Privatiser la vaccination pour ne pas être privés de vaccins

Emprise technocratique et défaut d’innovation, la France cumule les handicaps.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Suzi B got her flu shot BY Vaccines Stock Photos(CC BY-NC 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Privatiser la vaccination pour ne pas être privés de vaccins

Publié le 18 avril 2021
- A +

Par Pierre Robert.

Faisons un rêve. Vous sortez votre portable de votre poche et appuyez sur l’icône de l’App tousvaccinés que vous avez facilement téléchargée un peu plus tôt. Vous regardez quels sont les centres ouverts près de chez vous et constatez qu’ils sont situés dans des centres commerciaux que vous connaissez bien pour y faire souvent vos courses. Vous en sélectionnez un et consultez le calendrier des dates disponibles pour un rendez-vous. À l’étape suivante vous choisissez la marque du vaccin qui vous convient le mieux. Le tout n’a pas duré plus de trois minutes.

« Moi, le vaccin »

Ce bien modeste rêve serait une réalité si nous vivions dans un univers proche de celui qu’a imaginé le grand Friedrich Hayek, un monde où les activités économiques sont gérées de façon totalement décentralisée par le marché, seule institution capable de traiter le nombre extraordinairement élevé d’informations qui sont nécessaires pour les mener à bien.

C’est ce qu’a très bien expliqué Leonard Read dans un article fameux, « Moi, le crayon » repris par Milton Friedman pour illustrer comment et pourquoi seul le marché libre permet à des millions de personnes de coopérer efficacement en vue de produire les biens et les services dont elles ont besoin.

Une campagne de vaccination poussive

Au lieu de cela vous subissez les lenteurs et les ratés du lourd système mis en place par nos autorités publiques, un système qui génère la pénurie et est incapable de gérer les choix des patients quand il s’est aventuré à leur en laisser un. Dans quelques centres, dont celui du stade de France, il est aujourd’hui encore possible de s’inscrire, si par chance un créneau est disponible, en choisissant entre Pfizer et Moderna.

Mais les patients votant massivement pour le premier et boudant le second cette position n’est pas tenable longtemps, alors que la liberté de choix devrait être la règle.

Il en est ainsi du fait de la rigidité des commandes publiques effectuées de surcroît dans un cadre européen qui ressert encore un peu plus le carcan de nos règles nationales.

Selon un bon vieux réflexe technocratique on s’est évertué à tout prévoir en mode gosplan mais rien ne marche comme prévu, qu’il s’agisse de la fourniture des doses, de leur qualité ou de leur acheminement au bon endroit et au bon moment.

Si la France avait été capable de mettre au point son propre vaccin comme l’ont fait tous les autres pays membres du conseil de sécurité de l’ONU la situation se présenterait sous un jour plus favorable.

Mais l’État a une fois de plus failli en ne finançant pas suffisamment les dépenses de R&D dans le domaine de la santé alors que là est son véritable rôle. Emprise technocratique et défaut d’innovation, on cumule les handicaps.

Ces retards et cette absence de choix sont évidemment contreproductifs. Ils nuisent gravement à la campagne de vaccination, beaucoup de gens excédés finissant par renoncer à se faire traiter ou s’irritant de se voir administrer un produit dans lequel, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ils n’ont pas confiance.

Les défaillances du public

Il y a certes des raisons tout à fait légitimes d’accorder aux organismes publics un rôle en matière de santé publique. C’est un domaine sensible qui touche à des enjeux vitaux et où prédominent ce que les économistes appellent des externalités, soit des situations où l’action d’une personne affecte le bien-être d’une autre sans qu’aucune des deux reçoive ou paye une compensation pour cet effet.

Ainsi un individu qui ne se vaccine pas peut en contaminer d’autres mais n’en subira aucune conséquence pécuniaire. De ce fait, les questions de santé publique ne peuvent pas être régies par les seules règles du marché.

Mais faut-il pour autant accorder aux autorités étatiques qui ne savent pas même coordonner leurs initiatives le monopole d’opérations dont elles maitrisent mal la logistique ? Devant la gravité de la situation il leur a fallu à regret laisser une petite place aux acteurs privés (cliniques, pharmaciens, infirmières et médecins libéraux, médecins du travail dans les entreprises) mais en ne leur accordant au mieux qu’un inconfortable strapontin et en leur imposant des procédures qui entravent leur action.

Les atouts du privé

Il faudrait pousser beaucoup plus loin ces semblants de partenariat public-privé. Dans cette optique, l’idée de faire appel aux géants de la grande distribution n’est pas aussi fantaisiste qu’elle en a l’air.

Sur leurs parkings de l’espace est disponible pour installer des tentes ou organiser un drive. Ce sont des professionnels de la logistique rodés à la gestion de flux complexes grâce au concours d’une myriade de transporteurs et de sous-traitants. Y faire fonctionner des chambres froides aptes à conserver les produits à très basse température devrait être possible à un coût raisonnable.

À la différence des administrations, ces grands acteurs du commerce sont de plus agiles et capables d’initiatives, y compris dans le domaine de la santé. Carrefour ne vient-il pas de faire fabriquer en France et de mettre sur le marché des masques chirurgicaux aux normes de filtration très élevées vendus 4,90 euros la boite de 50. Leclerc et Intermarché sont prêts à lui emboiter le pas.

Des obstacles avant tout culturels

Une véritable répartition des rôles entre le public et le privé profiterait à tous et avec un peu de bonne volonté pourrait être rapidement opérationnelle. Les seuls obstacles sont d’ordre culturel dans un pays où par réflexe pavlovien la supériorité du public sur le privé n’est jamais discutée même si jour après jour il fait la preuve de son incompétence.

Nos hauts fonctionnaires seraient décidément bien inspirés de prêter davantage d’attention à l’analyse économique. Dans ce cas ils devraient aller au-delà de la vulgate keynésienne, s’intéresser à l’œuvre d’Hayek et voir que dans le combat du siècle le vainqueur n’est pas celui qu’on croit.

 

Voir les commentaires (25)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (25)
  • Faisons un autre rêve: l’Etat, au lieu d’interdire les médicaments qui ne lui plaisent pas (parce qu’ils ne rapportent rien à l’industrie pharmaceutique), laisse les citoyens se soigner comme ils veulent et les médecins prescrire ce qu’ils estiment être le mieux. L’Etat, par ailleurs, n’intervient pas dans le travail de la presse et des réseaux sociaux, directement ou par l’intermédiaire de ses amis milliardaires, pour hystériser le sujet, faire paniquer les gens et réduire au silence ceux qui ne sont pas sur sa ligne. Il y a fort à parier que le merveilleux rêve de l’auteur ne se réaliserait pas, le public n’éprouvant pas le besoin de se jeter sur des vaccins conçus à la hâte, pour une maladie générant une mortalité réduite.
    Ce rêve friedmanien d’un public inondé de vaccins par la magie du non-interventionnisme n’est envisageable qu’avec, en toile de fond, un interventionnisme MASSIF de l’Etat pour fermer toutes les autres issues. Il est parfaitement cohérent avec la réalité historique du friedmanisme, qui sous couvert de « libéralisme » s’est développé principalement avec l’appui de dictatures (Pinochet, la junte argentine, Eltsine…) et est 100% compatible avec un capitalisme de connivence.

  • d’après une source de l’administration allemande , ce serait une fake news….

  •  » l’assurance maladie met fin au jakpot de la vaccination à l’acte « …depuis l’ouverture du vaccinodrome au vélodrome , certains médecins ont amassés entre 10 000 et 15 000 euros par semaine en venant vacciner 2 à 3 jours….pour un état au bord de la faillite , ça laisse songeur ….

  • La question ne se pose pas, c’est entièrement privatisé et dans les mains de bigpharma et de quelques lobbys. La distribution, en fait n’a pas d’importance puisqu’on achete cash les vaccins et qu’après on gâche les vaccins ce qui est un bon bizness.

  • « Ainsi un individu qui ne se vaccine pas peut en contaminer d’autres »
    Jusqu’à preuve du contraire, il en est aussi ainsi de l’individu vacciné contre le covid.
    Le vaccin ne protège que des formes graves. Pas du covid. Et encore moins de la contagion.
    Ça n’a rien de nouveau. C’est la même chose pour la vaccination contre la diphtérie, contre la polyo, etc.

    • J’ai vu, dans Sciences et Avenir, que la transmission était réduite de 75 à 90% par le vaccin. Vous avez des sources pour les informations contraires ?

      • Bah ! La plupart des discours officiels, des labos aux autorités sanitaires, qui expliquent qu’à ce stade, la vaccination ne protège que des formes graves du covid.
        D’ailleurs, à de très rares exceptions près (variole,…) aucun vaccin ne forme une barrière efficace contre la contamination. En clair vous êtes vacciné, vous pouvez chopper le virus et le transmettre. Vous êtes alors ce qu’on appelle un porteur sain.
        Quand on parle de vaccination, tout le monde a en tête le cas de la variole, dont le vaccin supprimait la maladie, la contagion et a fini par éradiquer le virus. Ce qui nous sert d’exemple est en réalité une exception. Il y a presque autant de schémas de vaccination que de vaccins…

      • Un récent arrêt du Conseil d’Etat, qui suit en cela le mémoire soumis par le Ministère de la Santé, dit très clairement qu’on ne sait pas si les « vaccins » ont un impact sur la transmissibilité de la maladie. Et que donc les personnes « vaccinées » sont priées de rester confinées et masquées comme les autres.
        Cela n’empêche pas le même Ministère de faire de la pub sur le thème « vaccinez vous si vous voulez retrouver votre vie d’avant ». Et la presse répète, en bonne agence de com’ qu’elle est devenue. Mais vous n’êtes pas obligé de les croire…

        • Je reconnais que quand je demandais des sources, je n’avais pas imaginé me fier aux arrêts du Conseil d’Etat plutôt, par exemple, qu’aux journaux scientifiques…

          • Le Conseil d’Etat aurait-il le pouvoir de définir la formule « deux plus deux égale cinq » comme exacte ?

            • Seriez-vous en train d’insinuer que le Ministère de la Santé n’appuie pas ses argumentations sur des bases scientifiquement solides, établies par les meilleurs experts ? Vous virez complotiste…:-)

  • « De ce fait, les questions de santé publique ne peuvent pas être régies par les seules règles du marché »

    Oh que si ! Et ce serait bien plus efficace que le collectivisme actuel. Mais cela suppose de changer le discours de propagande sur la vaccination.
    Il faut dire et répéter qu’on se vaccine d’abord et surtout pour soi, et pour certains vaccins, uniquement pour soi (tétanos, diphtérie, polyo,…).
    On n’incite pas les gens à acheter une voiture en leur demandant de penser aux autres mais en leur montrant tout ce qu’une voiture peut leur apporter à eux !
    La sensiblerie pleurnichade des pseudo-altruistes de la vaccination est totalement déplacée, tant sur le plan de la réalité que de l’efficacité.

    • Les gens acceptent le code de la route, et même ses absurdités, sur la base d’une forte réduction des risques par rapport à une liberté anarchique d’outrage. La liberté du marché, oui, le droit d’arnaque et de nuisance, non !

      • Ils l’acceptent… A coup de PV et de retrait de points !
        Y compris sur les mesures purement individuelles comme la ceinture de sécurité, le port du casque…
        Beau programme dont je doute de l’acceptation sur la population adulte pour la vaccination…

        • Alors parlons du RIPAM, ce ne sont pas les amendes qui ont fait son succès. Mais ok, c’est un truc de Yacht Club, donc à dénigrer…

          • Ouhla! En être réduit à aller chercher le RIPAM… 🙂 Qui n’est pas qu’un « truc » concernant que les yachts mais tous les navires.
            D’ailleurs, dites-moi pour faire respecter ce fameux RIPAM (Règlement international pour Prévenir les Abordages en Mer), il n’y a pas de police maritime, de sanction et d’amendes? Le rail maritime de Ouessant et la circulation maritime dans la Manche (Par ex, ne font l’objet d’aucune surveillance, rappel à l’ordre et sanction en cas de non observance du RIPAM?

            • Pour faire respecter le RIPAM, il suffit que les commandants (et les armateurs qui les choisissent) prennent conscience de leur intérêt à cette règle commune. Il n’y a qu’en France qu’on raisonne en termes d’obligations, d’interdictions, et d’amendes. Pour les codes internationaux, la conscience qu’il vaut mieux des intérêts bien compris gagnant-gagnant à des concepts d’altruisme ou de police marche parfaitement.
              Et je ne suis pas « allé chercher » le RIPAM, j’ai précisé ma pensée démodée qui était celle du sentiment de la nécessité de règles dans la circulation, autres que le plus gros et le plus arrogant a la priorité.

  • Le Chili s’est vacciné avec une solution chinoise, Coronavac pour 93 % des cas, et avec une efficacité de 56 % après la seconde injection, laquelle n’est pas encore réalisée sur les 60 % dits vaccinés.
    En fait, en citant des pays différents, on aura à chaque fois des conditions spécifiques qui rendent l’utilisation des chiffres bruts plus qu’hypothétique…

  • Et qu’avez-vous contre le business plan, une solution étatique ?

  • L’auteur adhère en fait aux thèses vaccinalistes qui justifient l’emprise publique !

  • Tout ceci est bel et bon, mais la première mesure libérale à prendre aurait été de laisser la liberté aux médecins de SOIGNER, ce qui est quand même leur vocation première. Et après, on laisse faire la concurrence entre traitements et vaccins. L’État, soumis à la dictature planificatrice de l’UE et des magnats du capitalisme de connivence (qui n’a rien à voir avec le vrai capitalisme) nous a enfermés dans le dilemme : confinés ou vaccinés, mais pas soignés.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le gouvernement a été cette semaine confronté à un nouveau psychodrame : la fin programmée au 1er janvier 2024 de la dérogation permettant d’acheter n’importe quel produit alimentaire avec un titre-restaurant.

En effet, Bercy n’avait pas prévu de reconduire cette dérogation, adoptée durant la crise liée au Covid-19 alors que les restaurants étaient fermés : bronca immédiate parmi l’ensemble des partis d’opposition et des salariés maintenant habitués à faire leurs achats alimentaires quotidiens avec ces chèques subventionnés. Le gouvern... Poursuivre la lecture

Par Antti Takala.

Lorsque l'idée d'un marché totalement libre est évoquée à l'occasion d'un débat économique, une critique largement admise est souvent liée à la question de savoir comment les biens et les services pourraient être garantis sûrs pour la consommation. Après tout, sans un gouvernement envoyant des inspecteurs et décrétant des normes de sécurité pour les produits, on suppose souvent que dans leur quête perpétuelle de profits sans pitié, les entreprises n'auraient aucune raison de ne pas vendre ce qui rapporte le plus d'arg... Poursuivre la lecture

Initiée par un économiste danois qui voulait vérifier si, oui ou non, le confinement à la chinoise avait sauvé beaucoup de vies, une étude vient de paraître à Londres. Exploitant un large corpus de données internationales, ses conclusions sont tranchées :

nulle part, le confinement du printemps 2020 n'a eu d'influence majeure sur la mortalité induite par la Covid-19 ; en revanche, les confinements ont eu un effet désastreux sur l'économie, et perturbent durablement les populations concernées.

 

Les auteurs en déduisent ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles