Grand oral du bac ou grande fumisterie ?

Le grand oral du bac est la figure phare de la réforme Blanquer. Initialement prévue pour 2020, la réforme du bac a été annulée du fait du covid. C’est en 2021 que va se tenir pour la première fois cette grande démonstration.

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Grand oral du bac ou grande fumisterie ?

Publié le 27 avril 2021
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Par Jean-Baptiste Noé.

Jean-Michel Blanquer y tient à son grand oral, avec la même ferveur que les multiples atteintes à la liberté scolaire initiées sous son ministère. Le grand oral, c’est la grande réforme. Et comme toutes les grandes réformes initiées par l’Éducation nationale, c’est beaucoup de bruits pour rien. Il suffit de lire la présentation officielle faite par le ministère pour s’en convaincre.

Comment se déroule le grand oral ? Elle fait partie des 5 épreuves finales du baccalauréat, qui comptent pour 60 % de la note finale. L’oral a un coefficient de 10 en voie générale et 14 en voie technologique. C’est donc quelque chose de sérieux, du moins en théorie. L’épreuve dure 20 mn avec 20 mn de préparation et se déroule en 3 temps :

Temps 1 : présenter une question (5 mn)

Pendant deux ans, les élèves préparent deux questions de spécialités avec leurs professeurs et éventuellement avec d’autres élèves. Ces deux questions sont présentées au jury qui en choisit une. L’élève a ensuite 20 mn pour préparer son topo et créer un support (carte, graphique, etc.) qui doit être montré au jury. Mais « Rassurez-vous, ce support n’est pas évalué. » (sic). Deux ans de préparation donc, pour un exposé de 5 mn, voilà une épreuve sérieuse.

Temps 2 : échanges avec le jury (10 mn)

Le jury pose des questions sur le programme de spécialité et vérifie que l’élève le maîtrise.

Temps 3 : échange avec le jury sur le projet d’orientation (5 mn)

Laissons le document parler de lui-même :

« Vous expliquez en quoi la question traitée est utile pour votre projet de poursuite d’études, et même pour votre projet professionnel. »

Une partie de coloriage en somme, où l’élève doit apprendre à pipeauter et à broder.

Le jury est composé de deux professeurs, qui auront toute latitude pour noter l’élève. À l’origine du projet, il était prévu quatre personnes dans le jury : deux professeurs du lycée, un professeur de l’université et un professionnel. Une usine à gaz qui a été bien vite enterrée.

Reste donc un oral baudruche qui ne repose sur rien, mais dont le coefficient est énorme. On peut se demander sur quels critères objectifs les élèves vont être notés puisque tout n’est que subjectivité et imprécision dans cet oral. Estimer ainsi que la question choisie est en lien avec le projet d’orientation de l’élève relèvera de la gageure.

En 2020, le bac n’a pas eu lieu et tout s’est bien passé. En 2021, c’est un bac abâtardi et dénaturé qui va se dérouler. La véritable réforme qu’aurait pu faire Jean-Michel Blanquer est de supprimer cet examen coûteux qui ne sert plus à rien.

Mise à jour : 27/04/2021 à 8h19 (modification du chapo)

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Créer un compte Tous les commentaires (14)
  • bah , ça permettra aux élèves les moins bons d’avoir un bac qu’ils ne méritent pas ;

  • Le grand oral, aussi pour les concours, mesure la capacité d’embobiner (blabla, posture et sourire), la résistance à la canicule et à la chiasse (pour les émotifs).
    Ce sont les meilleurs qui y perdent le plus, peut-être est-ce le but de l’opération ?

  • Le dernier Bac a eu lieu en 2019 !
    Il est supprimé définitivement, il n’y en aura plus d’autres. Il est remplacé par un diplôme de sortie !
    Ce nouveau document ne sera pas nécessaire pour adhérer a La REM.

  • en 20 minutes, on n’a pas vraiment le temps de dire grand chose. une demande de reformulation de la question et c’est fini…

    • on a surtout une « épreuve » totalement subjective, avec notation à la tête du client et possibilité de bidouiller discrètement les notes selon les exigences formulées à haut niveau (du type : « cette année, on veut 90% de réussite »)

  • Dans un oral avec un sujet flou et sans questions précises, il faut se préparer à dire ce que le « client » veut entendre.

    La filière de la vente de voitures d’occasion va grandement profiter de cette réforme et la France va certainement se hisser au premier rang mondial dans cette technologie de pointe.

  • C’était une bonne idée, ç’aurait pu être une bonne épreuve,
    Apprendre à s’exprimer oralement face à un jury qui juge ce que vous dites et comment vous le dites, ça prépare aux entretiens d’embauche, aux prises de parole en entreprise.
    Et donne un plus aux élèves bons à l’oral, capables d’argumenter et de convaincre mais médiocres à l’écrit parce que les dissertations si vous ne les faites pas selon les critères étriqués des profs vous êtes mal, même si vous maîtrisez le sujet. D’autant que ces disserts se retrouvent en français, en philo et en histoire géo, ça fait beaucoup pour un diplôme inutile au demeurant.
    Mais on est en France, le grand oral devient une partie de rigolade.

    • Sur la dissertation, cela a bien changé dans de nombreuses matières : pouvoir lire un eposé cohérent, argumenté, en vrai français ; c’est tellement rare et cela fait déjà tellement plaisir au correcteur qu’il ne doit plus en rester beaucoup pour mettre une sale note…

      • Oui je veux bien croire que les dissertations ne sont plus ce qu’elles étaient. Et, en effet le français s’est tellement simplifié….. lol (jaune)

  • Conserver un bac, organisé par une autorité privée indépendante, basé sur les trois fondamentaux que sont lire, écrire et compter, cela resterait assez utile !

  • L’idée aurait pu être bonne.
    Mais ça risque d’être du n’importe quoi.
    Vous imaginez que le jury (issu de l’Ed Nat et particulièrement des enseignants du secondaire, bien sûr) puisse juger de la pertinence d’un exposé de 5mn (ou de n’importe quelle durée) préparé sérieusement pendant 2 ans ? Un élève intéressé par le sujet pourrait présenter un truc sur l’informatique quantique et le type d’algorithmes possibles et nécessaire avec. Ou sur l’évolution de la pensée économique chez Proudhon au cours de sa vie. Qui sait, peut-être même sur les idées de sociétés de secours mutuel et les coopératives locales vues par Bastiat. On pourrait avoir des choses sur les marchés financiers et le trading haute fréquence….
    Vous croyez que plus d’un prof sur 1000 pourrait juger avec pertinence de ces travaux ?
    Mais ce n’est pas le but. Du moins pas celui que l’administration de la rue de Grenelle. Le but qu’ils poursuivent c’est avoir un « volant d’ajustement » conséquent pour donner le bac aux « bons profils » « discriminés », même et surtout s’ils ne le méritent pas et les envoyer à l’Université, créer de la piétaille pour tous les mouvement collectivistes, fascistes (qui s’auto-désignent comme « anti-fascistes ») et gauchistes en général qui contrôleront « la rue ».

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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