du produit de leurs activités économiques. On pourrait tout aussi bien citer les mesures d’exception prises dans le contexte de la pandémie de Covid.

Bien sûr, même dans un État libéral, il est nécessaire de prélever de l’impôt afin d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Mais observons que le niveau de prélèvement atteint en France dépasse depuis longtemps tout ce qui se fait ailleurs dans le monde et dépasse également de très loin le stade nécessaire pour remplir intelligemment l’objectif régalien susmentionné.

Et de fait, Bercy n’a pas son pareil pour traquer toutes les assiettes fiscales possibles, toutes les nouvelles activités, toutes les modes comportementales, afin de faire rentrer les précieux deniers qui permettent à la nomenklatura politico-étatique de « faire quelque chose », théoriquement pour le bien des citoyens, et de devenir indispensable à ces mêmes citoyens via une abondante redistribution et un clientélisme judicieusement calculé pour durer.

Hormis quelques recettes spécifiques telles que les dividendes perçus sur les participations de l’État dans diverses entreprises anciennement nationalisées ou sauvées des eaux par pur « volontarisme » politique, les pouvoirs publics n’ont pas de ressources financières propres. D’où l’importance extrême, je dirais même vitale pour la classe politique d’affecter l’essentiel de l’énergie et de la matière grise disponibles dans la fonction publique à la collecte de l’impôt.

Quand on apprend que le logiciel de gestion des ressources humaines de l’Éducation nationale (le fameux SIRHEN) doit être abandonné après dix ans de développement et une facture inutile de 400 millions d’euros pour les contribuables, on a tendance à s’attendre à ce que le prélèvement de l’impôt à la source se mette en place dans la douleur. Eh bien non, pas du tout, tout roule au contraire à merveille !

Car on ne parle pas ici de dépenser l’argent public à tort et à travers comme c’est toujours le cas lorsque quelqu’un s’occupe de dépenser de l’argent qui ne lui appartient pas pour quelque chose qui ne le concerne pas – ce qui se trouve être exactement la position des administrations publiques selon la célèbre classification de Milton Friedman sur les quatre façons de dépenser de l’argent (voir schéma ci-dessous) :

Il s’agit, de façon bien plus importante comme vous vous en doutez, de faire rentrer les sommes qui vont servir ensuite d’argent de poche à nos politiciens pour faire avancer leur carrière et rester le plus longtemps possible aux manettes de la France, de leur région ou de leur village. Et là, pas question de manifester la moindre indolence.

Personne ne pourra jamais taxer le fisc (ni son alter ego l’Urssaf) de laxisme ou de négligence. Personne ne pourra jamais lui reprocher de ne pas procéder à tous les contrôles et redressements les plus méchamment tatillons. Et personne ne pourra jamais l’accuser non plus de laisser perdurer longtemps des trous béants dans la raquette du racket fiscal. La doctrine est simple : pour l’État, pour ses représentants et pour les collecteurs d’impôt qui les servent, le citoyen est un voleur en puissance qu’il convient de traiter comme tel.

C’est ainsi que les parents d’adolescents addicts au site Vinted pour revendre ou échanger leurs vêtements (façon braderie mais en ligne) ainsi que les contribuables faisant appel à d’autres plateformes collaboratives du même genre ont eu ces jours-ci la surprise de voir les sommes en jeu figurer comme revenus préremplis sur leur déclaration d’impôt de l’année 2020.

Il existe bien évidemment des seuils en nombre et en montants pour différencier les utilisateurs occasionnels des vendeurs éventuellement professionnels, mais ce petit épisode de la vie fiscale ordinaire est néanmoins cruellement révélateur de ce que l’État est capable de mettre sur pied en fait de réglementation ultra-complexe et de sommation des plateformes pour qu’elles communiquent sans regimber le détail de l’activité de leurs utilisateurs.

Autrement dit, l’impuissance de l’État est à géométrie extrêmement variable. Il est plus que temps que le personnel gouvernemental et les élus se rappellent que le sens du pouvoir va des individus vers le haut et non de l’État vers le bas.

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  • quand il s’agit de taxer , certains maires ne sont pas en reste ; bars et restaurants devraient payer une redevance à la mairie de paris , à partir de juillet , pour les terrasses éphémères….surtout , ne pas laisser à tout ces entrepreneurs que l’on a empêcher de bosser , le temps de se relever …..ils ré ouvrent , on taxe ;

    • les impôts et axes permettent accessoirement de maintenir des armées pléthoriques de fonctionnaires et de distribuer par exemple aux associations et comités Théodule de toutes sortes, journaux, des sommes superfétatoires

    • C’est tellement idiot en campagne électorale que c’est sûrement bidon..

    • B’en oui, officiellement l’esclavage a été aboli, en réalité, pour certains il a juste changé de nom: artisan, entrepreneur…

      La vie de ce dernier est très similaire a l’esclave de jadis, la compassion de son maitre en moins, la seule liberté qu’il a est de travailler pour payer ses dettes et ses impôts, souvent sans échappatoire…

      (1) certains maitres pouvaient exprimer de la compassion, alors qu’avec les impots, aucune chance…

  • Un président autocrate en campagne électorale permanente, des parlementaires muselés mués en machines à textes non appliqués, des administrations à la dérive qui taxent pour sous-traiter de plus en plus aux entreprise s privées… où sont les acteurs de l’action publique ?

    • Des parlementaires muselés.. Ce ne sont pas des pitbulls, seulement des caniches, des toutous, sans rien leur demander ils donnent la papatte au maître pour avoir un sucre ou une caresse.

  • Au lieu de s’occuper bien de peu, l’Etat s’occupe mal de tout !
    La vraie question que pose cet article, c’est bien la prétention de l’Etat français a vouloir administrer une somme d’activités dépassant largement ses compétences, la fiscalité qui en résulte n’étant qu’une conséquence de cette organisation et , au passage, le seul domaine où il excelle vraiment !
    Non content de vouloir imposer ses vues sur la quasi-totalité de la vie des gens en matière d’éducation, de santé, de déplacements, d’énergie, de sécurité etc .. ce qui pose d’ailleurs des questions non réglées sur leur légitimité, leur représentativité et leur contrôle – l’Etat entend gérer directement lui-même, via sa bureaucratie et ses agents ou représentants, une bonne partie de ces activités qu’il facture dans l’impôt.
    Premier constat résultant de cette organisation étatisée, la masse fiscale française rapportée au PIB est plus importante qu’ailleurs, puisqu’elle alimente des services administrés par l’Etat quand ils sont ailleurs opérés en concurrence par le secteur marchand (qui tarifie directement ses prestations à leurs consommateurs).
    Second constat, les résultats français ne sont pas au rendez-vous, comparés à nos voisins où l’Etat se contente de fixer le cap !
    Plus grave, les domaines légitimes du domaine d’action de l’Etat (sécurité, police, armée, justice, diplomatie), sont également atteints de carences et d’inefficacité !
    Ce que vient d’ailleurs confirmer la Cour des Compte dans son rapport sur les comptes 2020, épinglant l’incapacité chronique de l’Etat a bien gérer ses ressources et ses effectifs, comme à bien contrôler ses investissements !
    Réduire le périmètre de l’Etat aux domaines régaliens en transférant au secteur concurrentiel des activités qu’il ne sait pas gérer, le réformer pour améliorer son efficacité, ce sont les seuls moyens pour stopper notre déclin continu. Ils devraient être les objectifs prioritaires des futurs candidats à l’élection présidentielle …

  • Pourrait-on imaginer que cette taxation des petits profits de particuliers incite les entreprises et les utilisateurs de Vinted, Amazon, Aliexpress etc. à utiliser les cryptomonnaies (qui pourraient peut-être garantir l’anonymat) ? Les cryptomonnaies sont taxées en France lors de leur conversion en monnaie fiduciaire, il suffirait peut-être alors de réaliser ses achats/ventes avec les cryptomonnaies, sans faire de conversion, ou alors depuis l’étranger ?

  • Je cite : « il est cependant un domaine, un seul, où il excelle : celui qui consiste à entraver autant que faire se peut les libertés fondamentales de ses citoyens ». Vous auriez plutôt dû dire « d’une majorité de ses citoyens, n’incluant ni les hommes d’états, ni ceux habitant dans des quartiers dangereux »

    • Sur le principe oui, maintenant quand on regarde l’affaire de l’écotaxe, il me semble que les frais de collecte de ce nouvel impôt relevaient du pur scandale…

      Même pour nous piquer nos sous , il ne sont pas efficaces…

  •  » Eine Regierung muß sparsam sein, weil das Geld, das sie erhält, aus dem Blut und Schweiß ihres Volkes stammt.
    Es ist gerecht, daß jeder einzelne dazu beiträgt, die Ausgaben des Staates tragen zu helfen.
    Aber es ist nicht gerecht, daß er die Hälfte seines jährlichen Einkommens mit dem Staate teilen muß.  »

    ( Un gouvernement doit être économe parce que l’argent qu’il reçoit provient du sang et de la sueur de son peuple.
    Il est juste que chacun d’entre nous fasse sa part pour aider à faire face aux dépenses de l’État.
    Mais il n’est pas juste qu’il partage la moitié de son revenu annuel avec l’État.)

    Frédéric II, roi de Prusse

  • L’état a toujours été une machine à cash pour lui même, je ne vois pas pourquoi on s’en étonnerait. Il vit bien grâce à bercy, efficace et donc bonnes rémunérations. Pourquoi voulez vous que cela change, l’état ne veut pas le bien d’un peuple dont il ne fait pas partie mais ses biens.
    Pour les terroristes, on en a encore pour quelques annees, une fois la France viré d’afrique, tout va redevenir normal au rhytme du minaret payé par les Émirats ou erdogan. Rome ne paie pas bien en ce moment donc…

  • Le contribuable, dernier exutoire d’un Etat par ailleurs impuissant.

  • « Il est plus que temps que le personnel gouvernemental et les élus se rappellent que le sens du pouvoir va des individus vers le haut et non de l’État vers le bas. »
    Dans cette conclusion, on retrouve en fait toute l’idée Étatiste, héritée de Louis XIV (et Henri IV, François Ier, Louis XI, Philippe Auguste étant le oint de départ). L’État passe avant tout, et cela se marie avec le terme de « collectif » que l’on a vu fleurir dans le discours de nombreux politiques dans cette crise du Covid…

  • Bon, bientôt la fin du contribuable. Entre les moins de 50% qui en paient actuellement et tous ceux qui vont se trouver au dessous du seuil de prélèvement après cet épisode économiquement mauvais qu’est le covid, on devrait friser les 10% restants. Qui, bien entendu, correspondent à ceux qui ont déjà mis leurs billes ailleurs. On va enfin arriver au bout de l’argent des autres…

  • Etat pompe à taxes et impôts pour donner quelques miettes à clientèles électorales captives et pour permettre à des politiques professionnels qui vivent toute leur vie confortablement sur notre dos sans jamais rien réussir d’autre que de parler sans jamais tenir leurs promesses

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